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Éditions de l'Observatoire
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Le gaslighting ou l'art de faire taire les femmes
Hélène Frappat
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 11 Octobre 2023
- 9791032927441
"Tu es sûre que tu vas bien ? Tu as l'air fatigué en ce moment. Et puis tu oublies beaucoup de choses..."
Gaslight, film fondateur réalisé par George Cukor en 1944, raconte le calvaire de Paula. Son mari la persuade qu'elle est folle en baissant progressivement la lumière des lampes à gaz pour installer l'obscurité dans la maison et les esprits... Le gaslighting désigne originellement une relation conjugale reposant sur la manipulation d'une femme par son époux. Il est devenu un mot-clé de la psychologie américaine, puis un outil critique du féminisme, avant récemment de définir un type de langage politique mensonger et la violence qui en découle. Le repérer, c'est d'abord pointer les abus subis par les victimes, le plus souvent des femmes, ainsi que le processus mis en oeuvre pour brouiller ce statut même de victime - le gaslighteur est maître dans l'art d'inverser les rôles. C'est ensuite élucider comment les fondements de la réalité, voire de la vérité, sont progressivement sapés. Car cette notion, qui permet de retracer comment les femmes ont été réduites au silence, est devenue une arme politique dangereuse. Hélène Frappat livre la première définition philosophique d'un mot au coeur de tous les débats de notre époque. -
«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas "être à sa place". Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
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La force du mou
Géraldine Mosna-Savoye
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 19 Octobre 2022
- 9791032923566
Le mou dégoûte, effraie, agace. Indécis et inconstant, il nous renvoie à notre propre dégénérescence. De la pieuvre à la morve en passant par l'apathie du flemmard, il indispose. Mais cette mollesse tant décriée est également matière de transition, elle évoque la fluidité, le flottant et la douceur, le réconfort d'un beignet moelleux. Et le temps du relâchement et de la contemplation n'est-il pas celui de la pensée créatrice ? Le mou est souple, insaisissable... dissident ! Sa réhabilitation, pourtant, n'est pas évidente. Les philosophes mènent la vie dure au mou : ainsi Alexis de Tocqueville conspue-t-il la « mollesse des moeurs » de l'homme démocratique, abêti et conformiste, et la fin des émotions nobles et brillantes. Jean-Jacques Rousseau n'est pas tendre non plus, lui qui déplore que les enfants soient « amollis avant que de naître par la mollesse des pères et des mères, [d']un tempérament déjà gâté ». Aujourd'hui encore, l'adolescent avachi dans son canapé inspire impatience et crispation. De la léthargie politique à la mozzarella, de l'impuissance aux tentacules, du coup de mou au pouvoir du jogging, la philosophe Géraldine Mosna-Savoye cherche à redonner sens et valeur au mou.
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La petite fabrique de l'inhumain
Marilyn Maeso
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 13 Octobre 2021
- 9791032906026
Marylin Maeso revisite La Peste de Camus pour saisir, à la racine, les rouages de la déshumanisation. « Inhumain » ne se prononce pas à la légère. Dans l'imaginaire collectif, ce mot convoque les images sidérantes que charrient la guerre, la torture, le terrorisme et toutes les horreurs qui sèment ruines et charniers dans le sillage de l'Histoire. On le réserve ainsi à des phénomènes suffisamment anormaux pour revêtir à nos yeux l'apparence d'un scandale absolu. Et d'une anomalie provisoire. Est-il pour autant l'exception ? À la fin de La Peste, Camus nous mettait en garde contre le fléau éponyme qui « ne meurt ni ne disparaît jamais ». En proposant une autre lecture de ce roman et une galerie de portraits des petits pestiférés de notre époque - l'« identitaire », le « corporatiste », le « confusionniste » -, Marylin Maeso nous invite à repenser l'inhumanité non comme une calamité tombée du ciel à la manière d'une malédiction, mais comme une partie de nous-mêmes. Pour elle, l'inhumain est ce poison que nous distillons quotidiennement sans le moindre soupçon, jusque dans nos discours et nos modes de pensée. Et la vraie maladie, notre incapacité à le percevoir en-deçà de ses manifestations spectaculaires.
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Phénomène universel et pourtant peu traité par les grands écrivains et philosophes, la fatigue est le démon mesquin de la quotidienneté. Comment vivre avec elle, qui rend parfois si difficile la vie ? Est-il possible de pratiquer les vertus d'Aristote (le courage, la tempérance, l'altruisme) quand nous sommes épuisés ? La fatigue n'élargit-elle pas l'écart qui toujours existe entre ce que nous sommes et ce que nous devrions, ou voudrions être, nous qui ne sommes ni des héros ni des saints ? Pour Éric Fiat, ce n'est pas en luttant contre elle, mais en composant avec elle qu'il est possible de nous en faire une amie. Car s'il existe de mauvaises fatigues (dont le burn out est la plus méchante des formes), ne désespérons pas d'en vivre aussi de bonnes. Le philosophe montre alors qu'il n'est pas impossible à un homme fatigué un mardi après-midi pluvieux de novembre d'aimer encore la vie. Et entonne une ode à la fatigue pleine de musique et d'humour : distinguée de la paresse (qui est une sorte de fatigue par anticipation ou une anticipation de la fatigue), la fatigue a une puissance de décantation qui peut révé- ler la beauté des visages que le temps a altérés...
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Indignation totale ; ce que notre addiction au scandale dit de nous
Laurent de Sutter
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 28 Août 2019
- 9791032904138
Et s'il était temps de cesser de vouloir avoir raison et d'apprendre à avoir tort ? Notre époque est celle du scandale généralisé. Du matin au soir, du bureau au bistrot et des vacances aux dîners de famille, il n'est de circonstance qui ne nous fournisse pas l'occasion de nous indigner. Tantôt le scandale est politique, tantôt il est économique ; tantôt il est moral, tantôt il est religieux ; tantôt écologique, tantôt esthétique. Tous les domaines de la vie semblent désormais être affectés par des imperfections, des bêtises, des horreurs suscitant notre rage plus ou moins vertueuse. Que signifie un tel réflexe d'indignation ? Que dit-il de nous - et, surtout, de la manière dont nous pensons ? Pour le philosophe Laurent de Sutter, ce que l'indignation incarne n'est peut-être rien d'autre que l'impasse de ce qui pourtant la nourrit : notre obsession pour la raison. L'âge du scandale est l'âge du triomphe de la raison. Si l'on veut en finir avec le premier, il faut donc se demander comment on peut parvenir à se débarrasser de la seconde !
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Qu'elles soient joyeuses ou tragiques, visibles ou non, les ruptures rythment notre existence, nous transforment, nous remettent profondément en question. Comment conjuguer ces « bifurcations » de nos vies que sont les ruptures avec l'idée de notre identité, une et constante ? Nous révèlent-elles la multiplicité de nos identités possibles, ou le fait que nous nous affirmions progressivement, au fur et à mesure de ces « accidents » de la vie ? Nous épurent-elles ou nous démolissent-elles ? Pour la philosophe Claire Marin, la définition de notre être est tout autant dans nos sorties de route que dans nos lignes droites, dans les accrocs au contrat que dans le contrat lui-même. Naissances ou deuils, séparation ou nouvel amour, besoins d'ailleurs : nos oscillations, nos vacillements fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes, certes. Mais ils soulignent aussi fondamentalement la place de l'imprévisible, et questionnent notre capacité à supporter l'incertitude, à composer avec la catastrophe et, en les surmontant, à parfois démarrer une nouvelle vie.
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Les conspirateurs du silence
Marylin Maeso
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 28 Février 2018
- 9791032901670
Et si nous vivions dans une société bavarde où le dialogue n'existe plus ? Marylin Maeso, jeune philosophe camusienne, y voit un vrai danger.
Polémiques systématiques, procès d'intention, culture de l'esquive... : médias et réseaux sociaux se prêtent de plus en plus à un étrange jeu du silence, sorte d'accord tacite par lequel les camps adverses en arrivent à conspirer à leur insu pour créer un univers caricatural où la communication est rendue impossible. Où l'on trouve des mascarades de débat à foison, où tout est joué d'avance, et où il s'agit bien plus de cataloguer péremptoirement l'adversaire afin de délégitimer son propos que d'écouter ses arguments et d'y répondre.
Dans cet ouvrage décapant, Marylin Maeso analyse les mécanismes et les enjeux de ce phénomène. Pour elle, le fait que notre époque soit à la fois celle de l'hyper-connectivité et celle de la substitution de la polémique au dialogue n'est pas le moindre de ses paradoxes ! -
La grande expérience ; les démocraties à l'épreuve de la diversité
Yascha Mounk
- Éditions de l'Observatoire
- La relève
- 19 Janvier 2022
- 9791032916476
Les démocraties monoculturelles et monoethniques disparaissent petit à petit au profit de sociétés plus « diverses ». Pour beaucoup, à droite mais aussi à gauche, les risques sont là : échec de l'intégration, baisse de la croissance économique, montée des populismes, de la discrimi-nation... Comment préserver dans ce cas la stabilité de nos démo-craties ? Laisser les minorités à la marge, comme le prônent les uns ? Patienter et attendre une homogénéisation culturelle - qui n'adviendra jamais -, comme le fantasment les autres ? Pour Yascha Mounk, une seule solution est envisageable : réussir l'intégration des diversités dans nos démocraties, selon lui la « grande expérience », le grand défi politique de notre époque. S'appuyant sur des exemples concrets issus de ses recherches sur le terrain, des États-Unis au Brésil, en passant par le Japon et la Hongrie, le politologue montre que l'optimisme peut être de mise : implication citoyenne et politique, empathie, solidarité, patriotisme... permettent, partout dans le monde, des avancées démocratiques salutaires. Dans la ligne de son best-seller Le Peuple contre la démocratie, Yascha Mounk, alliant rigueur universitaire et talent narratif, pose ici les jalons de ce qu'il considère comme l'enjeu du XXIe siècle à ne pas manquer.