La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes compte parmi les plus belles réalisations de l'art gothique. Bien que la construction de cet édifice se soit étendue sur une longue période - du XIIIe siècle pour le choeur au XVIIe siècle pour la façade - il n'en présente pas moins une grande unité architecturale intérieure, ce qui constitue un véritable tour de force de la part des architectes successifs.
Comme de nombreuses autres églises de l'Aube, la cathédrale de Troyes recèle de précieux vitraux réalisés, à l'instar de l'architecture, à diverses époques. Les verrières, qui couvrent une superficie de 1 500 mètres carrés, ont été restaurées à plusieurs reprises et sont parvenues jusqu'à nous malgré leur fragilité. ce n'est malheureusement pas le cas des sculptures des portails, détruites à la Révolution.
En revanche, les chapiteaux de la nef et du choeur offrent un intéressant panorama de la sculpture médiévale. La richesse de la cathédrale réside aussi dans ses peintures et ses sculptures du XVIe siècle ainsi que dans l'exceptionnelle collection d'objets médiévaux conservée au trésor.
Depuis longtemps, les fouilles archéologiques ont fait apparaître des fragments de verre en très grand nombre. L'intérêt des archéologues, orienté dans un premier temps vers les verres creux, se tourne de plus en plus vers les fragments de verre plat. Ceci conduit à poser de nouvelles questions sur les diverses utilisations du verre dans l'architecture, tant civile que religieuse, en particulier pour ce qui touche à la fermeture des baies ou au décor intérieur. Cette publication fait un point sur l'avancement des recherches dans ce domaine à partir d'une table ronde organisée par le Centre d'études médiévales d'Auxerre. Celle-ci a permis de réunir et de confronter les données récentes, issues des découvertes archéologiques en contextes stratigraphiques et des fonds de musées, sur les débuts du vitrail en France et, pour quelques exemples, à l'étranger. Outre une mise en perspective de la présence abondante du verre, un inventaire précis à partir d'un protocole défini,ou encore des analyses physico-chimiques sur les compositions, ont été mis en évidence les arguments pour leurs datations qui s'étalent entre le ve et le XIIe siècle.
Les vitraux du choeur de la cathédrale de Troyes, oeuvre majeure de la peinture sur verre en France, tiennent la comparaison avec Chartres et Bourges dans le trio de tête des ensembles vitrés les plus vastes conservés pour la première moitié du XIIIe siècle.
Malgré cela, ils n'avaient jamais bénéficié d'une publication exhaustive. Pour étudier ce monument exceptionnel, Elizabeth C. Pastan, professeur à Emory University (Atlanta), et Sylvie Bacon, maître de conférences à l'Université de Paris IV-Sorbonne, se sont associées. Au prix d'un patient travail d'analyse des verrières et de l'abondante documentation écrite et figurée, elles restituent cette vitrerie et la replacent dans un contexte foisonnant, préoccupé comme toujours au Moyen Age par les fins ultimes de l'humanité, nourri aussi des enjeux du moment et du lieu, les croisades et les reliques.
Elles ont également mis en évidence le jeu savant d'interactions avec une multitude d'autres centres artistiques, Auxerre, Chartres, Reims, Saint-Quentin, Châlons-en-Champagne, Baye et Paris notamment, renouvelant la connaissance de la peinture française des débuts du gothique. Avec cet ouvrage publié dans la grande collection internationale du Corpus Vitrearum, c'est à la fois le patrimoine médiéval inestimable de la ville de Troyes et la richesse artistique de la Champagne qui sont célébrés.