"Les cadavres restèrent tout la nuit sur le carreau de la salle à manger, tordus, vautrés, éclairés de lueurs jaunâtres par les clartés de la lampe que l'abat-jour jetait sur eux. Et, pendant près de douze heures, jusqu'au lendemain vers midi, madame Raquin, roide et muette, les contempla à ses pieds, ne pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards lourds."
L'école est l'objet d'un étrange tabou en France, où l'on amuse la galerie avec la question de la laïcité, alors que la vraie question est celle des structures de l'Education nationale. Celle-ci, hypergéante, centralisée, est un système auto-régulé, qui se survit par miracle. Tout problème prenant des proportions nationales, les solutions réclameraient en effet des décisions politiques dont aucun gouvernement ne peut prendre le risque. Le système est bloqué. Philippe Nemo le qualifie de soviétiforme. A cause de ce système, l'école, en France, s'apprête à rater les trois grands rendez-vous que sont pour elle la formation professionnelle, le développement exponentiel de la communication électronique, et l'accélération décisive de l'évolution des sciences et des technologies. Pendant ce temps, poursuivant les fantasmes ringards des années 1930, les syndicats d'enseignants sont donc en train de détruire l'école républicaine, l'école de Jules Ferry. Ils préparent un retour d'obscurantisme dénoncé dès le milieu des années 1980 par les livres de Maurice T. Maschino, Jacqueline de Romilly, Michel Jumilhac, Jacques Capelovici, Jean-Claude Milner, Laurent Schwartz... {Pourquoi ont-ils tué Jules Ferry ?} prend ces ouvrages pour point de départ, puis expose son propre diagnostic, à savoir que les problèmes de l'école sont, pour l'essentiel, des problèmes de structure. Il peut alors proposer son remède, qui consiste à garantir l'autonomie de l'école en la faisant échapper à la tutelle monopolistique de l'Etat.
une période peu connue de la vie de samuel beckett est celle où, avant d'écrire son premier roman, il enseigna la littérature française à l'université de dublin, en 1930-1931.
un cahier de notes prises par une de ses étudiantes dormait dans les archives de la bibliothèque de trinity college depuis plusieurs décennies. c'est ce document capital pour la compréhension de l'oeuvre de beckett et, d'une façon plus générale, de sa conception de la littérature, que brigitte le juez sort de l'ombre aujourd'hui. les lectures et les opinions de beckett s'y révèlent. gide contre balzac, racine contre corneille, le roman, le théâtre et la modernité, voici éclaircis les fondements de la pensée littéraire d'un des plus grands auteurs de notre temps.
L'enseignement de la philosophie est-il en "crise" ? On ne saurait, en tout cas, continuer d'écarter les faits car ils sont têtus et parlants : plus de 70% des élèves obtiennent au baccalauréat une note inférieure à 10. A l'agrégation, concours suprême de recrutement des professeurs, la moyenne à l'écrit n'atteint pas les 5/20 malgré de longues années d'études après le bac. Lors de la dernière session, sur 1400 copies de la première épreuve... 6 seulement ont obtenu plus de 12/20 !Ces données brutes sont d'autant plus navrantes que les finalités de la philosophie et de son enseignement sont plus légitimes que jamais : en un temps où la vitesse de la communication l'emporte si souvent sur la patience du raisonnement, comment ne pas maintenir, et même développer, dès l'adolescence, l'idéal de penser sa vie par soi-même ? N'est-ce pas là la condition même de l'accession à la citoyenneté dès l'âge de dix-huit ans ? Que faire, dans ces conditions, pour que la philosophie cesse d'être la discipline maudite, celle qui fait peur, non par l'audace des pensées auxquelles elle donne accès, mais par la dureté de la sélection qu'elle risque de pratiquer plus ou moins arbitrairement ?