À l'abolition de l'esclavage de 1848, sous la Seconde République, plus de 250 000 esclaves des colonies françaises furent libérés des chaînes. Si ceux des Antilles, de la Guyane et de la Réunion furent dotés des mêmes droits civils et politiques que tous les citoyens (masculins) de la métropole, ces citoyens colonisés furent longtemps soumis à un régime d'exception. Comment cette condition juridique paradoxale a-t-elle été fondée, organisée et vécue dans une nation fondée dès la Révolution sur une citoyenneté réputée « universaliste et abstraite » ? Ce livre examine cette question en reprenant l'histoire de la citoyenneté française depuis ses marges coloniales caribéennes de la période révolutionnaire à la fin du xixe siècle. L'auteure invite à méditer les fondements complexes de l'articulation entre citoyenneté, question sociale, histoire et race dans le contexte français.
En 1848, l'abolition de l'esclavage, par la Seconde République, a libéré des chaînes plus de 250 000 esclaves. Par l'application du suffrage universel, ceux des Antilles, de la Guyane et de la Réunion ont, en théorie, été dotés des mêmes droits civils et électoraux que tous les citoyens (masculins) de la métropole. La réalité a été fort différente. Ces citoyens colonisés sont longtemps restés soumis à un régime d'exception. Au Parlement, à Paris, leurs députés votaient des lois qui ne leur étaient pas applicables ! Le pouvoir exécutif et les gouverneurs locaux s'occupaient de leur sort. Comment, dans un pays construit sur une citoyenneté que l'on prétend universaliste et abstraite - et qui ne cesse de le répéter - a-t-on pu s'accommoder d'une telle contradiction ?
L'histoire que nous raconte ce livre est celle de luttes et de rapports de forces. Une histoire de violences dont les anciens esclaves sont les protagonistes anonymes. Dans une société française dite « postcoloniale », l'auteur invite à méditer les fondements complexes de l'articulation entre citoyenneté, question sociale, histoire et « race ».