Dans le monde du travail, les lois, les règles, les normes, les codes et les usages font le vêtement. L'habillement porté au travail est une combinaison originale d'habits fournis ou imposés par l'employeur et de vêtements laissés à l'appréciation des travailleurs. Professionnel, de travail ou d'uniforme, l'habit revêt de nombreuses fonctions et symboliques: il cache, montre ou met en valeur le corps dans le but de servir l'entreprise à l'extérieur comme dans son organisation interne.Les profondes mutations du vestiaire professionnel depuis le xixe?siècle en font un objet d'étude historique de premier plan. Simplifiée, normalisée, voire supprimée, la tenue de travail implique l'intervention, la manipulation et le regard d'une multitude d'acteurs comme, par exemple, les dirigeants d'entreprise, les fabricants de vêtements, les travailleurs et les travailleuses ou encore les usagers et les clients.À la croisée de l'histoire économique, sociale, culturelle et des études de genre, cet ouvrage étudie le vêtement sous toutes ses coutures -?couleurs, formes, matériaux?- et analyse sa place dans l'organisation des entreprises, notamment à La Poste et à la SNCF. Cette étude mesure également le rôle du vêtement de travail dans la construction des identités sexuées personnelles et professionnelles afin d'évaluer le pouvoir des apparences dans les milieux professionnels français des années 1880 à nos jours.
Cet ouvrage vient à son heure, celle qu'autorise le recul du temps, sinon la résolution des problèmes posés au syndicalisme. La période 1975-1995, difficile pour le mouvement syndical français, fut catastrophique pour la CGT. L'histoire de la Confédération ne manque pas d'épisodes douloureux, voire tragiques. Jamais les revers et les reculs ne s'étaient toutefois prolongés aussi longtemps. Fruit de la coopération de spécialistes reconnus et de jeunes chercheurs-historiens, sociologues, politistes - ainsi que de syndicalistes, l'ouvrage interroge la manière dont la CGT a traversé ces deux décennies.
Au fil des chapitres, la quarantaine d'auteurs réunis offre une exploration inédite de l'organisation et de ses militants, observés du bureau confédéral aux échelons les plus élémentaires et dans les contextes les plus variés.
Henri Burin des Roziers. Un nom associé au combat des paysans pauvres en Amazonie. L'avocat des « sans-terre ». Frère dominicain de la Province de France, arrivé sur des terres pionnières dans la forêt amazonienne en 1979, resté fidèle aux luttes des petits paysans du Para pendant plus de trente ans.De son arrivée à São Paulo en décembre 1978 jusqu'au début de l'année 1995, Henri Burin des Roziers écrit de nombreuses lettres à ses parents, déjà âgés et très éloignés de l'univers qu'il décrit si différent du confort bourgeois parisien. Il partage avec eux sa découverte du Brésil et d'autres pays d'Amérique centrale qu'il parcourt au cours de l'année 1990, son étonnement devant les espaces à la fois immenses et isolés qu'il sillonne sans relâche. Il leur dit sa révolte face aux injustices et à la misère des habitants, son admiration pour leur courage face à la violence. Il relate ses rencontres, les moments de joie simple avec les villageois et de tensions avec les gros propriétaires et la police, les échanges avec ses frères et soeurs de lutte, ses conversations avec les évêques dont il apprécie l'humilité et l'engagement auprès des pauvres. Il ne tait pas son rejet d'une autre Église, complice des puissants, et exprime sa détermination dans les combats menés, les occupations de terre, les manifestes, communiqués et pétitions, les réunions dans les paroisses et à Brasilia, les nombreux procès contre les fazendeiros et les tueurs à gages. Il raconte son quotidien, ses attentes à la gare routière ou à l'aéroport, sa fatigue quand il écrit sur ses genoux dans un car ou à la lueur d'une chandelle, le plaisir rare d'un bon vin ou d'un repos salvateur pour mieux retourner ensuite auprès des paysans sans terre qui luttent pour leur survie.Dans ses lettres d'Amérique latine, Henri Burin des Roziers partage avec ses parents l'immense tendresse qu'il éprouve pour ces « crucifiés de la terre ».
Comment se fait-il que dans les pays qui ont remis en cause les fondements du capitalisme les travailleurs y soient moins bien lotis que dans des pays dits « capitalistes » ? Le capitalisme est-il mortel ? La démocratie, la planète ou le syndicalisme sont-ils mortels ? La désormais longue histoire du mouvement ouvrier, ainsi que les analyses et théories qui se sont développées à son propos, celui de la démocratie ou de la justice, peuvent nous aider à répondre à de telles questions. Et donner des pistes pour comprendre la complexité du monde et la façon de le transformer.C'est ce que Mariano Fandos tente de faire avec ce livre. À sa manière de militant CFDT et pour contribuer au débat. Il plonge dans l'histoire du mouvement ouvrier, depuis les temps héroïques d'avant la Première Guerre mondiale, puis le xxe siècle avec ses guerres mondiales, ses révolutions, ses Trente glorieuses et enfin les remises en causes par la mondialisation, le numérique ou la question du réchauffement climatique, pour aboutir à un xxie siècle plein d'incertitudes.Pour comprendre la complexité du monde et pouvoir agir sur elle, il ne faut pas s'en tenir qu'aux événements mais aussi s'intéresser aux idées que ces évolutions ont suscitées, et analyser comment ces idées ont à leur tour pesé sur les évolutions.C'est ainsi que l'auteur a construit sa vision du monde pour nous proposer des pistes de réflexion et d'action, ici et maintenant, sans attendre les lendemains qui chantent, sur la base des valeurs qui l'animent : liberté, responsabilité, démocratie, justice, dignité, solidarité, émancipation. Pour en débattre, et pour s'engager, chacun à sa manière, dans une confrontation démocratique.
Depuis les analyses classiques de Tocqueville sur le contraste entre l'étatisme français et le pluralisme américain, les États-Unis et la France ont fourni des laboratoires pour l'analyse comparative. La mise en regard des mouvements sociaux aux États-Unis et en France alimente la compréhension des rapports entre conflictualité et refondation de la gauche à la lumière des défis posés de part et d'autre de l'Atlantique.Depuis le New Deal des années 1930, la conquête des droits civiques aux États-Unis dans les années 1960, l'avènement du capitalisme néolibéral et de la mondialisation financière jusqu'à la crise majeure de 2008, les rapports entre mouvements sociaux et politique font l'histoire. Plus récemment, l'ascension du populisme, l'émergence de Bernie Sanders et d'une gauche combative, l'expansion des mobilisations décisives dans la défaite de Trump résonnent avec ce que nous vivons en France. L'intensification des mobilisations contre les inégalités et les discriminations, contre les violences racistes, des luttes féministes, écologistes et pour la justice sociale bouscule le champ politique sur fond de poussée de l'extrême droite et d'une tendance à l'autoritarisme. Ce détour par les États-Unis invite à un regard distancié sur notre propre réalité en France.En assumant leur diversité, les autrices et auteurs des contributions rassemblées dans ce volume éclairent ces événements et les défis stratégiques de la gauche sociale et politique en France, à l'heure du néolibéralisme contesté et de la poussée des aspirations émancipatrices.Comme projet associé à la Fondation Gabriel Péri, cet ouvrage vise un public large, intéressé et éventuellement impliqué dans le débat et la confrontation d'idées politiques comme dans l'action militante.
Yvon Tranvouez occupe une place à part dans l'histoire religieuse contemporaine. Cela tient autant de sa position - brestoise ! - que de sa patte - une écriture historique personnelle, précise, polie par le sens de la formule. Et des idées, toujours des idées...Ses collègues et amis, en lui offrant ce Bon Dieu sans confession, s'en remettent volontiers à la photographie de couverture pour expliquer ce titre tranvouezien. Qu'y voit-on ?Été 1967, à Keraudren. Le chanoine Élard, supérieur du petit séminaire, décide de capter et de fixer un entracte. Le cliché, exclusivement ecclésiastique, hésite entre le portrait de groupe et la scène de genre. On active la fin d'une session d'extérieur. On pose devant l'objectif. On sourit sans trop regarder. Entre soi, la scène est parfaitement modeste, bonhomme et bienveillante.Soleil trompeur ? La sagesse finistérienne impose de remiser le mobilier extérieur en prévision du futur grain ou de l'humidité de la nuit. Mais les chaises qu'on range annoncent tout autant la prochaine fermeture du petit séminaire brestois qui, aux portes de «?la Terre de prêtres », devait pourtant constituer une vitrine attirant le Léon.Cette photographie appartient bien à l'univers Tranvouez, historien du « moment 68 », selon Étienne Fouilloux. Ce dernier le désigne comme le meilleur expert de la transition du catholicisme français et breton entre le temps long de la tradition qu'il n'oublie jamais et celui de la rupture qui le passionne.Les vingt-trois contributions de ces Mélanges entendent rendre hommage à cette oeuvre. Elles ont pour cadre le Finistère, la Bretagne ou le concile. Elles parlent aussi bien de cinéma ou de photographie que de littérature. Culture et religion coexistent sans mal avec le politique. Bref, la curiosité du lecteur ne sera pas épuisée, puisqu'il lui suffit de suivre celle - insatiable - d'Yvon Tranvouez.