En octobre 2017, devant le déferlement monstre suscité par le mouvement #MeToo, il y avait urgence: une fois sortis du silence, ces récits ne devaient pas tomber dans l´oubli. C´est la raison pour laquelle Martine Delvaux, écrivaine, militante et professeure de littérature à Montréal, a lancé un appel. En quelques jours, près de cent témoignages de violence lui ont été confiés. Ce livre a été pensé comme un collage vivant, une chambre d´échos, un choeur, afin de faire résonner toutes ces voix dans leur unicité, dans leur multiplicité : « Voici ce que nous portons, tous les jours de notre vie. Sans déesses ni héroïnes en tête de file, des voix avancent. Nous faisons front commun.»
Les mannequins dans un défilé, les danseuses d'un corps de ballet, la chaîne de montage des poupées Barbie : autant d'images interchangeables, dépersonnalisées. Elles ne se distinguent que par le détail d'un vêtement, d'une courbe, d'une teinte de cheveux. Toutes identiques, l'illusion de la perfection. Ces serial girls ne sont pas la mise en forme des filles telles qu'elles sont, mais bien telles que l'on souhaite qu'elles soient. Ce sont des femmes-objets, des femmes-ornements, des femmes-marchandises. Toutes (re) produites mécaniquement par l'usine ordinaire de la misogynie. Si elle dénonce le conformisme imposé aux femmes, Martine Delvaux expose aussi leur révolte : celle des Pussy Riot, des Femen, de Beyoncé. Leur force, celle du collectif. Dans la série s'incarne alors la résistance au féminin pluriel.
Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue. Le boys club n'est pas une institution du passé. Il est bien vivant : État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge. Des clubs privés londoniens à la Silicon Valley, Martine Delvaux met en lumière ces regroupements d'hommes qui ensemble se relaient le pouvoir et font en sorte de le conserver.
Élie a quatorze ans, porte des Dr. Martens usées, le pantalon roulé aux chevilles et les cheveux en bataille. Martine Delvaux, sa mère, l'observe et explore toutes les facettes du lien vibrant qui les unit. Voici un livre de conseils d'une mère féministe, de recommandations, d'explications où l'on invoque aussi bien Beyoncé que Maya Angelou, des morceaux d'avenir, des fragments de mémoire. Mais plus simplement, un très grand livre d'amour.
Face à la crise climatique, Martine Delvaux choisit le combat, celui que mène la génération de sa fille. Voici un livre tissé de catastrophes, mais surtout d'espoir. Feu sacré des militant·e·s, bûchers où tant de femmes ont péri, feux follets, feux de forêt dévastateurs, rage incendiaire et feux de joie : certaines flammes nous détruisent, quand d'autres nous éclairent. Les pompières pyromanes qui habitent ce livre savent lesquelles entretenir amoureusement.
Des corps féminins en rangées. Ils se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d'un vêtement, d'une courbe, d'une teinte de cheveux. Les filles en série sont des filles-machines, des filles-marchandises, des filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l'usine ordinaire de la misogynie. Mais cette figure est double : à la fois serial girls et serial killers de l'identité qu'on cherche à leur imposer. Casseuses de party, ingouvernables, elles se mettent à courir.
Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent. Cet essai percutant se déploie comme une chaîne qui se fait et se défait, depuis les Cariatides jusqu'aux Pussy Riot.
Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou pour continuer d'observer cet objet à la fois banal et étrange qu'est ma vie. L'observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que me propose le film Thelma & Louise . Mon film choisi, mon film aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd'hui me fait pleurer. J'ai voulu remonter le cours du temps en m'installant dans la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que j'étais en 1991, cette jeune femme qui n'est pas si différente de la femme que je suis aujourd'hui.
Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou pour continuer d'observer cet objet à la fois banal et étrange qu'est ma vie. L'observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que me propose le film Thelma & Louise. Mon film choisi, mon film aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd'hui me fait pleurer.
J'ai voulu remonter le cours du temps en m'installant dans la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que j'étais en 1991, cette jeune femme qui n'est pas si différente de la femme que je suis aujourd'hui. J'ai suivi le scénario du film à la manière de marques topographiques sur le chemin de ma propre vie : deux femmes, une voiture, un voyage, un viol, un révolver.
L'écriture est affaire de ventre car le ventre des femmes reste le lieu de toute transmission, celle de la vie autant que celle de la mort.
Au départ, un seul mot : Filiation. De juillet 2001 à août 2002, Catherine Mavrikakis et Martine Delvaux en font l'objet d'une correspondance, poignante et intime, à travers laquelle elles discutent de la maternité, des origines, du désir, de la relation mère-fille, de l'écriture, du don et de la perte. Au fil des lettres, elles fouillent les béances, les blessures, celles qui se tapissent au fond du ventre - lieu symbolique de toute transmission, autant de la vie que de la mort - d'où émerge la voix. Portée par l'amitié qui les unit, leur conversation lucide et sensible aborde la question de l'écriture au féminin sans jamais craindre l'aveu, qu'il soit chargé de révolte ou de colère.
Ce n'étaient jadis que bavardage, ragots ou affaires de moeurs. Non, il n'y avait rien de pourri au royaume du savoir! Pour maintenir l'ordre social, il fallait taire le harcèlement et les agressions, ne pas nommer le boy's club, en être complice. Or des féministes ont rompu la digue, et ce livre nous arrive porté par cette vague de dénonciations spectaculaires. Étudiantes et professeures se penchent ici sur une histoire aussi ancienne que taboue: la relation entre désir et pédagogie. Quel est le rapport entre professeur.e.s et étudiantes, et qu'arrive-t-il lorsque la séduction s'en mêle? Quelles histoires cette relation raconte-t-elle, pervertit-elle ou permet-elle d'inventer? Ce livre ne prétend pas trancher la question du sexe, de l'amour et du pouvoir au sein des universités. Il en montre plutôt la complexité, tout en convoquant la communauté universitaire à une résistance féministe solidaire. Avec des textes d'Isabelle Boisclair, Marie-Hélène Constant, Genevyève Delorme, Martine Delvaux, Catherine Dussault Frenette, Sandrine Galand, Gabrielle Giasson-Dulude, Martine-Emmanuelle Lapointe, Catherine Lavarenne, Valérie Lebrun, Catherine Leclerc, Valérie Lefebvre-Faucher, Kateri Lemmens, Eftihia Mihelakis, Anne-Martine Parent, Laurence Pelletier et Camille Toffoli.
Il a laissé une étendue de ruines dans sa vie.
Le coup de foudre et la passion ont dégénéré en conflit, puis en guerre, à la vitesse de l'éclair. Pourtant, elle était certaine d'être en train de vivre une grande histoire, l'histoire de sa vie.
Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage, mais elle a pu écrire ce livre - une ultime missive envoyée du front, le champ de bataille de la rupture.
Pour son troisième roman, Martine Delvaux s'applique à coudre ensemble avec adresse les clichés effilochés de l'amour dans un livre bel¬liqueux, rageur et libérateur. Un livre qui solde pour de bon les comptes du ratage amoureux.
Cet ouvrage est le résultat d'un travail de recherche-création mené pendant plusieurs années autour des films et des dessins - jusqu'ici inédits - d'André-Line Beauparlant, qui a créé des centaines de portraits de Sébastien, son jeune frère lourdement handicapé. Ces dessins, ainsi que les documentaires réalisés par la cinéaste, inspirent à leur tour des textes et un récit graphique sensibles et réflexifs, qui documentent à la fois le projet de recherche qui a conduit à ce livre et la pratique artistique de Beauparlant. Au fil des pages, et dans une section qui lui est entièrement consacrée, on peut ainsi découvrir une trentaine de reproductions de ces saisissants portraits. Le livre conjugue admirablement des extraits des Carnets de Beauparlant avec des textes de l'écrivaine Martine Delvaux et de la peintre Monique Régimbald- Zeiber, ainsi qu'un documentaire graphique de l'artiste Isabelle Guimond.
«En octobre 2017, devant la vague de témoignages suscitée par le mouvement #moiaussi, j'ai senti une urgence : une fois sorties du silence, nous ne devions pas y retourner. C'est la raison pour laquelle j'ai lancé un appel. Ce livre est une chambre d'échos. Un choeur. Sans déesse ni héroïne en tête, des voix avancent. Nous faisons front commun.» Martine Delvaux «Je n'en ai jamais parlé à personne» : paroles recueillies et agencées par Martine Delvaux
Avec « Québec, ville insolite », Moebius nous invite à oublier les images de carte postale au profit d'une vision plus inhabituelle de Québec. Les écrivains ayant collaboré à ce numéro - Patrick Nicol, Martin Grange, Martine Delvaux, Éric Plamondon, Hélène Matte, pour ne nommer que ceux-ci - prennent plaisir à s'aventurer au-delà des clichés, renversant le regard pour créer de nouvelles perspectives. Car malgré les nombreuses étiquettes terriblement usées qui lui sont accolées, la capitale nationale ne cesse d'attiser l'imagination des écrivains qui s'ingénient à la nommer autrement, « chatouillant le romanesque, soufflant le poème comme du verre de Murano » (Marie-Ève Sévigny). Un numéro piloté par Marie-Ève Sévigny.
FOLLE
La folie se présente comme un syndrome fourre-tout qui enferme les femmes dans une illégitimité chronique. En qualifiant les femmes de folles à tort et à travers, on leur retire le droit d'être blessées, en colère ou injustement traitées. Mais la folie n'est pas qu'une tare, elle est aussi moteur de création, génératrice d'idées et d'innovations.
FRUE
La femme frue, c'est la féministe enragée, la féminazie, réduite à sa seule colère. Frustrées sont ces courageuses qui continuent à lutter contre le backlash et le masculinisme rampant. En refusant de se plier au statu quo, elles se trouvent à être répudiées et dévalorisées publiquement : on les traite de mal baisées, de misandres et de... folles.
FORTE
La douceur et de la fragilité sont des attributs liés à la « vraie » féminité. En contrepartie, la force, physique et mentale, serait l'apanage du masculin. Les Fortes, qui n'ont rien des poupées de porcelaine ou des nymphettes soumises, dérangent. La Forte est un modèle de puissance, de résilience et d'audace.
Alors, et si au lieu de discréditer la folie, la frustration et la force, on s'en réclamait fièrement?
Considéré dans ce texte: Cory Taylor, Anne Bert et la militance des femmes pour l'aide médicale à mourir. L'écriture comme exploration des confins de l'existence. «The Old Guard». L'immortalité, la prière et le chant des oiseaux. La toute-puissance du système médical et ses limites.
DOSSIER - Féministes ? Féministes !
sous la direction de Martine Delvaux
Peut-on être féministe aujourd'hui ? De quelle façon peut-on endosser, agir, interroger cette prise de position ? Quels sont les enjeux qui sous-tendent à la fois sa remise en question et son assertion ? Devant la re-montée des féminismes militants ici et ailleurs, le dossier «Féministes ? Féministes !», sous la direction de Martine Delvaux, souhaite figurer le passage de l'interrogation - peut-on, doit-on encore être féministe aujourd'hui ? -, à l'affirmation de cet engagement en tant que citoyennes, artistes et intellectuelles...
PORTFOLIO - Rose-Marie E. Goulet
Du sida, que penser aujourd'hui ? À quels enjeux sommes-nous encore confrontés alors que l'éradication du virus du VIH est loin d'être chose accomplie ? Comment répondre des morts, témoigner des disparus à l'heure où le sida est, pour beaucoup, une relique du passé ? Plus d'une génération du sida se manifeste dans ce dossier et c'est à l'aune de ce pluriel générationnel que les collaborateurs et collaboratrices ici réunis tentent de penser le sida.
Une suite d'expériences à la fois intimes et collectives liées à l'émotion complexe de la honte, dans la lignée de Self-care
Nos hontes vous reviendront armées est un collectif de récits et de poésie à saveur sociologique, composé des textes de sept écrivain·es. L'ouvrage s'inspire de l'auteur et sociologue français Édouard Louis, de qui l'on retrouve des citations réflexives servant à lier les textes. Le livre déplie différentes expériences vécues par les auteur·ices, expériences à la fois intimes et collectives, et liées à l'émotion complexe de la honte. Les textes explorent cette honte pour en dévoiler les racines sociales, et s'orientent tous autour de l'enjeu de la violence et de sa reproduction : violences conjugales et sexuelles, racisme, homophobie, transphobie, grossophobie, putophobie, pauvreté, classisme et lutte des classes. Sont posées ici deux questions cruciales : quelles sont les limites de l'action individuelle non-éclairée face à l'oppression, et comment une écriture autobiographique informée par la sociologie peut transformer la honte en révolte.
Martine Delvaux et Jennifer Bélanger s'inscrivent dans une lignée de femmes allongées. Souffrant l'une et l'autre de douleurs chroniques, elles ont choisi d'écrire à partir de cette position qu'elles connaissent intimement : le corps étendu sur un lit, un divan, un plancher ou une civière, et qui attend.
Entourées d'autres femmes - écrivaines, artistes, amies, mères, filles, amantes et soignantes -, les autrices rendent hommage à la vie horizontale des accidentées, des endolories, des insomniaques, des rêveuses et des survivantes.
Les allongées défilent de page en page, de lit en lit, sur la pointe des pieds et ensemble. Elles résistent devant un monde qui, de tout temps, a préféré voir en elles des paresseuses, des martyres, des hystériques, des menteuses, des plaintives, des folles.
Ainsi montent leurs voix, entre le chuchotement et le cri. Le plafond se brise. Un horizon apparaît.