En 1940, la France capitule.
En 1941, Jacques Lusseyran, alors qu'il est aveugle et n'a pas 18 ans, entre en résistance en rejoignant le mouvement défense de la France. Le 20 juillet 1943, il est arrêté par la gestapo, interrogé pendant des jours interminables et enfermé à Fresnes. Il sera. déporté en 1944 à Buchenwald. Comment un aveugle peut-il survivre à cet enfer ? Grâce à la protection d'un groupe de russes et à sa connaissance de l'allemand qui lui permettra d'informer les autres déportés des agissements des S.S.
Après un an et demi d'horreur, il est libéré et revient en France où il poursuivra ses études en affirmant ses aspirations littéraires balayées par la guerre. Cette autobiographie est un exceptionnel exemple d'amour de la vie, de courage et de liberté face à l'adversité.
Marian Anderson (1897-1993) fut l'une des plus grandes contraltos de son temps, une voix « comme on en entend qu'une par siècle ». Mais dans une Amérique encore ségrégationniste, la couleur de sa peau l'obligera à surmonter bien des obstacles.
Ce livre est le premier d'une série de trois volumes, à paraître en 2023, qui proposera la première grande synthèse de près de 5?000 ans d'histoire de l'espionnage, des pharaons d'Égypte aux derniers développements de la guerre en Ukraine.
Dans cette première partie, les auteurs nous plongent dans la grande histoire des services secrets depuis leurs balbutiements dans l'Orient ancien des pharaons jusqu'aux déflagrations de la Première Guerre mondiale.
Le second volume passera en revue l'espionnage au XXe siècle, des opérations de désinformations de grande envergure imaginées pendant la seconde guerre mondiale, aux espions du KGB et de la CIA, sur fond de Guerre froide et de décolonisation.
Le dernier fera la lumière sur l'espionnage 2.0, de l'après 11-Septembre à la guerre en Ukraine.
De l'invention de la conserve à la démocratisation des restaurants en passant par la vulgarisation de la pomme de terre, le développement de l'ostréiculture, la publication des premiers livres de recettes ou l'émergence des critiques, l'historien met en lumière les meilleures tables, les mets les plus raffinés et les chefs les plus inventifs de la gastronomie française au XVIIIe siècle.
Fragiles et singulières, les cabanes sont construites sans plan préconçu. Elles abritent des individus qui n'y habitent jamais véritablement. Aux marges des sociétés elles recomposent une certaine idée de la nature à laquelle nous désirons nous confronter.
Cette ambivalence fondamentale fait de la cabane un lieu de contradictions où coexistent le haut et le bas, l'ouvert et le fermé, le jeu et le sérieux.
Une nouvelle note enrichit cette édition. Entre le désir de solitude qui caractérise bien notre rapport aux cabanes et une aspiration profonde à une vie commune. C'est ainsi qu'ont les retrouve souvent aujourd'hui au coeur des luttes sociales, comme on l'a constaté au moment de la création de la ZAD de Notre-Dame des Landes ou encore de ce que l'on appelé la jungle de Calais.
Emilio Lussu (1890-1975) est l'un des grands témoins de la montée du fascisme en Italie. Député de 1921 à 1924, opposant de la première heure à Mussolini, il est déporté à Lipari, l'île prison où la dictature éloignait ses ennemis politiques. Il s'en évade de façon spectaculaire et trouve refuge en France où il publie, en 1933, La Marche sur Rome et autres lieux, un livre militant, destiné aux Français, qui raconte la prise du pouvoir par les fascistes.
Cette chronique permet de saisir, avec une étonnante finesse, littéraire et politique, la réalité du fascisme quotidien. Intimidations, violences, manipulations... le fascisme se révèle dans ce livre, par petites touches, tel qu'il fut perçu par les Italiens de l'époque. Un document exceptionnel, devenu un classique de la littérature antifasciste.
Parmi ses autres ouvrages, Un anno sull'altipiano (Une année sur le haut plateau) a inspiré le scénario du film de Francesco Rosi, Les Hommes contre, une charge impressionnante contre les horreurs de la Première Guerre mondiale.
André BOLLIER n'a pas 21 ans quand en juin 1941, il s'engage au côté d'Henri Frenay qui ne tarde pas à le charger de la fabrication et de la diffusion du journal de son mouvement Combat et bientôt de tous ceux des mouvements de zone Sud. En quelques années seulement, après avoir créé une imprimerie clandestine de toute pièce et grâce des trésors d'ingéniosité, celui qui s'appelle désormais "Vélin", fournit avec son équipe plus d'un million de journaux par mois à la Résistance.
Arrêté et torturé à plusieurs reprises, il parvient à s'évader et à reprendre son activité. Le 17 juin 1944, encerclé dans son imprimerie par plus de 150 soldats et miliciens allemands, il livre héroïquement un ultime combat. Blessé, il se tire une balle en plein coeur plutôt que de tomber aux mains de l'ennemi.
Ce livre est un roman. Écrit avec la patte et le style inimitable de son auteur, il est aussi le fruit du travail de l'historien, de ses méticuleuses recherches car ici, tout est vrai. C'est le récit, au jour le jour, basé sur des faits authentiques, de la dernière semaine de vie de Charles Péguy.
Il faut les entendre, avec leur gouaille et leur argot, ces braves soldats du 276e RI, qu'on a envoyé au casse-pipe avec, à leur tête, cet intello hirsute à la barbe blonde qu'ils surnomment affectueusement «le Pion ».
Ils n'ont jamais entendu parler de ses Cahiers de la quinzaine ou de Bergson mais ils le suivraient jusqu'en enfer.
Le chemin ne sera pas long. Le 5 septembre au matin, « En avant ! À la baïonnette ! » qu'il leur gueulera sous le feu des mitrailleuses. Le chemin ne sera pas long...
Initialement paru en 1875, Les Premiers Rois de Norvège de l'écrivain écossais Thomas Carlyle (1795-1881), admiré de Ralph Waldo Emerson et Friedrich Nietzsche, retrace, à travers une galerie de portraits, l'histoire de la famille Haarfagre, depuis son fondateur, Harald, au IXe siècle, jusqu'à son déclin au XIVe. Dans un style qui tient autant de l'ouvrage historique que des sagas nordiques, Carlyle s'intéresse aux « détails anecdotiques » qui permettent d'accéder à la vérité des personnages et de l'histoire. Carlyle nous donne un récit qui se lit avec le même souffle que l'Odyssée de Homère mais en établissant un parallèle entre les cultures anglaise et norvégienne, il se livre aussi à une passionnante réflexion sur la politique contemporaine.
Peu avant sa disparition, Michel Makarius (1948-2009) préparait une histoire du flou dans les arts visuels, en particulier dans la peinture et la photographie, qui prenait son point de départ à la Renaissance et se prolongeait dans le monde contemporain, celui des installations vidéo de Bill Viola et des photographies du tchèque Josef Sudek. Les trois premiers chapitres de cet ouvrage, que son auteur n'aura pas eu le temps de mener à bien, constituent un essai autonome et stimulant où l'on retrouve la plume élégante de Michel Makarius. Forme souvent déconsidérée - vague ou indécise -, le flou n'est-il pas, suggère Makarius, comparable à la couleur dans le débat qui l'a longtemps opposé au dessin, soit une manière de déstabiliser notre perception pour exprimer ce qui échappe à la vision nette et à l'emprise de la rationalité ? Son propos ressort en particulier de ces quelques lignes de sa « Mise au point » introductive : « Notre approche de l'art par le biais du flou a pour vocation de dépasser une problématique strictement picturale pour mettre l'accent sur le statut de la représentation. Or la vision floue nous semble placée sur une ligne de crête: D'un côté, elle avalise la représentation du visible ; d'un autre, elle décrète ce visible irreprésentable ou représentable seulement de manière approximative. État intermédiaire d'une réalité qui se donne et se dérobe à la fois, le flou est le lieu où s'exerce une critique de la représentation par les moyens même de la représentation. L'altération du lien visuel exprime ainsi un rapport problématique au monde. Cette faille qui ne cesse de grandir au sein de l'histoire de la peinture vise donc, au-delà du visible, le réel représenté. Telle est la fonction critique de l'art enfin retrouvée. »
De ses plus anciennes expressions mythologiques jusqu'à l'urbain diffus contemporain, cette histoire couvre plus de trois millénaires. Elle aboutit aujourd'hui à un paradoxe insoutenable : la quête de « la nature » détruit son objet même : la nature. Associée à l'automobile, la maison individuelle est effectivement devenue le motif directeur d'un genre de vie dont l'empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation, insoutenable à long terme, des ressources de la nature.
Des Caraïbes à la Méditerranée, de la Manche à la mer de Chine, les rapines de ces fougueuses aventurières furent aussi célèbres que leurs amours impétueuses. À la tête de leurs expéditions, elles subjuguèrent tous ceux qui ont croisé leur chemin, ennemis ou compagnons de fortune, parce qu'elles surent jouer de la ruse et de la force, suscitant ainsi le respect, la colère et l'envie. Un mélange d'attirance et de répulsion.
Avec ces 17 portraits taillés au sabre tranchant de l'aventure maritime, dans la fumée suffocante des canonnades, des abordages audacieux, des courses au bout du monde, Gérard A. Jaeger retrace plusieurs siècles d'exploits flamboyants.
Dag Hammarskjöld est curieusement méconnu en France, où aucune biographie ne lui a jamais été consacrée. Secrétaire général de l'ONU de 1953 jusqu'à sa mort en 1961, il a participé aux côtés des plus grands dirigeants à l'organisation du nouveau monde libre.
Henrik Berggren dresse un portrait précis et sobre de ce personnage si attachant et si inspirant. Il en explore toutes les facettes et tourne autour du «mystère Hammarkjöld». Il ne prétend pas le dévoiler mais cherche à comprendre les sources du génie : son rapport à la religion, à l'amitié, son amour de la littérature, son célibat, s'attachant à décrire comment la personnalité du Secrétaire général a pu s'articuler avec sa volonté de créer un monde plus juste.
Le 1er juin 1940, Jeanne Bohec décide de partir pour l'Angleterre. Elle n'a pas entendu le discours du général de Gaulle, mais tout la pousse instinctivement à refuser la défaite. Elle a tout juste 21 ans.
Après un entraînement dans une école de sabotage anglaise, elle est parachutée en France. Experte en explosifs, elle devient instructeur dans sa Bretagne natale où elle forme les groupes de résistants à leur maniement. A bicyclette, elle parcourt la région sans relâche, avec efficacité et audace, n'hésitant pas à demander l'aide des camions de l'armée allemande quand la côte est trop rude !
Documents d'un intérêt historique majeur portés par un style littéraire enlevé, le Journal de marches et d'opérations et le Journal de Bir Hakeim rédigés par le médecin-chef de la 1ère brigade française libre Jean Vialard-Goudou sont, avec cette édition, portés à la connaissance du public pour la première fois près de quatre-vingts ans après leur rédaction.
Jean Vialard-Goudou est un homme franc dont la personnalité affirmée peut conduire à exprimer parfois sèchement son opinion ; mais si la forme, comme le lui suggère une fois le général de Gaulle, laisse parfois à désirer, le but qu'il recherche est en toutes circonstances l'amélioration de la prise en charge des blessés.
Best-seller de la littérature prolétarienne initialement publié en feuilleton dans L'Humanité en 1928, Je Brûle Paris raconte l'histoire de Pierre, mis au chômage, prenant sa revanche sur la capitale française pour les humiliations qu'il y a vécues. Après avoir volé des bactéries de la peste noire, il les utilise pour infecter le réseau hydraulique. Le 14 juillet, jour de Fête nationale, les premières victimes de l'épidémie sont emmenées dans les hôpitaux. La ville, mise en quarantaine, se divise en républiques nationalistes - les Chinois, les Juifs, les ouvriers de Belleville, les Russes blancs de Passy, la concession anglo-américaine, la république bleue des flics - qui se déclarent la guerre et se dressent les unes contre les autres.
Jasienski, jeune poète révolutionnaire d'avant-garde, qui avait quitté la Pologne peu hospitalière pour les « rouges », avait 27 ans quand il écrivit ce livre à Paris. Son Je brûle Paris constituait une riposte au Je brûle Moscou de Paul Morand : cette courte nouvelle figurait dans son Europe galante et décrivait la capitale soviétique comme infestée par des juifs passablement sales et couverts de puces. C'était une délicieuse petite infamie qui montrait la Mecque de la Révolution sous l'aspect repoussant d'un bolchevique au nez crochu.
Comment explorer plus de 22 siècles de l'histoire du vin en France !? Éric Glatre a sélectionné pour nous 36 des dates qui ont façonné les vignobles français tels que nous les connaissons aujourd'hui.
De l'invention du tonneau à celle du bouchon de champagne, des premières lois des burgondes aux classements Grands crus, du travail des moines du moyen-âge aux prémices du marketing. La grande histoire des vins de France regorge de ces petites histoires qui sont le reflet de la diversité et de la richesse de nos vignobles.
En 1919, bien avant Black Lives Matter, un policier militaire américain abat froidement à Nantes un promeneur guadeloupéen. On lit alors dans la presse indignée que les Français ne cultivent pas le préjugé des races, lequel est solennellement condamné par les députés de la seconde puissance coloniale du monde. Bars ségrégationnistes des années 1920 ou 1960, piscine fermée aux Algériens (1964) ou diarrhée antisémite d'un sénateur SFIO (1959), d'autres affaires offrent à l'opinion l'occasion de s'indigner et d'énoncer la norme idéale d'une France immunisée contre le racisme : Raymond Poincaré s'oppose à Paris à une discrimination, forcément américaine et René Pleven juge longtemps inutile une loi antiraciste finalement votée en 1972 et qu'on persiste à tort à lui attribuer.
Loin de l'anachronisme dogmatique ou de l'idéalisation naïve, l'historien Dominique Chathuant explore le mythe immunitaire à l'échelle du XXe siècle, au coeur puis en aval du contexte colonial. Il nuance l'apparente nouveauté du présent en montrant qu'on dénonce déjà en 1917 l'importation d'idées américaines, qu'on teste les discriminations dès 1939 ou qu'on emploie très tôt les termes "raciste" (1924) et "racisé" (1965).
Le soldat inconnu est, en France, avec le bleuet, le casque Adrian et nos 36 000 monuments aux morts, l'un des symboles emblématiques de la Première Guerre mondiale et de l'armistice du 11 novembre 1918. Il en est même le symbole universel pour avoir été « adopté » dans de nombreux pays.
Cependant, le Soldat inconnu n'est pas arrivé sans mal sous l'Arc de Triomphe. Loin de rassembler, ce combattant français anonyme a suscité, d'emblée, de nombreuses polémiques, devenant un point de crispation et de cristallisation des querelles idéologiques et politiques franco-françaises.
C'est à la découverte de cette histoire méconnue que le lecteur est convié.
Quelque part entre le Baron de Münchhausen et Tartarin de Tarascon, Háry János est le soldat fanfaron magyar. Drôle, hâbleur, bravache, Kodály disait de lui qu'il était le plus beau représentant de l'âme hongroise.
Un vétéran, Háry János, un ancien hussard de l'armée autrichienne, raconte dans une auberge de village ses aventures et ses exploits fantastiques lors des guerres napoléoniennes. Il prétend entre autres qu'il a conquis le coeur de Marie-Louise d'Autriche, la femme de Napoléon, défait l'armée de son rival à lui seul avant de le capturer puis de dîner, en toute simplicité, chez l'Empereur François.
Avant de devenir la plus célèbre des comédies lyriques de Zoltán Kodály, Háry János, le vétéran est d'abord un court poème d'à peine 200 vers écrit au milieu des années 1840 par un jeune poète hongrois, János Garay.
S'il est une figure chère aux Hongrois, c'est bien Háry János. Ce miles gloriosus à la magyare est plus connu et aimé là-bas que chez nous Tartarin, sans doute parce que la mentalité régionale d'un « petit État d'Europe de l'Est » (selon l'expression d'István Bibó) donne un sens politique plus profond à ses vanteries que nous ne voulons en prêter à nos gasconnades.
Háry János est un des plus grands classiques de la littérature hongroise, immédiatement traduit en allemand puis en anglais, il ne l'avait encore jamais été en français.
Bien malin celui qui a quelques mois de l'élection présidentielle serait capable de donner le trio de tête !
Avec force témoignages et citations, Le Troisième homme nous replonge plaisamment dans « la surprise » suscitée par le troisième homme, que ce soit dans un sens de promotion comme Lecanuet, Duclos, Chirac, Bayrou, Le Pen ou, à l'inverse, dans un processus de relégation comme ce fut le cas pour Chaban-Delmas, Barre, Balladur, Jospin et bien sûr, le dernier d'entre eux : François Fillon.
Reçu premier à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de philosophie en 1927, Jean Cavaillès fut l'un des intellectuels les plus brillants de sa génération. Gaston Bachelard, avec qui il noua une forte amitié, notait : «Jean Cavaillès avait une volonté de héros.» Lié dès le début au mouvement de résistance Libération, animé entre autres par Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Jean Cavaillès fut arrêté par les Allemands en août 1943, puis condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard. Gabrielle Ferrières retrace dans ce livre émouvant la vie d'un philosophe, inséparable de celle de l'homme d'action et de convictions.
Le texte est suivi d'une étude de l'oeuvre de Jean Cavaillès par Gaston Bachelard.
Dans cet ouvrage, publié à Londres en décembre 1942 et jamais réédité depuis 1945, l'auteure retrace en détail son propre parcours depuis les jours dramatiques de juin 1940 jusqu'à son arrivée en Angleterre et son engagement dans la France libre, un peu plus d'un an et demi plus tard, à la toute fin de l'année 1941.
Conçu et rédigé dans le feu de l'action ou presque, c'est-à-dire sans attendre l'après-guerre, le livre possède d'abord la fraicheur d'un témoignage livré à vif. Récit précurseur, il figure au rang des tous premiers témoignages à paraître sur l'effondrement de la France et ses conséquences immédiates.
D'une richesse rare, les pages de ce livre constituent bien une source de première main sur une période certes brève mais à la densité événementielle horsnorme