En mettant en évidence le lien entre les injonctions productives et la manière dont s'élaborent les masculinités, l'auteure montre comment le système capitaliste modèle et transforme ces dimensions au fur et à mesure de son évolution. Elle examine aussi les réponses différenciées des hommes à ces prescriptions selon leur place dans la hiérarchie et dans l'organisation du travail.
Peu de recherches sont consacrées aux femmes incarcérées pour de longues peines : ni sur les violences subies en amont du fait des hommes, ni sur leurs raisons d'être violentes elles-mêmes « par ricochet ». C'est l'analyse de ce continuum de violence, trop peu pris en compte lors de la décision de justice, que propose cet ouvrage. À partir d'une enquête originale, l'auteure montre comment le parcours d'exécution de la peine est façonné par un dispositif disciplinaire où les femmes doivent se conformer à l'ordre social du genre.
Sociologue, Natacha Chetcuti-Osorovitz est l'auteure de nombreux livres, publications et rapports sur les violences de genre, la sociologie carcérale, le féminisme et le lesbianisme.
Le travail du care a été rendu plus visible par la pandémie. Mais connaissons-nous vraiment ces travailleurs. ses et la diversité de leurs expériences, pratiques et conditions de travail ? Dans cet ouvrage, Helena Hirata, sociologue de renommée internationale et directrice de recherches émérite au CNRS, explique de manière pédagogique et vivante les théories du care. La comparaison des trajectoires des travailleurs.
Ses et des politiques de soin en France, au Japon et au Brésil permet de comprendre les configurations différentes des rapports sociaux de sexe, de classe et de race dont dépendent la dévalorisation du travail de care. L'ouvrage est précédé d'une préface d'Evelyn Nakano Glenn, chercheuse pionnière et internationalement reconnue au sein des études du care.
La parution de ce recueil de textes de Paola Tabet, l'une des théoriciennes féministes les plus novatrices des dernières décennies, constitue un événement éditorial important dans le champ des études anthropologiques et féministes. Dans ces textes inédits en français, l'anthropologue italienne présente son analyse matérialiste des rapports sociaux de sexe, poursuit sa critique de la naturalisation de la division sexuelle du travail et de la reproduction, et précise son concept « d'échange économico-sexuel », qui est devenu un concept nodal dans le champ des études féministes et queer. Ce travail offre aux lecteurs un ensemble d'outils théoriques et politiques originaux dont l'objectif est de comprendre et de déconstruire les rapports sociaux de sexe et les fondements de la domination masculine.
L'ouvrage se compose de trois parties principales et d'un entretien. Dans le premier chapitre, l'auteure montre que dans la majorité des sociétés connues, la sexualité apparait comme un échange asymétrique entre hommes et femmes, non un échange de la sexualité contre de la sexualité, mais comme une compensation masculine pour une prestation féminine, un paiement qui peut prendre les formes plus variées (prestige, statut social, argent, don) en échange d'une sexualité transformée en service. Le deuxième chapitre interroge la naturalité de la sexualité : comment passe-t-on d'une potentialité biologique à une reproduction imposée ? L'auteure examine l'action des agents qui interviennent aux différents moments du processus reproductif : depuis l'organisation sociale du coït, de la grossesse, etc., jusqu'au sevrage de l'enfant. Dans le troisième chapitre, Paola Tabet analyse un aspect de la division sexuelle du travail trop rarement étudié convenablement dans les travaux d'anthropologie et de sociologie : celui des outils dont se servent hommes et femmes. Le quatrième chapitre présente de manière synthétique les thèses principales de l'auteure dans l'ensemble de son travail. Pour terminer, dans l'entretien avec le sociologue Mathieu Trachman, l'auteure revient sur son parcours théorique et personnel dans le champ du féminisme matérialiste.
D'entrée de jeu, la préface de cette réédition répond et désarme avec brio les polémiques sur le care, polémiques parfois induites par la précédente édition. Ce qui conduit l'auteure à mettre la focale sur ce qu'est vraiment la « perspective du care » et à montrer l'inédit de cette position théorique.
Cette préface apporte donc une plus-value incontestable à un ouvrage qui a déjà connu un vif succès.
Le « care », le souci des autres, n'est pas une mode, un slogan ou une morale des bons sentiments, mais un travail réel, celui des professionnels du soin et de l'assistance, et en même temps une proposition politique concrète : celle d'une autre société, centrée sur la reconnaissance de ce travail. Mais une telle société, plus juste, ne serait pas pour autant pacifiée et idéale: le care est nécessairement une zone de conflits et de tiraillements, et on ne peut pas complètement évacuer le « sale boulot ». Dans cet ouvrage, Pascale Molinier, auteure de nombreux ouvrages sur le travail et sur le care, interroge l'activité réelle des travailleuses du care, salariat essentiellement « subalterne », c'est à dire surexploité, sous-payé, stigmatisé par sa couleur de peau, ses origines ou son « manque de qualification », et les questions pratiques, éthiques et politique qu'elle pose à nos sociétés.
Pascale Molinier, professeure de psychologie à l'université Paris-XIII, s'appuie ici sur une enquête empirique approfondie dans une maison de retraite de la région parisienne, en 2012. A la différence des ouvrages philosophiques sur la question, elle ne s'appuie donc pas sur la théorie ou la fiction, mais sur l'activité des pourvoyeuses du care : aidessoignantes, infirmières, brancardières et femmes de ménage. Elle montre notamment que les conflits autour du care sont d'abord des tensions entre des femmes blanches qui dirigent et des femmes noires ou magrébines, comment les injonctions techniques et la dimension relationnelle peuvent s'opposer dans le travail, et que l'empathie envers les vieillards, la plupart du temps maintenue malgré le fait que l'encadrement le leur reproche souvent, ne peut jamais être déconnectée de ces conflits pratiques et hiérarchiques.
Elle ne fait pas seulement entendre la voix des travailleuses du care, mais les fait également dialoguer avec le meilleur de la philosophie morale ; et, comme l'exprime l'auteur, elles sont le plus souvent à la hauteur.
Cet ouvrage, très accessible et toujours vivant, propose donc de changer de regard sur le travail, sur le soin, et sur la société. Il fait entendre une voix singulière, sensible et forte, dans les débats autour du care.
L'émergence de la problématique du genre à partir de la fin des années 1970 a coïncidé avec le recul de la problématique des classes.
Ce basculement est une manifestation de la tendance récurrente de la recherche, mais aussi des médias et des discours politiques, à expliquer le mouvement des sociétés à partir d'un seul type de rapports sociaux, en écartant les autres. le livre de roland pfefferkorn, professeur de sociologie à l'université marc bloch de strasbourg et membre du laboratoire cultures et sociétés en europe du cnrs, vise à analyser l'ensemble des rapports qui se nouent entre les divers groupes sociaux, et en premier lieu entre classes et entre sexes.
Car les hommes et les femmes entrent en relation de plus d'une manière. leurs groupes d'appartenance sont multiples : classes, sexes, générations, " races "... pour la première fois, Un même ouvrage dresse un bilan des principales approches sociologiques des rapports de classes et de sexes. il débouche sur un ensemble original et fortement argumenté de propositions pour sortir des représentations unilatérales de la société et inscrire ces rapports dans le temps et dans l'espace.
Se battre, disent-elles... est un recueil raisonné des principaux textes de Danièle Kergoat, militante et pionnière des études féministes, ainsi que de la sociologie du travail et du genre. Il donne à voir, dans ses moments essentiels, la construction d'analyses et de concepts qui font aujourd'hui référence pour les chercheurs et pour les militants : et notamment la division sexuelle du travail, les rapports sociaux de sexe, ainsi que leur intrication avec les rapports sociaux de classe et de « race ». En s'appuyant sur ses recherches, notamment sur les ouvrières et sur l'émergence de collectifs de lutte féminins, l'auteur déconstruit les rapports de domination pour mieux éclairer, et accompagner, la dynamique d'émancipation et l'augmentation de la puissance d'agir des femmes dans notre société.
Les chemins de l'émancipation des femmes, salariées ou retraitées, d'ici ou d'ailleurs, renvoient à des formes singulières d'individualisation et de rapport au collectif.
Cet ouvrage cherchent à les comprendre à la lumière des transformations de l'ensemble des rapports sociaux de sexe, de classe, de "race" et de génération. Les enquêtes empiriques présentées ont été menées dans le monde du travail, de l'action sociale et de l'engagement militant ; elles interrogent le passage au collectif, les dynamiques identitaires, les contraintes familiales et professionnelles ou l'engagement syndical des femmes.
Dans une réflexion introductive, la dialectique de l'individuel et du collectif est mise en perspective dans le cadre des recherches contemporaines sur l'individualisation et l'émancipation. Certes les individus et collectifs féminins font l'expérience de rapports sociaux spécifiques source de domination, mais qui doivent être pensés aussi comme potentiellement porteurs d'émancipation. Ce livre affirme avec force que cette émancipation implique la construction de nouvelles formes de collectifs.