En 1860, un aristocrate sicilien assiste de très près au sanglant soulèvement des paysans d'Alcara.
Cette sauvage révolte, brutalement étouffée par la répression et grâce à la trahison des garibaldiens « libérateurs », fera définitivement chavirer l'univers dans lequel le baron Mandralisca avait jusqu'alors vécu. Il se retrouvera du côté des paysans qui ont massacré des barons comme lui.Le sourire du marin inconnu n'est ni un roman ni un récit historique, mais occupe l'espace infranchissable censé séparer les deux genres.
À la différence de di Lampedusa dans Le guépard, autre grand roman sicilien ayant pour toile de fond les affrontements qui, au XIXº siècle, mirent fin à la domination des Bourbons en Sicile, Consolo, même s'il met au premier plan un membre de la noblesse sicilienne, ne tente pas de brosser un ample tableau historique et social, mais, en se concentrant sur les jacqueries paysannes de 1860 dans la région de Cefalú, rend la parole aux protagonistes silencieux, artisans et paysans incultes et illettrés.
Renversant le point de vue des Bourbons de Naples qui voyaient le phare de Messine comme la limite de leur royaume, Vincenzo Consolo se place de ce côté du phare pour nous raconter " son " île. Un retour, donc, pour cet écrivain sicilien installé à Milan, comme ceux qu'il accomplit dans chacun de ses romans, un retour à la fois amoureux et indigné " dans l'île des jardins et des soufrières, des délices et des souffrances, des idylles et des violences, des fleurs d'oranger et du fiel, dans la terre des civilisations et des barbaries, de la science et de l'innocence, de la vérité et de l'imposture ". Ces multiples regards nous introduisent magistralement à la géographie et à l'histoire de la Sicile, de l'épopée du soufre à celle de la pêche au thon, des paysages du détroit de Messine à ceux du Val di Noto ; ils nous présentent sous un jour nouveau les plus grands écrivains siciliens de l'île, de Verga à Pirandello, Tomasi di Lampedusa et Lucio Piccolo, Vittorini et Sciascia ; enfin, ils nous font découvrir de nombreux aspects de la culture sicilienne, y compris dans ses rapports avec le monde arabe. Ainsi se dessine, telle une mosaïque, une nouvelle image de la Sicile, cette terre qui nourrit le style de Consolo, à mi-chemin entre l'essai et le poème en prose.
" Le Palmier de Palerme ".
Dans une longue lettre adressée à son fils, Gioacchino Martinez se confesse. C'est le dernier acte d'une lutte que l'écrivain sicilien a menée en vain toute sa vie, se soldant par sa défaite et l'abandon de la plume. La déflagration qui déchire soudainement l'air, l'attentat dans lequel un juge et son escorte trouvent la mort sous ses yeux consacreront définitivement son silence. Ainsi s'achève un récit douloureux et amer qui, au-delà de l'autobiographie, évoque l'Histoire, celle de la Sicile et de l'Italie, de l'après-guerre à nos jours : car les fautes et les remords qui rongent l'écrivain, les imprécations qu'il lance contre la société qui l'entoure concernent toute une génération, tout un pays.
Comme dans un jeu de miroirs, les déplacements d'une ville et d'une époque à l'autre se multiplient et se répondent au gré des souvenirs de Chino : Paris, Milan et Palerme, la violence de la guerre et celle de la mafia, le sentiment de culpabilité pour un parricide présumé et l'incompréhension qui mine les rapports avec son propre fils, son amour pour Lucia, profond et inextinguible, annihilé par la folie, le palmier de son enfance misérablement abattu par la spéculation mafieuse, l'image du justicier au manteau noir dans un film de son enfance et la figure du juge assassiné.
Ces cauchemars de l'Histoire, civile et privée, se transforment en poésie qui, dans le dialogue qu'elle entretient avec la grande littérature, rallume sur la page quelques lueurs d'espoir. Vincenzo Consolo, né en 1933 en Sicile, vit depuis trente ans à Milan. Mais toute son oeuvre est imprégnée de souvenirs siciliens. " Le Sourire du marin inconnu " le consacra, il y a maintenant vingt ans, comme l'un des plus grands écrivains italiens de son époque.
On lui doit également " La Blessure d'avril ", " Lunaria ", " Le Retable ", " Les Pierres de Pantalica ", " D'une maison l'autre la nuit durant " (avec lequel il obtint le prestigieux prix Strega) et " Ruine immortelle ". En 1994 l'Union latine lui a octroyé le Prix international de littératures romanes pour l'ensemble de son oeuvre.
Recueil de nouvelles d'auteurs siciliens emblématiques qui décrivent les Siciliens, paysans un peu rustres, petits commerçants, hommes d'église, et cette île ensoleillée aux confins de l'Orient et de l'Occident. Une excursion au sud de l'Italie et un voyage à travers le temps et la langue, car le sicilien est empreint de dialecte. Entre la sympathie de Giovanni Verga (1840-1922) pour les siciliens, ces rustiques « vaincus de la vie », l'écho insistant de la religion et de l'Histoire chez Luigi Pirandello (1867-1936) et plus récemment chez Vincenzo Consolo (né en 1933) la découverte de « l'Autre », personnifié par les chars américains, un portrait riche et chamarré de la Sicile.