Ce livre trouve son origine dans un engagement commun. La philosophe Barbara Stiegler et l'historien Christophe Pébarthe élaborent une histoire et une philosophie démocratiques de la démocratie. Ils reviennent à la racine de ce régime et en rappellent la singularité, pour ensuite dégager les problèmes contemporains de la démocratie.
Depuis 2500 ans et sa création à Athènes, la démocratie a longtemps été ressentie comme un scandale. Le peuple pouvaitil donc se gouverner ? Sans faire confiance aux jugements de certains de ses membres, mieux éduqués, disposant du temps nécessaire pour réfléchir aux problèmes de la société ? À peine était-elle créée que ces critiques, et bien d'autres, lui étaient opposées. Au mieux, elle était envisagée comme un idéal que les réalités sociales rendaient impossibles. Le peuple étant majoritairement composé de pauvres, ces derniers gouvernaient de fait la cité selon leur intérêt, et non celui de tous. En s'instituant deuxième philosophe après Socrate, l'Athénien Platon mit en forme cette opposition qui gouverne encore aujourd'hui le plus souvent la philosophie.
Si la peur de voir des ignorants exercer le pouvoir a perduré, la perspective d'un gouvernement du peuple a été abandonnée ou, au mieux, confondue avec une dérive qualifiée de « populiste ». Au nom de la complexité des enjeux, une minorité d'experts autoproclamés, légitimés par des élections, dirige ce qu'ils nomment des démocraties représentatives. À chaque contestation sociale toutefois, ils n'hésitent à se draper dans l'intérêt général pour défendre des mesures majoritairement rejetées. Ils dessinent ainsi un gouvernement contre le peuple au nom de son intérêt supérieur. C'est donc bien, encore et toujours, l'égale capacité à produire un jugement sur la société qui est contestée. Le scandale de la démocratie demeure inchangé. Il en va de même pour ceux qui réduisent les individus dominés à une expertise sur leur propre domination, comme si cette position sociale interdisait toute prétention à accéder à l'universel.
David Graeber, anthropologue atypique, à la fois professeur à la London University et l'un des initiateurs d'Occupy Wall Street, a fait une entrée fracassante à la fois sur la scène scientifique et sur la scène politique en montrant comment un des facteurs qui maintiennent les peuples sous le pouvoir des banques est le sentiment moral que toutes les dettes doivent être remboursées. Un sentiment né il y a 5000 ans en même temps que l'État, le marché, les grandes religions... et l'esclavage.
La thèse fascine et appelle à la discussion. Notamment sur le point de savoir au nom de quelle conception de la démocratie elle peut être tenue. Sur cette question, dans un texte écrit en 2005 pour La Revue du MAUSS semestrielle et repris dans ce livre, l'érudition et le brio de D. Graeber font encore merveille. Non, montre-t-il, l'Occident est loin d'avoir le monopole de la démocratie, et, contrairement à l'opinion omniprésente, ce n'est sûrement pas la "culture occidentale" qui l'a fait apparaître et prospérer.
Si on entend le mot culture au sens anthropologique, il apparaît en effet que la culture occidentale est introuvable (d'où une réfutation savoureuse et convaincante des thèses de Samuel Huntington). Et si on entend par culture la culture des lettrés, alors il n'est pas difficile de se convaincre que ceux-ci, en Occident comme ailleurs, se sont constamment opposés à la démocratie. Celle-ci, en réalité, ne naît et ne vit que dans les marges des systèmes de pouvoir.
Où l'on voit toute la force d'une anthropologie anarchiste, revendiquée comme telle, et qui n'avait rien produit d'aussi puissant depuis Pierre Clastres. Reste, cependant, que tout le monde ne peut pas vivre dans les marges et hors pouvoir, et qu'il faut donc se demander ce qu'il peut et doit subsister de l'esprit de la démocratie dans le cadre des sociétés étatiques.
Ce livre défend que notre rapport à la nature est étroitement lié à notre rapport au temps, et que l'accélération de ce dernier modifie notre rapport à la nature.
La tragédie a ému la France entière lorsque la presse a révélé qu'une jeune fille était morte brûlée vive, enfermée dans un local à poubelles d'une cité de la banlieue parisienne le 4 octobre 2002 par un jeune coq qui avait décidé de la « punir »: elle refusait d'obéir à son ordre de ne pas paraître dans SA cité.
Le livre raconte très précisément l'enchaînement des faits en reprenant les procès-verbaux de la procédure pénale, les expertises, et relate les audiences de la Cour d'assises de Créteil puis de Bobigny. Le récit des amies de Sohane est poignant.
Le drame de la mort de Sohane est entré dans l'Histoire : c'en était fini du compagnonnage aimable entre garçons et filles des cités partageant les mêmes ambitions sociales, place à Ni Putes Ni Soumises et à la marche des filles en février 2003.
Tout avait basculé et les tensions ont été de plus en plus vives jusqu'aux émeutes de 2005 mettant le feu aux banlieues. De nouveau seule la voix des garçons s'imposait aux médias. On connaît la suite.
Éditrice du Journal de sa tante Hélène Berr, Mariette Job s'est construite dans son sillage, malgré de multiples embûches. Elle a voulu raconter son cheminement personnel, les difficultés rencontrées pour faire sortir dans la lumière cet écrit familial intime exceptionnel, reconnu pour sa qualité littéraire et historique.
Avoir assisté de près aux incendies historiques qui ont transformé une partie de la Gironde en brasier ne peut laisser indemne. Il reste tout d'abord les souvenirs brûlants et douloureux, dont la restitution fait oeuvre de catharsis et d'exutoire, pour ne pas oublier.
Mais au-delà, dans ce qui s'apparente aussi au bégaiement de l'Histoire d'un massif, celui des Landes de Gascogne si atypique dans les forêts de France, subsistent de multiples questionnements et des chemins à débroussailler pour imaginer une forêt plus résiliente.
De la prévention citoyenne à des choix d'aménagement et d'urbanisation, de la sélection des essences forestières aux modes d'exploitation, de l'équilibre délicat entre filière économique et précautions environnementales, des moyens aériens ou terrestres de lutte contre les incendies à la surveillance du massif : ces sujets, parmi d'autres, ont été posés par plusieurs rapports, dont celui de Départements de France. Ils obligent aujourd'hui à l'analyse et à la projection.
Voir les grands romans de la littérature française autrement: telle est la promesse de cet ouvrage qui permettra au lecteur de découvrir les secrets de ces textes dont la postérité a fait des chefs-d'oeuvre.
Quel regard les économistes portent-ils sur l'économie sociale et solidaire (ESS) ? Quelle place doit-elle avoir dans le système économique et social ?
Peut-elle être porteuse de transformations d'ampleur ou est-elle condamnée à ne jouer qu'un rôle de réparation des défaillances de l'État providence et du marché ? À quelles conditions peut-elle gagner la bataille des idées et influer sur l'ensemble de l'économie, pour une meilleure prise en compte des enjeux sociaux, environnementaux et démocratique ?
C'est ce qu'ont cherché à comprendre les auteurs, à travers une vingtaine d'entretiens avec des économistes de renom, issus de courants et de spécialités diverses. Il en ressort notamment une difficulté à appréhender les contours de ce « mode d'entreprendre » alternatif, ainsi que le manque de données statistiques sur l'ESS. Les économistes soulignent également la prédominance de l'analyse économique de type néolibérale, qui prend peu en compte la place de la société civile dans l'économie.
Leurs réponses sont analysées dans cet ouvrage, qui s'attache à en retirer certains enseignements pour les acteurs et les penseurs de l'ESS.
Notre monde toujours plus urbain peut-il devenir écologique ?
Dans le champ professionnel de l'urbanisme, les mutations sont-elles possibles pour imaginer une ville conforme à la lutte contre le réchauffement climatique ?
Interrogeant le processus d'écologisation de l'urbanisme au prisme des représentations et des pratiques professionnelles de plusieurs métiers de la fabrique de la ville, et analysant les relations entre praticiens dans la conception urbaine et de l'écologie dans la conception urbaine, l'auteur propose une réflexion sur le ménagement de nos milieux de vie partagés en Anthropocène. Comment penser et pratiquer l'urbanisme avec plutôt que contre la nature ?
Amoureux de Portia, belle et riche héritière, Bassanio, gentilhomme désargenté, s'efforce d'obtenir sa main. Pour l'aider, son ami Antonio marchand chrétien, emprunte une somme de 3000 ducats à l'usurier juif Shylock qui lui demande, en cas de non remboursement de la dette, une livre de sa chair. Le jour de l'échéance, la dette n'étant pas réglée, Shylock exige l'exécution de la clause. Mais l'habileté de Portia, déguisée en « docteur de droit civil», confond l'usurier retors et sauve Antonio Shylock, ridiculisé, spolié et trahi par sa fille qui a rejoint le camp des Chrétiens, s'en va seul tandis que les jeunes gens, loin des tracas du commerce et du fracas des procès, s'abandonnent à la félicité, aux sons - joyeux et graves à la fois - d'une musique qui évoque non seulement l'harmonie terrestre retrouvée mais aussi l'harmonie céleste dont elle est l'écho.
Eros et libido, sexe et genre : Les mots se succèdent depuis un peu plus d'un siècle pour dire la dualité et le rapport entre hommes et femmes.
Si l'on cherche l'objet philosophique, on trouve l'expression " différence des sexes ", " Geschlechterdifferenz " sous la plume hegelienne. Quant au genre, ce mot fait le pari de brouiller les pistes des représentations contraintes qui assignent chaque sexe à sa place. Et si, toute terminologie confondue, on s'en tenait à ce que la " différence des sexes " est une catégorie vide ? Alors, on se situerait " à côté du genre ", à côté des affaires de définition et d'identité, pour établir le repérage des lieux où sont pensés les sexes, dans leur tension, leur décalage, leur disparité au regard du contemporain démocratique.
Au fond, la démarche est inversée : il ne s'agit pas de voir ce qu'il en est du sexe et du genre, mais de dire ce qui surgit dans la pensée quand égalité et liberté révèlent des enjeux sexués dans la politique et la création, l'économique et le corps, la pensée et l'agir.
Comment résistent-ils au développement de cette « nouvelle raison du monde », le néolibéralisme, qui s'infiltre dans tous les interstices de la société ? En quoi le processus continu d'institutionnalisation de leurs pratiques leur confère-t-il une reconnaissance tout en fragilisant la portée critique de leur projet ?
C'est à toutes ces questions que cet ouvrage tente de répondre en montrant, à partir d'une enquête historique et sociologique de l'évolution des réseaux alternatifs de développement agricole, que le processus de normalisation des alternatives au productivisme agricole réinterroge les rapports de domination dans l'agriculture.
Si les paysans alternatifs sèment un autre avenir que celui tracé par l'agriculture industrielle, cet avenir reste fragile...
E genre de témoignages, c'est ceux qu'Arnaud Lacheret a recueilli chez 50 descendants d'immigrés Nord-Africains parfaitement intégrés dans la société française. Il propose une redéfinition complète de la notion d'intégration s'inspirant de ces parcours qui illustrent l'irruption remarquée de cette deuxième génération à des postes de direction et d'encadrement dans le monde du travail.
La souveraineté est-elle l'antidote au néolibéralisme qui a servi de paradigme aux politiques publiques occidentales depuis les années 1980 ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'un élément de son déploiement ? Une union européenne post-souveraine peut-elle nous faire sortir du néolibéralisme ? Sur ces questions au coeur de notre actualité politique, un regard interdisciplinaire réunissant parmi les meilleurs spécialistes de ces questions.
Ce livre, fruit de la collaboration d'une vingtaine de chercheurs, reprend la question de l'universalisme qui, dans les disputes contemporaines autour des mots qui fâchent, occupe une place décisive.
En effet, chacun revendique, à travers tribunes et officines, séminaires et colloques, le bon usage du terme, et renvoie l'adversaire à ses présupposés. Faudrait-il, parce qu'il a été dévoyé, renoncer à l'universalisme? Ou, au moins, le relativiser, c'est-à-dire accorder moins d'importance à ce qui transcende nos singularités?
Les promesses non tenues de l'universalisme sont à l'origine de la crise que celui-ci traverse.
Et le dossier de l'accusation est lourd: le recours incantatoire aux valeurs universelles s'est accommodé de la persistance des discriminations, qu'elles soient entre pays riches et pays pauvres ou, à l'intérieur de ces pays, entre populations favorisées et populations marginalisées. La pente assimilationniste du modèle républicain à la française, au-delà de son catéchisme d'indifférence à la différence, a accompagné, chemin faisant, le dévoiement de la valeur d'égalité jusqu'à l'infériorisation de l'Autre. Mais cela ne serait-il pas, en réduisant l'universalisme à ses mésusages, jeter le bébé avec l'eau du bain? Faut-il alors substituer la notion de pluriversalisme à celle d'universalisme?
Le présent ouvrage interroge les conditions, les modalités et les enjeux d'un éventuel renouvellement de l'universalisme afin qu'il puisse redevenir un horizon émancipateur.
Le débat autour du mariage pour tous a irrigué le débat public depuis le début des années 2000, juste après l'adoption du pacte civil de solidarité.
Le mariage de Bègles, le 5 juin 2004, a accéléré son inscription à l'agenda politique. Les forces politiques progressistes ont peu à peu intégré ce projet de réforme à leur programme tandis que les forces conservatrices hésitaient à le combattre frontalement, cherchant des dérivatifs dans des projets euphémisants comme une «union civile» aux contours demeurés flous. Le débat s'est finalement cristallisé dans les derniers mois de 2012 et les premiers mois de 2013 autour du travail du parlement sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe présenté par le gouvernement Ayrault le 7 novembre 2012.
Instant politique violent, il a vu surgir une parole haineuse débridée complaisamment relayée dans les médias de masse au nom du «débat contradictoire » et un mouvement nébuleux, dans son organisation et son financement, «La manif pour tous ». Cette période a engendré une forte recrudescence des actes de haine anti-LGBT, violences, injures, discriminations. Dix ans après, et alors que l'existence même de cette disposition légale ne fait plus débat, que bon nombre de responsables politiques qui s'y sont opposé avec virulence cherchent à faire oublier leurs positions d'hier, nous avons voulu recueillir les souvenirs de ce temps politique.
La politique en Europe et en France en particulier ne reconnaît pas le communautarisme. Les citoyens sont censés partager les mêmes les valeurs républicaines : liberté, égalité et fraternité. Et pourtant, les communautés à caractère social et culturel existent bel et bien et l'apparition des groupes ou des associations à caractère communautaire ne cessent de se confirmer. Sur le plan éducatif, la liste est longue des écoles et des centres de formation à caractère communautaire.
Néanmoins ce qui se transmet au sein des communautés reste complexe et paradoxal. D'une part, la communauté accueille l'individu et le fait grandir aussi bien sur le plan psychique, physique, moral et spirituel à travers l'éducation, la socialisation, l'intégration, l'accompagnement et tout l'apprentissage essentiel pour sa vie. Elle rend solidaire, ressemble, mobilise et incite à l'entraide contribuant à l'apprentissage à la citoyenneté. D'autre part, certains actes montrent qu'elle peut enfermer ses membres dans une forme de sectarisme, de fondamentalisme ou d'ethnisme, remettant en question les principes chers à la citoyenneté. Il apparaît que l'ouverture d'esprit, le respect, la reconnaissance, la tolérance, l'amour, la justice, etc., envers l'autre soient des valeurs fantômes de l'apprentissage au sein de différentes communautés. Certaines personnes vivent aussi au quotidien des frustrations et se sentent marginalisées, exclues à cause de leur appartenance communautaire. Cette dernière semble être au centre de tensions et se voit imputer un rôle majeur dans nombre violences commises entre groupes : émeutes urbaines, attentats, massacres, guerres civiles ou encore génocides, qui peuvent être lus comme des résultats de tensions entre les communautés.
Apprend-on à devenir citoyen au sein de nos communautés respectives ou bien l'éducation au sein des communautés est-elle une « voie royale » empêchant l'intégration nationale et la citoyenneté universelle ? Les contributeurs de cet ouvrage traquent ce paradoxe des communautés, à la fois ressource et menace à l'apprentissage de la citoyenneté.
Ce livre apporte à la connaissance du public un ensemble d'articles publiés dans la presse du monde entier entre 1958 et 1962 consacrés à La Question d'Henri Alleg : il montre comment cette controverse dans le champ littéraire (critique littéraire et presse quotidienne) a contribué à l'évolution des représentations collectives et à la redéfinition des lignes de clivages idéologiques.
Perspectives sociocognitives, apprentissage et conduites sociales.
Gilles Savary propose une grande loi des mobilités de proximité et en esquisse le contenu (mise en ordre de la décentralisation, gouvernance locale, financement des transports).
L'association Docteurs Bru travaille depuis 1996 sur la question de l'inceste avec la création de son établissement spécialisé pour l'accueil de jeunes files situé à Agen et ses multiples actions de réflexion et/ou de recherche.
Ce Xe colloque organisé en juin 2022 en est l'illustration au moment où des places pour garçons sont créées à Agen et où l'association va ouvrir un établissement mixte à Paris.
Les garçons victimes sont restés longtemps invisibilisés et il nous a semblé essentiel de contribuer à la réflexion sur les mécanismes à l'oeuvre dans le fait qu'il soient, aujourd'hui encore, si peu pris en compte.