Auschwitz est devenu le symbole à la fois des camps de concentration et de l'assassinat des Juifs, occupant aujourd'hui une place centrale tant d'un point de vue mémoriel qu'historique. Marqué par le gigantisme, qu'illustrent en premier lieu les chiffres - 1,3 million de personnes y ont été acheminées depuis toute l'Europe, dont 1,1 million y sont mortes -, le site fut à la fois le plus important des camps de concentration et le plus meurtrier des centres de mise à mort de la « solution finale ».
Pourtant, il s'agit d'un lieu d'une rare complexité, qui n'est pas limité au camp de concentration, mais est constitué d'une multitude d'espaces - camps de concentration, centre de mise à mort, industries de tous types - articulés autour de la ville d'Auschwitz, désignée par le régime nazi pour devenir un modèle de développement urbain et industriel au sein du IIIe Reich.
C'est dans cet espace que se sont croisées et concentrées politiques répressives contre différentes catégories de populations (Polonais, Tsiganes, Soviétiques...), politiques d'assassinat, dont la plus importante fut celle menée contre les Juifs, mais aussi politiques de colonisation et de développement industriel, conférant à Auschwitz une dimension sans égale.
La Shoah occupe une place centrale dans la mémoire commune.
Or, il y a un gouffre entre la manière dont les historiens l'étudient et la manière dont le grand public en parle. C'est pourquoi Tal Bruttmann et Christophe Tarricone se proposent de définir avec la plus grande rigueur scientifique des termes et des notions qui, à bien des égards, sont « piégés ».
Qui sait par exemple que, depuis plusieurs décennies, les historiens utilisent l'expression « centre de mise à mort » plutôt que « camp d'extermination » ? « Shoah » et « Holocauste » sont-ils strictement synonymes ? Que recouvre réellement le concept de Lebensraum ?
En faisant le point sur le vocabulaire, mais aussi sur les acteurs, les lieux et les sources, ces 100 mots tentent d'approcher une réalité qu'aucun mot ne peut dire.
La Shoah occupe une place centrale dans nos sociétés, tant d'un point de vue médiatique que politique ou mémoriel. Il existe pourtant un gouffre entre la maniére dont les historiens l'étudient et la maniére dont le grand public en parle.
L'objectif de ce livre est donc de définir avec la plus grande rigueur scientifique des termes et des notions qui, bien des égards, sont « piégés ».
Par exemple, qui sait que, depuis cinquante ans, les historiens utilisent l'expression « centre de mise à mort » plutôt que « camp d'extermination », contradiction dans les termes puisqu'un camp est destiné à regrouper une population alors que l'extermination est un processus immédiat ?
Ces 100 mots de la Shoah ont donc pour but non seulement d'éclairer certains aspects historiques, de préciser des notions et de faire le point sur l'historiographie, mais aussi de présenter des exemples concrets (pays, lieux) en abordant des personnes (bourreaux comme victimes) et des oeuvres (témoignages comme fictions).