Cet ouvrage est écrit par un psychomotricien. Il y raconte avec passion ses rencontres avec des personnes à l'élan vital fragilisé pour des raisons très variées, et la façon dont l'institution paralyse, défait, aspire la vitalité des liens précaires qui ont pu se tisser dans l'expérience de soin. L'auteur livre un propos alternant le récit d'expérience et les tentatives de penser autrement le soin psychique et l'autisme, sans mauvais jargon mais sans céder à l'anti-intellectualisme ni au rejet a priori des approches psychanalytiques. Le démantèlement de l'hôpital public, notamment en psychiatrie, et l'instrumentalisation de la folie à des fins sécuritaires ont récemment suscité des résistances parmi les professionnels du soin psychique et parmi les patients. Si beaucoup de textes actuels laissent un sentiment amer sur l'avenir de la psychiatrie et l'évolution du soin, ce livre parvient à transmettre l'énergie et la passion de son auteur pour une pratique du lien et du partage créatif.
Cet ouvrage propose une analyse à la fois accessible et sophistiquée du phénomène difficilement saisissable que constitue la dépression. Accessible, parce que, sans présupposer de connaissances préalables, il expose les problèmes de définition posés par cette maladie qui a connu différents noms et caractérisations selon les périodes historiques et les cultures. Sophistiquée, parce que l'auteur insiste sur la construction de la dépression comme maladie.
Cette attention épistémologique, conjuguée à la grande variété des sources mobilisées - des traités psychiatriques aux récits autobiographiques -, confère à l'approche de Jonathan Sadowsky sa richesse et sa densité. Sous sa plume se trouve ainsi restituée la longue histoire de la dépression : l'apparition de ses différents avatars (comme l'acedia médiévale et la mélancolie), la naissance de la psychanalyse et des psychothérapies, le développement des diagnostics de dépression dans la période de l'après-guerre, et enfin l'essor, à partir des années 1980, de médicaments comme le Prozac. Il en résulte une somme indispensable pour cerner une maladie dont souffrent des millions de personnes dans le monde.
Quand on regarde la planète Terre de loin et dans l'ensemble de son histoire, c'est une planète de bactéries, de virus et de micro-organismes, qui n'ont cessé d'évoluer en symbiose.
C'est là l'essentiel de son histoire ; c'est là sa structure profonde.Nous-mêmes sommes au fond - comme tous les animaux et végétaux - des assemblages ultra-complexes de bactéries?; ces êtres microscopiques forment la basse continue de la vie sur Terre. Opérant une synthèse inédite qui articule l'échelle microscopique, l'échelle des individus vivants et l'échelle planétaire autour d'une conception de l'évolution rénovée par l'idée de symbiose (l'association intime, durable entre deux organismes différents), Margulis offre ici un nouveau tableau de la vie.Voici le récit complet, abordable, didactique, de la plus grande aventure connue?: l'apparition et le développement de la vie sur Terre. Qui marque aussi la lutte victorieuse d'une femme pour que le vivant soit pensé par ses relations de coopération, après de longues années de mise au ban de la communauté scientifique.L'ouvrage fondateur d'une des plus grandes biologistes du 20e siècle.
L'Évolution de la connaissance raconte en seize chapitres la fascinante histoire des connaissances de l'humanité.
Retraçant les épisodes clés de l'évolution des sciences et des techniques, de l'invention de l'écriture à l'industrialisation et à la numérisation en passant par la révolution scientifique du début de l'ère moderne, Jürgen Renn analyse comment le savoir se crée et se transforme, comment il se diffuse globalement depuis des millénaires et de quelle manière les économies de la connaissance et les sociétés dans lesquelles elles s'inscrivent s'influencent mutuellement.
Extrêmement riche en matériel et abondamment illustrée, cette somme mobilise une multitude de méthodes et de disciplines, et développe un cadre entièrement nouveau pour la compréhension de l'histoire des sciences comme élément de l'évolution culturelle. Le large regard rétrospectif qu'ose L'Évolution de la connaissance permet ainsi d'aiguiser notre vision des défis complexes auxquels nous sommes confrontés dans l'Anthropocène.
La question de savoir si la société humaine globale parviendra à relever les défis de l'Anthropocène dépendra en grande partie du développement futur de son économie de la connaissance.
Le vivant a-t-il une valeur en soi ? La nature est-elle libre ? Qu'est-ce que la crise écologique ? Qu'est-ce que la «nature humaine» ?
Depuis un demi-siècle environ, les humanités écologiques recomposent les relations entre nature et culture, homme et animal, éthique et biologie, connaissance et imagination. Sur ces grands enjeux politiques et moraux de notre époque, qui mobilisent les jeunes générations, ce manuel assemble des textes clefs, des autrices et des auteurs, des questions structurantes - mais présente aussi des lignes de faille et de débat.
Ce manuel repose sur une conviction simple : l'écologie n'est pas une nouvelle thématique qui s'ajoute aux autres - mais elle affecte l'intégralité des notions philosophiques et des enjeux de notre temps.
Au Jardin des Plantes depuis Buffon, l'Histoire naturelle et le XVIIIe siècle, il s'agit d'observer la terre, de la comprendre, de présenter les animaux proches et lointains, de rétablir nos liens, sans oublier l'étonnement et l'admiration qu'elle procure. La tribu des naturalistes ont nom Daubenton, Lamarck, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire... Les voyageurs y viendront déposer valises et collections au retour des expéditions d'Égypte et d'Amérique - Humboldt et Bonpland. Cuvier y montrera l'extinction des espèces. L'évolution avec Lamarck et Geoffroy Saint-Hilaire y tracera ses premières approches scientifiques qui influenceront Darwin et Wallace. Ce livre retrace ces quelques pages du Jardin, ses principaux protagonistes, un certain nombre de leurs histoires et aventures. Où l'on voit que l'homme peut entretenir avec la terre un tout autre lien que l'exploitation sans limite. C'est cette approche précieuse du Jardin, qui prend tout son sel au moment où le bipède ne peut que mesurer les limites de son rapport au monde.
Constellations aborde la question du dessin de caractère, en reprenant un principe de jeu canonique : « les points à relier ». Au fil des pages, il s'agit de relier pour lire. Point à point, lettre à lettre, page à page, se dessine une phrase cachée dans ces constellations typographiques. Ces dernières ont été réalisées à partir des points d'ancrage exacts utilisés par les dessinateurs des différents caractères utilisés. Par ce simple « jeu d'enfant », l'anatomie et la genèse de ces créations typographiques sont ainsi rendues visibles.
Maillages développe un jeu de dessin matriciel. Une matrice est une grille utilisée pour dessiner des formes, motifs, lettres, etc. On peut la remplir (en « coloriant » ses espaces vides) ou s'appuyer sur ses tracés pour dessiner. Il peut s'agir d'une grille géométrique et régulière, mais aussi dematrices irrégulières, dessinées plus librement
Des paysannes et paysans dressent le portrait du pain d'aujourd'hui, depuis les champs de blés jusqu'aux fournils. Un ouvrage pédagogique et engagé qui donne de l'espoir face à l'impasse du productivisme agricole.
Les Grecs ont découvert la sphéricité de la Terre, ont su calculer sa circonférence, ont tracé les premières cartes du monde, mais tout ce savoir s'est perdu au Moyen Âge latin, ignorant et étouffé sous le poids d'une Église conservatrice et omnipotente, pour laquelle seule l'idée d'une Terre plate était compatible avec les Écritures. Il fallut attendre les grands navigateurs - Christophe Colomb, Vasco de Gama et Fernand de Magellan -, ainsi que Copernic au XVIe siècle et Galilée au XVIIe siècle (qui le payèrent cher) pour rétablir enfin, par la raison et les observations empiriques, le caractère sphérique de la Terre.
Autant de contre-vérités que Violaine Giacomotto- Charra et Sylvie Nony dénoncent, textes à l'appui, dans un essai concis et didactique. Après un point précis sur les théories grecques antiques relatives à la forme de la Terre, les autrices analysent la transmission de ces savoirs au Moyen Âge, directement depuis le grec ou ensuite par la médiation de l'arabe et du syriaque. Elles nous proposent de lire avec elles les Pères de l'Église mais aussi les manuels et encyclopédies rédigés tout au long du Moyen Âge et utilisés pour l'enseignement dans les écoles cathédrales puis dans les universités, à partir du XIIIe siècle.
Une fois clairement établi que l'idée de la sphéricité de la Terre n'a jamais disparu des cercles éduqués pendant tout le Moyen Âge, pas plus qu'elle n'a suscité l'ire de l'Église, l'ouvrage étudie l'origine du mythe, les arguments de ses partisans et les raisons de son succès. Cette partie nous conduit sous la plume des philosophes des Lumières et des historiens du XIXe siècle, à mesure que le positivisme et la laïcisation de la science gagnent du terrain.
L'histoire de la médecine, pour l'essayiste, critique et homme de culture Jean Starobinski, est au croisement exact entre ses formations et ses intérêts de médecin, de critique littéraire et d'historien des idées et des sciences. Son Histoire de la médecine, parue en 1963 dans la Nouvelle Bibliothèque illustrée des sciences et des techniques, des éditions Rencontres, et jamais rééditée depuis, en est l'un des témoignages les plus marquants. Starobinski rêvait d'une histoire sans frontières, qui relierait les différents domaines du savoir, la littérature, les arts, les sciences, la philosophie, la médecine, une histoire dont il s'est montré l'un des spécialistes les plus éminents de son siècle.
Avec cet ouvrage, il puise à ces différentes de ces disciplines, et met en évidence avec une remarquable cohérence la manière dont elles se sont nourries mutuellement dans l'élaboration, au fil des siècles, de la figure du médecin, de l'ensemble des moyens diagnostiques et thérapeutiques dont il dispose, et de la nature du lien qui l'unit au malade. Ce faisant, il nous invite tout à la fois à une philosophie portant sur les valeurs fondamentales de notre existence, et une prise de conscience critique de la médecine, suggérant que cette dernière « ne nous rendra plus heureux que si nous savons exactement ce qu'il faut lui demander. »
On ne peut réduire une réforme à la doctrine (économique, néolibérale ou autre) des gouvernements qui l'importent dans un domaine ou un autre. Aussi ne comprend-on vraiment le fonctionnement d'une réforme qu'au travers du portrait des acteurs placés aux divers postes de décision, de la manière dont ils procèdent et des intérêts qu'ils y trouvent.
"Les véhicules autonomes sont-ils compatibles avec la lutte contre le changement climatique ? Qui veut des robots-compagnons pour s'occuper des personnes âgées ? L'usine automatisée est-elle le rêve des employés, ou celui des chefs d'entreprise ?
Interpeller directement des chercheurs, ingénieurs et startuppers sur les implications politiques de leur activité, tel est l'objet de ce livre, composé de lettres ouvertes rédigées dans un style piquant, qui mêle la satire et l'analyse. Celia Izoard ouvre ici un dialogue avec les concepteurs des nouvelles technologies pour les interroger sur le sens de leur travail et analyser l'impact social et écologique des grands projets industriels de la décennie, dans un monde en proie à la crise climatique et à l'exploitation au travail. Elle les enjoint à « changer de métier », à l'instar d'Olivier Lefebvre, salarié d'une start-up de véhicules autonomes qui raconte à la fin de l'ouvrage son chemin vers la démission."
Soigner les institutions psychiatriques héritées du XIXe siècle, soigner les malades en soignant l'institution, faire des patients psychotiques les coauteurs de leur prise en charge ainsi que des participants actifs à la vie collective de l'institution?: telle fut la visée de la révolution culturelle menée par François Tosquelles (avec d'autres soignants, des poètes, des résistants et les patients eux-mêmes) à l'hôpital de Saint-Alban en Lozère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le nom de «?psychothérapie institutionnelle?» fut donné à ce courant de la psychiatrie qui partagea avec (et contre) l'antipsychiatrie la revendication de la dimension humaine de la folie.
La légende de Saint-Alban est connue. Ce livre en dévoile des aspects sous-estimés, comme celui du rôle des femmes dans la vie quotidienne et thérapeutique de l'hôpital, ou troubles, comme celui des débuts de l'art brut. Il restitue surtout à François Tosquelles (né à Reus en 1912) son histoire et son oeuvre catalanes, ou plutôt ce qui, de l'histoire de la Catalogne qui fut aussi la sienne dans les années 1920 et 1930, fut directement versé à la révolution psychiatrique française?: l'avènement de la seconde République espagnole, l'intense vie militante et culturelle des milieux anarchistescatalans, la présence à Barcelone de nombreux psychanalystes juifs d'Europe centrale, la guerre d'Espagne, à laquelle Tosquelles participa comme psychiatre aux côtés des républicains antifranquistes et antistaliniens.
Joana Masó a réuni dans cet ouvrage un corpus de textes de Tosquelles dont certains étaient introuvables et d'autres jamais traduits. Des analyses militantes aux réflexions cliniques en passant par les essais sur la poésie ou la théologie, ces textes parcourent toutes les époques et restituent l'envergure de la pensée de ce «?glaneur?», tel qu'il se définissait lui-même. L'iconographie livre une partie des images dont cette histoire est faite?: territoires, situations, personnages, objets. L'ensemble fait entendre une action et une voix fortes, qui résonnent dans la lutte actuelle contre le déni de la folie.
Après avoir réédité les trois volumes de WHAT THE FUCK ! , Le Monte-en-l'air se réjouit de publier un volume inédit, rien qu'à lui. WHAT THE GIGA SUPER FUCK ! propose une nouvelle sélection de photographies en provenance du monde entier et collectées au fil de pérégrinations sur la Toile. Et c'est toujours aussi ahurissant. Ce quatrième volume regorge d'images tout à la fois désopilantes et désolantes.
Médusés, vous irez jusqu'au bout de ces 360 pages, bien contents de vous réfugier dans ces territoires à la limite de ce qu'un esprit est capable de concevoir.
La santé mentale s'est considérablement transformée. En quelques années, elle sera passée du champ psychiatrique au champ économique, se départissant de son aura négative associée à la folie pour revêtir les habits attrayants de la « santé mentale positive ». Cerner ses métamorphoses devient une nécessité politique puisqu'en son nom se dessinent de nouvelles politiques publiques ayant pour perspective énoncée le bonheur, le bien-être et une vie réussie pour tous les citoyens. Pour autant, peut-on détacher cette recherche de bien-être du contexte général traversant notre société ? Promouvoir la qualité de la vie alors que dans le même temps les conditions de vie des populations se dégradent, prétendre à la déstigmatisation alors que de nouveaux processus ségrégatifs se développent : ces paradoxes dévoileraient-ils le nouveau visage de la santé mentale en tant qu'opérateur de légitimation de la rationalité néolibérale ? Si nous devrons nous élever contre ces injonctions au bonheur, de bien-être et de vie réussie « du berceau à la tombe », ce sera pour mieux analyser ce que recouvrent ces entités présentées comme « naturelles », comme mesures de bon sens allant de soi, avec pour objectifs énoncés de faciliter, d'optimiser voire d'améliorer nos vies.
Pour une critique du design graphique rassemble dix-huit essais écrits par l'historienne du design Catherine de Smet depuis le début des années 2000. Publiée pour la première fois en 2012, cette édition revue et actualisée inclue trois nouveaux textes, jusqu'à présent inédits ou épuisés.
Si nous nous sommes associés, le physicien et le philosophe, pour écrire sur les « idées noires » de la physique, c'est que les choses que la physique qualifie de « noires » sont intrigantes : le ciel noir, le corps noir, le trou noir, la matière noire, l'énergie noire... Que se cache-t-il derrière ces expressions... obscures ? Ce ne sont pas seulement de curieuses appellations, ce sont des idées qui ont joué et jouent encore, parfois, un rôle crucial en physique, comme l'expose l'astrophysicien Roland Lehoucq. En outre, il ne suffit pas d'analyser la manière dont la science change le sens de l'adjectif « noir », il faut aussi exposer comment cet adjectif « colore » l'expression scientifique en retour. C'est pourquoi le philosophe des sciences Vincent Bontems analyse ce que l'adjectif charrie subrepticement de l'imaginaire des ténèbres jusque dans le champ scientifique. L'idée noire devient alors une image noire qui est le motif d'une rêverie savoureuse. Nous expliciterons donc à chaque fois la dénotation de l'adjectif « noir », ce qu'il signifie vraiment pour un physicien, mais aussi sa connotation, c'est-à-dire ce qu'il évoque métaphoriquement, parfois inconsciemment. Couplant l'analyse épistémologique des idées noires à une psychanalyse des images noires, nous suivons ainsi l'exemple du philosophe Gaston Bachelard, qui étudiait déjà en parallèle l'évolution historique de théories de la propagation thermique et les associations d'images lors de divagations sur le feu, la science et l'imaginaire.
Élu conseiller municipal à 18 ans dans son village de Barsac en Gironde, il devient adjoint au maire à 24 ans, avant d'assumer publiquement son homosexualité en 1999, effrayé par les débats sur le PACS. Il est l'auteur du livre Le prix de la différence (Michel Lafon).
Élu maire en 2004, réélu en 2008, il devient président de la Communauté de Communes la même année. Deux ans plus tard, il est élu conseiller régional d'Aquitaine.
Il court, il jongle, à la fois passionné par le service aux autres et par l'intérêt général. Évidemment, cela ne plaît pas à tout le monde...
Il est stoppé net une nuit de février?2014 par un très grave AVC qui l'a plongé dans le coma et a nécessité une craniectomie décompressive. Il est revenu de «?tout ça?» le mieux possible, tel un miraculé.
Au travers de ce récit, il relate les différentes étapes jusqu'à son AVC, parle du coma, de l'opération compliquée de son crâne, des délires et des difficultés du post-coma. Un long chemin de rééducation, et la définition petit à petit de «?la vie d'après?».
Il décide de mettre un terme à sa vie publique, et à ses mandats, pour s'occuper de lui et des autres «?différemment?». Un récit douloureux mais plein d'espoir.
On reproche régulièrement à l'écologie profonde de vouloir «faire passer la nature avant l'hommme».
Mais pour Næss, une relation riche avec la nature est en réalité une condition nécessaire de la réalisation de soi. Plus précisément, le fondateur de l'écologie profonde invite la subjectivité humaine à se perfectionner en progressant dans l'identification au Soi de la nature.
C'est avec Næss que pour la première fois, l'écologie a été envisagée comme une philosophie au sens complet du terme - sagesse et connaissance du monde.
Explorant des univers aussi variés que sa cabane de montagne à Tvergastein, le bouddhisme, l'action directe non-violente de Gandhi, et le système spinoziste, ces textes de Næss appellent à une action coopérative pour protéger la terre, en courageant individus et communautés à développer leurs propres «écosophies».
Dans Neuropromesses. Une enquête philosophique sur les frontières des neurosciences (Ithaque, 2014), Denis Forest s'intéresse cette fois aux représentations de l'avenir qui sont essentielles à ces disciplines, aux espoirs et aux craintes qu'elles suscitent, ainsi qu'aux outils intellectuels qui nous permettent d'évaluer des projets scientifiques, et aux pratiques concrètes d'évaluation de la recherche. La philosophie des sciences s'accompagne alors d'une philosophie pratique suscitée par les applications des neurosciences (vouloir s'améliorer, est-ce mal ?) et d'une réflexion sur l'apport de la connaissance du cerveau à la connaissance de soi. Le livre propose en outre de partir de la diversité du monde biologique pour mieux comprendre ce que font neurones, systèmes nerveux et cerveau, plutôt que d'en rester à l'éternelle question cerveau-esprit.
Il y a ce que l'on constate, ces pôles qui fondent et ces vents d'une violence inconnue, cette vie dont le nombre des espèces si rapidement s'amenuise, ces foules sans horizon et sans boussole, ces eaux qui montent, ces contaminations, ces embrasements inquiétants un peu partout. Il y a également ce qu'on peut lire, lorsque 15 000 scientifiques de toutes disciplines s'alarment et lancent ensemble un rappel de ce qu'il n'y en a plus pour longtemps à continuer à ce train, et que passé un certain seuil il sera trop tard. (Comme si le seuil n'était pas déjà loin derrière nous.) Et puis tout continue comme si de rien n'était : l'existence confortable administrée et sous vidéosurveillance, l'abreuvement continu au flux des divertissements dispensés par les fermes de serveurs et à celui des idioties récréatives du réseau, l'épanouissement béat de la mondialisation heureuse, son indifférence à tout ce qui n'est pas son propre miroir, la conviction qu'elle entraîne de sa perfection, de son progrès inévitable, de ses roues bien huilées.
C'est cette inertie, ce déni de réalité, ce défaut majeur d'attention, cette indignité morale aussi, qu'examine ce livre, comme si l'humanité suivait un cours écrit ailleurs, ayant manqué le signal des quelques bifurcations qu'il lui aurait été loisible d'emprunter.
Non sans préserver les traces, photographiques ou pensives, de ce qui nous fut laissé en legs, parmi les ruelles à peu près désertes d'un vieux bourg de province où subsistent, entre les pavés disjoints, quelques unes de ces herbes que l'on dit folles - sans doute parce qu'elles n'avaient pas été prévues dans les calculs.
Avec Les Somnambules, Arthur Koestler entame l'oeuvre monumentale dans laquelle il analyse la grandeur et les misères de la condition humaine.
Les Somnambules, ce sont les hommes de science - Copernic, Kepler, Brahé, Galilée - qui, progressant péniblement parmi les brouillards des thèses erronées, ont ouvert la voie à l'univers newtonien. En suivant les longs détours du savoir en marche, Arthur-Koestler retrace l'histoire des conceptions de l'Univers, et démontre comment la scission entre la science et la religion a placé l'humanité devant un tragique dilemme dont elle doit sortir.
Le salut se trouve, sans doute, dans une synthèse, car science et religion ne sont pas totalement contradictoires dans leur inspiration profonde. Prenant le contre-pied des idées traditionnelles Arthur Koestler nous donne une réflexion entièrement novatrice en même temps qu'un historique passionnant.