Filtrer
Prix
bertrand abraham
-
Peut-on laisser sa vie derrière soi, couper les ponts et tout recommencer dans une maison isolée au pays de Galles? L'héroïne du Détour, une femme entre deux âges, semble tenter l'aventure accompagnée, dans sa fuite, des livres de la poétesse américaine Emily Dickinson - le sujet de sa thèse. Une liaison avec un étudiant, un scandale à l'université, un mari d'abord courroucé puis indifférent, tout cela appartient au passé. Elle occupe ses journées seule, jardine, découvre la nature autour d'elle, les oies, la mer au loin, et ces chemins de randonnée qui traversent la propriété qu'elle loue. Sa solitude prend fin quand Bradwen, un jeune homme lui aussi en rupture de ban, fait irruption dans son jardin. Il n'est guère plus bavard qu'elle, mais une relation de plus en plus intense s'installe entre eux.
Le détour excelle dans l'art de peindre des vies silencieuses. Des existences cabossées, des êtres en fuite à la recherche d'un apaisement impossible sont les héros de ce roman d'une grande profondeur qui explore la condition humaine dans toute sa complexité.
-
Partis à treize ils ne seront plus que cinq après des jours et des nuits d'errance et de terreur. Cinq créatures d'une maigreur terrifiante qui, croyant sur parole leur passeur, sont finalement abandonnés dans un désert pierreux battu par les vents, un territoire qu'ils pensent libre et heureux puisque situé de l'autre côté de la frontière. Mais ont-ils réellement franchi la frontière ?
Dans un pays civilisé quelque part à l'est, dans une ville appelée Michaïlopol, un flic nommé Beg fait régner l'ordre. Univers de violence pas toujours ordinaire, d'arbitraire corruption, amour vague et misérable pour son employée de maison, ce type usé donne soudainement un sens à sa vie en se découvrant une appartenance religieuse. Parenthèse, oxygène ou sursaut spirituel, la Thora devient pour lui promesse de sens, ouverture inédite sur le monde.
Quand les moribonds, sans-papiers, étrangers, arrivent à Michaïlopol, ceux qui les aperçoivent sont sidérés. Effrayants, rapidement gênants donc embarqués au poste, ils sont placés en isolement.
Lors de leur arrestation, une tête humaine en phase de décomposition avancée est trouvée cachée dans leurs oripeaux.
Beg est alerté par l'un de ses officiers.
Partis à treize, blottis à l'arrière d'un camion, les clandestins semblaient de nationalités différentes.
Mais l'un d'eux ne mesurait peut-être pas sa part, à leurs yeux dangereuse, d'étrangeté : une croix à son cou, caressait sa peau noire.
-
Le fonctionnement de notre mémoire reste une énigme.
Depuis l'Antiquité, seules nos mémoires " artificielles " nous permettent de l'appréhender. Platon la comparait à une tablette de cire ; au Moyen Age, on l'assimilait à un livre ; à la Renaissance, à une chambre noire. Ce n'est qu'avec l'invention de la photographie et du phonographe, au XIXe siècle, que l'on comprit comment une représentation pouvait être conservée dans la matière puis réactivée. Mais par combien de métaphores savantes sommes-nous passés, de la bibliothèque au colombier, de la cave à vin au labyrinthe, du puits de mine aux profondeurs marines ? Véritable promenade dans le musée des représentations et des techniques, ce livre révèle la richesse des discussions scientifiques qui ont émaillé la psychologie de la mémoire au cours des siècles, mettant en relation l'histoire des sciences, la philosophie, les neurosciences, l'informatique, l'intelligence artificielle...
Aujourd'hui, nous disposons d'un grand nombre de mémoires prothétiques : ordinateurs, hologrammes, réseaux neuronaux, autant d'analogies nouvelles qui assimilent la pensée au fonctionnement d'une machine et mécanisent le psychisme. Mais ce n'est plus la machine qui sert à penser la mémoire, c'est la structure du cerveau qui sert de modèle aux machines de demain. Les similitudes entre le tissu neuronal (biologique) et les réseaux neuronaux (artificiels), aussi infimes soient-elles, nous aideront-elles à percer un jour le mystère de notre mémoire ?
-
Helmer van Wonderen vit et travaille sur la ferme familiale depuis trente-cinq ans, quand, un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage. Ce dernier est grabataire et aura de toute façon besoin de ses soins, mais ce changement lui permet de rompre la monotonie des jours toujours semblables, de s'installer au rez-de-chaussée de la maison et d'en refaire la décoration. Tout en s'occupant de la ferme et du père, il est plein de colère retenue à l'égard de ce dernier. Puis tout s'accélère le jour où il reçoit une lettre signée d'un nom oublié depuis longtemps : Riet était non seulement la fiancée de son frère jumeau Henk, mais aussi à l'origine de son accident mortel, à l'âge de vingt ans. C'est après la disparition de ce frère admiré, alors qu'il était parti étudier à la faculté de lettres d'Amsterdam, que Helmer a dû reprendre le rôle destiné à Henk et renoncer à une vie loin de la ferme. Il a dû accepter une vie consacrée aux vaches, malgré lui, et la tête vide, accomplir les mêmes gestes, jour aprà8s jour, machinalement.
Riet lui demande de l'aide, car elle a des difficultés avec son fils - appelé Henk, justement. L'arrivée de cet adolescent changera totalement la donne : il noue des liens privilégiés avec le vieil homme mourant, mais il oblige aussi Helmer à se confronter enfin à l'image de l'autre Henk, ce frère jumeau disparu, et à reprendre sa vie en main. Lors d'un accident dramatique, les choses semblent enfin se dénouer...
Gerbrand Bakker évoque avec beaucoup de poésie la vie d'un paysan du nord de la Hollande. Les paysages d'eau et de tourbe constituent un écrin très singulier pour une narration qui pourtant touche une question absolument universelle : comment maîtriser ses désirs, comment accéder à une forme de vérité intérieure quand tout dans votre existence vous contraint à renoncer à0 cet ailleurs tant refoulé ? À 55 ans, est-il trop tard pour changer de vie ? L'écriture de Là-haut, tout est un calme entraîne le lecteur dans une quête du bonheur inoubliable.
-
Qu'est-ce qui peut bien rassembler une centenaire et un jeune fan de rap,un vieux camelot et un inspecteur amateur de cidre?Au travers de portraits et de scènes de la vie quotidienne,Bertrand Abraham nous entrâne dans les coulisses de sa petite exploitation agricole.Ses "carnets de campagne" décrivent des tranches de vie souvent drôles,parfois dramatiques,toujours authentiques.Tout à la fois conteur,ethnologue et journaliste,il entrouvre les portes d'une campagne bretonne étrange et pourtant bien réelle,peuplée de personnages insolites.Les contes du Tisquin témoignent aussi,en filigrane,des pérégrinations d'un petit producteur,apiculteur,arboriculteur et fabricant de boissons.
-
Dans un pensionnat franciscain aux Pays-Bas, au début des années cinquante, le frère Bonaventura est témoin des mauvais traitements imposés aux élèves par Mansuetus, le directeur. Un matin, il découvre qu'un des garçons manque à l'appel. Redoutant le pire, le jeune moine mène son enquête pour progressivement dévoiler tout un système reposant sur la violence et le sadisme. Roman sur la cruauté humaine et la possibilité d'y résister, Le bois dénonce les abus terribles de quelques-uns tout en interrogeant la part de responsabilité de chacun. Jeroen Brouwers livre avec force une réflexion universelle sur la vie en communauté et le pouvoir de la parole.
-
Edward, 42 ans, professeur en virologie animale, tombe amoureux d'une jeune femme aperçue dans la rue, Ruth, 28 ans. Il la retrouve lors d'une soirée, lui déclare sa flamme, coup de foudre véritable et s'installe dans sa vie quelques années puis, leur passion déclinant, ils décident d'avoir un enfant et se marient. Ce projet va s'avérer fatal à leur relation : procréation difficile, bébé inévitablement insomniaque : Edward s'épuise, Ruth se tourne contre son mari et le pousse peu à peu à la séparation. Dès lors, Edward perd ses certitudes et ses repères. L'âge s'inscrit douloureusement sur son corps, la liaison qu'il a eue avec une très jeune assistante de son laboratoire se termine, il s'effondre.
-
Le livre relate la découverte des maladies neurologiques les plus connues, et raconte l'histoire personnelle de leurs découvreurs comme autant d'aventures humaines. Qui étaient Alzheimer, Parkinson, Asperger et Korsakoff ? Qui étaient Broca (le découvreur des aires du cerveau), Clérambault ou Gilles de la Tourette (qui identifia le syndrome qui porte son nom) ?
Comment ont eu lieu ces trouvailles ? Quels étaient les premiers patients ? Quelle a été la réception du milieu ? Et quelle est la différence entre la vision initiale du trouble et celle que nous en avons aujourd'hui ?
Autant de questions qui nourrissent une série de récits fascinants, servis par un auteur qui peut prétendre être l'héritier européen d'Oliver Sacks.
-
Diviser pour tuer ; géncides et génocidaires
Abram de Swaan
- Le Seuil
- Liber
- 21 Janvier 2016
- 9782021185607
Les études portant sur les génocides sont restées enfermées dans un système d'oppositions étroit : les massacres de masse sont-ils le point culminant de la « modernité » ou même de la « démocratie », ou au contraire la manifestation d'un « effondrement de la civilisation » et d'un « retour à la barbarie » ? Ceux qui les ont perpétrés sont-ils des hommes « ordinaires » ou bien des « psychopathes » ? Et la Shoah représente-t-elle une singularité historique ou peut-elle être comparée à d'autres entreprises génocidaires ?
À travers l'analyse de seize épisodes d'extermination du XXe siècle, ce livre entend dépasser ces approches pour comprendre à quelles conditions la frénésie meurtrière qu'ils manifestent peut éclater et comment des individus se révèlent disposés à y prendre part.
À leur sujet s'est développée une conception singulière : ceux qui, des semaines, des mois, voire des années durant ont massacré leurs semblables, sans scrupules, sans pitié, parfois avec entrain et, après coup, sans remords seraient des « hommes ordinaires » obéissant simplement aux ordres ou à l'idéologie du temps. En somme : « Vous et moi, dans les mêmes circonstances, aurions fait la même chose. » Interrogeant le déroulement des faits et les témoignages, souvent négligés ou pris au pied de la lettre, des protagonistes, Abram de Swaan ébranle ici radicalement la thèse de la « banalité du mal ».
-
Contre les femmes ; la montée d'une haine mondiale
Abram de Swaan
- Le Seuil
- 4 Février 2021
- 9782021449105
Mutilations, viols, crimes d'honneur, féminicides, vitriolages, avortements forcés... Le patriarcat est un régime de terreur. Les hommes ont tiré pendant des siècles avantage symbolique et matériel d'une domination qu'ils ont établie par la force brute. Aujourd'hui, grâce à la scolarisation et à leur entrée sur le marché du travail, les femmes parviennent en de nombreux endroits à secouer le joug. Mais cette aspiration à l'égalité, dont le mouvement #MeToo a été une manifestation planétaire, ne va pas sans déchaîner en retour la colère ni sans alimenter un désir de représailles. La lutte pour l'émancipation est âpre. Aucun groupe dirigeant ne renonce à sa position de supériorité sans combattre.
C'est cette résistance acharnée, parfois sanglante, qu'Abram de Swaan documente de manière implacable, d'un bout à l'autre du monde. Djihadisme, fondamentalisme religieux, courants réactionnaires, mouvements d'extrême droite... : son attention se porte sur tous les groupes qui, quand il s'agit des femmes et du féminisme, montrent une parfaite identité de vue. Cette enquête globale et percutante pose les fondements d'une encyclopédie contemporaine de la misogynie.
-
Cet ouvrage traite de questions aussi diverses que la fin de vie, la procréation médicalement assistée, la recherche sur les cellules souches, les nanotechnologies et la bioéthique spéculative. Comment prendre des décisions dans un contexte particulier de fin de vie où le traitement de maintien de vie prolonge la souffrance ? Comment élaborer une éthique des nanotechnologies ? Tels sont quelques-uns des enjeux éthiquement complexes que ce livre examine.