En 1972, quatre jeunes scientifiques du MIT rédigent à la demande du Club de Rome un rapport qu'ils intitulent The Limits to Growth et qui établit, pour la première fois, les conséquences dramatiques d'une croissance exponentielle dans un monde fini.
En 2004, quand les auteurs enrichissent leur analyse de données accumulées durant trois décennies d'expansion sans limites, l'impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement.
En 1972, la problématique centrale était : « comment éviter le dépassement » ; en 2004, l'enjeu est alors : « comment procéder pour que nos activités ralentissent et puissent tenir dans les limites de la planète ? » ; désormais, les limites sont dépassées : que nous reste-t-il à envisager ?
Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) est un économiste mathématicien considéré comme l'un des fondateurs du mouvement décroissant. Né en Roumanie, il étudie les mathématiques à Paris, puis part à Harvard où il met à profit ses connaissances mathématiques pour proposer une autre vision de l'économie. Critique de l'économie néoclassique et de la notion de croissance, il y substitue la bioéconomie qui prend notamment en compte l'épuisement des ressources. Il appelle ainsi dès les années 1960 à une réforme profonde de la science économique.
Sylvie Ferrari remet ici en avant ce penseur hors du commun, économiste écologiste avant l'heure qui a offert à la décroissance un cadre conceptuel et théorique pour accompagner un changement de société aujourd'hui plus que nécessaire !
Tout ce qui relève du champ lexical de l'employeur, du patron, du « management » ou du salariat est considéré comme libéral, apparenté à des valeurs de droite. Ce comportement est typique du patron de gauche : en rejetant ces mots, celui-ci se prive de - ou plutôt s'épargne - toute réflexion sur le sujet. L'expression « patron de gauche » souligne à elle seule le paradoxe de la situation : dans la pratique, « patron » ; dans le discours, « de gauche ».
Né en 1993, diplômé de Sciences-Po, Arthur Brault Moreau a fait l'amère expérience du patronat de gauche dès sa première embauche. Forcé de constater que ce positionnement politique ne garantissait en rien le respect du droit du travail, il a mené une enquête auprès d'environ 70 personnes, dont beaucoup de salarié·es et quelques employeurs. Guide de développement collectif plus que personnel, ce manuel fournit des outils concrets pour comprendre et combattre ces patrons qui ne disent pas leur nom.
Hystériques, superficielles, traînées, coincées, carriéristes... Généralement réduites à des clichés misogynes, les anti-héroïnes passent souvent sous les radars de la critique, quand elles ne suscitent pas le rejet pur et simple des téléspectateurs. Pourtant, ces personnages parfois difficiles à aimer brisent les codes de la féminité et contribuent à élargir les normes très restrictives de la représentation des femmes à l'écran, permettant un processus d'identification puissant pour toutes celles qui ne se retrouvent pas dans les standards traditionnels. De la peste Cordelia (Buffy contre les vampires) aux mères indignes Livia Soprano (Les Soprano) et Cersei Lannister (Game of Thrones), en passant par la castratrice Skyler White (Breaking Bad), la revêche Annalise Keating (How to Get Away with Murder) ou l'insupportable Hannah Horvath (Girls), ce Petit éloge propose un panorama original des femmes les plus subversives du petit écran.
Bien que sévèrement touchée par la pandémie du Covid-19 apparue dans la ville de Wuhan, la Chine a été la seule grande économie du monde à afficher une croissance insolente en 2020. Bientôt première puissance économique du globe, l'empire du Milieu représente un défi majeur pour les prochaines générations de Terriens que ce soit en termes de réchauffement climatique, de transition écologique, d'hyperdéveloppement économique, d'innovation technologique et de bouleversements politiques engendrés par son modèle de développement, unique en son genre. Après la colonisation menée dans le monde par l'Europe au XIXe siècle, suivie de la domination planétaire américaine au XXe siècle, la Chine serait-elle devenue le grand prédateur environnemental, politique et économique du XXIe siècle ?
Les nouveaux enjeux de société, toujours plus complexes, questionnent sans cesse notre rapport à la règle et les principes même de notre Etat de droit. Gilets jaunes, Covid-19, guerre en Ukraine, Brexit ... Ces crises successives interrogent son respect et ses limites, nourrissant la défiance envers la norme et ceux qui l'incarnent. Mais que serait un monde sans droit ? Celui-ci doit en effet demeurer le ciment de notre contrat social, retrouver toute sa légitimité et sa place au coeur de notre vie collective. Matière vivante dont l'université est la matrice, elle devrait être partagée plus tôt et plus largement pour offrir au plus grand nombre ce minimum de culture juridique sans laquelle il ne saurait y avoir de citoyens libres et égaux.
La crise liée au Covid-19 a posé en des termes différents la question de la dette publique. Après des mois de « quoi qu'il en coûte », faut-il revenir rapidement à un objectif de rigueur budgétaire ? Ou annuler une partie de la dette publique ? Or les créances des pays les plus développés sont des instruments non seulement très populaires, mais indispensables au fonctionnement des marchés.
En 1929, une crise économique inédite ébranle le monde. Face à l'interventionnisme de l'État et au chomâge massif, des voix s'élèvent. Bernard Landon propose une "solution miracle" : soutenir l'industrie en renouvelant fréquemment les biens d'usage. Selon lui, la crise entraîne une baisse de consommation et donc de production, menant à la fermeture des entreprises et au maintien de la situation économique critique.
Seule une sortie de ce cercle vicieux pourra sauver le pays. Et si les usagers ne consomment pas d'eux-mêmes, il faut les y pousser voire les y obliger. Mais en utilisant dans cet essai autodité de 1932 le terme d'"obsolescence programmée", il ne se doutait pas qu'il désignerait quelques décennies après l'introduction volontaire de défaillances techniques dans les produits.
Si votre entraineur de course à pied vous disait que vous allez améliorer de 10% vos performances chaque année, auriez-vous un doute? Et vous aurez raison : on ne peut pas progresser indéfiniment. C'est pourtant ce que nous font croire les gouvernements quand ils nous parlent de la croissance économique. Avec des images frappantes, Khan explique pourquoi le développement des deux courbes actuelles s'appliquent pour la planète comme pour le corps. La première (la théorie), une vision de l'esprit avec une progression constante et illimitée. La seconde (la réalité) où le corps, avec l'âge, va découvrir ses limites. Face à cela, il faut développer une troisième courbe de la sobriété énergétique et de l'équilibre économique, à l'intérieur des limites des écosystèmes et de la planète.
Un anti-manuel qui se présente (presque) comme un manuel pour tous ceux qui étudient l'économie de près ou de loin et beaucoup d'autres... Une formidable invitation à penser à neuf. L'édition grand format s'est vendue à 15 000 exemplaires.
Dès 2005, Steve Keen indiquait qu'une crise financière s'annonçait et que la période de stabilité qui semblait régner depuis 1995 n'était que l'apparence du « calme avant la tempête ». Son ouvrage traduit en français se présente comme une remise en cause inédite des principaux postulats de la pensée économique actuelle. Cette édition en poche est augmentée d'une nouvelle préface de Gaël Giraud et d'une nouvelle postface de Steve Keen.
Écrit par un spécialiste de renom, l'ouvrage examine et déconstruit tout ce qui constitue la pensée économique : la théorie de la demande, celle de l'offre, la concurrence parfaite, les rendements décroissants, la monnaie, le chômage, etc. Sa force, est de présenter la théorie néo-classique, de la remettre en perspective historique et d'en démonter les arguments en utilisant des arguments de bon sens. Certains sont évidents, d'autres sont beaucoup plus subtils. Son autre force repose sur le fait que pour chaque question traitée, l'auteur s'efforce de montrer que même des économistes non critiques sont d'accord avec lui. Et souvent, on arrive en effet à trouver tel ou tel spécialiste qui, un jour, a été suffisamment honnête pour « avouer » que tel aspect de la théorie ne tient absolument pas la route.
Ce livre produit donc une véritable critique interne de l'économie néo-classique, en montrant de l'intérieur qu'elle n'est pas cohérente, qu'elle ne prouve pas ce qu'elle affirme : être une vérité intangible. Il fournira un élément essentiel à la critique de ceux qui veulent changer l'enseignement de l'économie, et de ceux qui cherchent dans une autre direction que le simple commentaire de la doxa.
L'impasse économique dans laquelle la crise financière a plongé des États désemparés, alimentée par une véritable fascination pour les marchés financiers, occulterait-elle une solution de sortie de crise originale ? Depuis 2010, la crise financière des crédits subprimes s'est transformée en une crise des dettes publiques, et tout semble indiquer que le pire est encore devant nous. L'impasse dans laquelle les marchés financiers enferment l'économie européenne va jusqu'à remettre en cause les institutions mêmes du vivre-ensemble européen... Y a-t-il d'autres issues que la généralisation des plans d'austérité budgétaire, le paiement des dettes bancaires par les contribuables et la déflation ?
L'auteur met en lumière les illusions qui brouillent le débat public actuel. Il montre que la transition écologique est un projet de société capable de sortir l'Europe du piège où l'a précipitée la démesure financière et suggère des pistes pour lever les obstacles financiers à sa mise en oeuvre. Cette proposition originale est motivée par une critique poussée de « l'illusion financière » qui consiste à croire que seuls les marchés financiers sont capables d'apporter une prospérité durable. La contrainte énergétique et climatique actuelle s'imposerait alors comme l'élément déterminant conditionnant toute prospérité durable en Europe, si bien que tout projet économique qui ignorerait cette contrainte promet de se heurter au mur d'une réalité qui ne dépend pas de notre bon vouloir politique : la raréfaction relative des énergies fossiles et les bouleversements telluriques que provoque déjà le réchauffement climatique. En proposant de financer la transition écologique par la planche à billets et non pas par les marchés financiers, l'auteur veut à la fois relever ce défi et dépasser l'addiction mortifère de notre économie à l'égard d'une finance dérégulée. Bien conscient que l'obstacle majeur à cette transformation réside dans le changement des conventions monétaires, il propose des arguments visant à désamorcer la doxa qui associe l'utilisation de la planche à billets à une inflation démesurée propice à l'instabilité politique.
A l'origine, le terme d'industrie caractérise l'habileté et le savoir-faire individuel puis sa définition s'est élargie. L'industrie a fait naître les usines, la classe ouvrière, l'automatisation du travail. Elle a bouleversé les sociétés et le rapport des hommes avec leurs milieux. Célébrée au XIXe siècle comme source de progrès et même promesse de bonheur terrestre, elle est à ce jour critiquée pour les problématiques de pollution et d'exploitation qu'elle génère. Son paradigme est ambivalent car elle est à la fois une réalité historique en mouvement et une vision du monde construite sur longue période.
Aussi afin de mieux cerner ce qu'est véritablement l'industrie aujourd'hui cet ouvrage tente d'élucider via une dizaine d'entrées thématiques la complexe réalité de ce fait social total.
Ce petit guide a pour objectif d´exposer les droits et devoirs des citoyen·nes et de la puissance publique afin de garantir le droit de manifester, l´une des expressions majeures de la démocratie. Il est construit en 5 parties rédigées de façon pratiques et didactiques : 1/ vous êtes contrôlé, 2/ vous êtes arrêté , 3/ vous êtes accusé, 4/ vous êtes jugé en comparution immédiate, 5/ vous êtes fiché. Dans chaque partie, on retrouve : - un point sur le cadre légal et les droits des citoyen·nes - une description du déroulement des procédures. Par exemple, comment une fouille doit-elle se dérouler ? et une vérification d´identité ? les policiers ont-ils le droit d´utiliser des menottes ? que se passe-t-il lors d´une garde à vue ? - des conseils pratiques pour chaque cas de figure afin de savoir comment réagir au mieux pour ne pas se faire piéger.
Le développement a servi pendant six décennies à légitimer, au Nord comme au Sud, d'innombrables politiques économiques et sociales et a fait croire à l'avènement du bien-être pour tous. La mondialisation a pris le relais, mais au lieu de promettre le développement partout, on se contente désormais de lutter contre la pauvreté en proposant la croissance comme seul recours. Le développement survit néanmoins comme une lueur d'espoir collectif, car cette notion continue d'imprégner fortement un imaginaire occidental dans lequel le besoin de croire l'emporte sur les doutes que l'on peut avoir sur l'objet de la croyance. Remontant le cours de l'histoire, Gilbert Rist fait le point sur les théories et les stratégies qui, depuis la fin des années 1940, ont prétendu transformer le monde. Sa critique du développement et du paradigme économique dominant met en évidence les limites de l'hégémonie occidentale, les contradictions nées des exigences de la croissance et l'urgence à sauvegarder la planète. Et s'il fallait prendre le chemin de la décroissance ?
En France et en Europe, le débat public s'est emparé de la question industrielle, sous l'angle de la «ré-industrialisation», de la « re-localisation» ou de la reconquête des marchés. Ce qui domine, c'est l'idée d'un retour ou de la réparation d'un passé qui aurait mal tourné, notamment dans les territoires dits «désindustrialisés». Mais il est temps de dépasser les statistiques et les approches strictement économiques fondées sur la distinction entre grands secteurs (industrie, services et agriculture) héritée du passé, car c'est l'ensemble de l'économie et de la société qui est industrialisé. Il faut analyser les métamorphoses en cours et se tourner vers le futur. Non seulement l'industrie hybride toutes les activités, mais elle se transforme radicalement avec la «révolution numérique» et l'ardente obligation écologique. Ce qui émerge, ce sont de nouvelles configurations, de nouvelles articulations entre techniques, organisations et imaginaires productifs, qui redéfinissent en profondeur l'«industrie». L'enjeu est de comprendre et de maîtriser ces mutations et d'inventer l'industrie de l'avenir, et non pas simplement de faire revenir des productions réalisées en Chine ou ailleurs, voire d'assurer la survie de secteurs traditionnels issus de la mécanisation du XIXe siècle.
Cet ouvrage collectif permet d'éclairer «la Renaissance industrielle» déjà à l'oeuvre. Il analyse les récits et imaginaires qui se construisent avec la nouvelle industrialisation du monde tout en questionnant les limites à y apporter pour préserver l'habitabilité de notre fragile planète.
Ouvrage conçu sous la direction de Pierre Musso avec les contributions d'Edwige Armand, Anne Asensio, Astrid Fontaine, Danouta Liberski-Bagnoud, Jean-François Lucas, Sébastien Massart, David Massé, Pierre Musso, Alban Ouahab, Thomas Paris, Arnaud Plagnol, Muriel Rouyer, Andreu Solé, Nestor Souq, Patrick Tudoret, Pierre Veltz, Michel Volle.
À partir du terme économie tel que développé en biologie, Sigmund Freud a fondé une « économie psychique » portant sur la façon dont l'appareil psychique traite les quantums d'affects qui l'animent.
Cette économie consiste en une analyse du rapport entre la puissance de manifestation des pulsions pour se « dépenser » dans l'espace social et le coût que représente l'acte de refoulement au vu d'interdits sociaux qui contrarient cette propension. Il s'agit d'une négociation à l'oeuvre entre l'inconscient, instance d'affirmation, et le préconscient, instance censoriale.
L'argent apparaît dans ce contexte comme une matrice de l'activité psychique, et d'une forme générale d'aliénation qu'étudie Herbert Marcuse, davantage qu'une simple unité de mesure offerte à la raison.
La science économique a été pensée par des hommes, pour être au service d'une société dirigée par des hommes. Elle est aussi la science sociale la moins féminisée : les femmes représentent à peine un quart des économistes. "Je suis une économiste féministe" , affirme Hélène Périvier. En levant le voile sur l'apparente neutralité des concepts et des analyses de cette discipline, elle met au jour les ressorts d'une organisation sociale issue du modèle patriarcal, centrée sur Monsieur Gagnepain, tandis que Madame Aufoyer est devenue Madame Gagnemiettes.
L'économie féministe, parce qu'elle renouvelle les thèmes et les approches de la discipline, déploie des savoirs et des outils pour atteindre l'égalité des sexes.
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif.
Toutes les études internationales le montrent, les Français se démarquent par un faible niveau de confiance en soi, de sentiment d'efficacité personnelle, de persévérance et de coopération. Aux racines du phénomène, un système éducatif qui se focalise sur les facultés intellectuelles et néglige la relation à soi et aux autres. Résultat, nos élèves sont plus anxieux qu'ailleurs, craignent d'être considérés comme incompétents en cas d'échec, considèrent la réussite scolaire comme innée, et reculent devant l'obstacle et l'inconnu. Leur bien-être à l'école est moindre par rapport à celui des enfants des autres pays de l'OCDE.
Comme l'indiquent les recherches croisées en économie et en psychologie, un tel déficit de compétences sociales et comportementales a un impact élevé sur la réussite et les inégalités scolaires, sur l'insertion et la vie professionnelles et, plus généralement, sur l'innovation et la performance économique.
Ce livre plaide ardemment pour la reconnaissance et l'intégration du savoir-être dans notre système éducatif. Il y va de la résilience de notre société.
Une partie de la finance devient « verte », censée favoriser la transition écologique et énergétique, voire sauver le monde pour les plus audacieux de ses défenseurs.
Impressionnante transformation quand la raison d'être de la finance reste... de faire de l'argent avec de l'argent !
Comment les mêmes acteurs financiers pourraient d'une part, faire ce qu'ils font normalement, c'est-àdire maximiser le rendement de leurs investissements et, d'autre part, accepter de le réduire pour limiter la dérive climatique, dépolluer ou rendre l'air respirable ?
« Obligations vertes », « green bonds », titres mirifiques, slogans prometteurs...
Certes tout le monde ne prend pas pour argent comptant ce storytelling généralisé. Mais le fonctionnement des marchés financiers est opaque et mal connu (y compris de nombre de banquiers « responsables » !). Une grande variété d'acteurs et d'observateurs ont l'intuition que le récit proposé par la finance verte ne colle pas à la réalité mais n'arrivent pas à voir exactement où le bât blesse.
Les auteurs le montrent : ce récit ne résiste pas à l'analyse. Ces produits ne constituent pas une nouvelle classe d'actifs qui favoriseraient la transition.
La finance ne fait ni mieux ni pire que ces entreprises qui se sont mises au « vert », au « durable » ou à « l'éco-responsable » de manière superficielle, exploitant une nouvelle forme de suggestion commerciale, un nouveau business. Malgré les belles promesses, la solution au financement de la transition ne viendra pas du marché lui-même car la transition implique un changement de modèle économique.
La Critique de l'économie politique, aussi connue sous le titre de Manuscrits de 1844 est restée inédite du vivant de Marx et ne fut publiée qu'en 1932. C'est une «oeuvre de jeunesse», une oeuvre d'avant la fameuse «coupure épistémologique» théorisée par Louis Althusser. On peut rappeler que ce philosophe français et sa suite, Étienne Balibar, Roger Establet, Pierre Macherey et Jacques Rancière voyaient dans la publication du Capital châtré du chapitre consacré au caractère fétiche de la marchandise (publié par Allia), une rupture radicale dans l'oeuvre de Marx. Celle-ci devenait désormais «scientifique», et Althusser renvoyait avec mépris dans la sphère de la «philosophie» tout ce qui précédait. C'est que le Marx de 1844 ne faisait pas du tout les affaires de l'idéologue communiste. On découvre en effet avec la Critique de l'économie politique un Marx humaniste, qui dénonçait non seulement l'exploitation économique mais aussi l'aliénation essentielle de l'homme créée par la société capitaliste. Nulle trace de jargon, de ce qui deviendra plus tard la phraséologie marxiste, aucun développement économique technique.
La réforme des retraites portée par le gouvernement Philippe ne vise pas tant à créer un système universel - tout le monde est déjà couvert par un régime obligatoire depuis 1971 - qu'à en unifier les règles. Mais en quel sens et pour quoi faire ?
Bruno Palier rappelle qu'il existe plusieurs systèmes de retraite, qu'ils ont une histoire et que le choix d'un modèle est aussi politique : il implique des arbitrages importants en matière de redistribution entre les générations, entre les hommes et les femmes, entre les groupes sociaux. Il donne ainsi à entendre les non-dits de ces arbitrages et à comprendre l'importance des choix de la mise en oeuvre effective d'un régime par points.
Avant que la corporation des économistes n'en monopolise abusivement le sens et la portée, le mot «économie» a reçu plusieurs significations du domaine des sciences, des arts et de maintes pratiques sociales.
N'est pas économie ce qu'on croit. Cette collection d'ouvrages semestriels vise à restaurer les différentes acceptions du terme « économie » et à en faire valoir toute l'actualité, pour ensuite synthétiser ces usages dans une définition conceptuelle, en lieu et place de celle, idéologique, qui s'est imposée à nous.
6 volumes à paraître: L'économie de la nature (oct. 2019) L'économie de la foi (oct. 2019) L'économie esthétique (fév. 2020) L'économie psychique (oct. 2020) L'économie conceptuelle (oct. 2020) L'économie politique (fév. 2021)
Parallèlement au développement d'un capitalisme financier et de l'extension du marché à tous les domaines de la vie, induisant par conséquent un recul de la protection sociale et des services publics en général, des formes de coopération émergent en marge des systèmes classiques privilégiant soit le marché soit l'État comme vecteurs principaux du lien social. Ces formes de coopération, qui ont connu une existence pratique avant leur formulation théorique, s'inscrivent dans le mouvement des communs, qui connaît aujourd'hui un essor grandissant malgré les obstacles économiques et institutionnels.
Depuis trente ans, les fonds d'investissement tissent leur toile au coeur de l'économie mondiale. Ils règnent en maîtres dans les entreprises qu'ils contrôlent, s'emparent des cliniques comme des clubs de foot, font grimper le prix de l'immobilier et financent des campagnes électorales. Mais ils restent inconnus du grand public.
Ces monstres financiers, qui ont pour nom KKR, Blackstone ou Apollo, géraient plus de 4 500 milliards de dollars d'actifs en 2020 - près de deux fois le PIB français. Les cinq plus gros emploient environ un million de personnes dans le monde, à travers les entreprises qu'ils détiennent.
Même s'ils font rarement la une, les fonds d'investissement sont au coeur de l'actualité sociale :
Derrière le démantèlement tragique de Vivarte, ancien fleuron du textile qui vient d'annoncer la vente de sa dernière enseigne, derrière la faillite des restaurants Courtepaille ou les déboires d'Office Dépôt, ils sont à la manoeuvre.
Cette industrie lucrative a créé une nouvelle élite financière, riche à milliards, qui prospère grâce à un lobbying efficace et de nombreux appuis politiques, et contre laquelle il est extrêmement difficile de lutter.
Un ouvrage éclairant, très bien documenté, pour comprendre enfin ce que sont ces fameux fonds d'investissement et la menace qu'ils représentent.