Des princes en fuite qui se déguisent en valets comme dans les comédies. Des ministres en disgrâce qui savent mourir bravement comme dans les tragédies. Un recueil d'anecdotes méconnues et savoureuses. Des récits de cape et d'épée. Quand l'histoire ressemble aux romans.
L'histoire, même la plus savante, est une immense collection de récits, comme en témoignent les xvie et xviie siècles. Un jeune prince déguisé en domestique qui parcourt les chemins et les forêts, un ministre impopulaire qui accepte de se sacrifier dans l'intérêt de son souverain égalent les héros de comédies et de tragédies. Leurs exploits ont été repris dans les romans et sur les planches des théâtres : après tout, la réalité inspire souvent les oeuvres de fiction.
Mais plus étrangement, les intrigues imaginées par les écrivains passent parfois dans la réalité, comme si les grands personnages venaient à reproduire consciemment les comportements que leur assignent les littérateurs de leur temps.
Du prince de Condé s'habillant en valet, de Charles II d'Angleterre jouant le rôle d'un palefrenier jusqu'aux ministres des rois d'Espagne ou de Danemark qui montent à l'échafaud en costume de cour, Yves-Marie Bercé conte ici des anecdotes empruntées aux chroniques de la France, de l'Espagne, des îles Britanniques ou des principautés italiennes. Ce recueil, aux accents littéraires, se révèle plus éloquent que tous les exposés méthodiques sur l'Europe baroque et des Temps modernes.
Un grand livre d'histoire.
Une idée reçue, plus chargée de préjugés que de vérité, voudrait que les campagnes n'aient guère eu d'histoire, traversant immobiles la succession des âges, indifférentes aux événements et aux idées des bourgeois des villes ou à celles des nobles dans leurs châteaux. Si l'historien se démarque des jugements de l'âge classique, il lui faut, au contraire, reconnaître une intelligence paysanne, douée d'opinions et d'une conscience politique capable de violence. Pour envisager la part qu'aurait pu prendre la violence dans la vie des gens des campagnes, ce livre réunit les contributions de plusieurs historiens qui envisagent des périodes très différentes, du XVIe au XIXe siècle. Ainsi sont étudiés particulièrement les faits et gestes de villageois dans des régions d'élevage comme les causses du Quercy, de médiocre polyculture comme la Bretagne, de plaines céréalières comme la Beauce ou des riches bourgades d'Île-de-France qui fournissaient les marchés parisiens. En somme, un tableau vaste et diversifié des attitudes et réactions apaisées ou brutales des paysans pendant leurs travaux de la vie quotidienne, en face des malheurs des temps et enfin lors des jours relativement rares d'indignation collective.
L'Ancien Régime n'a pas existé. Ou du moins n'a-t-il existé qu'après coup, aux yeux des Constituants de 1790 qui l'ont nommé et qui, par là, entendaient répudier d'anciens principes, à leurs yeux imposés depuis des siècles à des ancêtres abusés et opprimés, pour fonder un "nouveau régime" , nécessairement marqué du sceau du progrès et des Lumières. Ce qu'ils avaient à l'esprit pourtant, c'étaient surtout les vicissitudes du gouvernement après la guerre de Sept Ans et la guerre américaine, les récriminations des parlements, les débats sur la liberté du commerce et l'échec des réformes fiscales.
En réalité, et sans qu'il soit besoin de remonter au Moyen Age, la monarchie de Louis XVI a peu à voir avec celle de Louis XII. Entre les deux, trois siècles de bouleversements, qui voit le régime évoluer lentement de la féodalité à l'absolutisme. Yves-Marie Bercé revient sur la nature exacte d'un gouvernement trop vite voué aux gémonies et, en dépassant le court terme de la rupture révolutionnaire, nous replonge dans la France des rois - ses traditions, ses rites, son système de valeurs.
La période 1598-1661 a été cruciale dans le destin politique de la France. La volonté encore incertaine et empirique des monarques et de leurs ministres et les contraintes de la guerre de Trente Ans ont fait naître un État fiscal, une nouvelle figure de la monarchie en voie de centralisation, en attente de l'absolutisme. C'était à la Couronne et à ses symboles, à la personne du roi, que les Français de l'âge moderne pensaient lorsqu'ils voulaient évoquer leur essence commune.
L'histoire politique ne se limite pourtant pas à la chronique des gouvernements ; elle doit aussi embrasser les diversités des opinions, les institutions et pouvoirs autres qu'étatiques, les influences d'autres instances collectives, églises, familles, cités, les attentes, utopies, espérances, les mille manières d'échapper à l'emprise de la politique, de vivre en dehors de l'histoire officielle, de ses déterminismes, de ses conventions.
Drapeaux et fourches, marches et contremarches : du XVI? au XIX? siècle, des révoltes contre la gabelle aux troubles quarante-huitards, le soulèvement épisodique, débonnaire ou sauvage, terrifiant ou dérisoire, constitue la seule expression collective de la France campagnarde. Yves-Marie Bercé présente ici la plus longue durée des insurrections paysannes. Dans le fait divers et la chronique, il retrouve la permanence des gestes et des rites, les cérémonies symboliques de la violence, l'attente utopique des pauvres, l'antagonisme sourd de la ville et du plat pays. Et l'enjeu même de ces révoltes sans espoir : au son du tocsin, pendant trois siècles, elles ont tenté de protéger le monde menacé, bientôt perdu, des solidarités communautaires.
Contre l'ignorance et la superstition, la fantastique histoire de la vaccination.
À l'époque moderne, la variole fait des ravages en Europe. Mais voilà qu'à la fin du xviiie siècle, quelques médecins affirment que ces temps de mort sont révolus, grâce à une formidable découverte : la vaccination. S'ensuit une véritable lutte contre l'ignorance, la pauvreté, les superstitions. On y voit l'enthousiasme des médecins, leur foi dans la science, mais aussi leur volonté de vaincre les résistances, d'où qu'elles viennent : gouvernement, prêtres, sages-femmes, nourrices ou mères de famille.
Prenant pour cadre l'Italie des xviiie et xixe siècles, le récit de Jean-Yves Bercé est à la fois l'histoire d'une conquête des temps modernes et un passionnant récit de voyage. Une histoire magistrale de la médecine préventive.
Comment les papes d'Avignon firent-ils jadis la promotion des vignes des côtes du Rhône ? Pourquoi la cave de l'impératrice Joséphine comptait-elle tant de vins du Médoc ? Les vins produits à l'étranger, tels ceux des Canaries vénérés par George Washington, ou ceux du Caucase dont Alexandre Dumas vantait la qualité, étaient-ils appréciés en France ?
Le vin, c'est aussi une histoire de paysage, de terre et de soleil, de voyages entre les continents, avec le roulis sur les mers, la batellerie et le charroi des tonneaux sur les routes caillouteuses.
Yves-Marie Bercé nous apprend que le goût est une affaire de modes qui se transforment au gré des politiques et des rivalités entre puissances. Les secrets du vin se dévoilent enfin sur la table des rois et dans l'atmosphère des cabarets, de Londres à Paris, dans les ports de Boston ou de Buenos Aires.
Fourmillant d'histoires et d'anecdotes, cet ouvrage enchantera le palais et l'imaginaire des amateurs comme des néophytes.
Professeur émérite d'histoire moderne à la Sorbonne, Yves-Marie Bercé est l'auteur de nombreux livres sur les anciennes sociétés campagnardes. Il signe ici un livre personnel et formidablement documenté.
Guerres de religion, révolte des Croquants, complots, répressions : aux XVIe et XVIIe siècles, des images de violence accompagnent les débuts de la France moderne. Parce qu'ils touchent l'ensemble de la société, ces débordements éclairent par contrecoup les évolutions de l'ordre public, de l'appareil d'État, du champ pénal de la justice. Leurs répercussions dévoilent les capacités de contrainte de l'État et le pouvoir de rétorsion qui fonde son autorité. C'est à travers cet angle d'interprétation novateur qu'Yves-Marie Bercé décrypte les mutations de la société et de l'État monarchique entre le temps du roi guerrier du XVIe siècle et celui du souverain autoritaire centralisateur du siècle suivant. Meurtre du baron de Fumel par une foule protestante en 1561, assassinat du duc de Guise en 1589, soumission des villes calvinistes dans les années 1620, coups de majesté des rois de France en 1588, 1617, 1661...
Autant d'épisodes majeurs, parmi beaucoup d'autres, narrés dans ce volume qui examine les réponses répressives du pouvoir. Ainsi se dessinent les transformations des institutions dépositaires de la violence d'État, tandis qu'à plus long terme, s'esquissent les orientations politiques choisies par des générations de législateurs depuis l'étatisme de la Renaissance jusqu'à la naissance du despotisme des Lumières.
Sébastien, Dimitri, Louis XVII, rois disparus, resurgirent du tombeau pour réclamer leur royaume. Les dévouements que suscitèrent ces " revenants " royaux donnent à penser que les récits de persécution qu'ils racontaient et les vengeances qu'ils appelaient répondaient à des attentes populaires.
Les annales de nombreuses nations offrent en effet des exemples de rois donnant leur vie en sacrifice pour le salut de leur peuple, le rachetant en quelque sorte comme le Christ l'avait fait pour l'humanité tout entière. A certains de ces princes saisis par la légende ont été attribuées des survies merveilleuses dans des îles fabuleuses ou bien dans un sommeil surnaturel au fond de quelque grotte des montagnes. Les héros dormants s'éveilleraient si un jour leur patrie les réclamait. Sacrificiel, tutélaire, le prince caché peut encore justifier son déguisement par le simple appétit de vérité. C'est pour connaître la réalité des choses que le roi se dissimule aux yeux du monde. Lorsque la justice l'exige, ce prince avisé revient rétablir le bon droit.
Les accusations d'imposture ou de complot dont ces " revenants " sont les objets se heurtent à la vraisemblance psychologique; leur sincérité forcenée impose la découverte d'autres ressorts dans l'âme de ces malheureux lancés dans la recherche éperdue de leur identité. De même, les enthousiasmes qui conduisaient des foules à leur suite reflétaient des idéaux politiques qu'il appartient à l'historien de reconstituer.
De ces analyses émerge une histoire des représentations populaires du pouvoir, des apparences que les opinions publiques croient lui reconnaître, des prérogatives et des rôles qu'elles se plaisent à lui attribuer.
Chartiste, ancien élève de l'Ecole française de Rome, Yves-Marie Bercé est professeur d'histoire moderne à la Sorbonne. Historien des révoltes et des anciennes paysanneries, il a naturellement été conduit à l'étude de l'imaginaire politique et des représentations populaires du pouvoir.
De la Renaissance jusqu'à la rupture de la Révolution française, la monarchie a été la forme politique dominante en Occident. Dans tous les pays, les attributs de la royauté signalaient son caractère sacré et sa vocation du bien public. Cette brève synthèse s'attache aux réalités du métier de roi, plus aux opinions et aux images qu'à la lettre des institutions. Elle s'étend jusqu'aux limites des pouvoirs royaux, jusqu'aux crises de succession et jusqu'aux épisodes de rejet des couronnes comme dans les Provinces unies ou les colonies anglaises de l'Amérique. Une puissante introduction à l'histoire de la souveraineté dans les Temps modernes.
On croyait jadis dans la province de Tarente que la piqûre d'une araignée réveillait les chagrins d'amour et pouvait se guérir par une transe musicale, les maux de l'âme trouvant un remède dans la frénésie du corps.
De tels comportements surgissent à des époques et des lieux divers ; au XIXe siècle, les médecins ont réuni ces phénomènes sous l'appellation d'hystéries collectives.
Elles surviennent parfois dans des villages de montagne troublés par les migrations saisonnières des jeunes hommes. Certaines crises sont devenues célèbres et scandaleuses par leur ampleur et leur durée, comme les convulsions jansénistes à Paris au XVIIIe siècle ou les délires des femmes de Morzine dans les années 1860.
En fait, ces épisodes prennent place dans une perspective d'histoire très ancienne et qui n'a pas de fin. Dans chaque cas se dessine un théâtre dont les modèles de personnages sont en quête d'acteurs ; ce sont des drames prêts à jouer, que certains milieux et traditions proposent à leurs névrosés, une sorte d'asile convenu sous le regard pitoyable des parents et spectateurs.
Leurs récits continuent d'offenser la raison, de révéler des forces étranges et de poser des énigmes aux historiens.
L'histoire sociale doit souvent dépasser les formulaires des fonds administratifs et inventer d'autres cheminements à la découverte de vies disparues. Des pièces d'archives, méprisées à l'ordinaire, recèlent peut-être des bribes du passé de personnes nées et mortes obscurément, ayant vécu aux frontières de la misère et de l'illettrisme, condamnées au silence de l'histoire.
La Société des amis des archives de France, dans ses rôles d'auxiliaire des institutions de conservation et d'alliée des historiens, se doit d'attirer l'attention sur des sources et des fonds d'archives que leur insignifiance apparente pourrait faire négliger. Ce furent, par exemple, dans une rencontre antérieure, les correspondances privées des soldats de 1914.
Dans le présent livre il s'agit des archives des "gens simples", de ceux qui par pauvreté ou ignorance n'ont peut-être jamais eu de papiers personnels et ne laissent donc aucune trace de leur passage dans le temps. Ils ont parfois laissé des documents d'identité, des comptabilités, des preuves de droits aux secours, des pièces de procès, des livrets militaires, des souvenirs familiaux. Les longes d'enfants abandonnés étaient souvent accompagnés de billets. Des fous, des prisonniers, des bagnards avaient envoyé des lettres au-dehors, écrit des graffitis. Des inconnus ont composé des fragments de mémoires. Telles seraient, parmi tant d'autres, les trouvailles que des conservateurs ont le soin de préserver et que des historiens doivent envisager dans leur exploration du passé.
Au printemps 1814, l'Europe napoléonienne s'effondre. Les chancellerie n'ont pas le temps d'imaginer de nouveaux partages politiques. Quinze spécialistes de six différentes nationalités dévoilent le mécanisme de la vacance du pouvoir dans une Europe qui s'émiette. Les dernières heures d'un empire...
"Texte retrouvé ou apocryphe ? Rome, 1655. Un gentilhomme français mène une enquête obscure et périlleuse. La Ville éternelle lui tend les pièges des embuscades espagnoles, des yeux noirs des belles Romaines et des ombres de légendes antiques. Les inquiétudes de ce temps sur les mystères de la nature et les hasards des guerres s'y invitent par le jeu des histoires dans l'Histoire. La Rome baroque des pierres ensoleillées et des tavernes bruyantes offre un théâtre aux aventures de cet antihéros. La vérité et la vraisemblance sont des fausses jumelles."
L'enrichissement soudain est un rêve éternel. Jadis, ce pouvait être la découverte de pièces d'or dans un champ labouré ou sur un rivage de mer, un magot oublié au fil des siècles ou perdu dans un naufrage. Des croyances merveilleuses encourageaient la recherche de possibles trésors. Dès le XVIIe siècle, l'expansion sociale des loteries et des jeux de hasard a renouvelé le fantasme des fortunes faciles, et la recherche de trésors continue aujourd'hui de fasciner les plongeurs ou les archéologues du dimanche armés de détecteurs de métaux. Les magistrats et les moralistes ont toujours traité avec le plus grand sérieux la dévolution des trésors cachés, des épaves abandonnées, des cargaisons échouées, des animaux égarés, des objets perdus, des biens vacants... L'étude des trésors cachés et des riches épaves ouvre de nombreuses pistes dans l'histoire de l'imaginaire, dans la chronique des rêves collectifs ou dans la naissance de la curiosité archéologique. S'échappant des méandres du droit, ce livre très original et très riche en aventures définit les frontières entre pouvoirs de l'Etat et droits des individus.
L'étude d'un siècle qui marque la consolidation de toutes les innovations de l'époque précédente et l'affirmation du modèle monarchique tel que l'incane Louis XIV.
Drapeaux et fourches, marches et contremarches : du XVIe au XIXe siècle, des révoltes contre la gabelle aux troubles quarante-huitards, le soulèvement épisodique, débonnaire ou sauvage, terrifiant ou dérisoire, constitue la seule expression collective de la France campagnarde. Yves-Marie Bercé présente ici la plus longue durée des insurrections paysannes. Dans le fait divers et la chronique, il retrouve la permanence des gestes et des rites, les cérémonies symboliques de la violence, l'attente utopique des pauvres, l'antagonisme sourd de la ville et du plat pays. Et l'enjeu même de ces révoltes sans espoir : au son du tocsin, pendant trois siècles, elles ont tenté de protéger le monde menacé, bientôt perdu, des solidarités communautaires.
La monarchie, système originel et sacré, jouit de qualités structurelles dont témoignent sa durée millénaire, ses capacités d'adaptation, son extraordinaire polymorphisme et ses expansions à travers les âges et les civilisations. Peut-être le plus durable des systèmes politiques, les monarchies engendrent des coutumes, des textes qui maintiennent une certitude quant au droit de souveraineté, une légitimité imperturbable, éliminant ou réduisant les crises de succession. La monarchie se révèle aussi, au cours de l'Histoire, protéiforme, susceptible de transformations considérables au gré des temps et des moeurs. Elle est un régime évident, intemporel, s'imposant dans toutes les langues, dans tous les imaginaires comme référence du pouvoir.
Réjouissances et violence : mariage inéluctable ou fortuit ? En posant la question originelle des échanges de la fête et de la révolte, Yves-Marie Bercé est amené à préciser le dialogue de la culture et de l'événement. La fonction permanente de la fête serait-elle de servir de prélude à la révolte populaire ? Sinon, pourquoi l'effacement peu à peu du folklore et la répression des fêtes populaires par les autorités temporelles ou spirituelles ? Pourtant l'auteur réfute l'idée selon laquelle la révolte est forcément dans la fête. Si la violence fait souvent partie de la fête, la révolte, elle, la nie.