" C'est un récit bien banal et j'espère qu'on lui reconnaîtra à tout le moins les mérites qu'on reconnaît d'ordinaire à un journal de voyage.
Je puis encore ajouter ceci : " Voilà le monde qui vous attend si vous vous trouvez un jour sans le sou. " Ce monde, je veux un jour l'explorer plus complètement. J'aimerais connaître des hommes comme Mario, Paddy ou Bill le mendiant non plus au hasard des rencontres, mais intimement. J'aimerais comprendre ce qui se passe réellement dans l'âme des plongeurs, des trimardeurs et des dormeurs de l'Embankment.
Car j'ai conscience d'avoir tout au plus soulevé un coin du voile dont se couvre la misère. Je tiens toutefois à souligner deux ou trois choses que m'a définitivement enseignées mon expérience de la pauvreté. Jamais plus je ne considérerai tous les chemineaux comme des vauriens et des poivrots, jamais plus je ne m'attendrai à ce qu'un mendiant me témoigne sa gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m'étonnerai que les chômeurs manquent d'énergie.
Jamais plus je ne verserai la moindre obole à l'Armée du Salut, ni ne mettrai mes habits en gage, ni ne refuserai un prospectus qu'on me tend, ni ne m'attablerai en salivant par avance dans un grand restaurant. Ceci pour commencer. " George Orwell
" pour un prince, donc, il n'est pas nécessaire d'avoir toutes les qualités susdites, mais il est tout à fait nécessaire de paraître les avoir.
J'oserai même dire ceci : si on les a et qu'on les observe toujours, elles seront néfastes ; si on paraît les avoir, elles sont utiles. ".
Baltasar Gracian (1601-1658) est l'un des plus grands essayistes espagnols du Siècle d'or, que l'on peut comparer à Montaigne et à La Rochefoucauld.
Dans L'Homme de cour, dont le texte original date de 1647, qui réunit trois cents maximes ou réflexions, il propose un art de vivre à la cour comme à la ville, en sauvant son honneur et son monde intérieur. La traduction de 1684 est l'un de ces monuments du style littéraire à la française, dont la clé semble oubliée.
De Borges à Pierre Michon, nombreux sont les auteurs qui, au XXe siècle, ont écrit à l'enseigne des Vies imaginaires. Au gré de sa fantaisie et de son érudition, Schwob réinvente dans ce livre unique le genre de la biographie, croquant par le menu une vingtaine de personnages, illustres ou méconnus, de l'Antiquité au milieu du XIXe siècle : l'acteur Gabriel Spenser, les assassins Burke et Hare, la «matrone impudique» Clodia, le «pirate illettré» Walter Kennedy, le «poète haineux» Angiolieri...
Une délicieuse série de tableaux, dont Colette, s'adressant à Schwob, dira : «J'ai ici tes admirables Vies imaginaires, heureusement, et la perfection irritante de quelques-unes me fait mal dans les cheveux et des picotements dans les mollets. Tu ne connais pas ça, qu'on ressent en lisant quelque chose qui vous plaît trop ?»
Tchernobyl, anatomie d'un nuage est une analyse très documentée sur la catastrophe de Tchernobyl et sur ses conséquences. En quelque sorte, un complément et une « suite » à La Nucléarisation du monde de Jaime Semprun dont le texte avait été écrit après la catastrophe de Three Mile Island. Dans la nuit du 25 au 26 avril 1986, le courant alimentant le réacteur n°4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl s'interrompit. L'alimentation de réserve et la pompe centrale de refroidissement tombèrent simultanément en panne. Le coeur du réacteur se mit à fondre. Dans la journée du 26, le graphite utilisé comme modérateur entra à son tour en fusion, et, le 27, de violentes explosions détruisirent le dôme du réacteur, laissant échapper massivement dans l'atmosphère une radioactivité, qui continua à se répandre sur tout l'hémisphère nord pendant deux semaines tandis que sur le site de la catastrophe se poursuivait l'incendie. Les gouvernements firent tout pour dissimuler l'événement, ou en minimiser les conséquences, aucun d'eux n'agissant cependant avec autant de tranquille mauvaise foi que les services publics français. La presse s'assura de gros tirages pendant quinze jours, elle publia nombre d'éléments que le mensonge d'État entendait conserver secrets, mais en prenant soin de ne jamais aboutir à une forme même embryonnaire d'analyse raisonnée de la question nucléaire ; puis, pressée par les besoins d'une surenchère quotidienne dans l'illustration putschiste de l'actualité, elle retourna à ses traditionnelles rubriques, en attendant que le prochain cataclysme ne vienne prendre la relève.
Un marin s'échoue sur l'archipel de Mardi, tombe amoureux d'une jeune fille, qui disparaît. Tempêtes, naufrages, enlèvements, poursuites, vengeances. Ce « pur roman d'aventures polynésiennes » se change bientôt en un roman satirique et allégorique, politique et philosophique. Une absence totale de dénouement laisse tous les mystères entiers. Méditation romanesque sur le pouvoir, réflexion sur la stabilité et le changement : c'est déjà le grand style de Melville - il n'y aurait pas de Moby Dick sans Mardi -, qui mêle le concret et l'abstrait, le lyrique et le mythologique, l'exotisme et la passion.
« Voici près de cinq cents lunes que je vis dans la plus étroite familiarité avec moi-même ; et pourtant vous me voyez encore incapable de décider qui je suis. Tout ce dont je puis témoigner avec certitude, c'est d'une espèce de sensation fourmillante dans tout mon être - ce qu'on appelle la vie. »
" .
Cette acceptation de la pure et simple malhonnêteté a une signification bien plus profonde que la vénération de la russie qui se trouve être en ce moment à la mode. il est fort possible que cette mode-là ne dure guère. d'après tout ce que je sais, il se peut que, lorsque ce livre sera publié, mon jugement sur le régime soviétique soit devenu l'opinion généralement admise. mais à quoi cela servira-t-il ? le remplacement d'une orthodoxie par une autre n'est pas nécessairement un progrès.
Le véritable ennemi, c'est l'esprit réduit à l'état de gramophone, et cela reste vrai que l'on soit d'accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. ".
" une bonne part de ce que nous appelons plaisir n'est rien d'autre qu'un effort pour détruire la conscience.
Si l'on commençait par demander : qu'est-ce que l'homme ? quels sont ses besoins ? comment peut-il le mieux s'exprimer ? on s'apercevrait que le fait de pouvoir éviter le travail et vivre toute sa vie à la lumière électrique et au son de la musique en boîte n'est pas une raison suffisante pour le faire. l'homme a besoin de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux.
S'il en prenait conscience, il pourrait utiliser avec discernement les produits de la science et de l'industrie, en leur appliquant à tous le même critère : cela me rend-il plus humain ou moins humain ? il comprendrait alors que le bonheur suprême ne réside pas dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l'amour. et l'horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie ne serait pas considérée comme un simple archaïsme sentimental, mais comme une réaction pleinement justifiée.
Car l'homme ne reste humain qu'en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes - notamment le cinéma, la radio et l'avion - tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l'animalité. " " les lieux de loisirs ".
Pour une politique de classe prolongeant la tradition républicaine, dépassant le vieil anarchisme et le catalanisme, s'enrichissant de la combativité anarcho-syndicaliste, un " Partido Obrero de Unificacién Marxista " s'est formé en septembre 1935.
Il est issu de la fusion de deux partis : le " Bloc " et la Gauche communiste dirigés respectivement par Joaquin Maurin et Andrés Nin. Tout ce qu'il y avait en Espagne de marxiste, au sens théorique du mot, s'y retrouvait face à un parti socialiste réformiste et opportuniste, face à un parti communiste officiel sans influence théorique ni pratique et sans implantation dans les masses (mais fort de l'appui de Moscou), et aux côtés d'une CNT " apolitique " et persuadée que le pouvoir économique allait suffire à lui seul Le POUM proposait une action ouvrière indépendante, qui tiendrait compte de la réalité espagnole.
C'était déjà braver le stalinisme. Le parti communiste officiel, appuyé sur la petite et moyenne bourgeoisie urbaine, pratiquant durant la guerre civile le chantage aux armements soviétiques, ira jusqu'à l'épuration des Brigades internationales et à la répression du POUM Voici l'histoire de cette expérience originale, riche d'enseignements politiques.