Elle a couru jusqu'au métro pour ne pas rater le train qui doit la mener à son rendez-vous. Sur le quai presque désert, elle pense à celui qu'elle va rejoindre, à l'odeur de sa peau. À côté d'elle, un vieil homme lui sourit. Le bruit de la rame arrivant à grande vitesse emplit la station quand le petit homme voûté, qui lui sourit toujours, saute sur les rails, comme un enfant qui enjambe un buisson.
Écoute la pluie s'ouvre sur cette scène brutale, pour se poursuivre dans les rues de la ville, où la narratrice tente d'éloigner d'elle le crissement des freins et les larmes du chauffeur. Incapable de téléphoner à l'homme qui l'Attend à l'hôtel des Embruns, elle s'Adresse néanmoins à lui tout au long de cette longue errance nocturne.
Avec ce livre poignant sur le désir et l'urgence de vivre, Michèle Lesbre fait scintiller l'enchevêtrement mystérieux de la trame des jours.
Mandeville, Lanaudière. Il ne se passe pas grand-chose au village, et c'est très bien comme ça. Évidemment, un peu plus d'affluence ne nuirait pas. Quelques touristes ici et là, juste ce qu'il faut pour faire vivre les commerçants locaux... Mais comment les attirer ? La solution s'impose d'elle-même lorsqu'un voleur de cannabis est retrouvé mort, empalé sur son propre sécateur. Inévitablement, policiers et journalistes accourent. Mais une fois l'affaire classée, l'animation retombe. Ce qu'il faudrait, c'est que ce cadavre inopiné soit le premier d'une longue série. Voilà qui fascinerait les curieux, mystifierait les enquêteurs, ferait couler l'encre et, surtout, mettrait enfin Mandeville sur la carte ! Et c'est ainsi qu'un esprit dérangé et légèrement mégalomane décide d'inaugurer la saison de la chasse...
Face à la mer, une maison brûle dans la nuit.
Depuis deux semaines, une femme a rompu avec son amant. Elle a aussi quitté Paris et une place de veilleuse de nuit dans un hôtel. Elle roule sur les routes alentour et marche dans les dunes.
Un homme contemple le brasier et l'invite à s'asseoir à ses côtés, sur le sable. Cette nuit-là, les mots de l'homme font revivre la foule des jours d'été et ses disparus ; une très jeune noyée qu'il n'a jamais oubliée, la mère qui travaillait au café de la plage, puis Sandra, l'Italienne rencontrée plus tard, brusquement extradée.
D'une manière à la fois précise et mystérieuse, ces mots de l'inconnu vont peu à peu faire ressurgir un temps révolu chez cette femme venue ici quelques jours mettre sa vie entre parenthèses : un amour perdu à Bologne et les idéaux de ce temps-là.
Sur le sable parle de la fragilité de nos existences, de la solitude, des occasions manquées, mais aussi de l'étonnant scintillement du réel que sait montrer la littérature.
(Nouvelle édition) Le premier roman de Catherine Mavrikakis est un texte sauvage où les morts et les condamnés ont tous le même prénom, Hervé. Bons morts, mauvais morts, sidéens, suicidés, accidentés s'y ramassent à la pelle. Escortés de ses Hervé morts
Depuis des jours, à la même heure et au même endroit sur son terrain, le sergent-détective Mazenc trouve une canette de boisson énergisante : un désagrément d'abord mineur, puis de plus en plus irritant, surtout à l'aube d'une semaine de vacances bien méritée. En bon protecteur de la bucolique région mandevilloise, Mazenc se met en tête de pincer le pollueur, s'attendant à trouver un vulgaire vandale à sermonner, sans plus. Mais la forêt abrite des criminels bien plus dangereux... À croire que tous les malfrats de la province en ont fait leur repaire. En menant sa petite enquête, le sergent-détective ira ainsi fouiner dans des affaires de plus en plus louches, mettant en péril non seulement ses plans de vacances, mais sa vie ! Heureusement, pour un policier comme lui, le danger reste toujours plus attirant que le repos. Dans ce truculent polar où la région de Lanaudière tient un rôle de choix, on avance sur ses gardes, certain de mettre le pied dans un piège au détour d'un sentier de quatre-roues.
Sydney Blanchard était né sous une bonne étoile. Mais dans sa vie, rien ne s'est vraiment passé. Il n'y a eu que ce séjour en prison pour des meurtres qu'il n'a pas commis. Aujourd'hui à bord d'une belle Lincoln blanche, cette grande gueule irascible décide de rentrer à la Nouvelle-Orléans. Pour renouer avec son destin.
Après les meurtres de 1989, Pearl Watanabe s'était juré de ne pas remettre les pieds sur le continent américain. La voici qui passe des vacances près d'Atlanta, chez sa fille. Il f aut bien essayer de conjurer le sort.
À environ une heure de route de là, Ray Ryan ne peut se consoler de l'assassinat de son enfant. Depuis tout ce temps, la voix autoritaire de Dieu ne l'a pourtant jamais abandonné. L'exécution du meurtrier aura bientôt lieu.
Au pénitencier de Charlestown, Smokey Nelson, l'assassin, vit ses derniers jours.
Catherine Mavrikakis signe ici un roman polyphonique, multicolore, ample. À l'échelle du contient dont il est l'écho.
1960. Cette année-là, une maison de tôle est livrée au bout de Veronica Lane à Bay City. Une famille s'y installe. Deux soeurs, Denise et Babette, vont donner tour à tour naissance à de petits Américains. Elles ont quitté l'Europe et la dévastation de la guerre pour l'Amérique. L'avenir paraît alors appartenir à ce continent où tout est plus gai, plus neuf.
Mais l'Histoire ne se laisse pas mettre de côté. La fille de Denise va découvrir dans le sous-sol de la petite maison de tôle, cachés et tremblants de peur, ses grands-parents pourtant morts à Auschwitz.
Roman puissant, traversé par la soif de l'Amérique et la volonté désespérée d'en finir avec le passé, Le ciel de Bay City dresse un réquisitoire contre l'indifférence du ciel à l'endroit de notre souffrance.
Munich, 1918. Hermine Moos, costumière de théâtre, reçoit du peintre Oskar Kokoschka une étrange commande : fabriquer une poupée grandeur nature à l'image exacte d'Alma Mahler, sa maîtresse perdue. Tandis que la marionnette prend corps, sa conceptrice note dans un cahier le trouble que lui inspire cette folle entreprise. Au fil de ce journal intime, l'obsédante créature de chiffon cède bientôt la place à l'autoportrait d'une artiste bohème dans une société allemande entre débâcle et révolution. Et la jeune femme qui se dessine alors, modeste et iconoclaste, solitaire et émancipée, nous entraîne dans le libre dédale de ses désirs insoupçonnés.
« Un premier roman fort et troublant, qui mêle la précision de l'enquête à l'élaboration d'une fiction originale. » - Le Monde
Armer la rage est une charge contre la culture du viol, la violence familiale et une société qui, plutôt que d'apprendre aux femmes à contre-attaquer en cas d'agression sexuelle, préfère les mettre en garde contre le risque de se défendre.
Cet essai jette un regard à la fois intime et politique sur les traumas sexuels dans leurs différentes modalités (directe, indirecte et insidieuse), sur le droit des femmes à l'autodéfense et sur le pouvoir de l'écriture pour un sujet qui n'a su qu'à l'âge adulte qu'il existe des familles préservées de la terreur.
Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou pour continuer d'observer cet objet à la fois banal et étrange qu'est ma vie. L'observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que me propose le film Thelma & Louise . Mon film choisi, mon film aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd'hui me fait pleurer. J'ai voulu remonter le cours du temps en m'installant dans la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que j'étais en 1991, cette jeune femme qui n'est pas si différente de la femme que je suis aujourd'hui.
Miné par les déceptions amoureuses et filiales, un homme décide d'aller se perdre à Las Vegas. Entre les amants, les rencontres anonymes et la consommation de substances diverses, il s'abandonne à la bête qui sommeille en lui. Des mois plus tard, on le retrouve à Berlin, où il tente de comprendre la brutalité qui l'habite et l'engourdissement général qu'il ressent. Récit de l'intime et de la violence, «Avec un poignard» porte sur les relations factices, la mémoire et le deuil. C'est aussi un roman qui laisse parler la colère. Celle d'un fils envers un père fuyant depuis toujours, absent, ailleurs.
« Elle dépose sur la table une boîte de chocolats Laura Secord remplie de photos, elle veut me montrer Émilie dans sa longue robe noire. Une robe de religieuse, que sa grand-mère avait revêtue dès l'âge de trente ans. Elle rit, "L'âge où les femmes devenaient vieilles". Je calcule. Émilie est morte à quatre-vingt-treize ans, elle s'est sentie vieille pendant plus de soixante ans. J'en frémis.
Soudain, comme si elle venait d'avoir une illumination, elle se lève, se dirige à petits pas vers sa chambre. Elle revient aussitôt avec trois albums tout neufs. "J'ai décidé de vous remettre à chacun les photos de votre enfance. Le moment est venu." Le coeur me serre, je comprends bien ce qu'elle veut dire. Elle me tend un album à la couverture multicolore, tout en dégradés. Des teintes claires ou sombres, joyeuses ou sérieuses, audacieuses ou discrètes. Comme elle, ma mère. "C'est pour toi", dit-elle simplement. » Quelques mois après la mort de sa mère, Louise Dupré entreprend un récit de deuil pour tenter de saisir qui était la femme qu'elle a appelée maman.
Un livre qui se lit passionnément.