Mai 1940, Berlin fête la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Frau Rosenthal, Juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers. Aucun roman n'a jamais décrit d'aussi près les conditions réelles de survie des citoyens allemands, juifs ou non, sous le III? Reich, avec un tel réalisme et une telle sincérité. Écrivain réaliste populaire, Hans Fallada, pseudonyme de Rudolf Ditzen (1893-1947), a dressé un tableau très fidèle de la société allemande entre les deux guerres, pour terminer en 1947 par Seul dans Berlin, son chef-d'oeuvre, dont Denoël publie une nouvelle traduction, pour la première fois dans sa version originelle et non censurée. Cette édition restitue enfin la vision de Fallada dans son intégralité, sans simplification possible : celle d'un homme et d'une femme debout.
Un beau matin, Onni Rellonen, petit entrepreneur dont les affaires périclitent, et le colonel Hermanni Kemppainen, veuf éploré, décident de se suicider. Le hasard veut qu'ils échouent dans la même grange. Dérangés par cette rencontre fortuite, ils se rendent à l'évidence : nombreux sont les candidats au suicide. Dès lors, pourquoi ne pas fonder une association et publier une annonce dans le journal ? Le succès ne se fait pas attendre. Commence alors, à bord d'un car de tourisme flambant neuf, une folle tournée à travers la Finlande. Parmi la trentaine de suicidaires de tous poils qui s'embarquent pour l'aventure : un joyeux boute-en-train et un vieux Lapon sympathique et retors, éleveur de rennes, qui voient là une issue inespérée à leurs infortunes.
Un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal. L'occasion aussi d'une réflexion férocement drôle sur le suicide.
Que se passerait-il outre-Manche si, par le plus grand des hasards, Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture ? Si, tout d'un coup, plus rien n'arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu'elle en vienne à négliger ses engagements royaux ? C'est à cette drôle de fictions que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les soeurs Brontë, le sulfureux Jean Genet et bien d'autres défilent sous l'oeil implacable d'Elizabeth, cependant que le monde empesé et so british de Buckingham Palace s'inquiète : du valet de chambre au prince Philip, d'aucuns grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l'implacable protocole de la maison Windsor. C'est en maître de l'humour décalé qu'Alan Bennett a concocté cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture.
En 1943, Curzio Malaparte, grand correspondant de guerre et officier de liaison auprès des Alliés, se trouve à Naples avec les troupes américaines venues libérer le pays. Entouré de ces hommes fraîchement débarqués en Europe, que les années de combat et de désillusion n'ont pas encore abîmés, l'auteur entreprend une tragique odyssée à travers une Italie en ruine, livrée à la misère et au chaos. Partout on se livre aux plus viles exactions. Comme un écho au tumulte des hommes, le Vésuve entre en éruption, les animaux meurent au supplice, la terre se déchire. De page en page, la complexité de ces destins happés par la brutalité de l'Histoire se déploie sous l'oeil de l'auteur, intransigeant jusqu'à l'écoeurement avec la cruauté des faits. Et c'est là la force de son récit : outre la beauté de son style, c'est sa capacité à s'indigner et à indigner le monde qui demeure remarquable. Curzio Malaparte poursuit avec La Peau sa magistrale entreprise de témoignage sur la Seconde Guerre mondiale.
Un récit sur l'enfance et la famille, doublé d'un portrait de l'artiste en jeune homme, nouveau volume de l'exceptionnelle fresque autobiographique de Karl Ove Knausgaard.
Par une belle journée d'août 1969, une famille emménage dans sa nouvelle maison de Tromøya, dans le sud de la Norvège. C'est ici que le fils cadet, Karl Ove, alors âgé de tout juste huit mois, va passer son enfance, rythmée par les expéditions à vélo, les filles, les matchs de football, les canulars pyrotechniques et la musique. Pourtant, le jeune Karl grandit dans la peur de son père, un homme autoritaire, imprévisible et omniprésent.
Ce troisième opus est le portrait sans fard d'un enfant à la personnalité complexe, terriblement sensible mais peu attachant, à fleur de peau. Knausgaard y dépeint un monde dans lequel enfants et adultes évoluent selon des trajectoires parallèles qui ne se croisent jamais et raconte comme nul autre cette période de la vie durant laquelle chaque victoire et chaque défaite sont ressenties avec violence, où toute tentative de se construire est vouée à la frustration. Jeune homme est un roman magistral, inoubliable, sur le difficile éveil à la conscience de soi, le poids du passé, et le besoin viscéral de découvrir d'autres vies et d'autres mondes.
À 18 ans, fraîchement sorti du lycée, Karl Ove Knausgaard part vivre dans un petit village de pêcheurs au nord du cercle arctique, où il sera enseignant. Il n'a aucune passion pour ce métier, ni d'ailleurs pour aucun autre : ce qu'il veut, c'est mettre de côté assez d'argent pour voyager et se consacrer à l'écriture. Tout se passe bien dans un premier temps : il écrit quelques nouvelles, s'intègre à la communauté locale et attire même l'attention de plusieurs jolies jeunes femmes du village.
S'installe peu à peu la nuit polaire, plongeant dans l'obscurité les somptueux paysages de la région et jetant un voile noir sur la vie de Karl Ove. L'inspiration vient à manquer, sa consommation d'alcool de plus en plus excessive lui vaut des trous de mémoire préoccupants, ses nombreuses tentatives pour perdre sa virginité se soldent par des échecs humiliants, et pour son plus grand malheur il commence à éprouver des sentiments pour l'une de ses élèves.
Entrecoupé de flash-back où l'on découvre l'adolescence de Karl Ove, et grâce auxquels on découvre l'ombre omniprésente de son père, Aux confins du monde capture d'une main de maître le mélange enivrant d'euphorie et de confusion que chacun traverse à la fin de l'adolescence.
Dans la campagne allemande, dans l'immédiat après-guerre, le couple Doll accueille avec espoir les troupes russes, contrairement au reste du village, terrorisé par ces « envahisseurs ». Herr Doll est un écrivain d'un certain âge, sa femme, jeune et riche, est veuve d'un premier mari. Du fait de son statut d'intellectuel, et comme il s'est toujours tenu à l'écart des nazis, Herr Doll est désigné par les Russes pour devenir maire par intérim. Mais cette nouvelle fonction plonge les Doll dans la dépression, tant ils seront confrontés à la bassesse et à la mesquinerie des villageois. Leur retour à Berlin, si longtemps espéré, ne se passe pas comme prévu. Tout n'y est que ruines et désolation. Les Doll sombrent dans une addiction à la morphine et devront s'accrocher à chaque étincelle d'humanité pour se reconstruire au milieu des décombres.
Emilia est un prodige des arts forains. Grâce à des années de cirque, la belle éléphante de trois ou quatre tonnes maîtrise mille acrobaties, et danse la troïka et le gopak à la perfection. Son spectacle ravit désormais les passants dans les gares, ainsi que les passagers du Transsibérien. Mais lorsque les lois se durcissent en matière de spectacle animalier, Emilia, en sa qualité d'éléphante, se retrouve brutalement au chômage...
Lucia, sa dompteuse, ne peut se résoudre à abandonner son acolyte pachydermique, et c'est ainsi que démarre leur improbable périple, de ferme en ferme dans les forêts de Finlande, jusqu'à un cargo en partance pour l'Afrique. Petit à petit, les personnages les plus farfelus se pressent autour de l'adorable bête, chacun portant secours à ce pachyderme rempli de tendresse qui partout où elle passe sème l'enchantement et la zizanie. Entre deux amourettes, Lucia et Emilia s'embarquent dans des dizaines de mésaventures plus insolites les unes que les autres...
" Je fais encore des cauchemars. D'ailleurs, j'en fais si souvent que je devrais y être habitué depuis le temps. Ce n'est pas le cas. Personne ne s'habitue vraiment aux cauchemars. " Ainsi parle Johnny Errand au seuil de cette Maison des feuilles , et de poursuivre sa mise en garde : " Ça ne se produit pas immédiatement, mais sans prévenir vous vous apercevrez que les choses ne sont pas telles que vous pensiez qu'elles étaient.
" Dans son introduction, Johnny explique comment il a trouvé un mystérieux manuscrit à la mort d'un vieil homme aveugle, décidé de le mettre en forme et de l'annoter de façon très personnelle. Le texte se présente comme un essai sur un film, le Navidson Record, réalisé par Will Navidson, un photoreporter, lauréat du prix Pulitzer. Will, qui vient d'emménager avec sa famille dans une maison en Virginie, filme son installation, réalisant une sorte de "home movie".
Tout s'annonce bien jusqu'à ce qu'il découvre une pièce qui jusqu'alors n'existait pas. Passé l'étonnement, il se rend à une évidence troublante : la maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Navidson tente d'explorer les lieux mais, après avoir manqué se perdre, il engage des explorateurs professionnels. L'horreur commence alors. Aussi bien pour les membres de l'expédition que pour le lecteur - lui-même égaré dans le dédale des notes qui envahissent les pages comme un lierre maléfique.
Que cache la maison ? Quel est ce grondement qu'elle émet de temps en temps ? Pourquoi Johnny a-t-il ces cicatrices ? Pourquoi le manuscrit de Zampanù semble-t-il le rendre fou ? A la fois jeu de piste, récit fantastique, dérive personnelle, essai faussement académique, La Maison des feuilles a pour effet de changer progressivement le lecteur en apprenti sorcier, monteur de salle obscure, détective amateur, spectateur.
Une lecture littéralement habitée.
Berlin, 1942. Friedrich, jeune Suisse installé à Berlin, rencontre Kristin dans une école d'art. Elle l'entraîne dans les folles nuits de la capitale, l'enivre de cognac dans des cabarets clandestins et lui donne son premier baiser. À ses côtés, la guerre semble bien lointaine.
Mais un matin, la réalité le rattrape. Kristin frappe à sa porte, le visage tuméfié, lui avouant qu'elle ne lui a pas dit toute la vérité. Son vrai nom est Stella, elle est juive. La Gestapo l'a démasquée et l'oblige à conclure un pacte inhumain : dénoncer des juifs pour sauver sa famille.
Ce roman inspiré de l'histoire vraie de Stella Goldschlag dresse le portrait d'une femme prise dans l'engrenage tragique de l'Histoire.
Nous sommes en 1940 sur l'île de Céphalonie, un petit paradis au large de la Grèce. Pélagia, la fille unique du Dr Yannis, écrit longuement à son fiancé Mandras, un jeune pêcheur parti au front. Bientôt, l'île se retrouve occupée par l'armée italienne. Le Dr Yannis doit héberger chez lui le capitaine Corelli. Sans nouvelles de Mandras, Pélagia tombe sous le charme du bel officier et de ses airs de mandoline. Mais les catastrophes se déchaînent. Aux Italiens succèdent les Allemands et leurs atrocités. Et comme si les dieux avaient à jamais abandonné Céphalonie, la terre elle-même se met à trembler. L'amour si fragile de Pélagia et Corelli peut-il survivre à tant de haine, de peur et de folie ? Peut-on continuer à vivre quand il ne reste que le souvenir, la tendresse, la musique à leur opposer ?
Planète Terre, XXIe siècle. La fin du monde approche, le chaos est partout. Alors que l'économie s'effondre, le pétrole vient à manquer, les communications sont coupées, les villes croulent sous les déchets et la famine s'étend, aggravée par l'explosion d'une centrale nucléaire russe. Des hordes de miséreux sillonnent les continents. La troisième guerre mondiale est sur le point d'éclater...
Pourtant, quelque part au fin fond des forêts du Kainuu, dans l'Est de la Finlande, un étrange havre de paix et de prospérité demeure. C'est là que, quelques années plus tôt, au seuil de la mort, un vieux communiste militant, grand bouffeur de curés, a chargé son petit-fils Eemeli Toropainen de construire sur ses terres, pour le rachat de son âme, une église en bois copiée sur un modèle du XVIIIe siècle. Autour d'elle, une communauté de joyeux et délirants Finlandais s'est peu à peu formée : ensemble ils revisitent les techniques de subsistance de leurs ancêtres et la vie en autarcie, loin d'un monde en déconfiture.
Avec l'humour qu'on lui connaît, Arto Paasilinna plaide pour un certain retour au bon sens paysan, à une vie plus simple et plus proche de la nature, loin des diktats de la société de consommation.
Dans la grande tradition du roman familial La Famille Karnovski retrace le destin de trois générations d'une même famille juive après qu'au début du siècle dernier l'aïeul, David Karnovski, las des traditions, décide de s'émanciper en quittant son shtetl de Grande Pologne pour rejoindre la société juive assimilée de Berlin. Adepte de Mendelssohn et de ses idéaux, il cherche à inculquer à son fils Georg Moïse les valeurs de la haskala : «juif parmi les Juifs et allemand parmi les Allemands». D'année en année, les Karnovski s'ancrent un peu plus dans la culture de leur pays d'élection. Et pourtant, chaque épisode de la vie de cette famille questionne sa place dans leur société d'adoption. Alors que la peur et les humiliations s'installent, qu'adviendra-t-il de Jegor, le petit-fils né dans l'Allemagne nazie d'un père juif et d'une mère aryenne ? Publié en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le roman de Singer, inédit en français, est hanté par cette tragique conjoncture et par la volonté, qui traverse son oeuvre tout entière, de démêler le complexe destin de son peuple.
«ÇA POURRAIT FAIRE UN PEU MAL. SOYEZ COURAGEUX.»C'est la Saint-Valentin sur l'île de Terre-Neuve, dans le nord du Canada. Les blizzards sont le quotidien des insulaires, mais celui qui menace aujourd'hui est d'une violence rare. À l'intérieur du restaurant Hazel, c'est une autre tempête qui se prépare. Iris, jeune serveuse, redoute de croiser le regard de son chef à l'emprise malsaine, son collègue Damian cache sa nuit de défonce comme il peut tandis qu'Olive, qui ne devrait pas être là, cherche un peu de chaleur. Tous sont sur le fil, près d'exploser, et entre deux coupures de courant, la vérité pourrait poindre et tout écraser sur son passage.Avec ce roman choral qui interroge non sans férocité la masculinité toxique et la difficile intégration au sein d'une communauté fermée, Megan Gail Coles s'est fait une place de choix au sein du cercle des écrivains nord-américains qui comptent.
Volomari Volotinen ne pensait pas trouver l'âme soeur en Laura Loponen, qui, à plus de quarante ans, s'était faite à l'idée de finir vieille fille. Et pourtant, c'est le coup de foudre entre ces deux êtres aussi farfelus qu'attachants. L'autre passion de Volomari, ce sont les antiquités. Le père de Volomari consacrait déjà son temps libre à amasser des vieilleries, qu'il conservait avec une ferveur quasi obsessionnelle, jusqu'au jour où ses trésors partirent en fumée lors d'un incendie qui détruisit le domicile familial.
Ce jour-là, Volomari s'est juré de devenir à son tour collectionneur, à ceci près que ses trouvailles seront bien plus rares et précieuses que les antiquailles paternelles. De voyages en Laponie en expéditions archéologiques, il va constituer une collection très particulière, dont son épouse Laura sera la pièce maîtresse. D'une touffe de poils pubiens préhistorique à un canon (chargé) de la dernière guerre, du véritable slip de Tarzan au dentier d'un vénérable maréchal en passant par une authentique clavicule du Christ datée de 700 apr. J.-C. (!), toutes les époques sont revisitées par ce roman, véritable apologie des collectionneurs en tout genre et, somme toute, de la vie !
À l'approche de la cinquantaine, le pasteur Oskari Huuskonen traverse une mauvaise passe. Son mariage bat de l'aile, sa foi vacille, ses prêches peu conformes aux canons de l'Église lui attirent les foudres de ses supérieurs et ses paroissiens le désolent. Comme si cela ne suffisait pas, ses ouailles décident de lui offrir pour son anniversaire un cadeau empoisonné : un ourson qui vient de perdre sa mère, spectaculairement morte par électrocution au sommet d'un pylône à haute tension du village. Mais le pasteur s'attache peu à peu à l'animal et pousse la sollicitude jusqu'à lui construire pour l'hiver une tanière dans laquelle il finit par le rejoindre, en compagnie d'une charmante biologiste venue étudier les moeurs de la bête. Il n'en fallait pas moins pour que la vie d'Oskar Huuskonen bascule : la pastoresse demande le divorce, la biologiste prend la tangente et l'évêque, lassé des bizarreries du pasteur, le met d'office en congé. Ruiné et l'esprit chagrin, Huuskonen décide de partir à l'aventure avec son ours. Un long périple qui les mènera de la mer Blanche à Odessa, Haïfa, Malte ou Southampton, en quête d'un sens à leur existence.
A pas aveugles de par le monde fait figure d'exception dans la littérature yiddish, non tant par son sujet - l'anéantissement des Juifs d'Europe - que par sa conception et sa forme.
De fait la Shoah n'y est pas directement abordée. Le roman s'ouvre une semaine après la fin de la guerre alors que les deux héros, S et " Je ", ainsi que plusieurs autres personnages, entament une véritable odyssée à travers l'Europe dévastée. Réchappés d'un espace de non-humanité, ils retournent vers l'humanité d'après le déluge. Le roman fonctionne sur une triple temporalité : le présent des protagonistes, leur passé immédiat et, pour certaines des villes traversées comme Amsterdam ou Rome, la résurgence d'un passé plus lointain.
Le - les héros - car la focalisation oscille sans cesse de S à "Je" - vogue de lieu en lieu; partout, pour mille et une raisons, il est retenu et comme happé par l'endroit qui l'accueille. Chaque ville fait naître des romans dans le roman où se croisent des dizaines de personnages - parmi eux ceux qui ont connu "les Plaines", comme l'auteur nomme les lieux d'extermination, et les autres, ceux qui ont été épargnés.
Les premiers tentent de vivre, mais demeurent à tour jamais des êtres de souvenir portant partout avec eux leur tragédie personnelle et la tragédie de l'Histoire; les seconds souhaitent juste oublier. Entre ces deux groupes d'hommes des liens se tissent, des drames anciens ou nouveaux éclatent. Mais si la quête d'Ulysse le ramenait à Ithaque, celle du (des) héros de Rochman les entraînera jusqu'aux monts de Judée, où le "Dénombrement" ou le "Livre des Nombres" pourra enfin commencer.
La spécificité et la grande force du livre tiennent au talent avec lequel Leib Rochman mêle les épisodes extrêmement romanesques des récits de vie de cette sorte de tribu d'endeuillés à une méditation plus générale, exempte des contraintes de l'espace et du temps. C'est indéniablement cette capacité à rassembler en un tour cohérent différentes formes d'écriture qui transporte et éblouit le lecteur.
Nous évoluons ainsi au côté de l'auteur de descriptions réalistes en évocations lyriques, de monologues intérieurs hallucinés en profondes réflexions sur l'histoire et sur la nature humaine. Une oeuvre majeure sur les thèmes de la quête et du souvenir.
Le très distingué professeur Surunen, membre finlandais d'Amnesty International, las de se contenter de signer des pétitions, décide de prendre les choses en main et d'aller lui-même délivrer des prisonniers politiques qu'il parraine en Macabraguay, petit pays d'Amérique centrale dirigé par un dictateur fasciste sanguinaire, « hémorroïde sanglante de la planète ». Il passe par Moscou où il sympathise avec un expert international en pingouins et « écluse de la vodka comme un lavabo ayant perdu son bouchon ». Arrivé au Macabraguay, il organise l'évasion de cinq prisonniers politiques, après avoir goûté à la torture des geôles locales. Cette aventureuse mission accomplie, il accompagne l'un de ses protégés jusqu'au paradis communiste auquel celui-ci aspire, dans un pays d'Europe de l'Est baptisé la Vachardoslavie. Là, Surunen découvre le triste sort d'une poignée de dissidents enfermés dans un asile psychiatrique, et s'emploie à les délivrer à leur tour. Les dictatures de tous bords sont ici renvoyées dos à dos avec une ironie mordante et un sens du burlesque accompli !
Ces quatre nouvelles offrent une fresque mordante de l'histoire italienne de 1560 à la Seconde Guerre mondiale à travers les figures des " Oncles " siciliens, incarnations du pouvoir.
Au siècle, un baron et un évêque tyranniques règnent sans partage sur un village de Sicile. jusqu'à ce que la populace se révolte à la faveur de la guerre d'indépendance et que Garibaldi arrive aux portes de la ville. Dans les années 30, un jeune mineur part faire la guerre d'Espagne au sein des contingents envoyés par Mussolini. Il prend conscience qu'il se bat contre ses frères et s'indigne contre les mensonges de la propagande.
En 1943, un petit garçon assiste émerveillé au débarquement des Américains et de leurs bienfaits. En 1979, un cordonnier communiste découvre à la mort de Staline la vraie nature de son idole. Leonardo Sciascia livre le tableau épique d'un petit monde sicilien pris dans les remous de l'Histoire et dénonce à grands renforts d'humour noir les puissants et les compromissions.
Après avoir quitté son poste de gestionnaire d'une usine de granulés de bois, Aaro Korhonen achète à Helsinki un local dont la propriétaire vient de mourir et décide d'ouvrir une brocante-bouquinerie-salon de thé. Il retrouve un vieux copain, Oskari Mättö, qui l'accompagnera avec son corbillard dans toutes ses aventures. Les ennuis commencent quand Ariel Auvinen - après avoir suivi dans le ciel un séminaire d'initiation à la mission d'ange gardien - se voit attribuer la protection d'Aaro. En ange gardien modèle, il cherche tout d'abord à contrarier les projets de son protégé, qui veut vendre de l'alcool dans son salon de thé, puis se met en tête de lui trouver une épouse convenable, voyant d'un mauvais oeil son idylle avec la serveuse du salon de thé. Il jette son dévolu sur une institutrice, Mlle Ritva Nuutinen, qui, sous son influence, débarque à Helsinki. Mais c'est sans compter un démon qui est bien décidé à se débarrasser du zélé ange gardien.
« Les parents donnent la vie à l'enfant, l'enfant donne de l'espoir aux parents. Cela te paraît lourd à porter? Ça ne l'est pas. L'espoir est inconditionnel.»La fille de Karl Ove Knausgaard est sur le point de voir le jour. En attendant sa naissance, son père entreprend de lui raconter le monde. Les grenouilles, le crépuscule, les chewing-gums, la solitude, la guerre, les étoiles... Rien n'est trop petit ni trop vaste pour susciter l'attention du romancier qui évoque aussi sa vie quotidienne avec sa femme et ses enfants dans la campagne suédoise.Premier volume du «Quatuor de saisons», En automne donne à voir les émerveillements d'une paternité naissante dans une nature qui jette ses derniers feux.Né en Norvège en 1968, Karl Ove Knausgaard a accédé à une reconnaissance internationale avec son cycle autobiographique Mon combat, dont les sept volumes ont paru aux Éditions Denoël. L'ouvrage est enrichi des illustrations de Vanessa Baird, artiste norvégienne née en 1963. Ses peintures ont été exposées dans de nombreux musées du monde.
Erwin Sommer, citoyen estimé de sa ville, mène une vie paisible, heureux propriétaire d'un florissant magasin de produits agricoles, marié depuis quinze ans à Magda. Une série d'échecs professionnels et de tensions grandissantes dans son couple l'entraîne à boire : il découvre la plénitude de l'ivresse, les joies de la débauche et de l'oubli. Lucide sur sa dépendance et sa lâcheté, Sommer continue malgré tout, toujours plus bas, toujours plus vite, à faire le choix de l'alcool, des compagnons de misère et du suicide social. D'humiliations sordides en cuisantes défaites, de formidables beuveries en terribles disputes avec sa femme, il finit derrière les barreaux où il entame une monumentale gueule de bois. Peinture réaliste des bas-fonds de la société allemande et des recoins les plus sombres de l'âme humaine, ce récit écrit en 1944 est à la fois un brûlant témoignage d'une atroce dépendance dont Fallada lui-même ne réussit jamais à se débarrasser, et une extraordinaire peinture des moeurs sociales, judiciaires et pénitentiaires d'une époque. Du grand Fallada, noir et grinçant.
La traductrice en France de Hans Fallada a sélectionné 21 nouvelles de l'auteur parmi deux recueils jamais traduits, Rapport objectif sur le bonheur d'être morphinomane et La Bonne Prairie à droite .
Le quotidien d'un morphinomane. Un alcoolique cherche à se faire emprisonner pour arriver enfin à se désintoxiquer. Un garnement plaide sa défense devant le juge. Une paysanne au mari jaloux perd son alliance pendant la récolte des pommes de terre. Une passion amoureuse entre une jeune fille de bonne famille et un voyou. Un cambrioleur rêve de retourner en prison où la vie est, finalement, si tranquille. Le journal d'un chômeur et de son compagnon d'infortune. Un mendiant vend sa salive porte-bonheur. Après trente ans de mariage, une femme mariée rêve de pouvoir dormir à nouveau seule.
On retrouve dans ce recueil quelques-uns des thèmes de prédilection de Hans Fallada, déjà abordés dans les romans traduits récemment en français : le quotidien du petit homme, l'aventure du couple, la vie des paysans, des portraits de gentils voyous et d'indécrottables truands, mais aussi les problématiques de la drogue, les effets du chômage et de la crise.
Fallada s'attarde sur les travers, les mesquineries, la générosité et l'extravagance de ses contemporains, avec un humour ravageur et une grande délicatesse. Il nous offre une plongée passionnante dans son époque, qui tend un miroir singulier à la nôtre : c'est cet écho qui a guidé le choix de ces nouvelles. Exercices d'écriture quotidiens, anecdotes ou tranches de vie au long cours, ces nouvelles sont très souvent autobiographiques.
Elles reflètent remarquablement la diversité de l'écriture de Fallada, retraçant sa vie, ses obsessions, ses passions et ses vices, ses lubies et ses trouvailles, et son inépuisable désir de raconter le monde tel qu'il est, au quotidien, chez monsieur et madame Tout-le-monde.
Allemagne, années 30. Le Môme et Bichette - respectivement Johannes Pinneberg, petit comptable de province, et Emma Mörschel, fille d'ouvriers - s'aiment d'un amour sans nuage. Lorsqu'ils découvrent la grossesse d'Emma, ils décident de se marier sur-le-champ. Commence alors pour eux un douloureux et émouvant apprentissage : celui de la vie de famille dans une société allemande à la dérive, déchirée par la crise économique et les conflits sociaux, où les petites gens aux abois sont à la merci de profiteurs sans scrupule. Du petit village de Ducherow aux faubourgs de Berlin, de petits appartements miteux en cabanon de fortune, la vie des Pinneberg devient de plus en plus dure : précarité de l'emploi, manque d'argent, humiliations et chômage hantent peu à peu leur quotidien. Insatiables amoureux que l'espoir de jours meilleurs transporte à travers les pires épreuves, Emma et Johannes lutteront sans relâche contre la vague de désolation qui, inexorablement les tire vers le fond. Tout à la fois satire sociale et grand roman d'amour, Quoi de neuf, petit homme ? est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature allemande d'avant-guerre.