La littérature engagée a ses hauts faits, ses hérauts, ses heures de gloire ; elle a bâti la renommée internationale d'une certaine littérature française, mais suscité aussi des controverses et essuyé bien des critiques. Une chose est sûre, cette littérature a donné lieu à une production aussi riche qu'inventive qui prend au sérieux des questions fondamentales : pourquoi écrit-on ? Quels effets peut avoir la littérature sur nous et sur le monde comme il va ? Quel est le rôle de l'écrivain dans la cité ? Et, in fine, peut-on vraiment faire de la politique avec des oeuvres littéraires ?
De Voltaire à Émile Zola sans oublier Jean-Paul Sartre ou Toni Morrison, Sylvie Servoise trace le cheminement de l'engagement littéraire depuis ses prémices au XVIIIe siècle jusqu'à nos jours. Elle propose aussi une analyse des gestes d'écriture propres à l'écrivain engagé (s'exposer, dénoncer ou défendre, agir ou faire agir) et montre ainsi comment la notion d'engagement a évolué à travers le temps, dans sa forme et dans ses objets.
Le roman et le fait démocratique entretiennent une relation privilégiée. C'est là une idée couramment admise, que viennent étayer à la fois leur date de naissance commune et la capacité supposée du roman à faire de tout un chacun un héros ou une héroïne. Mais qu'en est-il à l'heure de la crise de la démocratie que nous connaissons aujourd'hui ? Elle donne à penser que roman et démocratie ont désormais aussi en commun de faire face à une crise profonde de la représentation qui engage tant la capacité à dire quelque chose du réel que la légitimité à revendiquer une position de représentant. Telle est l'hypothèse que veut explorer cet ouvrage.Portant à la fois sur la représentation de la crise démocratique telle qu'elle est racontée dans le roman contemporain et sur la crise du roman lui-même en tant que genre démocratique, cet essai fait le pari d'une homologie entre démocratie et roman : sans aller jusqu'à prêter à la littérature le pouvoir de résoudre tous les problèmes de la démocratie, il postule que l'exploration romanesque de la crise démocratique et les stratégies littéraires pour la surmonter peuvent ouvrir à la pensée et à l'expérience de nouvelles formes de vie démocratiques.
Que signifie le changement historique ? Comment savoir quand commence, quand finit une époque ? C'est précisément en cela que Le Guépard, ce roman de G. Tomasi di Lampedusa publié en 1958, nous concerne aujourd'hui : ce livre, qui fut le premier best-seller italien et dont Luchino Visconti tira un film remarqué, nous parle en effet de notre temps, ou plutôt de notre rapport aux différents régimes de temporalité. Il nous offre aussi un éclairage singulier sur les enjeux politiques du temps et les formes de l'engagement littéraire.
Avec le soutien de Le Mans-Université.
L'engagement littéraire n'est pas chose du passé. Être attentif aux enjeux dont est porteur, en France et en Italie, le roman engagé de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle, permet d'en juger. Du roman engagé d'après-guerre, lié à une conception de l'histoire linéaire, orientée vers l'avenir, au roman contemporain, réfléchissant une historicité dominée par le présent et traversée par le sentiment d'une double dette à l'égard du passé (devoir de mémoire) et du futur (un héritage à transmettre), se dessine une redéfinition de l'engagement littéraire qui nous aide aujourd'hui à mieux comprendre le rapport que nos sociétés entretiennent avec le temps, l'histoire, la mémoire et l'oubli.
Les dystopies, de 1984 à La Servante écarlate en passant par Hunger Games ou Le Passeur, connaissent aujourd'hui un grand succès. Adossées à un imaginaire puissant de la catastrophe, elles seraient le symptôme le plus visible de la fin de l'âge des utopies politiques bien sûr, mais également scientifiques et philosophiques. Elles offriraient le miroir déformant de notre époque en même temps que des angoisses et fantasmes qui la travaillent. Ce succès suscite une attention soutenue de la critique littéraire et artistique, mais aussi des sciences humaines et de la philosophie. Au sein de cette thématique en plein essor, Enfances dystopiques propose cependant un décentrement inédit du regard. Il s'agit en effet de porter l'attention sur une figure apparemment secondaire de la fiction dystopique classique : la figure de l'enfant et de l'adolescent. Cette figure est pourtant essentielle, à la fois parce qu'elle incarne tous les fantasmes de « l'homme nouveau » à construire, à éduquer ou à rééduquer, et parce qu'elle occupe une place grandissante dans les dystopies contemporaines, et notamment dans le champ en pleine expansion de la littérature pour la jeunesse.