L'imagination fantastique de Félicien Rops l'amène parfois jusqu'au morbide. Si l'artiste fut maudit - ses audaces firent scandale à l'époque -, c'est pour avoir traité avec raffinement des thèmes réputés vulgaires, et mené ainsi une analyse impitoyable et parfois amère des faux-semblants et des conventions sociales. Férocité de fond et de forme que l'on retrouve dans ses écrits, qui jouent sur un très large clavier.
Sous une nuit étoilée, en plein Sahara, surgit soudain une cathédrale en pierres translucides dont le narrateur entreprend l'ascension en compagnie d'une femme légère comme l'air et vêtue d'une robe diaphane : Mélusine. Il s'efforce de suivre les traces de cette fée jusqu'au coeur de la vie moderne, où leurs pas croiseront ceux de Charlot et de Merlin.
«Le spectateur fait son travail, dit Catherine Breillat. S'il ne voit rien, il imagine tout. Et quand il voit tout, il imagine qu'il ne voit rien parce qu'il est dans l'émotion. C'est le désir qui fait la scène, ce n'est pas le fait de voir ou de ne pas voir. Le cinéma, c'est croire qu'on a vu, alors qu'il s'agit de choses qu'on a vécues. » Cette citation, Christine Aventin l'a épinglée au mur de son bureau, l'établissant comme prémisse à toute pensée, et comme fondement narratif. Qu'il s'agisse de parler de la virginité des filles, du viol, de l'ogre ou de l'obscène, ce rapport cathartique à l'oeil, à l'émotion et au désir, est le socle de ce livre construit comme un essai-fiction où l'auteur se regarde voir les films de Breillat et dissèque son trouble jusqu'à l'inavouable.
Un choix parmi les principaux textes de l'artiste, qui a abordé la peinture dans l'esprit des leçons de choses. Sous cet angle, il a instruit le procès systématique de l'image visuelle dont il s'est plu à souligner les défaillances et à marquer le caractère dépendant des figures de langage et de pensée.
Au menu, en vrac et entre autres : Ensor par lui-même, ses hauts faits artistiques, sa défense du milieu naturel, ses insultes aux architectes, peintres à manières " étriquées " et autres " vivisculpteurs ", ses célébrations d'Ostende, de la mer, de la Flandre et, bien sûr, de l'Eternel (c'est-à-dire Ensor), le tout payé en devises mirobolantes.
Ici, " les suffisances matamoresques appellent (toujours) la finale crevaison grenouillère "... du verbe.
" Je t'offre un verre d'eau glacée N'y touche pas distraitement " Toute la poésie d'Odilon-Jean Périer tient dans ces vers délicats, sobres et généreux.
Entre modernisme et tradition, son oeuvre, publiée ici dans son intégralité, est portée par une unité de ton et l'exigence d'une poésie pure et authentique, attentive aux secrets de la vie qu'elle sonde au détour d'une parole vagabonde et promeneuse, essentiellement citadine.