«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas «être à sa place». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
Entre témoignage intime et pamphlet sur nos sociétés désenchantées, le nouveau livre de Sonia Mabrouk invite le lecteur à s'ouvrir pleinement au monde, et à ne plus refuser ce qu'il ne comprend pas. «Ma conversion au sacré s'est faite en plusieurs étapes. Ce ne fut pas une révélation brutale et soudaine ; plutôt une succession de moments à la fois intimes et universels, un cheminement dans le temps vers des fragments de sacré, une compréhension de quelque chose qui nous précède et qui nous suit, qui en tout cas nous dépasse. Je dirais aussi que, dans mon cas, j'ai reçu le sacré comme on reçoit la foi. À un moment précis, le sacré a fini par s'imposer dans mon existence. Était-ce le fruit du hasard, ou était-ce un événement déjà inscrit en moi ? Impossible à dire. Une chose est sûre: la vie s'en est mêlée, et depuis, tout a changé.»
L'auteur se questionne sur la succession d'événements ayant mené l'extrême droite aussi proche du pouvoir. Il s'intéresse à tous les partis politiques français, qu'il accuse d'être responsables par leur passivité de la normalisation du discours extrémiste dans les médias. Après des décennies d'échec, selon lui, il propose une manière de stopper son ascension.
Dans l'opacité du plus grand système totalitaire de la planète, sacré pour la troisième fois à la tête du Parti ?communiste, de l'armée et de l'État, Xi Jinping est le maître absolu de la Chine, aujourd'hui deuxième économie mondiale. Un développement extraordinaire qui, en deux générations à peine, a sorti de la misère des centaines de millions de personnes, et assuré leur immense fortune à des entrepreneurs hors pair. Comme aux États-Unis, 1 % des Chinois les plus fortunés contrôlent plus du tiers de la richesse nationale. On les connaît à peine, les Jack Ma d'Alibaba, Pony Ma de Tencent, Ren Zhengfei de Huawei, Zhang Yiming qui a créé TikTok, Yang Huiyan, la patronne de Country Gardens, ou la reine du botox Zhao Yang... Trop d'influence, trop d'arrogance - au risque de casser les ressorts de l'économie, Xi Jinping les a mis sous tutelle et a maintenu pendant près de trois ans 1,4 milliard de personnes dans le carcan du zéro Covid. La croissance fléchit, le chômage grimpe, des manifestations surgissent. Début 2023, changement radical, priorité à l'économie. Ukraine, Taïwan, haute technologie?: la confrontation avec les États-Unis durcit. Xi Jinping peut-il réussir son pari sans les milliardaires rouges, et imposer au monde la suprématie chinoise??
Après L'Homme nu, la nouvelle enquête de Marc Dugain et Christophe Labbé sur nos comportements de demain. Ces dernières années ont bouleversé nos vies quotidiennes. Ce bouleversement, qui profite formidablement aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), sera durable?: autant l'analyser et le comprendre le mieux possible. C'est le pari de Marc Dugain et de Christophe Labbé dans ce nouveau livre, qui se concentre sur ce virage de civilisation pour mieux dessiner la société du futur. Une société où tout sera fait pour éviter les contacts?; où chacun, faute de se confronter véritablement à l'altérité, risque de s'enfoncer dans une solitude délirante, au beau milieu du métavers... Télétravail, objets connectés, voitures autonomes, applications de rencontres, paiement sans contact, données personnelles livrées à qui accepte de payer ces data?: quel sera l'impact de cette numérisation massive de nos activités quotidiennes?? À mi-?chemin entre journalisme et narration littéraire, Marc Dugain et Christophe Labbé portent leur regard sur l'avancée inexorable de ces phénomènes, au point que les politiques se dispensent bien de les évoquer dans leurs programmes. Est-il vraiment trop tard?? Resterons-nous humains si plus rien ne nous touche??
À l'épreuve des faits, vaincue par les atrocités commises en Ukraine, par l'intransigeance politique et militaire de Vladimir Poutine, par ses menaces contre l'Occident, la politique russe d'Emmanuel Macron a clairement changé.
Pendant longtemps, l'Élysée avait cru que la question russe pouvait trouver sa solution dans un dialogue stratégique qui respecterait les intérêts légitimes de Moscou. Emmanuel Macron affirmait que la Russie était «naturellement» européenne et que la diplomatie pouvait ramener son président à la raison et arrimer son pays au Vieux Continent...
Macron a flirté avec Poutine, et maintenant il s'en éloigne, voulant apparaitre comme le chef du camp occidental.
Poutine le laissera-t-il faire ? Que désire vraiment Macron, se rendant en Russie, puis en Ukraine, après avoir discuté longuement avec Joe Biden, Boris Johnson, et bien sûr encore et toujours Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky ?
On pourrait croire que le Président français cherche à conclure son mandat sur un Nobel de la paix. Au risque d'amener la guerre en plein milieu de l'Europe...
Les égarés ? Dans les médias comme dans la vie, ils sont plus nombreux qu'on ne le croit. On les reconnaît aisément : ils s'enferment dans un concept fou, qu'ils vénèrent absolument : l'identité. Alors ils ne parlent que de race, de pays d'origine, de couleur de peau, de culture (d'appropriation culturelle), de classe sociale... Ils ne croient qu'aux racines... C'est parce qu'ils font fausse route, et parce qu'ils risquent d'entraîner notre monde avec eux, que Julia de Funès reprend sa plume et tente de les raisonner. Que se passe-t-il en Occident ? Alors que l'identité était autrefois une sorte de construction savoureuse, une image de soi qu'on dessinait au fur et à mesure de son parcours et de son existence, désormais cette notion empêche et contraint la vie des gens, parce qu'ils la pensent en amont de leur vie, et parce qu'ils assurent qu'on ne peut en changer ! Pour lutter contre ces préjugés, la philosophe dessine dans ce livre 10 rôles ultracontemporains, dix cases prison : le lycéen woke, l'homme anti-viriliste, la femme hyperféministe, la grand-mère hyperactive, le jeune homme racisé, etc. Surtout, Julia de Funès oppose à l'identité une notion joyeuse, et philosophique : l'authenticité. Être juste soi, mais vraiment soi, au carrefour de plusieurs identités, et sans plus jouer aucun rôle.
Alors que les crises sanitaires ont intensifié notre rapport au numérique, les enfants et les adolescents ont vu leur temps d'exposition aux écrans atteindre des niveaux records, sans qu'aucune attention soit vraiment portée aux contenus qu'ils regardaient. Comment en sommes-nous arrivés là?? Comment y remédier?? Comment aider nos enfants à reprendre le contrôle face à des algorithmes de plus en plus sophistiqués?? Dans cet essai qui tient autant de l'analyse critique que du guide pratique, Carole Bienaimé Besse explore avec intelligence et rigueur les enjeux et les défis de notre société hyperconnectée, et les conséquences sur les plus fragiles, qui sont souvent les plus jeunes. Elle démontre comment les écrans affectent leur santé mentale, leur développement intellectuel, leur vie sociale, et met en lumière les nombreux pièges auxquels nous sommes finalement tous confrontés?: le rabbit hole, la distraction perpétuelle, la tyrannie de l'image de soi, les contenus inappropriés, la désinformation, la surveillance de masse. Mais au-delà de la critique, et sans jamais sombrer dans le fatalisme, Carole Bienaimé Besse propose surtout des solutions concrètes pour aider les parents, les éducateurs et les adolescents à naviguer dans cet univers complexe. Elle suggère des pistes pour faire évoluer le cadre législatif, et plaide pour que l'éthique soit enfin remise au coeur de l'innovation. Son objectif ? Que chacun puisse tirer le meilleur parti de la révolution numérique - sans en devenir une victime.
On le sait : le couple est devenu plus fragile, les séparations et divorces se multiplient, les séquences de vie solitaire sont en extension continue, le modèle du couple monogame (et hétérosexuel) remis en cause. À cela s'ajoute le besoin de revendiquer son identité individuelle, son identité propre au sein du couple. Comment faire alors pour s'exprimer sans menacer son couple ? Les petites batailles du quotidien !
Dans cette enquête minutieuse et amusante, Jean-Claude Kaufmann examine tous ces petits gestes qui oscillent entre la « petite gentillesse, juste pour rire » et la « vengeance molle » d'un « Machiavel en pantoufles » : réveiller l'autre en faisant mine d'être désolé, passer l'aspirateur pendant un match de foot à la télé, ne pas remplacer le rouleau de PQ vide, ne pas ranger les affaires de l'autre au bon endroit... Pour le sociologue, il ne s'agit pas de faire du mal à l'autre, mais bien de se faire du bien et donc d'en faire indirectement à son couple. Les petites vengeances secrètes se présentent ainsi comme une alternative majeure aux crises ouvertes et aux séparations, une salutaire thérapie de couple!
Même si cela peut paraître contre-intuitif, il faut parfois apprendre à faire mal pour faire le bien, se faire du bien et faire le bien du couple
Si notre parole se libère heureusement pour dénoncer les injustices, les traumatismes, on constate qu'elle s'abime également en propageant les haines et les mensonges - par le harcèlement en ligne, les fake news, les trolls... Il faut sans doute le reconnaître : les mots font mal. Ils peuvent être des armes destructrices.
Voici la thèse défendue par Roger-Pol Droit et Monique Atlan, dans le prolongement de leur dernier livre, Le sens des limites (2021). Loin d'un pessimisme mortifère ou d'un constat d'échec, leur nouveau livre éclaire la puissance de la parole et propose des solutions pour comprendre notre responsabilité dans son usage. Pour les auteurs, il est essentiel et urgent de ré-apprendre à parler, pour sauver notre humanité.
Le sexe serait-il en berne ? 43?% de nos 15-24 ans n'auraient pas eu de rapport sexuel au cours des douze derniers mois : comment expliquer cette révolution du No Sex chez les jeunes ? S'agit-il d'un phénomène mondial ? Durable ? Est-il possible de n'éprouver aucune attirance pour personne ? Quelle différence y a-t-il entre asexualité et abstinence ? Qu'en est-il de la libido ? De la masturbation ? Pourquoi le No Sex dérange-t-il toujours autant ? L'hypersexualisation de notre société serait-elle à l'origine de la sobriété sexuelle du moment ? Une "récession" est-elle déjà en cours ? Mêlant approche historique, enjeux socio-sexologiques et témoignages éloquents, la sexologue Magali Croset-Calisto répond ici à toutes ces interrogations et analyse l'abstinence et l'asexualité par-delà les problématiques de l'intime en questionnant leur place et leur signification dans notre civilisation. Un petit traité instructif, bienveillant et déculpabilisant.
Aujourd'hui où l'on ne peut plus tracer de plan de la Cité idéale, et où les lendemains « ne chantent plus », peut-on faire autre chose que défaire ce qui bloque l'état présent des choses pour y rouvrir des possibles ?
Or, qu'est-ce qui bloque, si ce n'est des coïncidences idéologiques installées depuis trop longtemps, paralysant la société ? Ne pouvant les renverser (comment en aurait-on la force ?) et les dénoncer ne s'entendant plus, on ne peut que les fissurer : localement, sur le terrain, chacun en ayant l'initiative là où il est.
Mais ces dé-coïncidences se relient et se relaient, elle se répondent et peuvent s'associer.
Une Association en est née, dont chacun peut faire partie. Car c'est quand même avec des fissures que commencent à s'effondrer les cavernes.
Des scientifiques, de plus en plus nombreux, nous promettent que la «?révolution de la longévité?» est pour demain, que nos petits-enfants pourront vivre cent cinquante ans, voire davantage, encore jeunes et en bonne santé physique et psychique. Ce livre fait le point sur ces recherches, sépare science et fantasmes et pose la question de fond?: à quoi bon vivre aussi longtemps?? Face à cette interrogation, deux conceptions de la vie heureuse s'opposent. La première nous vient de ces sagesses anciennes que la psychologie positive remet au goût du jour. Elles nous invitent à dire «?oui au réel?», à nous résigner à l'ordre naturel des choses afin d'accepter dans la sérénité la vieillesse et la mort. Les modernes philosophies de l'histoire et de la liberté plaident pour une tout autre spiritualité?: si une éducation tout au long de la vie, voire une perfectibilité potentiellement infinie, sont le propre de l'Homme, allonger la vie en bonne santé pourrait offrir à l'humanité l'occasion de devenir enfin moins bornée, moins violente, et, pourquoi pas, plus sage qu'elle ne le fut au xxe siècle. Ce sont les termes de ce débat désormais crucial que présente ce livre. L.F.
La philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre ; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd'hui en retrait. Ainsi « vivre » est laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme ; et de là prospèrent le Développement personnel et le marché du Bonheur, qui vendent vivre comme du « tout positif ».
Or, comme le montre François Jullien dans ce nouveau livre, vivre est paradoxal, s'étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions : être en vie ; et l'aspiration de toutes nos aspirations :
Vivre enfin ! Nous sommes en vie, mais nous n'accédons pas pour autant à vivre. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie - ou que « la vraie vie est absente ».
Comment faire pour vivre ? Comment vivre enfin ? Car répéter qu'il faut « cueillir le jour », « profiter de la vie », n'est jamais très utile ou efficace...
Le philosophe de La Vraie vie trace donc plutôt, pour s'y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre. Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son « matin », dégagé de ce qui l'enlisait, au fil des jours, et l'emmurait.
Telle est « la transparence du matin », en amont de tous les enseignements de la morale.
La France n'est pas un pays qui sombre, contrairement à ce que certaines voix clament, mais elle n'est pas non plus un pays qui excelle.
Elle ne chute pas, mais glisse lentement, frappée par une sorte de démission collective. La recherche de l'excellence fait aujourd'hui place à la satisfaction du confort de l'à-peu-près. L'économie ? Elle ne se porte pas si mal, mais son avenir est hypothéqué par le poids de la bureaucratie et surtout par un manque d'excellence en matière d'innovation. L'écologie ? La France obtient de bons résultats, mais les atermoiements successifs sur le nucléaire nous mettent en risque de dépendance énergétique et écologique. La santé ? Notre système a longtemps fait notre fierté et nous pouvons encore nous faire soigner correctement, mais l'idéologie et les corporatismes nous empêchent de développer un secteur sanitaire adapté aux enjeux du XXIe siècle.
Pour l'économiste Nicolas Bouzou, il est temps d'arrêter de niveler la société par le bas en encourageant l'intelligence, la lucidité, la précision et le courage - des qualités qui ne sont plus guère plébiscitées dans notre pays - et en investissant massivement dans un système éducatif exigeant
Tristane Banon le martèle : dans la pratique radicale des grandes religions monothéistes, la femme est présentée comme inférieure à l'homme. Quand la plupart de nos sociétés contemporaines, pourtant bâties sur ce précepte structurel, s'en sont plus ou moins affranchies au prix de décennies de combats féministes, l'influence de cette misogynie systémique perdure. Dans une humanité en crise, il n'est pas faux de dire qu'elle opère même un retour en force. Il suffit d'observer les islamistes imposer le niqab, la burqa ou le hidjab, les juifs orthodoxes demander à leurs épouses de sacrifier leur chevelure, ou encore les traditionnalistes catholiques aller jusqu'au meurtre lors de raids antiavortement, pour s'en convaincre. Bien sûr il s'agit là d'extrémistes ;
Mais l'obscurantisme religieux gagne doucement du terrain, bien plus ancré dans les mentalités que ce que l'on croit : la fin du droit à l'avortement dans certains États américains a ainsi peu soulevé les foules ; en France, beaucoup de féministes se refusent à condamner fermement certaines pratiques religieuses, coups de canif donnés au pacte républicain, pour peu que celui qui tienne la lame soit croyant.
Aucune religion ne veut l'émancipation de la femme, aucune ne lui reconnaît les mêmes possibles qu'aux hommes, seuls existent des croyants humanistes conscients de ce que les textes ont à nous apprendre, et de ce qu'il faut savoir laisser sur le bord du chemin de l'universalisme. Tristane Banon est de ceux-là.
Depuis l'effondrement du bloc soviétique, les citoyens des démocraties pensaient que leur sécurité et leur avenir étaient garantis.
Les nations occidentales restaient persuadées de la supériorité et de la vocation universelle de leurs valeurs, de leurs institutions, de leurs technologies et de leurs armées. L'attaque de l'Ukraine marque un réveil difficile : le retour de la guerre et de ses atrocités en Europe.
Comme dans les années 1930, les démocraties n'ont pas voulu voir la dangerosité de leurs adversaires. Les régimes autoritaires ont profité des faiblesses de l'Occident pour se durcir politiquement et idéologiquement, depuis la Chine de Xi Jinping à la Russie de Vladimir Poutine. Ces deux empires partagent la détestation de la liberté politique et de l'Occident. Ils revendiquent la supériorité de leur modèle autoritaire pour faire émerger un nouvel ordre mondial...
Mais rien n'est perdu. Pour Nicolas Baverez, les démocraties conservent d'immenses ressources pour résister, à condition de surmonter leurs crises intérieures et de s'unir autour de la défense de leurs intérêts et de leurs valeurs. L'Occident doit reprendre conscience de son héritage et de son unité pour déjouer les menaces de ces empires autoritaires qui se sont fixées pour objectif sa liquidation.
Depuis #Metoo, le débat public semblait enfin admettre l'ampleur des violences conjugales, ces dernières ayant quitté les colonnes « faits divers » pour être traitées dans la presse comme un fléau de société.
Pourtant, les féminicides se poursuivent, et les avancées conquises de haute lutte sont remises en question à la moindre affaire. Chacun y va de son assertion navrante, de son idée reçue. Mais que faire quand les politiques s'expriment et jouent la petite musique des « juste une fois », ou quand ils servent avec absurdité des propos politiques sans lien avec la protection des femmes (« Les hommes qui mangent de la viande sont plus violents ») ?
Pour décrypter, analyser et démonter ces idées reçues, Marlène Schiappa a mené un travail minutieux de recherches, basé sur dix ans d'études officielles du ministère de l'Intérieur sur les « morts violentes au sein du couple », jamais à ce point mises en perspective. « Être tuée par amour », « les policiers ne prennent plus les plaintes », « le harcèlement de rue, ça n'a rien à voir » : chaque idée reçue est déconstruite à l'aide de pourcentages, chiffres et affaires.
Sans tabou ni a priori idéologiques, Stéphane Amar décrypte l'« exception israélienne », qui dérange autant qu'elle fascine. Nationaliste quand l'Occident tourne le dos au nationalisme, colonisateur quand l'Europe décolonise, religieux quand le Vieux Continent se déchristianise... depuis sa création, Israël est un pays à part, à contre-courant dans tous les domaines. Parti de rien, son peuple a bâti en moins d'un siècle un État puissant, craint et respecté, à la santé économique insolente. Revers de la médaille?: son expansionnisme lui coûte un prix exorbitant en termes d'image, fracturant de plus en plus la société et rendant le conflit israélo-palestinien insoluble. Jusqu'où va et peut aller Israël ? Pour comprendre ce qui s'y joue vraiment, Stéphane Amar convoque Theodor Herzl et David Ben Gourion, analyse la politique d'immigration et nous dévoile les plans des architectes de la colonisation et des exaltés du troisième Temple de Jérusalem. Entre moments clés de l'Histoire et actualité brûlante, il signe une enquête au plus près de la réalité de cet État si controversé.
La BPF (ex-Brigade de protection des mineurs) est cette unité de police si particulière qui recueille les témoignages souvent terribles d'enfants et adolescents victimes de violences physiques, morales et psychologiques, et mène les enquêtes. Le journaliste Claude Ardid a passé deux mois en immersion totale à la BPF de Marseille, aux côtés des flics hors du commun qui y font leur devoir nuit et jour : la section intrafamiliale spécialisée dans les maltraitances psy et les comportements incestueux ; la section opérationnelle en charge des dossiers de moeurs, de prostitution et de disparitions inquiétantes ; le groupe Internet, authentique tour de contrôles de contenus pédopornographiques ; et les groupes de nuit. Un travail acharné de gardes à vue, d'auditions et de surveillance mené en collaboration avec des juges et magistrats qui ont aussi ouvert leurs portes à l'auteur.
Cette enquête inédite met en évidence une terrible réalité : les chiffres explosent. Toujours plus de coups, de mômes esquintés, de jeunes filles obligées de faire le trottoir. Mais elle met aussi en lumière l'investissement, l'abnégation, le sens du devoir uniques de ces fonctionnaires de police (beaucoup sont des femmes) dont la mission, souvent une vocation, est aujourd'hui plus qu'essentielle face à la montée en puissance de l'indicible.
Spécialiste des États-Unis, l'historien André Kaspi nous invite à une promenade personnelle, originale et passionnante à travers quatre siècles d'histoire américaine. Son ambition : faire redécouvrir, dans une approche toute personnelle, ce pays qui nous influence, qu'on l'admire ou qu'on le déteste.
Il nous raconte ainsi la guerre de Sécession, l'immigration de masse, l'essor du capitalisme, la guerre froide, le maccarthysme, ces événements majeurs qui, selon lui, n'ont pas fini d'exercer leur influence sur notre époque ; il revient aussi sur les parcours uniques de Washington, Franklin, La Fayette, Lincoln, Roosevelt ou Kennedy, ces personnalités hors du commun qui ont laissé une forte empreinte sur leur temps mais aussi sur le nôtre.
Que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou pas, les États-Unis pèsent sur notre vie quotidienne, nos habitudes, notre culture. Admirés ou détestés, si différents de l'Europe et, pourtant, si proches, ils nous posent des questions sur notre présent et sur notre avenir. Comment pourraient-ils nous laisser indifférents ?
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements.
Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La « vraie vie » n'est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l'a vantée la sagesse.
Elle n'est surtout pas dans les boniments du « Bonheur » et du développement personnel qui font aujourd'hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu'une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c'est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l'enjeu crucial - mais si souvent délaissé - de la philosophie.