Les Mémoires de Lotte Eisner nous replongent dans l'Allemagne d'avant-guerre, à travers la vie quotidienne d'une famille de la grande bourgeoisie juive. Première femme critique de cinéma au Film-Kurier, L. Eisner est témoin de la richesse de la vie culturelle berlinoise (Bertolt Brecht, Max Reinhardt, Valeska Gert, Fritz Lang, Pabst...). Elle fuit l'Allemagne nazie en 1933 et trouve d'abord refuge en France où elle rencontre Henri Langlois et Georges Franju. Internée en 1939 par le gouvernement français au camp de Gurs, elle s'en évade. Durant l'Occupation, Langlois la cache dans un château où elle archive des bobines sauvées in extremis des mains de l'ennemi. Devenue, après-guerre, le numéro deux de la Cinémathèque française, elle parcourt le globe à la recherche des trésors du cinéma (films, décors, accessoires, etc.) et constitue, avec le Musée du cinéma, l'une des plus belles collections au monde. Les Mémoires de Lotte Eisner ont été recueillis par Martje Grohmann, ex-épouse de Werner Herzog, et sont préfacés par le cinéaste qui, dans Le Chemin des glaces, a fait le récit de sa longue marche pour la survie de La Eisnerin. Peinture d'une époque tourmentée, cet ouvrage raconte aussi la constitution d'une mémoire mondiale du cinéma. Les acteurs principaux du septième art y sont convoqués, Lang et Langlois bien sûr, mais aussi Louise Brooks, John Ford, François Truffaut, André Gide, Alfred Hitchcock, André Breton, Marlene Dietrich, Erich von Stroheim ou encore Eisenstein.
Inutile de présenter Alfred Hitchcock, « le Maître du Suspense », interviewé par Andy Warhol pour sa revue Interview Magazine, en avril 1974. De quoi peuvent bien parler l'artiste le plus emblématique de la pop culture et le cinéaste légendaire, quand tout semble les opposer ? De cinéma, bien sûr, mais d'une manière nouvelle.
Des grands magasins et de la prolifération des enfants de stars à Hollywood. Mais aussi de Jack l'Éventreur.
Ce long entretien est l'occasion pour Alfred Hitchcock de déployer tout son humour, sans jamais tarir d'anecdotes de tournages, face à un Andy Warhol qui apparaît tantôt nerveux, tantôt fébrile en diable.
Le montage de l'interview, que nous avons choisi de reproduire au plus proche de celui de l'époque, plonge le lecteur au sein d'une pièce de théâtre, parfois absurde, où Warhol et Hitchcock n'hésitent pas à emprunter les habits d'un meurtrier, et à s'imaginer les crimes qu'ils commettraient.
Cet entretien ne se réduit pas à la lumineuse rencontre de deux artistes majeurs, loin de là. Le regard d'Andy Warhol apporte un éclairage nouveau sur l'oeuvre de l'auteur de Sueurs Froides, révélant les obsessions intimes de l'interviewer comme de l'interviewé.
Qu'y-a-t-il encore à apprendre sur Alfred Hitchcock ? entend-on parfois dire. Pour quelle raison faudrait-il taire que l'oeuvre écrite de cet artiste grandiose est sans doute la source intarissable de toutes les réjouissances ? Mieux encore : le moment est venu d'entendre Hitchcock écrivain. Il faut lire « Rôle de la femme » - cette réponse de 1919 à tous les futurs procès en misogynie. Ou bien « Sordide ». C'est le texte et le style d'un devin japonais de 1920. De perpétuels coups à trois bandes - russes, anglaises et américaines. Un humour imparable, toujours. Et une vivacité d'esprit, des mouvements de pensée fulgurants et espiègles - sortes de traits projetés d'une sarbacane, fichée dans la bouche enthousiaste d'un enfant. Penser, sans relâche. Songer au film idéal ou définir le film « parlant ».
Le dernier film de Daniel Shaw est en compétition à Cannes. Pressentant un échec au box-office, Daniel se hâte d'écrire un nouveau scénario et d'en trouver les financements.
Pour son premier roman, le cinéaste légendaire John Boorman (Delivrance, Excalibur) dresse un portrait sans concession de l'industrie cinématographique contemporaine, avec toute la lucidité et l'ironie permises par sa position de vieux Sphinx. Cette satire, drôle et mordante, est aussi la peinture d'un monde gangrené par l'avidité, l'égocentrisme et l'inanité.
Les mémoires de John Boorman, cinéaste légendaire, lauréat de deux prix de la mise en scène à Cannes (Leo the Last, Le Général) et d'autres films culte (Delivrance, Le Point de non retour, Excalibur, Duel dans le Pacifique...) ou encore d'un diptyque autobiographique salué par la critique (Hope and Country, Queen and Glory).
Boorman revient sur sa carrière dans un récit drôle et passionnant, riche d'anecdotes de tournage, de ses diverses rencontres ou d'hommages à d'autres cinéastes (D.W. Griffith ou David Lean). C'est aussi l'occasion pour cet amoureux de la nature de nous livrer de multiples réflexions sur l'art cinématographique et les coulisses de l'industrie hollywoodienne.
Paris, 1878. L'Exposition universelle bat son plein, et toute la ville n'a d'yeux que pour don Sindulfo García. Le savant espagnol s'apprête à prouver que les voyages dans le temps sont possibles grâce à une extraordinaire machine de son invention : l'Anachronopète ! En compagnie du fidèle ami Benjamin, de sa pupille Clara et de leur domestique Juanita, il embarque pour une fabuleuse expédition à rebours de notre histoire. Mais le passé réserve pas mal de surprises aux explorateurs du temps...
Cet ensemble de 46 textes débute par une nouvelle, Gaz hilarant, écrite en 1919 et se conclut par une interview de 1977, sobrement intitulée Survivre. Comme on peut s'y attendre, Alfred Hitchcock nous dévoile, sans artifices, les procédés et mécanismes d'un métier. Et nous explique sans relâche comment il est parvenu à la maîtrise de son art.
Mais il ne faudrait pas s'y tromper et ne voir ici que les simples mémoires d'un cinéaste de génie. Hitchcock se montre, à chaque instant, un artiste complet, qui pense le cinéma en termes de peinture, de littérature. Un penseur doué d'un humour imparable, un artiste capable de révéler des éclairages nouveaux, un musicien convaincu qu'il faut considérer les bouts de films comme des notes de musique. Ou encore un stratège génial, rompu au jeu d'échecs et assez rusé pour s'amuser à démontrer l'apport du cinéma à Shakespeare, ou à prophétiser le système de production contemporain.