Méconnue en France jusqu'à encore récemment, l'écologie profonde est un courant de pensée majeur de l'éthique environnementale, qui inspire de nombreux mouvements de défense de l'environnement. Nous la devons au philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009), qui commence à la théoriser en 1973 et qui en est le principal représentant.
Mais pourquoi « profonde » ? Par contraste avec celle que Næss qualifie de « superficielle », autrement dit une écologie de surface, vainement anthropocentrée et tournée vers des objectifs à court terme. Or lorsque nous pensons le lien qui nous unit à ce que nous avons pris pour habitude de nommer « la nature », nous devrions prendre en compte des considérations plus profondes touchant aux principes de diversité, de complexité, d'autonomie, de décentralisation, de symbiose, d'interdépendance et d'égalitarisme.
Mathilde Ramadier revient sur ce courant de pensée qui questionne métaphysique, ontologique et éthique sur l'écosphère dans son ensemble, et nous montre comment l'écologie profonde peut nous aider à penser l'avenir de l'humanité par la réalisation de soi-même dans de ce grand tout, et bien sûr à entrer en action.
Le conflit israélo-arabe, dont l'actualité est surabondamment couverte par les médias, demeure paradoxalement mal connu dans sa genèse, recouverte par des strates d'une histoire mythifiée, légende dorée des uns, légende noire des autres.
C'est au sortir de la Première Guerre mondiale que se cristallise ce qui n'est pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un « conflit religieux » et d'innombrables polémiques sur la nature du projet sioniste. Mais c'est en étudiant la façon dont, bien avant 1914, le conflit prend forme au sein des élites arabes, dans la vieille communauté juive séfarade et parmi les sionistes d'Europe orientale, que se dessinent les enjeux et les discours du XXe siècle.
Ces discours, dominés par la propagande, Georges Bensoussan montre qu'ils sont à mille lieues d'une véritable connaissance historique enracinée dans la longue mémoire des peuples. Ce faisant, il met en lumière l'importance de l'histoire culturelle et de l'anthropologie dans la connaissance d'un conflit vieux de cent quarante ans, dont aucun des schémas explicatifs classiques (du « nationalisme » au « colonialisme » et à l'« impérialisme ») n'est véritablement parvenu à rendre compte.
Dans l'Inde ancienne, il n'existe pas de mot sanskrit pour parler de « mythes ». Ce que nous désignons comme tels était considéré par les Indiens, au moins jusqu'au XIXe siècle, comme des histoires réelles expliquant un rite ou donnant un cadre de pensée aux actions et aux comportements de tout un chacun. Il faut dire que, dans le monde indien, les histoires de dieux et de héros, mais aussi d'animaux et de plantes, irriguaient toutes les branches du savoir, et passaient pour des sortes de guides à l'usage de la vie quotidienne.
Ces 100 légendes sont l'occasion d'explorer la culture et la religion de l'Inde, en l'occurrence l'hindouisme, qui est pratiqué par environ 80 % de la population. Des différentes versions sous lesquelles on les connaît, seules ont été retenues les plus célèbres ou les plus intéressantes.
Du démon ??i, que Siva parvient à tuer au moyen d'un foudre accroché à son pénis (!) jusqu'aux Yogini, ces sorcières aux redoutables pouvoirs, en passant par Ga?esa, le dieu à tête d'éléphant créé à partir des sécrétions de la peau de Parvati, ou encore à Narasi?ha, l'homme-lion quatrième avatara de Vi??u, Alexandre Astier nous convie à un fabuleux voyage au pays des vaches sacrées.
Longtemps méconnu et mal-aimé, Louis-Napoléon Bonaparte, dernier empereur des Français, connut le règne le plus long, après Louis XIV, de l'Histoire de France. Le retour de l'Alsace-Moselle dans le giron national apaisa en partie les ressentiments à son égard. Des nouvelles recherches universitaires donnent actuellement, du souverain, une vision plus objective.
L'oeuvre freudienne est l'une des plus importantes contributions intellectuelles du XXe siècle. Impossible d'en limiter les répercussions à la seule pratique de la psychanalyse. Elle a donné une consistance sans pareil à la phrase de Rimbaud : « Je est un autre. » L'homme intérieur n'est pas le même avant Freud et après lui. Qui peut encore accuser la fatigue d'être la cause de nos lapsus ?
De cette oeuvre, Jacques André extrait 100 mots comme autant de balises pour s'y orienter. Des mots qui sont tantôt des concepts (inconscient, refoulement...), tantôt des termes de la langue commune dont la psychanalyse a enrichi ou déplacé le sens (jalousie, mort, négation...). Et parfois des mots qui sont des noms dans la culture de l'homme Freud (Acropole, Hamlet, Léonard de Vinci, Méphisto...).
Ce qui frappe, c'est que seule la mort viendra mettre un terme à la réflexion de Freud, perpétuellement remise en question, sur tous ces mots dont la définition est restée ouverte. Ces « 100 mots » espèrent être fidèles à cette pensée en mouvement.
Compilée dans le Kojiki et le Nihon shoki sur ordre impérial au seuil du VIIe siècle, la mythologie japonaise est presque sans équivalent en Asie : d'une ancienneté avec laquelle seules les traditions chinoises peuvent rivaliser, elle préserve la mémoire de la culture archaïque du Japon tout en constituant un véritable conservatoire de presque toutes les mythologies de l'Asie de l'Est et du Nord-Est.
Terra incognita pour l'Occidental qui, tel Alexandre, ne s'aventure jamais au-delà du monde indien, la mythologie japonaise est pourtant d'une richesse et d'une originalité qui ne le cèdent en rien à ses homologues gréco-romain, nordique ou hindou.
De la création de l'archipel par le couple incestueux Izanaki et Izanami à la descente sur Terre de l'ancêtre de la lignée impériale, en passant par l'origine de la mort ou des céréales, la querelle entre la déesse du Soleil et le trublion cosmique Susanowo, ces légendes, loin d'être un fossile culturel, sont le témoignage d'une pensée mythique restée bien vivante.
Parce qu'elle s'étend de l'Est européen à l'océan Pacifique, la Russie est à la croisée des grandes aires géopolitiques mondiales. Au sud, le Moyen-Orient est perçu comme un arc de crise en proie à l'islamisme, dont les contrecoups se répercutent dans le Caucase, en Asie centrale et dans les républiques musulmanes de la Volga. Au nord, l'océan Arctique semble retrouver la valeur géostratégique qui était la sienne pendant la guerre froide. À cette immensité répondent les ambitions du pouvoir russe. Son projet ? Redonner à la Russie un statut de puissance mondiale, en opposition à l'Occident. Expliquer la géopolitique vue de Moscou, montrer son enracinement dans l'histoire, éclairer les implications de ces conceptions et leurs modalités pratiques en analysant l'évolution des politiques russes, tel est l'objectif de cet ouvrage.
Entre la vache Audhumla et le loup Fenrir, entre le frêne Yggdrasill et le dragon Fáfnir, les sombres forêts du Nord de l'Europe et les rivages des mers froides sont peuplées d'être merveilleux et fantastiques qui n'en finissent pas de nous fasciner.
Après la mythologie grecque, la mythologie nordique, popularisée par Wagner depuis la fin du XIXe siècle, est celle qui a fourni le matériau mythique le plus important. Ses fables et ses légendes ont été principalement consignées dans des sources littéraires, surtout dans l'Edda de l'Islandais Snorri Sturluson (1178- 1241), l'Islande étant le véritable conservatoire des antiquités nordiques.
À partir de 100 mots, Patrick Guelpa nous propose d'aller à la découverte d'un monde enchanté, où se côtoient dieux et déesses, Ódhinn, Thor et Freyja, monstres, valkyries, géants et nains, elfes et fées...
Depuis novembre 2013, l'Ukraine est au coeur de l'une des plus graves crises que le monde a connues depuis la fin de la guerre froide. À l'origine de ces événements ? Son rapport à l'Europe d'un côté, à la Russie de l'autre. Dans cet essai, Emmanuelle Armandon se donne pour objectif d'interroger l'évolution des relations que Kiev entretient avec ses deux principaux partenaires depuis 1991. Décrivant les grandes étapes qui ont marqué la politique étrangère du pays, elle met en lumière la complexité et la pluralité des jugements que les citoyens portent sur les grandes orientations qu'ont impulsées les gouvernements successifs. Preuve que la construction de ce jeune État, né après soixante-dix ans de soviétisme, est loin d'être achevée...
Pour le public français, la Chanson des Nibelungen évoque à peine plus que de lointaines sagas germaniques peuplées d'elfes évoluant dans de sombres forêts de l'Est de l'Europe ou aux confins légendaires de contrées du Septentrion impossibles à situer sur une carte. Aux adorateurs de Richard Wagner, elle dira forcément un peu plus. Pourtant, le maître de Bayreuth en a largement réinventé la matière. Quant au terme « Nibelungen », de Nebel (brume, brouillard...), il est même intraduisible. Est-ce un domaine, un empire, un peuple ? Peut-être les trois à la fois. Joël Schmidt, conjuguant ses talents d'écrivain et d'historien, nous conte cette fabuleuse histoire à partir des versions des trois manuscrits qui sont parvenus jusqu'à nous, en moyen et haut allemand. Mettant au jour les origines de la Chanson, il démontre comment ces légendes, colportées par des anonymes, ont ensemencé l'imaginaire populaire. Qu'en ont fait les trouvères et les troubadours ? Comment les artistes s'en sont emparé, de Richard Wagner à Fritz Lang ? Qu'en ont fait l'idéologie et la politique ? Une immersion dans un monde merveilleux qui ravira les amateurs de mythologie nordique.
Si l'Europe ne constitue pas un acteur géostratégique global, elle n'est pas non plus réductible à une simple expression géographique. Berceau de la civilisation occidentale, elle est située à la croisée des menaces, dont certaines portent sur son existence même.
Face à cette situation paradoxale, quels leviers mettre en oeuvre ? Une confédération européenne fondée sur la libre collaboration des nations et le « partage du fardeau » au sein de l'Alliance atlantique ne pourrait-elle pas relever les défis qui se posent à elle ?
Jean-Sylvestre Mongrenier livre ici une étude rigoureuse, conduite à différentes échelles spatiales et temporelles, de l'environnement stratégique du Vieux Continent, dont les tenants et les aboutissants sont plus que jamais d'actualité.
Depuis quelques années, la permaculture connaît un véritable engouement. Face à l'urgence de changer nos manières de produire de la nourriture, elle attire autant qu'elle interroge. Qu'est-elle au juste?? Une science?? Une méthode de conception?? Un ensemble de techniques agricoles?? Une philosophie?? Probablement est-elle tout cela à la fois. Née dans les années 1970 au coeur de la première vague de prise de conscience écologique, la permaculture est une proposition forte, une réponse positive aux défis sociaux et environnementaux de notre temps. Après en avoir exploré la généalogie, Nelly Pons présente les fondements théoriques et éthiques de la permaculture, ainsi que ses différents domaines d'application. Des jardins aux entreprises, des microfermes à l'urbanisme, ses principes pourraient nous permettre d'inventer la société de demain.
Savez-vous ce qu'est le Tanakh et ce qui le compose ? Connaissez-vous la figure de Flavius Josèphe, de Moïse Maïmonide ou de Rashi ? Si les mots « Talmud » et « Kabbale » vous sont familiers, savez-vous réellement ce qu'ils désignent ? Le judaïsme est autant présent dans notre paysage culturel qu'il demeure méconnu. De la figure centrale d'Abraham à nos jours, nombreuses sont les personnalités qui ont construit et pensé cette religion millénaire, premier monothéisme institué, fait de rites et de croyances qui ont influencé de larges pans de notre civilisation. En 100 mots aussi variés que « Abraham », « hassidisme », « rédemption », « mezouzah » ou « calendrier », José Costa et Simon Mimouni nous invitent à découvrir non seulement les origines, mais aussi les principales figures, rites et caractéristiques d'un pilier de la culture occidentale. Une entrée en matière éclairante par les mots et les choses.
Longtemps, ce que l'on a su de l'histoire de Jérusalem, on l'a tiré des auteurs antiques, des témoignages des premiers pèlerins chrétiens et, bien sûr, de la Bible. Mais à partir de 1863, date à laquelle des fouilles sont entreprises sur le site même de la ville sainte, l'archéologie a profondément renouvelé notre compréhension.
Michaël Jasmin relève le défi de retracer quatre millénaires d'une histoire aussi chahutée que fascinante. Intégrant les dernières découvertes archéologiques qu'il fait dialoguer avec les sources les plus diverses, il met au jour les dynamiques urbaines et religieuses propres à la cité des trois monothéismes.
Apparu à la fin du XIIIe siècle sous le règne d'Osman Ier, fondateur de la dynastie éponyme (arabisée en « ottoman »), l'Empire ottoman a été, durant plus de six siècles, une des principales puissances du monde méditerranéen. Après avoir conquis les Balkans et pris Constantinople en 1453, les Ottomans connaissent leur apogée sous Souliman le Magnifique : leur flotte est réputée invincible, ils contrôlent une majeure partie du bassin méditerranéen, et leur empire s'étend de Vienne à Aden, de Tlemcen à Bakou. Véritable pont entre l'Orient et l'Occident, l'Empire ottoman a permis des mélanges culturels et des interactions durables et féconds, mais a aussi incendié Moscou, assiégé Vienne et combattu contre les Perses, les Polonais et les Kabyles. Allié à l'Allemagne, l'empire disparaît au lendemain de la Grande Guerre, et voit son territoire disloqué entes les puissances occidentales. Edhem Eldem retrace l'histoire d'un empire séculaire, qui a esquissé une synthèse de l'Orient et l'Occident du XIIIe au XXe siècle.
Depuis quelques années, les violences de genre sont regroupées sous l'expression générique : « violences sexistes et sexuelles ». Nouveau syntagme, parmi d'autres, introduit dans l'espace public et médiatique notamment à la faveur du mouvement #MeToo, qui leur a donné une visibilité sans précédent. Mais comment les définir et que recouvrent-elles exactement ? Quelles formes prennent ces violences et dans quels espaces ? Quelles réponses politiques, sociales et juridiques y apporter ? Charlotte Buisson et Jeanne Wetzels proposent un éclairage sur des notions et des mécanismes parfois méconnus ou mal compris, et pourtant essentiels à l'appréhension de leurs enjeux. En mobilisant des notions provenant d'horizons très variés (français, internationaux, académiques, juridiques, militants, etc.), elles mettent en évidence les différentes façons de penser les violences sexistes et sexuelles, mais aussi les débats dont elles sont l'objet. Voici quelques clés de lecture pour donner à tous les moyens de mieux comprendre et d'analyser des violences à la fois injustifiables et néanmoins explicables.
La littérature engagée a ses hauts faits, ses hérauts, ses heures de gloire ; elle a bâti la renommée internationale d'une certaine littérature française, mais suscité aussi des controverses et essuyé bien des critiques. Une chose est sûre, cette littérature a donné lieu à une production aussi riche qu'inventive qui prend au sérieux des questions fondamentales : pourquoi écrit-on ? Quels effets peut avoir la littérature sur nous et sur le monde comme il va ? Quel est le rôle de l'écrivain dans la cité ? Et, in fine, peut-on vraiment faire de la politique avec des oeuvres littéraires ?
De Voltaire à Émile Zola sans oublier Jean-Paul Sartre ou Toni Morrison, Sylvie Servoise trace le cheminement de l'engagement littéraire depuis ses prémices au XVIIIe siècle jusqu'à nos jours. Elle propose aussi une analyse des gestes d'écriture propres à l'écrivain engagé (s'exposer, dénoncer ou défendre, agir ou faire agir) et montre ainsi comment la notion d'engagement a évolué à travers le temps, dans sa forme et dans ses objets.
Conflit atypique entre les États-Unis et l'URSS, alliés conjoncturels de 1941 à 1945, la guerre froide est l'histoire d'une opposition entre deux idéologies irréconciliables : le libéralisme et le communisme.
Analysant le processus d'entrée dans la guerre froide, la logique profonde des crises de Corée et de Cuba ou encore la course au nucléaire, Catherine Durandin passe en revue l'évolution des stratégies militaires, les étapes du dialogue américano-soviétique - entre chantages et accords ponctuels - et la façon dont les populations ont vécu le conflit.
Avec le mur de Berlin, le bloc soviétique a éclaté et l'URSS s'est effondrée. Mais depuis que l'OTAN s'étend à l'Europe centrale et orientale, la guerre froide est-elle réellement derrière nous ?
Où se trouvent les champs Élysées ? Qui rejoignons-nous quand nous tombons dans les bras de Morphée ? Quelle est la vraie histoire du complexe d'OEdipe ?
Que risquons-nous à ouvrir la boîte de Pandore ? De quoi le narcissisme est-il le nom ?
La langue de tous les jours est allée puiser dans la mythologie grecque, et chez sa petite soeur, la mythologie romaine, pour donner de la chair à des réalités qui, sans elles, auraient sans doute moins de charme et de saveur.
À partir de 100 mots, ce sont autant d'histoires que nous conte Joël Schmidt.
Ces récits souvent méconnus, ou que l'on croit connaître, nous plongent dans l'univers des Anciens, un univers souvent drôle et toujours poétique, peuplé de dieux et de nymphes, chargé de signes et de sens, qui est le berceau de notre civilisation.
L'histoire de l'Amazonie, dont le peuplement remonte à quelque 13 000 ans, est encore largement méconnue en France. Cette immense région de 7 millions de km2, qui a été le théâtre de développements humains remarquables et insoupçonnés, n'a pas encore révélé toutes ses richesses. De nombreuses innovations déterminantes y ont vu le jour, comme la première céramique du continent américain, la domestication de plus d'une centaine de plantes, et l'édification de structures monumentales et de systèmes agricoles élaborés. Mais au XVIe siècle, cet espace subit une brutale chute démographique indigène avec l'arrivée des Européens, qui marquèrent l'avènement de l'extractivisme dans ce creuset de biodiversité. L'Amazonie devint alors un gisement de bois et de minerais pour les Occidentaux. Menacée aujourd'hui d'un irréversible déséquilibre écologique, l'Amazonie a une histoire, qu'il est essentiel de retracer. Stéphen Rostain s'y emploie dans cet ouvrage, en se fondant sur les plus récentes avancées de l'archéologie, de l'histoire et de l'ethnohistoire.
Se promener dans la nature, boire son thé nature, être dans la nature des choses... Le mot « nature » est polysémique, insaisissable. Désignant tantôt l'environnement biophysique, tantôt l'essence des choses, et même Dieu chez Spinoza, la nature est un puissant outil de légitimation. Tout le monde s'en réclame. Jusqu'à Mein Kampf, dont l'idéologie raciste ne cesse de se justifier par la nature.
De nos jours, on aime la nature sauvage. On cherche à la protéger. Les sciences, d'ailleurs, ont justement replacé l'être humain dans la nature, parmi les autres vivants. Mais s'interroge-t-on sur la place du naturel en nous ? Poser la question devient vite intellectuellement suspect, moralement illégitime et politiquement dangereux, tant est grand le risque d'« essentialiser ».
Si l'écologie politique prétend parfois fixer une définition consensuelle du terme, la philosophie réinterroge en permanence l'idée de nature, ainsi que les images et les affects qui lui sont associés. C'est ce à quoi s'emploie Patrick Dupouey dans ces pages où il topographie et balise le champ sémantique d'une idée qui, à l'heure des périls pesant sur le climat et la biodiversité, est au coeur du débat public.
Selon le philosophe allemand Ernst Cassirer (1874-1945), être historien, c'est d'abord apprendre à lire. À lire une langue, à déchiffrer un monde, à cartographier un univers mental : celui des hommes et des femmes du passé. Donc, contrairement aux idées reçues, l'histoire n'est pas qu'une affaire de dates, elle est aussi affaire de mots.
Johann Chapoutot en a sélectionné 100 pour sensibiliser le grand public à une discipline au coeur du débat d'idées contemporain, et qui s'est construite comme une science, avec son épistémologie (l'historiographie), mais une science bien littéraire, dont l'objet n'est rien de moins que le temps !
Voici le petit livre d'un historien chevronné qui, en amoureux du gai savoir, vous fera entrer dans l'histoire...
Au début du XVIe siècle, certains chrétiens, « protestant » contre ce qu'ils considèrent comme des abus de Rome, ébranlent l'unité de l'Église. De ce conflit théologique découle une crise politique sans précédent, dont les guerres de Religion sont la traduction sanglante.
Complots, attentats, massacres, guerre des mots et des images... De la mort d'Henri II à la signature de l'édit de Nantes, c'est cette histoire, douloureuse mais féconde sur le plan des idées politiques, que Nicolas Le Roux raconte avec verve, mettant au jour le rôle crucial que cette période troublée a joué dans le renforcement du pouvoir royal et dans l'avènement de la modernité.
Pour les contemporains, une question s'est posée, qui n'a rien perdu de son actualité : le politique est-il un rempart suffisant contre les guerres menées au nom de la religion ?
La liberté d'expression est aujourd'hui considérée comme un gage de la bonne santé de la démocratie française. Est-ce à dire que la censure n'a plus cours ? N'existerait-elle pas sous de nouvelles formes ? Et si oui, quels en sont effets sur la société ? Selon les époques, les moyens d'expression et de diffusion des idées ont varié, et avec eux, forcément, l'attention des censeurs : si, du XVIe au XVIIIe siècle, le contrôle de la parole affecta particulièrement l'édition, ce contrôle s'est porté sur la presse et le théâtre au XIXe siècle. Puis ce fut au tour des médias audiovisuels d'être dans le viseur. Il est logique qu'aujourd'hui les autorités se soucient surtout des publications sur Internet... Laurent Martin décrit le fonctionnement des appareils de contrôle culturel en France, leurs logiques et leurs acteurs, analysant au passage les effets et contre-effets de ce contrôle sur la vie culturelle. Et si la censure produisait parfois l'inverse de l'effet escompté... ?