Où il est question d'un défunt cochon d'Inde prénommé Paulo, petite bombe à retardement.
« Il avait eu à manger. Il avait eu à boire. Il n'avait pas eu chaud. Il n'avait pas eu froid. On avait ramassé ses crottes sans faire les dégoûtés. On avait changé sa litière sans compter les sacs de sable. Et question tendresse, il avait été servi ! »
Où il est question de chasseurs, de proies et de regards dans des viseurs.
"Tu as poussé la porte, essoufflé, examiné le toit en terrasse du petit immeuble. Le muret ! Un bon choix, tu t'en es félicité. De là, tu surplombes la scène."
Où il est question de cordon ombilical, et d'une naissance qui en entraîne une autre.
« J'ai soulevé le drap du bout des doigts, pour être bien sûr que je n'avais pas rêvé... et j'ai vu son visage dans la pénombre. Ding, il a ouvert un oeil, il avait presque l'air en colère. »
Où il est question de violence et de dictature... de pureté et d'innocence.
« L'armée, il l'a achetée, le peuple, il l'a soumis, un coup d'Etat sans bavure. Tout serait parfait si ce n'était ce ventilo qui patine au-dessus de sa tête sans brasser l'air. »
Où il est question d'exotisme, de rencontres, et de traduction pour adultes.Il me fit signe de poursuivre et resta concentré sur ce que je lui traduisais, dois-je le reconnaître, en rougissant peu à peu.
Où il est question de vélo, d' exploits, de côtes, de descentes et de galettes de riz pâteuses...
« Nous fîmes une belle montée du col de la République au milieu des hordes, je me sentais gaillard. Mon père qui possédait parfaitement la science de mon train me ménageait sans m'endormir et nous allions à une gentille cadence.»
Où il est question de station Antarctique, de plomberie, de verbes irréguliers, de manchots et de tout ce que nous réserve l'existence.
« (...) et puis plus rien d'autre à faire qu'à attendre la fin de la journée, m'asseoir au bord de l'eau et regarder passer les icebergs à l'horizon. »
Où il est question de Noël, de flocons, de salon de coiffure et de savon à barbe.
« La barbe du vieil homme était longue et broussailleuse et Fabien travailla d'abord aux ciseaux. Puis il lava le visage ridé à l'eau chaude, appliqua la mousse par de légers mouvements circulaires et rasa délicatement la peau. »
Où il est question de voyages, d'odeurs, de couleurs, de 7 ailleurs.
« La ruelle est bordée de choux énormes, d'assortiments plastiques, de pinces multicolores... le boniment des maraîchers glisse sur les cagettes de citrons, les tréteaux de culottes-panthère, de savates roses aux écussons de fils d'argent brodées.»
Où il est question d'un fleuve, d'un tableau de maître, des perles d'un rideau et de rencontres.
« De la main, je lui fais un petit salut. Il ne parle jamais le premier et s'il ouvre la bouche c'est pour répéter vos derniers mots. Pourtant, cette fois : - Tu vas jamais à la messe, toi ? »
Armand voudrait danser avec Gisèle. Paul veut juste manger un morceau de génoise crémeuse et rencontre Alice. Léo tente de raconter l'Amour. Mathias veut le vendre. Mia rêve et Hyppolite se remarie. Alice croit en la jeunesse éternelle. Caroline ne croit plus en rien. Emilie, elle, choisit la dissolution.
Qu'ils soient nés après la seconde guerre ou au début du XXIème siècle, tous tentent d'en finir avec la solitude et le manque en ces jours parfois remarquables et souvent ordinaires de Saint-Valentin.
Ecrits au fil des années, d'une main distraite, le soir tard ou dans le train entre deux gares, voici des textes retrouvés dans les vieux cartons. J'espère que mon lecteur s'en amusera autant que je m'en suis amusé. Une de ces nouvelles est plus sérieuse : La gabare.
Je me suis toujours étonné que le paysage de Loire n'ait jamais été utilisé au cinéma comme décor naturel. Un soir, je m'y suis mis. Ayant écrit ce « projet de scénario », je l'ai alors édité à 300 exemplaires que j'ai offerts à mes amis. C'était naguère. On a des lubies...
Le texte Enfin, une bonne nouvelle ! a été publié dans un livre collectif édité à l'occasion du lancement d'un gabarot, gros bateau de Loire, construit par des amateurs, à Chalonnes, en 2016. J'écris tout ça sans prétention et je ris quand je me relis - c'est l'essentiel. C'est ce que je souhaite à mon lecteur. JB
Entrer dans Tourbillons, c'est rencontrer celui qui va à cloche-pied au bord des précipices, celle qui marche sur l'eau parce qu'elle ne sait pas nager, ceux qui laissent le vent retourner leurs parapluies. Chez eux le froid brûle, la lumière aveugle, la réalité est limpide et cruelle derrière les mystères.
Chez Nicolette Cook « il est poli d'être gai », et l'autre est la part la plus sûre de nous-mêmes.
Où il est question d'une boîte à outils qui fait d'une maison un canot de sauvetage.
« L'une des assiettes bascula doucement, en heurta une autre qui en fit tinter une troisième (...) Satisfait, il sortit sur la pointe des pieds et monta à l'étage ».
...Des dates oubliées, des échos de batailles, des bouts de phrases d'ancêtres, des silhouettes célèbres ou inconnues, tout un fatras qui roule dans notre dos, qui se presse dans notre dos pour nous faire avancer, nous autres, petits hommes, héritiers malgré nous, ignorants et pourtant porteurs d'avenir. Le passé ? C'est l'Histoire ; et c'est ce qui fabrique de l'avenir.
Après le très remarqué « la plus jeune des frères Crimson » (Prix Littér'halles 2019, publié chez Quadrature), Thierry Covolo nous fait entendre, avec ce second recueil de nouvelles, la dureté et l'ennui d'être né quelque part, quand l'instant d'après est la seule perspective.
Ici, les héros sont des adolescents piégés dans leur âge, des adultes égarés dans des vies mal taillées, pas complètement d'aplomb mais pas tout-à-fait bancals, et que sauve parfois: quelque chose qui ressemble à de la tendresse.
Un recueil de nouvelles, c'est un seul univers aux multiples portes d'entrée : « Il ne se passe jamais rien ici », révèle un auteur sensible, à l'écriture sèche et retenue.