mise en place par le gouvernement de vichy dès l'été 1940, la politique antisémite est officiellement lancée avec le statut des juifs en octobre 1940.
dès lors, l'antisémitisme devient une norme pour l'ensemble des administrations françaises - centrales comme locales - qui participent toutes, à des degrés divers, à sa mise en oeuvre. il ne s'agit pas là des professionnels de l'antisémitisme, tels que le furent les agents du commissariat général aux questions juives, mais bien des fonctionnaires de toutes catégories : agents des préfectures, policiers, personnels judiciaires ou encore employés municipaux, tous se sont vu confier des prérogatives visant à " épurer " la société française des juifs.
ce livre apporte un éclairage original sur cette dimension essentielle et paradoxalement mal connue du régime de vichy. s'appuyant notamment sur des archives jusque-là négligées, l'auteur s'intéresse tout d'abord à la manière dont le gouvernement a défini et mis en place, en quelques mois, les bases de la politique antisémite. puis, en analysant en particulier la langue administrative, les méthodes de travail, les instructions et leur application, il rapporte précisément la façon dont les fonctionnaires se sont adaptés, le plus souvent sans états d'âme, à leur nouvelle tâche.
leurs missions en matière de politique antisémite furent considérables, au premier rang desquelles le contrôle et le fichage de la population juive. c'est cette activité des administrations dans ce qui fut la zone libre, puis la zone sud à la suite de son occupation par les allemands et les italiens, que l'auteur évoque dans ce livre, à travers de nombreux exemples locaux.
L'un des volets de la politique antisémite mise en oeuvre par l'Etat français entre 1940 et 1944 contre les Juifs de France fut l'organisation de leur dépossession.
Da le cadre de la politique d'"aryanisation" économique, les entreprises, commerces biens immobiliers furent systématiquement spoliés par l'action des administrations françaises sur l'ensemble du territoire. Cet ouvrage, qui conclut les travaux de la Commission d'enquête mise en place par la ville de Grenoble sur la spoliation des Juifs sous Vichy, s'attache à mettre en lumière ce processus tel qu'il s'est déroulé dans le département de l'Isère et répondre à un certain nombre de questions: quelle fut l'ampleur des biens touchés? Quelles furent les conséquences de cette politique d'exclusion pour les victimes, alors que parallèlement se mettait en place la "solution finale"? Comment, enfin, s'effectuèrent, après la libération, les restitutions ordonnées par la République?
Entre mi-mai et début juillet 1944, des centaines de milliers de Juifs de Hongrie sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Pour montrer à leur hiérarchie la « bonne mise en oeuvre » de cette opération logistique d'envergure, des SS photographient les étapes qui mènent de l'arrivée des convois jusqu'au seuil des chambres à gaz, ou au camp pour la minorité qui échappa à la mort immédiate. Ces photographies, connues sous le nom d'« Album d'Auschwitz », ont été retrouvées par une rescapée, Lili Jacob, à la libération des camps, avant de servir de preuves dans différents procès et de faire l'objet de plusieurs éditions. Certaines de ces photographies sont même devenues iconiques. Par-delà l'horreur dont elles témoignent, ces images restent pourtant méconnues et difficiles d'interprétation. Ce livre permet d'y jeter un regard neuf. Préfacé par Serge Klarsfeld, fruit de cinq années de recherches franco-allemandes, il analyse l'album dans ses multiples dimensions. Pour quelle raison a-t-il été réalisé et quand ? Comment a-t-il été constitué ? Que peut-on voir, ou ne pas voir, sur ces photographies ? Trois historiens reconnus et spécialistes de la persécution des Juifs d'Europe, Tal Bruttmann, Stefan Hördler, Christoph Kreutzmüller, ont mené un remarquable travail d'enquête, recomposant les séries de photographies, analysant des détails passés inaperçus, permettant un travail d'identification et de chronologie inédit. Dans le même temps, c'est une véritable réflexion sur l'usage des images et de la photographie, de leur violence potentielle mais aussi de leur force de témoignage et de preuve que les historiens proposent. Ce faisant, ils élargissent la connaissance tout en redonnant vie, mouvement et dignité aux personnes photographiées quelques minutes avant une mort dont elles n'avaient pas idée.
6 juin 1936.
léon blum présente son gouvernement à la chambre des députés. du haut de la tribune, xavier vallat, l'un des chefs de l'opposition, interpelle le nouveau président du conseil : " pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif. " le propos suscite un tumulte incroyable sur tous les bancs. la gauche proteste tandis que la droite soutient bruyamment l'orateur. l'incident est abondamment commenté dans les milieux politiques et la presse du lendemain.
comme il s'en vante clans son discours, le député a osé " dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas " il est insupportable qu'un " juif " et un " socialiste " dirige le pays. les jours qui suivent, vallat reçoit près de 250 courriers de félicitations, précieusement conservés dans ses archives personnelles. ces réactions saisies sur le vif offrent un témoignage unique et inédit sur l'antisémitisme français des années 1930.
tous les griefs et les fantasmes antijuifs " populaires " sont ici reproduits et analysés pour la première fois. l'événement marque durablement les esprits. a partir de 1936, xavier vallat fait désormais figure de " héros " pour les antisémites du pays.