Sciences humaines & sociales
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Paul Ricoeur ; la promesse et la règle
Olivier Abel
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Janvier 1996
- 9782841860272
Depuis le désastre de la dernière guerre jusqu'à la crise de légitimité des démocraties, Paul Ricoeur a tenté une réhabilitation du politique par le souci accordé au droit.
Il s'agit pour lui à la fois de faire crédit à la capacité des sujets à viser un bien commun et de tenir compte de la fragilité tant des personnes que des institutions. Ces deux orientations s'entrecroisent dans une pratique du jugement qui interprète le juste dans la singularité des situations, tranche et distribue ce qui revient à chacun et contribue à reconstruire un lien social possible. Il fait ainsi du jugement, celui du magistrat, celui du citoyen, celui de chaque humain, le lieu du juste dans la cité ébranlée.
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Foucault ; la police des conduites
Jean-claude Monod
- Michalon
- Le Bien Commun
- 4 Octobre 2010
- 9782841860661
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Jean Calvin ; puissance de la loi et limite du pouvoir
Denis Müller
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Novembre 2001
- 9782841861552
L'éthique politique de Jean Calvin (1509-1564) est à la fois une éthique religieuse, inspirée par le puissant mouvement réformateur de Luther, et une éthique de la Loi morale, soucieuse d'instruire un nouveau rapport au droit et à la cité.
La manière même dont Calvin énonce le rôle ambigu de l'Eglise, lieu de libération mais aussi instrument de contrôle social, est révélateur de sa visée critique et constructive, comme de ses propres limites. Loin d'offrir une nouvelle hagiographie de la pensée calvinienne ou de se satisfaire d'une caricature facile des travers bien connus du calvinisme historique, cet essai tente de s'interroger à nouveaux frais sur les héritages d'une théologie à la fois féconde et datée, libre et entravée, émancipatrice et autoritaire.
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Raoul vaneigem. une politique de la joie
Adeline Baldacchino
- Michalon
- Le Bien Commun
- 14 Avril 2022
- 9782841869879
Raoul Vaneigem annonce le mouvement des occupations de Mai 68 en publiant son Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations à l'âge de 33 ans. Situationniste aux côtés de Guy Debord, il reprend sa liberté en 1971 et creuse depuis le sillon d'une ?uvre atypique, toujours à la recherche d'un point de jonction entre poésie et politique. Il permet de réfléchir aux apories d'un siècle révolutionnaire qui devait apprendre à renoncer à la violence avant de réinventer une place pour l'utopie. Revendiquant la passion de vivre pour unique boussole, il veut placer la gratuité, la jouissance et la générosité au centre de tout projet de société. Le lire, c'est s'engouffrer dans un labyrinthe où l'irrévérence le dispute à l'espérance, loin des impasses de l'époque. C'est surtout découvrir une ode à la joie comme remède à la résignation et condition de l'action.
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George Orwell ; la politique de l'écrivain
Emmanuel Roux
- Michalon
- Le Bien Commun
- 8 Octobre 2015
- 9782841868087
Emmanuel Roux est agrégé de philosophie et conseiller à la Cour des comptes. Il a publié en 2013 Machiavel, la vie libre aux Éditions Raisons d'Agir. Il mène une réflexion sur les formes de l'intervention politique en philosophie et en littérature, en particulier à travers les manifestations d'une tradition civique antique et moderne.
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Voltaire ; le procureur des Lumières
Ghislain Waterlot
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Novembre 1996
- 9782841860500
" Aucun philosophe n'a seulement influé sur les moeurs de la rue où il demeurait ".
Ce propos que Voltaire se plaît à répéter ne s'applique pas à lui-même, qui influence non seulement la vie de Ferney mais celle de l'Europe entière. C'est que Voltaire, avant d'être philosophe, est un homme ouvert à l'action. A cette vertu, les Calas, doivent leur salut et la justice sa révolution. Hanté par l'injustice, le patriarche de Ferney ne cessera, à partir de l'affaire Calas, de répéter que la justice et ses institutions doit être indépendante de la religion.
Il prônera inlassablement la tolérance comme seul remède au fanatisme dans un monde divisé par la multiplicité des sectes et des croyances. Surtout il saluera en l'oeuvre de Beccaria l'aurore d'une justice profondément renouvelée selon les principes de la philosophie. Voltaire se veut donc le héraut d'une révolution qui se prépare. Comme il le dit lui-même. Il n'aura pas le plaisir d'en être le témoin.
Mais sa grande ombre est présente aux débats de la Constituante débouchant sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et sur un nouveau Code pénal. A l'heure où les démocrates doutent de leur justice, la voix de ce procureur des Lumières peut encore nous instruire.
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Canetti ; les métamorphoses contre la puissance
Nicolas Poirier
- Michalon
- Le Bien Commun
- 12 Octobre 2017
- 9782841868759
Romancier, dramaturge, anthropologue, essayiste et moraliste, prix Nobel de littérature en 1981, Elias Canetti est un écrivain inclassable, rétif aux dogmes comme aux idéologies, qui a tout fait pour ne pas s'ériger en maître. Hostile aux systèmes de pensée à vocation totalisante, la pensée de Canetti peut sembler, à première vue, assez déroutante, tant il est difficile d'en identifier la forme unitaire qui lui confère d'emblée sa signification. Pourtant, si ses motifs sont indéniablement pluriels, l'oeuvre de Canetti n'en reste pas moins portée par le souci de donner tout son sens à la possibilité pour les hommes de résister, en se jouant notamment des identités figées, à un pouvoir ayant besoin d'infliger la mort pour s'exercer.
Le livre de Nicolas Poirier privilégie l'aspect plus directement politique de l'oeuvre de Canetti : à partir principalement de l'anthropologie de la culture élaborée par Canetti dans Masse et puissance, son unique ouvrage théorique, il se donne pour objet de faire ressortir les thématiques et problématiques saillantes de la réflexion menée par Canetti concernant notamment le pouvoir et son lien avec la mort, mais aussi plus largement la capacité humaine de faire communauté sans succomber aux pathologies qui enferment l'homme dans une identité qu'il prétend exclusive.
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Elinor Ostrom : le gouvernement des communs
Edouard Jourdain
- Michalon
- Le Bien Commun
- 17 Février 2022
- 9782841869718
Elinor Ostrom est la première femme à recevoir le prix de la Banque de Suède dit " Nobel d'économie " en 2009. Cet accomplissement vient couronner une vie de travaux consacrés à la notion de " communs " : des organisations sociales qui gèrent collectivement des ressources en se donnant leurs propres règles. Son oeuvre foisonnante montre comment ces formes d'auto-gouvernement sont souvent plus à même de préserver les biens communs que l'Etat ou le marché seuls.
La première synthèse sur la pensée de la fondatrice de la notion de " communs ", Nobel 2009 d'économie, aujourd'hui centrale pour réfléchir sur l'économie sociale et solidaire et l'au-delà de la propriété privée et publique. -
Deleuze ; la pratique du droit
Laurent de Sutter
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Février 2009
- 9782841864829
" la jurisprudence est la philosophie du droit, et procède par singularités, prolongement de singularités ", disait Gilles Deleuze (1925-1995).
La philosophie sait penser la loi. mais le droit ne se laisse pas réduire aussi facilement. ce prodigieux meccano impose son jeu à la pensée et s'offre ainsi comme un modèle possible, inventif et foisonnant, rigoureux pourtant, souverainement indifférent au jugement. la relecture d'une tradition critique allant de socrate à kafka ouvre ainsi pour deleuze la voie d'une pensée clinique, attentive au singulier, qui pourrait bien être l'avenir de la philosophie.
Une relecture décapante d'une des plus grandes oeuvres de notre temps.
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Etienne Balibar ; l'illimitation démocratique
Martin Deleixhe
- Michalon
- Le Bien Commun
- 10 Avril 2014
- 9782841867349
L'Illimitation démocratique vient combler un manque en retraçant de façon synthétique l'évolution de la pensée d'E. Balibar autour de la démocratie sur près de 50 ans.
Né en 1942, Etienne Balibar est professeur émérite de Philosophie à l'Université de Paris-X Nanterre, professeur émérite à l'Université de Californie à Irvine, enseignant à Kingston (Londres) et à Columbia (New York), et membre du Conseil scientifique du CIEPFC. En 1961, il s'oppose à la guerre d'Algérie et adhère au Parti communiste (dont il sera exclu en 1981), en 1964 il est reçu premier à l'agrégation de philosophie. Militant depuis des années pour la cause palestinienne, engagé auprès des sans-papiers, et critique éclairé de la récente stigmatisation des Roms, Etienne Balibar défend une Europe politique où tout citoyen, étranger compris, aurait enfin le droit de cité. Et appelle à démocratiser la démocratie.
La démocratie souffre d'un curieux paradoxe : contrairement à l'aristocratie ou à la monarchie dont les contours institutionnels et symboliques peuvent être tracés avec clarté, la démocratie ne se fige jamais dans une quelconque forme et se maintient plutôt suspendue à sa réinvention permanente. E. Balibar n'est bien évidemment pas le premier à s'attaquer à la question du manque d'ambition de la démocratie. Mais sa démarche est unique en ce qu'elle refuse de dissocier la question de l'extension démocratique de celle de son intensité. E. Balibar fait le pari audacieux que c'est dans l'articulation de ces deux problèmes que se trouve la réponse à nos dilemmes politiques contemporains. La démocratie peut-elle faire de son universalisation le ressort de son approfondissement et inversement ? Peut-elle identifier les exigences des droits de l'homme avec celles du citoyen ? Parvient-elle à faire droit conjointement aux idéaux de la liberté et de l'égalité ? La succession de ses inflexions politiques débouche sur une pensée novatrice de la démocratie radicale.
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Hannah Arendt ; l'obligée du monde
Jean-claude Eslin
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Octobre 2000
- 9782841860265
Témoin capital de notre siècle, Hannah Arendt n'a cessé de construire son oeuvre sur les rapports entre " l'être citoyen " et l'actualité du monde.
Comment aurait-elle fait autrement puisque l'Histoire, pour elle, s'est confondue avec sa propre vie ? Chassée d'Allemagne par le nazisme où elle étudiait la philosophie avec Jaspers et Heidegger, exilé d'abord en France puis aux Etats-Unis, celle qui se sentait " l'obligée du monde " a réfléchi, en s'interrogeant sur le pouvoir, sur sa propre destinée et à ce tire, son livre le plus célèbre, Les origines du totalitarisme, constitue la narration dramatique des évènements de l'Europe des années trente et quarante.
Attachée à identifier les ruptures de la société européenne à la lumière de la perte du monde commun et de l'affaiblissement de " l'être-citoyen ", Hannah Arendt offre une appréhension nouvelle de notre situation propre, entre le passé et l'avenir, sans l'appui d'autorités et de traditions. Penseur de notre temps, elle a reconnu la fragilité de l'homme. Mais elle a aussi montré sa capacité à imposer un sens à sa vie sociale et morale grâce aux expériences fondamentales de la vie publique.
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Proudhon ; un socialisme libertaire
Edouard Jourdain
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Mai 2009
- 9782841864904
« Qu'est ce que la propriété ? C'est le vol », « Dieu, c'est le mal ». On ne retient le plus souvent de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) que ces formules provocatrices, dont l'écho n'a d'égal que leur incompréhension. Il a été taxé de petit-bourgeois, de communiste, ou de réactionnaire par ses adversaires de tous bords. Sa pensée mérite pourtant d'être redécouverte, car sa critique radicale des institutions sociales ouvre sur une pensée du droit très originale. Proudhon n'envisage jamais la justice comme une simple idée abstraite : elle constitue avant tout une force en prise avec l'histoire. En critiquant la Loi pervertie par l'Etat, la religion ou la propriété, il entend redonner toute sa crédibilité et toute sa puissance au droit afin qu'il se rapproche au mieux de la Justice. « Pour qu'il y ait une société entre des créatures raisonnables, il faut qu'il y ait engrenage réciproque : ce qui ne peut se faire qu'à l'aide d'un autre principe, le principe mutuelliste du droit. » L'anarchie prônée par Proudhon est une philosophie du droit.
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Levinas ; le passeur de justice
Jean-françois Rey
- Michalon
- Le Bien Commun
- 14 Novembre 1997
- 9782841860722
" comment juger ? " " qu'ai-je à faire avec la justice ? "de telles questions ne s'adressent pas aux seuls professionnels du droit, mais à tout citoyen, à tout homme, dès lors qu'il vit en société.
Mais vivre en société n'implique pas seulement le côtoiement d'une succession quelconque d'individus indifférents. le travail d'emmanuel lévinas (1905-1995) a consisté, sa vie durant, à développer et à argumenter une philosophie de la " non-indifférence ". pas de catéchisme dans cette oeuvre, mais une entreprise philosophique de fondation du monde sur la justice. avant tout système, toute ontologie, tout logos, qui rassemblent et totalisent, il y a un moi " gardien de son frère ".
L'infini de cette responsabilité démesurée à l'égard d'autrui demande mesure et définition. le jugement est ce moment crucial oú il s'agit de comparer des hommes pourtant incomparables. rappel à l'ordre du judiciaire : ne pas oublier la miséricorde, d'oú procède la justice.
Rappel à l'ordre du politique : ne pas oublier que l'etat a tendance à peser pour son propre compte. dans une tension jamais réduite entre la raison grecque et la révélation d'une loi absolue (la torah), lévinas esquisse la figure du juste, tragique et pourtant sereine, promise pour le " monde à venir " et pourtant déjà là.
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Lacan ; la loi, le sujet et la jouissance
Franck Chaumon
- Michalon
- Le Bien Commun
- 1 Octobre 2004
- 9782841862412
L'oeuvre de lacan (1901-1981) a exercé une influence profonde bien au-delà du champ de la clinique.
En témoigne le fait que nombre de concepts lacaniens ont diffusé très largement dans le domaine juridique oú la prise en compte du " sujet ", sa confrontation à " la loi " dans l'espace du procès conçu comme espace " symbolique " font désormais partie du discours courant... mais au pris d'un affaiblissement, voire d'un détournement de ces concepts.
Aujourd'hui la confusion est grande quant à la place et à la fonction de chacun, le juge se faisant thérapeute et le clinicien revendiquant la vertu du jugement.
La critique de cette confusion passe par un retour à quelques concepts fondamentaux forgés par lacan, de manière à distinguer l'éthique du droit et celle de la psychanalyse et, par là même, contribuer à clarifier les enjeux contemporains touchant au droit et à la norme.
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L'oeuvre de Jean-François Lyotard (1924-1998) est exigeante et l'on ne s'y aventure pas sans risque. Elle nous conduit au bord de la falaise, en nous faisant côtoyer par ses interrogations ; les abysses du langage Au centre de la pensée de Lyotard se trouve le concept de différend et, par suite, le traitement de toutes les notions juridiques qui l'avoisinent. La philosophie du différend répond à deux questions solidaires : à quels biais peut recourir celui qui est confronté à un différend nu pour que sa plainte soit entendue et pour que le tort dont il a été victime soit reconnu ? Quelles formes peut prendre la reconnaissance réciproque de la vie civile, depuis un désaccord qui est l'expression d'un conflit de légitimités ? La pensée de la partie civile connaît deux versants : celui de la demande de reconnaissance d'un tort ; celui des conditions du vivre-ensemble sur la base de ce que nous pourrions nommer une civilité du différend.
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Gandhi ; politique de la non-violence
Manuel Cervera-marzal
- Michalon
- Le Bien Commun
- 8 Janvier 2015
- 9782841867639
La notoriété du personnage n'a d'égale que la méconnaissance qui règne sur sa pensée. Cet ouvrage constitue une introduction aux idées éthiques et politiques de Gandhi, plus particulièrement axée sur l'étude des notions de non-violence et de désobéissance civile.
Politique de la non-violence entend introduire de manière synthétique mais problématisée aux idées éthiques et politiques de Gandhi. L'attention du public s'est longtemps focalisée sur son action en tant que leader de la décolonisation indienne et sur sa pensée religieuse. Ce livre vient ainsi combler un manque en remettant la non-violence au centre d'une réflexion sur la politique.
La politique de Gandhi est aux prises incessantes avec la question de la violence. L'engagement politique se situe dans un équilibre instable entre violence et conflit : comment s'opposer sans se massacrer ? Comment assumer le conflit politique, porteur d'un monde plus juste et plus humain, sans pour autant céder à l'usage de la violence ? Comment aborder autrui comme un adversaire à convaincre ou à contraindre mais jamais comme un ennemi à éliminer ? Où trouver la force de lutter sans armes face à un adversaire qui en dispose et n'hésitera pas, s'il le faut, à s'en servir ? En outre, si la politique est guidée par la quête de vérité, comment éviter d'opprimer en son nom ? Si elle n'implique pas par elle-même un refus radical de la violence, la vérité risque fort d'entraîner ses défenseurs vers des actes d'une grande atrocité. La confrontation entre Gandhi (pour qui la fin est dans les moyens comme l'arbre dans la graine ) et Machiavel (auquel est couramment attribué la maxime selon laquelle la fin justifie les moyens ) éclairera à nouveau frais la nature des liens entre éthique et politique.
La suite de l'ouvrage est plus spécifiquement consacrée au problème de la désobéissance civile. Dans un régime manifestement non démocratique, où les droits de l'homme et les libertés individuelles sont systématiquement bafoués, il semble admis que la désobéissance est sinon nécessaire, du moins légitime. La question s'avère autrement plus difficile quand elle concerne la légitimité de la désobéissance civile en démocratie. En effet, dans ce cas, la désobéissance risque d'affaiblir l'État de droit, elle constitue une infraction au principe de majorité et un refus d'utiliser d'autres moyens - légaux - d'expression et de protestation. Il s'agit donc de rechercher, au sein de la pensée gandhienne, des réponses à ces objections et des pistes de légitimation. La désobéissance civile vise à protéger la démocratie contre ses dysfonctionnements et non à l'affaiblir. En outre, sa contribution à la défense des valeurs et des institutions démocratiques est d'une efficacité incontestable. -
Rousseau ; les paradoxes de l'autonomie démocratique
Céline Spector
- Michalon
- Le Bien Commun
- 21 Mai 2015
- 9782841867929
Les paradoxes de l'autonomie démocratique chez Rousseau : entre primitivisme, naturalisme et républicanisme.
L'oeuvre de Rousseau a suscité de très nombreuses exégèses. Pourtant, peu d'ouvrages de synthèse ont jusqu'ici fait droit aux paradoxes les plus saillants de sa pensée. En articulant la théorie de l'histoire de l'humanité présente dans le second Discours et la vision de la société légitime dans le Contrat social, Céline Spector se propose de renouveler la vision classique de l'auteur investi dans la Révolution française comme dans les grandes secousses post-totalitaires du XXe siècle. Rousseau propose-t-il une conception unifiée de la causalité historique? Comment conçoit-il l'avènement d'un Etat légitime régi par la volonté générale? La société bien ordonnée, visant la liberté et l'égalité, est-elle une forme d'utopie? Le peuple ne risque-t-il pas d'être dépossédé de sa souveraineté par le Législateur? -
Pierre Bayle, les paradoxes politiques
Olivier Abel
- Michalon
- Le Bien Commun
- 23 Février 2017
- 9782841868223
La liberté de conscience chez Pierre Bayle oscille. D'un côté, nous avons l'idée minimale que « les droits de la conscience sont directement ceux de Dieu lui-même », que le dictamen de la conscience ne nous appartient pas plus que la couleur de nos yeux. La conscience est ici protégée de toute intervention par un voile d'ignorance et d'impuissance, issu d'une lecture hétérodoxe de la prédestination. De l'autre nous avons l'idée que tout est ouvert à la discussion, dans une utopie marine de société indocile et de libre tolérance, sans lois ni Etat. La République des Lettres « est un état extrêmement libre. On n'y reconnaît que l'empire de la vérité et de la raison, et sous leurs auspices on fait la guerre innocemment à qui que ce soit ». Comment penser ensemble ces deux aspects ?
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Christopher Lasch ; un populisme vertueux
Renaud Beauchard, Antoine Garapon
- Michalon
- Le Bien Commun
- 13 Septembre 2018
- 9782841868988
Chronique de la rencontre programmée entre la fuite en progrès, la critique du progrès de Lasch est fondée sur la construction d'une personnalité de consommateur suprême, la personnalité narcissique, en tout point adaptée au capitalisme avancé.
Il y a peu de sujets de l'actualité contemporaine qui ne sauraient trouver dans l'oeuvre de Christopher Lasch des explications de fond. De l'atmosphère de maccarthysme féministe dans laquelle dégénère l'affaire MeToo au rejet de plus en plus viscéral des élites technocratiques à mesure des consultations électorales en passant par le transhumanisme, le survivalisme des milliardaires de la Silicon Valley et la vindicte approbatrice aux dimensions orwelliennes qui s'est abattue sur les campus américains, les analyses de Lasch résonnent puissamment près de vingt-cinq ans après sa disparition. L'analyse de Lasch est d'une puissance critique inégalée parce qu'il évite l'écueil de ceux qui critiquent le capitalisme contemporain tout en présentant ses dégâts comme le prix du progrès matériel et moral.
Au travers des grands thèmes qui traversent la pensée de Lasch - l'ascendance du moi narcissique, le mirage d'une science pure de la société , la construction d'un État thérapeutique, la substitution de la méritocratie à l'idéal d'une société sans classe en tant qu'incarnation du rêve américain - l'ouvrage présente un panorama des diagnostics toujours justes de Lasch sur son temps et sur la catastrophe anthropologique du capitalisme de consommation. Il expose aussi la philosophie de l'espérance que Lasch a articulée au travers de l'exploration d'une tradition civique américaine dont la redécouverte offre des pistes au monde entier afin de faire en sorte que la volonté de construire une société meilleure demeure vivace sur les décombres encore fumants de la social-démocratie. -
Sartre ; les périls de la liberté
William Bourton
- Michalon
- Le Bien Commun
- 15 Octobre 2019
- 9782841869343
"Aborder la problématique politique chez Sartre implique de commencer par se départir d'un poncif : ni « le père de l'existentialisme », ni « le protecteur des maos » n'étaient des doctrinaires. Sa pensée et ses engagements, forgés au feu de son temps, ce XXe siècle si violemment idéologique qui marqua Sartre et qu'il marqua en retour, demeureront toujours évolutifs et révisables. C'est ce parcours que ce livre se propose d'instruire, à charge et à décharge. - - Le monde de Sartre n'est plus. Mais à défaut d'un introuvable « sartrisme », un certain état d'esprit sartrien hante notre époque. En conférant à l'homme le pouvoir absolu d'édifier l'humanité par-delà les structures établies, en le hissant au rang de sujet de l'Histoire, en érigeant la subjectivité en source du sens, en creusant sans relâche les conditions dans lesquelles une liberté peut se laisser entraver, capter, séduire, retourner en son contraire, en n'hésitant jamais à penser contre lui-même et à reconsidérer ses positions à l'aune de l'actualité la plus tragique, cet état d'esprit rencontre, par des voies détournées, les aspirations d'une certaine jeunesse qui, comme Sartre en son temps, dénonce un système qui a atteint ses limites et dans lequel elle ne se retrouve plus. - - "
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face aux critiques antiparlementaires, virulentes, de l'entre-deux-guerres, et au désenchantement à l'égard des institutions républicaines, kelsen offre une définition de la démocratie qui affronte les oppositions classiques à cette forme de gouvernement.
aux objections qui délégitiment le jeu démocratique, sous prétexte qu'il est incapable de produire la " bonne décision ", kelsen offre son relativisme mettant
au coeur de la vie des institutions les conflits et leur résolution pacifique. ses réflexions sur le phénomène démocratique et son relativisme juridique se font écho et dessinent une doctrine cohérente marquée en profondeur par le refus de la transcendance et le renoncement à la règle " juste ".
suscitée par les bouleversements politiques qui surgissent après 1918, la question de la stabilité dès institution démocratiques s'impose, non seulement à kelsen, mais également à d'autres juristes, tels hermann heller et cari schmitt. la diversité des réponses données, témoignant d'orientations doctrinale divergentes, notamment libérale, social-démocrate, étatiste voire autoritaire, souligne paradoxalement le faisceau de questionnements qui leur est commun, relatif à la pérennité de l'état et aux modes d'intégration de la pluralité.
face à ces interrogations brûlantes, la contribution scientifique de kelsen réside dans la théorisation du compromis comme mécanisme de résolution des conflits, propre à la démocratie parlementaire.
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Malraux, apocalypse de la fraternité
Jérôme Michel
- Michalon
- Le Bien Commun
- 7 Juin 2018
- 9782841868261
Par-delà le légendaire, il apparaît bien que Malraux aura saisi l'essentiel du siècle : fin de la domination européenne, déchristianisation, les totalitarismes fascistes et communistes machine d'asservissement, mutation civilisationnelle du monde de l'écrit aux usines à rêves porteuses d'autres formes d'asservissement.
Pour Malraux, la seule valeur capable de témoigner contre le Mal, à défaut de la vaincre, fut la fraternité, aussi bien réponse au mal que condition d'une société digne - fraternité est seule capable de restituer aux être leur dignité humaine.
Ni philosophe, ni théoricien, encore moins doctrinaire, la fraternité n'est pas pour Malraux une valeur abstraite mais une expérience incarnée qui s'oppose à celle de l'humiliation.
De même que, comme le disait Paul Ricoeur, « notre première entrée dans la région du droit n'a-t-elle pas été marquée par le cri : C'est injuste ! », la découverte de la fraternité chez Malraux commence par ce qui en constitue la négation absolue, à savoir l'humiliation - laquelle constitue pour lui une catégorie métaphysique et politique fondamentale.
La fraternité est au coeur de l'oeuvre de Malraux, aussi bien de l'oeuvre romanesque, de l'oeuvre esthétique que des écrits de la dernière période qui vont des Antimémoires à L'Homme précaire et la littérature. Chez Malraux, la fraternité est tout à la fois la condition préalable de la justice et la finalité de cette dernière. Sans fraternité, pas d'égalité réelle et pas de justice possible.
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Hayek ; du cerveau à l'économie
Thierry Aimar, Antoine Garapon
- Michalon
- Le Bien Commun
- 9 Mai 2019
- 9782841869060
« Une époque de superstition est celle où les gens imaginent qu'ils en savent plus qu'ils n'en savent en réalité. En ce sens, le XXe siècle aura été certainement exceptionnellement riche en superstitions, et la cause en est une surestimation de ce que la science a accompli - non pas dans le champ des phénomènes relativement simples où elle a certes été extraordinairement efficace, mais dans le domaine des phénomènes complexes ; car dans ces derniers, l'application des techniques qui ont si bien réussi essentiellement dans les phénomènes simples s'est révélée très déroutante. » Lorsqu'on ignore sa propre ignorance, cela fait des dégâts. Chacun pense savoir plus et mieux que les autres ; mieux les connaître qu'eux-mêmes ; pouvoir les conduire à leur place vers leurs véritables intérêts. L'intolérance est le produit de cette prétention aux certitudes, qui n'est rien d'autre qu'une croyance et la pire de toutes. Expression même de l'obscurantisme, elle est le socle commun de tous les totalitarismes, avec toutes les horreurs qui les accompagnent.
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Elster ; réalité et sciences sociales
Benoît Dubreuil
- Michalon
- Le Bien Commun
- 9 Juin 2011
- 9782841865710
Né à Oslo en 1940, Jon Elster est professeur à l'Université Columbia de New York et, depuis 2005, titulaire de la chaire rationalité et sciences sociales au Collège de France. Son oeuvre, qui s'impose aujourd'hui comme une référence majeure, interroge la rationalité des conduites humaines en croisant psychologie, théorie des jeux et sociologie. S'éloignant d'une conception de l'être humain qui survalorise la raison et réduit la décision au calcul des intérêts, pointant les limites d'un marxisme piégé par la croyance des lois sociales et historiques, Elster critique aussi les explications en termes de variance qui guident les approches quantitatives. Comportements personnels et collectifs ne sont pas rigoureusement prévisibles, mais on peut appréhender leur logique grâce à la notion de mécanisme. Une description fine s'impose alors, interrogeant le rôle des émotions et le jeu complexe des représentations qui forment nos "raisons d'agir" et contribuent à la formation des décisions collectives.