Nate Love fut le plus célèbre des nombreux « cow-boys noirs » qui écumèrent les Grandes Plaines derrière des troupeaux de vaches. Son autobiographie en est sans doute la raison, mais aussi la facture de ce livre, un roman populaire raconté avec la gouaille des rudes gars de la piste.
À l'époque de la Ruée vers l'or en Californie, un jeune Mexicain injustement humilié se fait hors-la-loi.
Avec sa bande, Joaquín Murieta écume l'État, récemment annexé aux États-Unis, terrorisant les Gringos, et entre finalement dans la légende.
Cavalcades, coups de feu, romances amoureuses, bagarres, ruses et lynchages à n'en plus finir rythment les pages haletantes de ce western grand style.
En 1307, le moine et prince arménien Hayton, ou Hétoum, faisait don de La Fleur des histoires au pape Clément V. L'ouvrage appelait la chrétienté occidentale à s'allier avec les Mongols contre les Mamelouks maîtres de la Terre sainte.
L'affaire, fantasmatique, ne fut guère suivie d'effets.
Mais le livre offrait un complément au célèbre Devisement du Monde de Marco Polo et, surtout, constituait la première histoire de l'Asie en Occident. Moment fondateur, il mettait en scène un univers à la fois mystérieux et secoué de convulsions, d'où il émergera une durable fascination pour les contrées étranges et le goût de l'exotisme.
À l'aube des temps, au milieu d'une nature opulente, dans un Japon archaïque écartelé entre chefferies rivales, la princesse Himiko devient la proie des rois. Outragée par des brutes esclaves de leurs pulsions, elle médite sa vengeance sur les mâles dominants.
Inspiré par la lecture d'antiques récits et du Salammbô de Flaubert, Yokomitsu Riichi bâtit avec Soleil un joyau littéraire éclairé par la beauté fauve des grands mythes. Comme un Miyazaki par anticipation.
L'enfermement systématique des lépreux sur l'îlot de Spinalonga, au large de la Crète, débuta en 1904. Il devait perdurer jusqu'en 1957.
Epaminondas Remoundakis y fut interné pendant vingt ans. Soucieux de revendiquer l'existence pleine d'un homme normal, il témoigne ici de la totalité de sa vie et non de son seul destin de proscrit.
Il raconte avec un talent virtuose sa jeunesse buissonnière, sa vie d'étudiant à Athènes, son arrestation, son quotidien sur l'île. À travers la mémoire des combats collectifs menés contre l'injustice et l'arbitraire, il nous convie à une traversée de l'histoire de la Grèce et nous renvoie aux grands récits des expériences concentrationnaires.
En Italie à la fin de la Première Guerre mondiale, Paolo, un enfant de 10 ans, est choqué par des propos violents de soldats envers les femmes, puis par le meurtre d'une jeune fille et se questionne sur la virilité.
En l'an de grâce 1432, Bertrandon de la Broquère s'embarque pour ce que l'on nommait alors l'Outre-Mer, l'orient de la Terre sainte. Ce qui ne devait être qu'un pèlerinage à Jérusalem va pourtant se transformer en l'un des plus étonnants voyages qu'un Occidental ait entrepris dans ces régions et, surtout, en l'un des récits de voyages médiévaux les plus lumineux qui ait jamais été écrit.
Ce récit, doté d'une fraîcheur premanente et saturé de péripéties, illustre aussi le regard à la fois émerveillé et anxieux que l'Occident portait sur l'Orient à la fin du Moyen Âge. L'aventure de Bertandon de la Broquère, écuyer tranchant du duc de Bourgogne Philippe le Bon, est un classique des récits de voyage.
L'oeil chafouin, le poil hirsute, Paul Cézanne crapahute dans la garrigue, suant sous son melon, le chevalet harnaché sur le dos comme à un baudet. Apparaît la bottine d'une femme gisant sur un talus, et c'est le drame.
Trois jours dans la vie de Paul Cézanne suffisent à Mika Biermann pour faire sauter les écailles de peinture, gratter la trame, ajourer jusqu'à l'os le portraitiste de la Sainte- Victoire.
Il transforme un thriller sordide en une Odyssée sur une mer de peinture, dans des pinèdes et des sous bois aux nuances fauves, sur les traces du peintre bourru, vaniteux et obsédé par des chimères grotesques qui n'engendrent pas la mélancolie.
On en termine la lecture avec les doigts maculés de couleurs vives et l'oeil fringant.
Adam et Ève étaient-ils végétariens ? Le régime alimentaire qu'ils observaient au Paradis a-t-il été cause de leur santé inaltérable, de leur longévité exceptionnelle, de leur coexistence harmonieuse avec les animaux ? Est-ce seulement après la Chute ou le Déluge que les humains, diminués, périssables, se sont mis à manger de la viande ? Ces questions ne sont pas seulement celles de naturopathes, de militants animalistes ou de prédicateurs évangéliques désireux de fonder leurs positions sur les origines de l'humanité.
La quête d'une diète idyllique, respectueuse de l'environnement et du monde animal, saine et pure, agite encore notre époque, parfois jusqu'à l'outrance ; et ces interrogations possèdent une histoire profonde. Entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe, des théologiens, historiens, philosophes, naturalistes et anatomistes se sont lancés dans de vigoureux débats sur le sujet. Une controverse qui a constitué un moment décisif de l'histoire des sciences et de l'alimentation. Ce livre a pour ambition de la restituer dans sa complexité et, surtout, dans son actualité.
Voilà l'été. Berthe Morisot, peintre impressionniste, et Eugène Manet, son mari affable, quittent Paris pour une partie de campagne. Ils posent valises et chevalet dans une maison champêtre, havre d'une douceur estivale propice à toutes sortes d'expérimentations nocturnes.
Dans ce roman formant un diptyque avec Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, Mika Biermann confond allègrement mots et couleurs, phrases et perspectives, écriture et peinture.
De ces pages, comme d'autant de toiles, surgissent des méditations corrosives sur la chair comme matière à peindre.
Entre le IIe siècle avant notre ère et les années 900 ap. J.-C., il a existé en Chine, sur le court moyen du Fleuve bleu, une population insoumise qui n'a laissé nulle trace, dont on ignore à peu près tout. Ces Man ont défié l'Empire, l'ont parfois aidé, se sont retrouvés tour à tour dans et hors des limites de la puissance chinoise.
Alexis Lycas se livre ici à une enquête fascinante sur les écrits des chroniqueurs, poètes, administrateurs ou militaires qui ont servis à définir ces populations rétives. Car c'est à travers les circonvolutions de ces écrits que se déploie une "rhétorique de l'altérité" qui rapporte ici l'histoire d'une colonisation, en même temps que l'analyse de ces discours permet de comprendre comment le pouvoir central a fabriqué un peuple pour mieux le dominer.
Avec cette histoire du droit couvrant plus de deux millénaires, Tamar Herzog, enseignante à Harvard, accompli un tour de force : son ouvrage est une synthèse claire et accessible des évolutions du droit dans toute l'Europe, en même temps qu'une façon de réinscrire le droit dans l'histoire - et non pas de la laisser planer hors-sol. Mais c'est aussi un vaste récit, non dénué d'humour, qui permettra à chacun de mieux appréhender les motifs qui président à l'organisation des sociétés occidentales contemporaines.
Beau comme l'antique ! Turpidum, la bien nommée, est la dernière cité étrusque indépendante. Larth, son roi à peine sevré, se sent un peu perdu dans son décorum fatigué. La peinture des fresques s'écaille en silence, la populace s'affaire par les ruelles au sol gras, on prépare le sable pour les jeux dans l'arène. Rome exige l'abdication du petit roi maigrichon, amateur de fruits juteux et bien arrondis. Un énigmatique gladiateur masqué fait son apparition par intervalles. La reine mère agonise au fond de son palais, pourrissant comme une gloire inutile. Matière et lumière, soleil et pénombre. Des couleurs par giclées, écrasées à la spatule. Du laurier, un cyprès, une olive, les mollets luisants des légionnaires. Un péplum total, impressionniste, le Satyricon de Mika Biermann.
Ragnarr, le Viking dans toute sa gloire, sillonne les mers en quête d'exploits. Mais lorsqu'il s'élance à la conquête de l'Angleterre, il affronte un sort funeste : il est précipité dans une fosse aux serpents. Là, il déclame son chant funèbre, le Chant de Kraka, un somptueux poème scaldique. Ses redoutables fils, Ivarr sans Os, Hvitserkr le vigoureux, Björn Flanc de Fer et Sigurôr Serpent dans l'oeil, viendront assouvir une horrible vengeance sur son meurtrier, le roi Ella d'Angleterre.
La Saga de Ragnarr loobrok, ici accompagnée de la traduction du Dit des Fils de Ragnarr et du Chant de Kraka, est un chef-d'oeuvre de la littérature scandinave ancienne. Elle hante l'Occident depuis des siècles ; aujourd'hui, la série Vikings lui est consacrée.
Lorsqu'en 1935 l'Italie de Mussolini déclencha une guerre d'invasion contre l'Éthiopie - dernier pays africain à n'être pas colonisé - l'anthropologue Marcel Griaule fut un des rares Occidentaux à s'engager sans hésiter du côté des agressés. Il a livré pendant toute la durée de la conquête des récits sur cette guerre injuste et contraire au droit international de l'époque - comme d'aujourd'hui.
Ces chroniques de guerre, parfois terribles mais toujours écrites d'une plume superbe, rendent compte non seulement d'une agression colonisatrice sans équivalent, mais aussi des visages hideux de la guerre sous toute les latitudes.
Des réflexions dont il serait pertinent de s'inspirer aujourd'hui.
Adelmo Farandola, mène une existence revêche dans la montagne. Ermite lunatique et acariâtre, il n'a pas le souvenir très lucide. Les saisons se fondent en un brouillard opaque dans sa mémoire. Mais cet hiver-là surgit un chien. Bavard. Pétulant. La truffe en éveil. Il adopte Adelmo Farandola.
Au printemps, la fonte des neiges révèle un pied humain non loin de leur cabane. Adelmo Farandola ne se souvient pas très bien des événements de l'an passé. À qui appartient ce pied ? Dans son esprit engourdi s'insinue une inquiétude croissante.
Avec Le chien, la neige, un pied, Claudio Morandini compose un conte cruel, une de ces histoires à donner le frisson qu'on se raconte le soir à la veillée.
Au milieu de la nuit du 14 juillet 1881, à Fort Sumner dans le Territoire du Nouveau-Mexique, William H. Bonney, mieux connu sous le nom de Billy the Kid, était révolvérisé par le shérif Pat Garrett dans des circonstances troubles.
On soupçonna le shérif de n'avoir pas été très fairplay dans cette affaire.
Offensé par la rumeur, il décida d'écrire dans les mois suivants La Véritable Histoire de Billy the Kid, avec l'aide d'un écrivaillon alcoolique notoire, afin d'établir son honorabilité.
Au lieu de quoi, ce récit de la « vérité toute nue » donna lieu à une perle dela littérature populaire américaine, le roman fondateur de l'un des plus grands myhtes contemporains.
Ce livre est à l'origine du film légendaire de Sam Peckinpah, Pat Garrett et Billy the Kid, avec Kris Kristofersson et James Coburn.
Cette édition de poche sera augmentée de quelques photos des protagonistes de la vie de Billy the Kid.
Cet ouvrage pre´sente des drames maritimes au de´nouement heureux. En une quarantaine de vignettes dote´es d'une forte puissance suggestive, il rapporte les actes salvateurs accomplis par des gens ordinaires.
De Noume´a a` Douarnenez, de la Vende´e aux co^tes provenc¸ales, au large ou sur les plages, il relate des incidents brie`vement archive´s dans les Annales du sauvetage maritime entre 1891 et 1931 : les gestes d'individus qui, parce que la mer le demande partout et toujours, sont alle´s sans y penser porter secours a` leur prochain.
A` conside´rer cet ensemble de re´cits minuscules, Philippe Artie`res propose l'e´bauche d'une « histoire du moindre », une histoire du bas bruit profonde´ment arrime´e au quotidien et au sens commun, qui vient questionner la fabrique de l'e´ve´nement et des he´ros.
Sarah Winnemucca Hopkins (vers 1844-1891), née parmi les Paiutes du Nord dans le Nevada, incarne toutes les contradictions et le tragique de la Conquête de l'Ouest. Très tôt confiée par son père à une famille de Blancs, elle apprend l'anglais avant de retourner parmi les siens. Lorsque survient la guerre contre les ÉtatsUnis, elle se trouve du côté des Américains, en qualité d'éclaireuse ; mais la paix revenue, elle s'engage pour le reste de son existence en faveur des Indiens, dénonçant sans relâche face aux autorités les injustices qui leur ont été faites.
Son récit trépidant est un des témoignages les plus poignants de l'histoire des Amérindiens, en même temps que le plaidoyer d'une femme au caractère exceptionnel.
Le monde de la Grèce ancienne était saturé de la présence, bénéfique ou menaçante, des dieux. Les rituels étaient là pour les infléchir, les supplier ou les remercier ; pour les approcher. On connaît la « cuisine du sacrifice », les modes opératoires des invocations ; on ne sait trop, par contre, comment les lumières, les chants, les odeurs, le décorum des rituels, sollicitant les sens des participants, les mettaient en situation de toucher les divinités.
Adeline Grand-Clément entreprend ici de dévoiler l'univers sensoriel mobilisé par les Grecs dans ces moments particuliers d'activation des puissances surnaturelles. Par l'analyse fine de cas singuliers, elle s'emploie à saisir les composantes palpables d'un monde incarné dans lequel s'offrait ainsi, en partage, le plaisir des dieux.
Jeremiah Johnson (ou John Garrisson, en fait peu importe) arriva dans les montagnes Rocheuses au milieu du XIXe sie`cle pour s'y faire trappeur.
Mais l'assassinat de son e´pouse indienne le conduisit a` mener une sanglante vendetta contre la tribu des Crows. Me´chant, il mangeait cru le foie de ses ennemis.
Ce livre rapporte sa le´gende.
Bourre´ d'outrances, horrifiant, traverse´ par un humour sardonique et servi par un style alerte, Jeremiah Johnson le Mangeur de Foie, petit chef-d'oeuvre de la litte´rature folklorique ame´ricaine, adapte´ au cine´ma par Sydney Pollack avec Robert Redford dans le ro^le-titre, est aux antipodes du Nature Writing classique : c'est une ode a` la sauvagerie brute.
En avril 1431, le nef Querina, navire vénitien, quitte la Crète pour les Flandres, avec à son bord soixante-huit hommes. Le voyage devait durer dix mois. Dix-huit mois plus tard, seuls onze rescapés emplis d'effroi reviennent à Venise.
De leur épouvantable naufrage, nous possédons deux témoignages, l'un de Pietro Querini, propriétaire et capitaine du navire, et l'autre des marins Cristoforo Fioravante et Nicolò de Michiel.
Tous racontent comment, poussés par des tempêtes incessantes en plein Atlantique, après des semaines de dérive, ils échouèrent finalement au coeur de l'hiver boréal sur une île déserte de l'archipel des Lofoten, au nord de la Norvège.
Dans ces récits de survivants nous est révélée avec une force rare la peur universelle de l'engloutissement dans les abysses.
En 1832, sous la poussée des colons américains, Black Hawk, chef des Indiens Sauks établis sur le Haut Mississippi dans l'Illinois actuel, se lançait dans une guerre - catastrophique - contre les États- Unis. Les Sauks, massacrés, divisés, furent refoulés vers l'Ouest et Black Hawk emmené en captivité. C'est alors qu'il écrivit sa célèbre Autobiographie.
Ce récit, les premières mémoires d'un chef indiens, connut un immense succès. Le chef des Sauks y raconte les origines de son peuple, puis décrit sa carrière de chef de guerre, et surtout son combat contre les Américains.
Il compose alors une fresque dépeignant le cynisme de ses adversaires et l'injustice tragique contre laquelle il a combattu jusqu'au bout. Ce livre est le dernier coup porté par le vieux guerrier à ses ennemis.