Eté 1940 : la France est occupée. Certains pourtant refusent la fatalité : à Paris, au coeur du musée de l'Homme, quelques ethnologues se réunissent, bientôt rejoints par des gens de tous horizons - avocats, religieuses ou garagistes. Autour de Boris Vildé, d'Anatole Lewitsky, d'Yvonne Oddon, ces visionnaires posent les bases de la lutte qui mènera à la Libération : évasions de prisonniers, passages vers l'Angleterre ou la zone libre, et publication d'un journal clandestin, Résistance.
Mais ces insoumis de la première heure seront bientôt trahis, dénoncés à la Gestapo et, pour beaucoup d'entre eux, exécutés. Avec Des Vivants, Raphaël Meltz et Louise Moaty proposent un scénario d'une grande richesse et d'une profonde intégrité : aucun dialogue n'a été inventé, les paroles prononcées par les personnages sont les leurs. Au terme d'une vaste plongée dans d'innombrables documents d'époque - mémoires, lettres, témoignages, entretiens, journaux...
- ils composent ce récit en s'effaçant derrière la sincérité et la force de ces voix disparues. Simon Roussin, grâce à une mise en scène subtile et un dessin d'une grande maîtrise, redonne vie à ces fragments d'Histoire, déployant avec justesse tout leur souffle romanesque. Ensemble, ils composent une fresque puissante, rigoureuse et émouvante. Surgi très tôt, trop vite détruit, le réseau du musée de l'Homme est peu à peu sorti de la mémoire collective.
Cet album hors normes, à la fois enquête historique, roman de guerre et épopée grandiose, rend ainsi hommage à des hommes et des femmes emportés un jour par cette injonction formidable : résister. Une folle audace autant qu'une évidence ; l'unique moyen, au-delà de tout, de rester vivants.
Traversant Bruxelles-City d'un pas hésitant, ignorant les conseils d'un vieux sage, B cherche A. Garçonne, venue en calèche, sourde aux avertissements d'une comparse de voyage, A cherche B. A l'Hôtel Métropolis, A se cacherait sous le doux nom d'Incartade. B, enchaîné à un poteau, capturé par des Indiens de cinéma, ne peut que la voir s'échapper à l'horizon. Leur quête se poursuit jusqu'à ce qu'ils se retrouvent, s'abandonnant ensemble dans une profonde intimité, ouvrant la voie à un amour intense, absolu. Dans ces pages somptueusement réalisées, dans une mise en couleur directe à l'encre, un couple se cherche, se forme et cherche à se donner forme. Après La volupté, ou C'était le bonheur, Blutch célèbre la rencontre amoureuse, dans une romance traversée par un sentiment d'urgence, vécue sur un rythme haletant.
" Mais... Manel Naher, c'est moi ! " Qui est donc cette autre Manel Naher, qui fait la Une des journaux ? Elle fait de l'ombre à Manel Naher, la vraie Manel Naher, l'héroïne de cette histoire ! Elle ne se rend pas compte qu'elle la met en danger, la vraie Manel Naher, en ayant tout ce succès ? Vous comprenez, si tout le monde se met à penser à cette Manel Naher qui devient célèbre, au lieu de penser à Manel Naher, qui passe ses journées au fond d'une petite librairie...
Eh bien : on risque de l'oublier, notre Manel. Et dans ce monde, si l'on ne pense plus à vous, alors vous mourrez, tout simplement. Penser à quelqu'un, c'est lui donner de la Présence. L'horizon, ici, est barré par les milliers de noms qui s'affichent de toutes parts, et les mendiants ne quémandent qu'une seconde d'attention... Survivre pour certains, devenir Immortel pour d'autres : c'est la Présence qui fait tourner cette ville tentaculaire.
Manel, elle, tournerait volontiers le dos à tout ça ; mais là-bas, au delà des grattes-ciel, il n'y a que le Grand Vide, d'où personne n'est jamais revenu... Léa Murawiec met ici son dessin virtuose au service d'un récit riche et lumineux, au rythme bouillonnant. Son talent et sa maîtrise illuminent ce premier livre enthousiasmant, et on se laisse avec bonheur emporter dans ce Grand Vide !
Sous l'oeil hautain d'un chat impassible, l'auteur avance, hésitant, essayant - vainement - d'échapper aux affres de la Création pour trouver le chemin du succès ! Pendant ce temps, l'éditeur travaille d'arrache-pied sur de nouveaux concepts : poésie pratique ; théories conspirationnistes de plages ; classiques résumés pour lecteurs pressés ! Le libraire, lui, tient bon la barre entre les avalanches de cartons et les demandes impossibles de son alter-ego infernal : le lecteur. Et les bibliothécaires ? ils poussent leur chariots, sans bruit, seuls à savoir qu'ils dominent dans l'ombre ce petit monde qui s'agite en vain. À grands coups de diagrammes abscons, de schémas absurdes et de strips hilarants, c'est le grand portrait du petit monde du Livre que Tom Gauld nous brosse ici, avec humour, finesse et intelligence ! Moins tatoué qu'Augustin Trapenard mais pas moins drôle que Bernard Pivot, Tom Gauld est publié chaque semaine dans le cahier littéraire du Guardian et il s'est imposé, en quelques années, comme l'un des auteurs incontournables du monde Anglo-saxon. Avec ce nouvel album, il nous offre de quoi réveiller notre rentrée littéraire... Lectrices, lecteurs, amoureux des livres de tout poil : voici votre nouveau livre de chevet !
"Voilà une histoire qui s'annonce délicieuse pour qui aime s'ennuyer. ", nous prévient-on au début de cette histoire. Tulipe, moine ventru et débonnaire, vit dans une communauté dirigée par le Prieur Cosmos. La vie est paisible au monastère, rythmée simplement par les heures qui défilent - celle du sermon, celle de la soupe, celle de la sieste. Pourtant, Tulipe et sa quiétude sont un jour troublés par le défi d'un arbre, sous lequel notre ours s'était assoupi : "- Au lieu d'en rêver vainement, auras-tu le courage d'aller trouver le véritable Jardin d'Eden ?" Ce Paradis, dont parle Cosmos dans son sermon, existe-t-il bel et bien? quelles fleurs prodigieuses trouvent-t-on dans ce jardin, quels oiseaux inconnus les butinent ? Tulipe surprend son monde et se met en mouvement ; son voyage lui réservera autant de rencontres étonnantes que découvertes émerveillées - et finalement, que l'Eden soit, ou non, au bout de son chemin, n'est peut-être pas le plus important... Dans ce récit surprenant, d'une grande finesse et d'une grande beauté, Sophie Guerrive nous fait le cadeau de faire vivre à son ours Tulipe une véritable aventure. On retrouve avec plaisir tous les personnages de son univers bien connu (Tulipe, 4 tomes parus), mais rien n'empêche un lecteur nouveau de se plonger dans cet album. Dépaysant ses voix dans un univers médiéval dont elle maîtrise aussi les codes, elle ajoute aux digressions poético-philosophiques de Tulipe une dimension spirituelle, avec pudeur, sensibilité et intelligence : Sophie Guerrive est au sommet de son art.
C'est toujours un plaisir de retrouver les personnages de Sophie Guerrive, sans doute les plus mignons et les plus attachants de la bande dessinée jeunesse.
Cette fois, en les voyant grandir et s'éloigner du nid, le lecteur sera pris d'une vive inquiétude. C'est cela, de regarder les enfants grandir ! Voilà que la froideur de l'hiver surprend le Club des Amis dans une cabane de bien piètre qualité. Enlisés sous la neige, ils n'ont soudainement plus d'abri. Tulipe, Crocus et Violette partent donc à la recherche d'une autre maison, à travers les bois sombres et froids, et trouvent refuge dans une grotte. Ce n'est pas très rassurant, surtout qu'un gros ours effrayant y habite et les oblige à fuir dans la forêt. Les amis se séparent malgré eux et Tulipe disparaît, encore une fois.
A la faveur du printemps, le ciel s'éclaircit, les collines se dégagent, et une maison apparaît au loin. Violette et Crocus prennent leur courage à deux mains, vont toquer à la porte, et tombent sur Tulipe ! Les trois amis se sautent au coup, mais Tulipe n'est plus tout à fait le même : il ne veut pas que Violette et Crocus rentre dans sa maison. Serait-ce la fin du Club des Amis ?
C'est toujours un plaisir de retrouver les personnages de Sophie Guerrive, sans doute les plus mignons et les plus attachants de la bande dessinée jeunesse.
Un buffle pousse de toutes ses forces sur la paroi, enfonçant sa tête dans la roche pour déplacer une île ; c'est qu'une comète, qui file dans le ciel, viendra bientôt heurter la surface et exploser ce bout de terre. Il le sait, il l'a vu dans ses rêves, c'est ce qu'il dit au varan qui le rejoint dans son effort.
C'est ainsi que commence ce récit, formé de plusieurs histoires courtes où les animaux occupent seuls le devant de la scène. Au fil de ces récits, on suit un étourneau perdu en pleine migration, une autruche qui doute, un jeune éléphant apprenant l'histoire du monde... Cet ensemble de paraboles d'une grande force d'évocation nous replonge dans les délices des fables de La Fontaine autant que dans les images tourmentées du Livre de la Jungle. Habilement, Jérémie Moreau parvient à décentrer notre regard et à dépasser l'apologue moral humaniste ; les animaux deviennent des vivants, aux existences et aux beautés singulières.
Après la Saga de Grimr et Penss, Jérémie Moreau, en pisteur qui sait lire les signes et les traces, continue d'explorer, dans ce Discours de la Panthère, les chemins qui mènent aux origines du monde.
« Maman m'a dit de me méfier des voitures et des méchants... mais pas des monstres ! » Quand on fait partie du Club des Amis, on ne boude jamais une aventure, et ça tombe bien : cette petite pluie devient déluge ! les eaux grondantes envahissent la grotte et le Monde tout entier ! Tulipe, Violette & Crocus se lancent avec courage à l'assaut des flots formidables... même si - Double-Fesse ! - rien n'est plus repoussant qu'une blissoire ! Et lorsqu'on est loin de sa maison, quand vient l'Hiver et qu'on s'inquiète pour Maman (qui est restée là-bas, de l'autre côté des sommets enneigés), on n'est pas trop de trois amis pour se tenir chaud.
Ensemble, on peut apprendre à construire une cabane ; apprendre à voler, à gravir des montagnes ; se retourner un instant et voir que le nid familial s'est éloigné... grandir, en somme. Les aventures du Club des Amis ont été récompensées par le Fauve Jeunesse au festival d'Angoulême 2021
"Méfie-toi des voitures et des méchants ! " Crocus le petit serpent fait un câlin à sa maman et part à l'aventure... Sur son chemin, il trouve des noisettes, des pommes, des champignons, mais surtout un ami : Tulipe l'ourson. Ensemble, l'hiver sera plus doux et le Monstre Malpoli sera moins effrayant ; en plus, Violette l'oiselle a eu une super idée : créer un club, un "Club des amis" ! Au fil de ce recueil d'histoire courtes, nos trois amis découvrent le monde et apprennent à grandir main dans la main : qui fait "cric-crac-croc" quand arrive le Printemps ? et que faire quand Tulipe disparaît ? Leur amitié se construit au gré de ces petites épreuves...
Et quand ça fait trop peur, la maman de Tulipe et ses tartes aux noix ne sont jamais bien loin ! Sophie Guerrive reprend avec bonheur les personnages emblématiques et attachants de sa série pour adultes "Tulipe" (3 tomes parus, ed. 2024). Elle nous fait découvrir leur enfance dans ce premier volume plein de tendresse et destiné aux plus jeunes lecteurs.
"Le loup et l'agneau partageront la même couche, mais l'agneau ne dormira pas beaucoup." Woody Allen. L'Ours Tulipe, contre son arbre adossé, regarde s'agiter vainement ses compagnons : Crocus le Serpent combat son anxiété par une activité de tous les instants, l'oiseau Violette cherche un moyen d'entrer en contact avec le Soleil, son amoureux, et le Caillou désespère de n'être qu'un caillou. La vie ? Un sacré sac de petits tracas et de grandes contrariétés. Mais comme le dit si bien Crocus, avec des pauses crêpes, ça passe. Dans cette fable pleine de tendresse, les grandes questions existentielles prennent corps, poils, plumes ou écailles. Crocus l'hyperactif, Dahlia la taupe timide, Tulipe l'ours stoïcien vivent des amours impossibles, aspirent à une existence enfin comblée. Dans la lignée des Peanuts ou de Mafalda, Sophie Guerrive invente des personnages attachants, symbolisant chacun une fragilité humaine. Tulipe est le reflet de nos névroses, de nos ridicules et de nos grandeurs, dépeints par des paroles sublimes et absurdes à la Nasr Eddine Hodja, où les figures du Savant, du Poète et de l'Idiot se confondent. Ce premier volume paru en 2016 sous un format réduit, inaugure la série Tulipe. Il sera suivi des Voyages de Tulipe, puis de Tulipe et les sorcières, qui clôturera le cycle à la rentrée 2019.
Après leurs mésaventures avec le monstre Ihi Aha, puis leur cohabitation compliquée avec un cochon, nos onze chatons préférés sont de retour pour de nouvelles aventures ! En route pour une partie de chasse aux pigeons, les onze chatons tombent sur une drôle de bête qui nage dans une flaque de boue. Incroyable, c'est un petit dinosaure qui fait « splitch, splatch, splotch ! ». Les onze chatons s'empressent de le renommer Splatch, et font connaissance avec leur nouvel ami. Mais jouer avec un dinosaure, même un bébé, n'est pas chose aisée pour onze petits chatons. Quand ils jouent ensemble dans la gadoue, les onze chatons manquent de se noyer ! Incorrigibles, les voilà qui veulent se venger et jouent un mauvais tour à Splatch... qui disparait dans la forêt ! Pauvres chatons, qui voudraient tellement revoir leur ami Splatch...
Tulipe est toujours sur le départ. Il ne rêve que d'une chose, c'est de prendre son sac à dos et d'arpenter le vaste monde. Mais il y a toujours quelque chose qui le retient : de nouvelles rencontres, ou les vaines tentatives d'escapades de Violette et Crocus, et l'arbre, bien sûr. D'ailleurs, pourquoi partir quand l'aventure s'invite elle-même à son pied ? Sous la forme d'un oeuf, le plus grand des mystères vient troubler la paisible inquiétude de nos petits camarades.
Quand ce n'est pas un oeuf qui refuse d'éclore, c'est une chauve-souris qui refuse de sortir de son trou, ou une oiselle en pleine crise de lissophobie ! Avec ce deuxième opus, les choses se confirment : l'arbre ne bougera pas, Tulipe pas tellement plus. Mais, comme le dit le proverbe, « Un voyage de mille lieues a commencé par un pas. » Mais lequel ?
Jim Curious est endormi, mais quelque chose se pose sur son visage... C'est une libellule, qui s'envole et prend la fuite à travers le miroir du salon ! Jim s'engage à sa suite et, soudain, une forêt puissante et ancestrale lui fait face ...
Au coeur d'une mangrove dédaléenne, sous les frondaisons lumineuses d'une forêt primaire, aux pieds de pins millénaires, Jim le scaphandrier entame un nouveau périple ! Il sillonne un champ de lentilles d'eau sans déranger grenouilles et crocodiles, se laisse guider vers les sous-bois par d'envoûtants papillons et s'avance dans la jungle... Majestueux et tendus vers le ciel, tortueux ou intrigants : les arbres forment le décor de ce nouveau voyage en trois dimensions ! Singes, toucans, tortues, serpents : les forêts vibrent de vie, et ces rencontres rythment la marche paisible de Jim Curious. Mais, sourdement, la présence de l'homme affleure - fait surface, et interroge... Sept ans après un premier Voyage au coeur de l'océan, Matthias Picard redonne vie au candide scaphandrier pour un nouveau conte muet et poétique ! Évoquant autant Gustave Doré que les affichistes psyché du Mouse Studio, son trait est toujours plus virtuose, et sa mise en relief magistrale. Les paysages se succèdent, d'une beauté formidable. Jim esquisse un sourire : il contemple, et c'est nous qui sommes émerveillés. Vendu avec deux paires de lunettes 3D anaglyphes.
Anathilde et sa soeur Rose ont invité leurs copains Émile et Philémon. Quand Anathilde leur raconte qu'elle a fait un voyage dans l'espace en compagnie du Roi de la Lune, Émile n'y croit pas trop - mais soudain, la fusée du manège, au parc, décolle réellement ! et nos quatre héros sont propulsés à travers le ciel pour un formidable voyage... Sur l'astre lunaire, ils visiteront la ville des Lunars et découvriront leurs étranges habitudes ; retrouveront ce coquin de Roi de la Lune, plus voleur de jouets que jamais, son immense dinosaure Croquette et, surtout, feront la connaissance d'un drôle de robot... Bérengère Cournut (De Pierre et d'os, Née contente à Oraibi, aux éditions du Tripode) et Donatien Mary (Le Premier Bal d'Emma, 2024, Commissaire Kouamé, Gallimard) reprennent les personnages du Roi de la Lune, paru en 2019 et primé à la Foire internationale de Bologne, pour une nouvelle aventure ! Toujours aussi éclatant, le dessin de Donatien Mary accompagne avec bonheur l'écriture enlevée de Bérengère Cournut, nous offrant ce nouvel album drôle et réjouissant !
Bien calé dans son scaphandre, Jim Curious plonge explorer les fonds marins. Dès son passage sous l'eau, l'image s'enrichit du relief grâce à des lunettes 3D. Jim descend, descend, descend, et nous l'accompagnons dans les profondeurs, où il croise poissons, monstres, et autres bêtes de plus en plus étranges... Mais rien ne l'arrête ! Il descend toujours, remontant le temps à mesure qu'il chute dans les profondeurs : épaves de la seconde guerre mondiale, vestiges d'un galion, cité perdue de l'Atlantide...
Jusqu'à découvrir les formes de vie les plus primitives, méduses étranges et monstres en tous genres... Jim Curious est une histoire muette destinée à un public de 7 à 77 ans. Deux paires de lunettes 3D sont glissées dans chaque livre permettant à l'enfant de lire le livre avec un parent. A mi-chemin entre bande dessinée et livre illustré, ce livre au graphisme et à la facture rappelant les ouvrages de Jules Verne, dispose d'une double-page de fin déployable en quatre volets.
A l'occasion de la republication de ce livre dans la collection 4048, la collection jeunesse des Editions 2024, Jim Curious plonge dans l'océan avec une nouvelle couverture !
Les saisons existent aussi au pays de Tulipe, et voici qu'arrive l'hiver. Un froid glacial s'abat, plongeant Tulipe et ses amis dans une torpeur et une mélancolie funestes. De menaçants loups apparaissent mêmes au dehors, repoussant Tulipe chez lui. Pour mieux le manger plus tard ? Sont-ils les gardiens d'une puissance hostile ? Les similitudes avec notre monde ne sont pas fortuites. Sophie Guerrive, toujours en délicatesse, offre un contrepoint subtil à l'expérience du confinement, sans sombrer dans l'écueil d'un propos politique littéral.
Chacun ira ici de son interprétation, et c'est là toute la force des pages de cette géniale autrice : Sophie Guerrive nous touche et nous interroge en même temps. Le langage et l'esprit de la série Tulipe est toujours bien ancré, mais il est indéniable que son territoire littéraire s'agrandit de livre en livre, en lorgnant sur les terres de Kafka et de Beckett.
Le petit monde de l'ours Tulipe continue de s'agiter à la surface de la terre. Comment faire pour affronter l'existence et ses affres ? Crocus le serpent s'avance dans le désert pour devenir prophète ; Trèfle la tortue tente de retrouver sa mère.
C'est dans les pouvoirs de la poésie que Violette, l'oiselle, place ses espoirs.
Rimes riches, rimes pauvres, verbe prophétique ou divagations ensoleillées :
C'est bien par la parole que chacun cherche à apprivoiser la répétition des jours - et le tenace sentiment d'absurdité qui l'accompagne... Dans le dernier volume de cette trilogie, Tulipe, l'ours philosophe, Narcisse le tatou timide, Cosmos le corbeau cynique et leurs amis questionnent le monde encore une fois. Ils sont les acteurs perspicaces d'un petit théâtre à la portée universelle, construit jour après jour par Sophie Guerrive avec une infinie tendresse. Comment supporter le temps qui passe ? En trois mille ans de civilisation, aucune réponse n'est apparue très clairement... Pendant ce temps, Sophie Guerrive propose un livre réconfortant, bijou d'intelligence, d'humour et de douceur - que l'on referme en se sentant plus léger. Cet ours est sûrement, à sa manière, un peu sorcier.
Une farandole aussi grotesque qu'inquie´tante emme`ne un prisonnier jusqu'au Roi : comme une She´he´razade re´signe´e et de´sespe´re´e, le prisonnier e´vite la mort en racontant une histoire... Celle d'un soldat dans une guerre sans nom. Une guerre moderne, sortie de tout contexte pre´cis mais froide et glac¸ante. Non pas une guerre de combats et d'explosions, mais une guerre vide, blanche, ou` l'ennemi est de´ja` un prisonnier, que l'on surveille et que l'on torture.
Une fois le soldat revenu chez lui, le glissement vers la folie se fait plus tangible, et d'ellipses silencieuses en de´se´quilibres sourds, le re´cit forme une boucle e´trange et e´touffante, aux allures de cartoon grimac¸ant.
Simon Liberman de´ploie dans ces pages son trait gratte´, expressif, ses masses lourdes, ses personnages difformes et grotesques pour de´ployer un univers rugueux et d'une grande maturite´. Le Talisman est un premier livre brutal, fait d'impressions e´nigmatiques et d'images marquantes, dont le gou^t amer reste longtemps en bouche.
Tous les dimanches, Tom Gauld illumine de son talent le cahier littéraire du prestigieux journal britannique The Guardian. Trois ans après Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack, voici enfin une nouvelle sélection de ces strips dominicaux ! L'occasion de croiser un James Bond féministe, de recevoir un texto de Dracula et surtout d'apprendre le sens de la vie de la bouche même de Franz Kafka - en même temps que la recette du cake au citron... Nos bibliothèques débordent de livres qu'on a lu, qu'on aimerait lire, qu'on prétend avoir lus, qu'on ne lira jamais, et personne n'en parle mieux que Tom, avec finesse, facétie et tendresse. Plusieurs fois récompensé aux Eisner Awards et régulièrement présent dans la sélection du Festival d'Angoulême, Tom Gauld est en même temps sérieux et absurde, érudit et loufoque. Il marie avec grâce critique littéraire et culture pop, pour nous entraîner dans cet univers incisif, brillant et décalé ! Tous en cuisine !
« Il doit y avoir erreur... Je suis une des pires lames de mon peloton... Je suis meilleur pour la paperasse !» .
Goliath de Gath, Goliath le Philistin, Goliath le géant biblique n'est pas un héros. Sans comprendre vraiment cette guerre dont il serait le Champion, il a pourtant accepté de jouer son rôle : il a revêtu son armure flambant neuve, pris sa lance et s'est assis, dans la vallée des Térébinthes, pour attendre le duel qui le rendra célèbre. Un enfant est avec lui, qui porte son bouclier, et leurs courtes discussions rythment les jours dans ce désert de roches et de brume. David finira par venir, lui et sa fronde, mais l'histoire n'est pas là. Tom Gauld revisite ici avec finesse la légende de David & Goliath. À rebours du mythe fondateur, il délaisse le fameux duel et construit son récit autour des quarante jours de patience et d'incertitude qui le précèdent. Comme souvent dans son oeuvre, l'action est reléguée au second plan, pour mieux s'arrêter sur d'apparents petits riens - et ces moments de vide, nourris par des dialogues précis, à la fois tragiques et drôles, se déploient pour donner à ce drôle de Goliath une épaisseur poignante.
D'une grande finesse, ce livre imprimé en bichromie est le sixième ouvrage de Tom Gauld aux éditions 2024 (après Police lunaire, Vers la ville et ses strips : Le département des théories fumeuses, En cuisine avec Kafka et Vous êtes tous jaloux de mon jetpack). Conteur hors-pair et maître de l'humour absurde, Tom Gauld vit à Londres et son oeuvre, maintes fois récompensée (notamment aux prestigieux Eisner Award), est régulièrement publiée par plusieurs journaux anglais et américains (The Guardian, The New Yorker, The New York Times, entre autres).
Ces onze matous sont curieux, téméraires et insouciants... et se mettent souvent dans le pétrin ! En promenade, ils ignorent tous les avertissements rencontrés sur le chemin, sans se soucier du monstre qui rôde... Heureusement, nos charmants matous sont plus futés qu'il n'y paraît ! "Onze matous dans un sac" est un album culte au Japon, aussi fameux que les "Trois Brigands" de Tomi Ungerer ou que "les Moomins" de Tove Jansson.
L'illustrateur Noboru Baba, avec cette série de six livres réalisés de 1967 à 1996, a construit un mythe marquant de nombreuses générations d'enfants et de dessinateurs partout en Asie. Il était plus que temps de rendre ses ouvrages à nouveau disponible en France.
Dans un ciel étoilé, une sphère éclatante traverse la nuit, attirant le regard de façon hypnotique. Alternant plans rapprochés et visions plus larges, le dessin de Clément Vuillier joue avec des contrastes extrêmes et des transformations graphiques pour suivre le voyage de cet objet mystérieux à travers le cosmos. La sphère s'approche enfin d'un astre rocailleux, sorte de lune grise et morte en apparence. Pourtant, sous la surface de ce désert minéral, palpitent des pierres précieuses et colorées. La sphère s'arrête, s'ouvre, et soudain le forage commence, laminant le sol, faisant jaillir des volcans de roches, jusqu'à la grande explosion finale ; seuls quelques blocs éventrés dérivent à présent en apesanteur. L'astre et ses beautés enfouies ne sont plus que poussière et la sphère reprend sa course céleste. Clément Vuillier déploie dans ces images de dévastation toute sa virtuosité; d'où vient cette sphère ? quelles ressources collecte-t-elle ? On ne saura rien de cette exploitation, si ce n'est qu'elle ne laisse derrière elle qu'un vide désolé et un goût de métal dans nos gorges.
Onze chatons partent en balade à la campagne ; ça en fait, du monde, dans leur petite voiture ! Comme à leur habitude, ils ne sont guère prévoyants... et quand le soir tombe, où vont-ils dormir ? Heureusement, les onze chatons n'ont pas peur de se retrousser les manches : avec un petit ménage, cette vieille bâtisse abandonnée fera l'affaire. En fait, cette maison est tellement belle qu'ils pourraient bien s'y installer.
Mais qui est donc ce cochon pointe le bout de son groin ? Farouchement indisciplinés et pleins de malice, ces Onze Chatons sont d'immenses classiques de la littérature jeunesse au Japon. Dans ce deuxième livre, Noboru Baba mélange avec délice les références aux folklores nippons et européens, pour le plus grand plaisir des lecteurs !
Et voici le troisième recueil des brillants strips de Tom Gauld ! Après avoir révélé les liens occultes entre robotique et littérature dans Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, puis démystifié les affres de la création avec En cuisine avec Kafka, Tom Gauld retourne au laboratoire de ses premières amours : robots à lunettes, scientifiques approximatifs et pandémies interplanétaire... Avec finesse et facétie, Tom Gauld brosse cette fois un portrait fantaisiste du monde des Sciences ! De son oeil acéré, il décortique le jargon des physiciens nucléaires, explore les recoins mystérieux des labos de recherches, et se prend de tendresse pour quelque bactérie insignifiante et délaissée...
Et l'on s'amuse avec lui des théories fumeuses qui sortent de ces cerveaux surchauffés ! Certes, ce n'est pas grâce à ce livre que vous comprendrez les équations différentielles, mais vous saurez enfin comment faire rire votre cousine entomologiste aux repas de famille et ça, c'est une découverte majeure.