Catalogue du festival des Rencontres d'Arles 2023
Le projet photographique AAM AASTHA (des croyances communes) s'inscrit dans le prolongement des séries réalisées par Charles Fréger sur les mascarades dans le monde : Wilder Mann (depuis 2010), Yokainoshima (2013-2015), Bretonnes (2015), Cimarron (2014-2018).
Intéressé par le Ramayana - épopée fondatrice de l'hindouisme -, le photographe s'est rendu en Inde pour découvrir un panthéon en pe rpétuelle expansion, réunissant quelque 300 millions de figures, incarnées à l'occasion de perfomances rituelles et sacrées dans les temples, les théâtres et les rues.
Avec Yokainoshima, c'est au Japon que Charles Fréger, photographe de réputation internationale, poursuit son fascinant inventaire des communautés humaines. Une fois encore, ses photographies combinent l'acuité du regard documentaire avec l'art de la mise en scène selon un style parfaitement neuf et singulier. Ordonnées au fil des saisons, elles évoquent, à travers l'extraordinaire variété des masques, costumes ou figures, et les commentaires d'anthropologues et spécialistes de la culture traditionnelle japonaise, tout l'arrière-plan de fêtes locales, de chorégraphies et de rites, qui culmine dans ces costumes étonnamment éclectiques. Cette remarquable suite de portraits passionnera les amateurs de mode et de traditions populaires, mais aussi les adeptes de l'imaginaire des mangas.
Cet ouvrage et l'exposition éponyme ont vocation à montrer comment, autant que la règle ou le crayon, la photographie a été l'outil de prédilection de Charlotte Perriand dès les années 1920.
Dans son exposition intitulée "Beau doublé, Monsieur le Marquis" au musée de la Chasse et de la Nature en 2017, Sophie Calle, qui continue de nourrir son oeuvre des événements de sa vie intime, et qui, en guise d'introduction, y parlait de la mort récente de son père, a invité les visiteurs à s'interroger sur celle de leurs proches par des questions concrètes. Dans votre agenda, vous écrivez "mort" à côté du nom ? Vous raturez ? Vous ne faites rien ? Vous avez une méthode personnelle ? Supprimez-vous le numéro de téléphone du défunt ? Dans ce livre intitulé «Que faites-vous de vos morts ?», des photographies prises par l'artiste à travers le monde dans des cimetières accompagnent une sélection de messages laissés par les visiteurs pendant la durée de l'exposition.
Le jeu consiste pour l'artiste à "obéir" aux traits non réalisés du personnage. Ainsi découvre-t-son dans le livre I des repas chromatiques et des jours en b ou en c (comme Calle). Ce même ouvrage commence par le passage référentiel du roman, avec des paragraphes encadrés qui renvoient aux autres livrets dans lesquels on découvre ou reconnaît les "épisodes de la vie' c'est-à-dire les ceuvres de S. Calle.
Parmi les métiers exercés par les cent sept femmes choisies par Sophie Calle :
une médiatrice familiale, une chercheuse en lexicométrie, une correctrice, une dessinatrice, une journaliste d'agence de presse, une juge, une normalienne, une sexologue, une psychanalyste, une publicitaire, une avocate, une commissaire de police, une assistante sociale pénitentiaire, une journaliste, une criminologue, une exégète talmudique, une ado, une chasseur de tête, une physicienne, une spécialiste de littérature française contemporaine, une philosophe, une philosophe morale, une anthropologue, une experte des droits des femmes à l'ONU, une graphiste, une chef d'édition, une écrivain pour la jeunesse, une institutrice, une élève, une romancière, une compositrice, une voyante, une officier DGSE, une psychiatre, une traductrice en langage SMS, une cruciverbiste, une sociologue, une joueuse d'échec, une comptable, une mère, une animatrice radio, des actrices, scénaristes, réalisatrices, chanteuses, musiciennes., et aussi une marionnette, une poupée de bunraku et un psittacidé.
"Depuis des mois, je suivais des inconnus dans la rue. Pour le plaisir de les suivre et non parce qu'ils m'intéressaient. Je les photographiais à leur insu, notais leurs déplacements, puis finalement les perdais de vue et les oubliais..." Préambule - Sophie Calle
La vie de Sophie et comment elle a influencé celle de Maria (livres II, III, IV, V, VI) : Ces rituels que Paul Auster m'a "empruntés" pour façonner Maria sont : la suite vénitienne, la garde-robe, le strip-tease, la filature, l'hôtel, le carnet d'adresses, le rituel d'anniversaire. Léviathan m'offre l'occasion de présenter les projets artistiques dont s'est inspiré l'écrivain et que désormais nous partageons, Maria et moi. Ce livre VI est déployé (passe de 4 pages à 24 pages) à l'occasion de cette nouvelle édition avec des éléments inédits.
"Le lundi 16 février 1981, je réussis, après une année de démarches et d'attente, à me faire engager comme femme de chambre pour un remplacement de trois semaines dans un hôtel vénitien. On me confia douze chambres du quatrième étage. Au cours de mes heures de ménage, j'examinai les effets personnels des voyageurs, les signes de l'installation provisoire de certains clients, leur succession dans une même chambre. J'observai par le détail des vies qui me restaient étrangères. Le vendredi 5 mars 1981, mon remplacement prit fin." Sophie Calle - Préambule
Dans le livre Léviathan, Paul Auster remercie Sophie Calle de l'avoir autorisé à mêler la réalité à la fiction. Il s'est en effet servi de certains épisodes de sa vie pour créer, entre les pages 84 et 93 de son récit, un personnage de fiction prénommé Maria, qui ensuite quitte l'artiste pour suivre sa propre histoire. Séduite par ce double, Sophie Calle décide de jouer avec le roman de Paul Auster, et de mêler, à son tour et à sa façon, réalité et fiction. Dans Léviathan, Maria se soumet aux mêmes rituels que l'artiste. Mais Paul Auster a glissé dans le portrait de son personnage des règles du jeu de son invention. Afin de se rapprocher de Maria, Sophie Calle a décidé d'obéir au livre. L'auteur impose à sa créature un régime chromatique composé d'aliments d'une seule couleur par jour : l'artiste a suivi le même régime. Il lui fait vivre des journées entières basées sur certaines lettres de l'alphabet : Sophie Calle a fait comme elle.
Il incarne à lui seul l'esprit tchèque de l'entre-deux-guerres et la vitalité de la scène praguoise dont l'apport à la culture européenne reste essentiel.
Née du pictorialisme, l'oeuvre de drtikol est profondément marquée, dans une première phase, par le courant symboliste. au tournant des années 1920, fonctionnalisme, cubisme, abstraction et art déco imprègnent ses recherches : la composition fait place à une géométrie nouvelle, l'éclairage se contraste, le nu se fragmente. de prague, où il fut le fameux portraitiste des élites en vogue, à paris, où la publication de ses nus consacra sa renommée internationale, frantisek drtikol a imposé par sa technique magistrale, son originalité et sa profondeur conceptuelle une photographie résolument novatrice.
Les Panoplies (livre III) s'ouvre plus largement sur cette anthropologie de la sphère privée spécifique des oeuvres de Sophie Calle et qui fait de l'artiste (avec Messager) l'annonciatrice des interrogations récentes sur l'intime.
Au milieu des années 1970, alors que le féminisme connaît un élan sans précédent aux États-Unis, les trois photographes américaines Eve Arnold, Abigail Heyman et Susan Meiselas publient des livres d'un genre nouveau. Associant témoignages et images, elles offrent un regard inédit sur la vie des femmes dans le monde du travail et l'existence quotidienne, jusque dans leur intimité. Femmes à l'oeuvre, ces trois photographes imposent leur signature et mettent les femmes à l'épreuve de l'image photographique, contournant les clichés pour dessiner des représentations alternatives.
Très présent sur la scène internationale de la photographie de 1900 à 1917, alvin langdon coburn (1882-1966) est de ceux qui conduisent du pictorialisme parfois doucereux au modernisme le plus radical (vortographs de 1917).
Ce bostonien d'origine, fervent amateur de culture européenne, côtoie alfred stieglitz et edward steichen, adhère à photo sécession et publie ses images dans camera work. "faites quelque chose d'atrocement mauvais si vous voulez, mais ayez un regard neuf", écrit en 1916 cet activiste de la photographie qui se passionnera pour l'avant-gardisme, assurant un lien étroit entre l'europe et les etats-unis, qu'il quitte définitivement en 1912 pour s'installer en grande-bretagne.
Son intérêt pour la signification symboliste de l'image, son goût pour une large diffusion, qu'il met en oeuvre par la publication de portfolios, font de lui un artiste singulier, adepte d'une sorte de religion de la photographie, oeuvre de l'esprit, susceptible d'introduire à une vision mystique du monde.
"Manuel d'instructions à l'usage personnel de S. C. concernant la façon d'embellir la vie à New York (à sa demande)." Paul Auster
Avec «Américaines solitudes», Jean-Luc Bertini traverse les États-Unis et s'interroge sur la place de l'humain pris dans cet immense décor. Il invente ce que Gilles Mora nomme dans sa postface «"une poétique de l'isolement"». Il s'agit-là d'un juste équilibre entre le photographe contemporain face à l'Amérique et cette touche humaniste héritée de la tradition française, qui lui permet de contourner habilement le "tableau photographique américain".
Le Rituel d'anniversaire (livre II) traduit un parti-pris d'inventaire qui rend hommage à C. Boltanski et A. Messager.
«Cimarron» (après «Bretonnes» et «Yokainoshima») est le 3e volet d'une série photographique entamée en 2013 par Charles Fréger. Du Sud des États-Unis au Brésil, l'artiste dresse un inventaire des mascarades pratiquées par les descendants des esclaves africains célébrant par ce truchement la mémoire de leurs pairs et leurs cultures singulières. Entre masques, maquillages, costumes, parures et accessoires, s'entremêlent les cultures africaines, indigènes et coloniales, prises dans le vertige d'un mouvement syncrétique. La mascarade est plus que jamais ici un territoire de mise en regard d'une communauté par une autre, espace où l'on rejoue, où l'on réinvente le rapport à l'oppresseur soit pour le mimer, soit pour l'inverser, toujours pour le subvertir.
En quelque vingt années, Charles Fréger s'est imposé comme le portraitiste des communautés humaines, dans leurs dimensions collective et individuelle, dressant, par le biais de l'inventaire photographique, des typologies de manières d'habiter, pour les individualités qui la composent, sa communauté d'héritage ou d'élection. Signe visuel d'appartenance et de ralliement, l'uniforme, sinon le costume, du plus protocolaire au plus « sauvage », constitue le motif central de son oeuvre. L'inventaire ici dressé est celui des coiffes bretonnes : il impose la vitalité et la contemporanéité de traditions que l'on aurait trop vite fait de remiser au rang de folklore.
L'ouvrage «Mondes tsiganes. Une histoire photographique» retrace l'histoire des populations tsiganes - Roms, Manouches et Gitans - et interroge l'histoire des fabriques photographiques qui ont construit le regard porté sur ces populations aux XIXe et XXe siècles. L'exploration des images, l'histoire des photographes et des sujets révèlent une autre histoire, celle des expériences collectives et des récits de vie qui donnent à voir la diversité méconnue des mondes tsiganes.
Après un demi-siècle d'existence, la Corée du Nord est l'un des pays les plus haïs au monde, mais aussi l'un des plus méconnus. À l'évidence, la radicalité de ce paradoxe cache une réalité plus complexe que ce qu'il nous est donné à voir : guerre, famine, dissidents, programme nucléaire, parades et défilés militaires... Suivi, encadré, accompagné pas à pas tout au long de son séjour en Corée du Nord, Stéphan Gladieu invente un espace de liberté à l'intérieur du cadre qui lui est imposé. L'existence de cette série photographique dépend intimement de la relation que le photographe a su nouer avec ses hôtes. En choisissant le portrait-miroir, souvent cadré de pied, qui requiert une pose frontale et un regard direct, Stéphan Gladieu s'est rapproché de l'image de propagande et a rendu sa démarche si ce n'est familière, du moins compréhensible aux Nord-Coréens. Cette série nous renverra sans doute en partie notre représentation, mais elle nous permettra peut-être aussi de voir les Nord-Coréens à travers leurs propres yeux.
Cet ouvrage expose le travail le plus important de l'artiste JR - le projet de «street art» mondial sur lequel il a travaillé durant les six dernières années. Des banlieues parisiennes à Israël et à la Palestine, des villages du Kenya aux favelas brésiliennes, son art est étroitement lié à son activisme : il défend les droits universels de la femme, la paix et l'égalité. «Inside Out» dévoile sa vision et son modèle novateur d'art à l'échelle mondiale. Riche de plusieurs centaines d'images du projet, le livre inclut également des contributions sur la manière dont l'art de JR fonctionne comme une plateforme internationale d'échange social.
Dans ce récit autobiographique, Julia Gat raconte une jeunesse affranchie des bancs de l'école traditionnelle. À travers une archive familiale centrée sur ses frères et soeurs, son écriture photographique s'affirme.