Il existe de nombreuses autobiographies d'autistes dits de « haut niveau ». Il existe également des récits témoignant de l'expérience d'un parent face à un enfant autiste. Mais il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'ouvrage rassemblant le témoignage de toute une famille, de psychanalystes, de psychologues, d'une orthophoniste, à propos du parcours singulier d'un autiste depuis sa petite enfance.
Dans ce livre, Deborah Allio, qui a tissé un lien de confiance avec un jeune autiste, Briac, évoque d'abord les relations avec un premier psychanalyste, lorsque le garçon a deux ans. Elle montre la façon dont la famille et les professionnels l'ont suivi jusqu'à son adolescence dans ses curiosités, ses trouvailles, sa difficile scolarisation, sans que lui soit imposé un savoir a priori.
L'appréhension de ses affects à travers des personnages de dessins animés et des objets techniques, ainsi que l'acquisition de compétences - notamment par l'informatique - ont permis à Briac de conjurer sa peur exprimée vers l'âge de trois ans : « Attention, a peur ! » Accompagné de ses parents et de ses soeurs, mais aussi de partenaires fiables et sécurisants, Briac a peu à peu appris à mieux saisir le monde effrayant qui l'entoure. Grâce aux doux forçages initiés à partir de ses propres choix, il est aujourd'hui, à l'âge de quinze ans, un individu sociable et vivant.
Entre deuil et exil, Jacob, jeune Juif très tôt orphelin de mère, se penche sur son passé, et entrecroise dans ses souvenirs les temps et les lieux où s'est noué son drame familial. Revivent ainsi dans sa mémoire, avec une force saisissante, le bonheur fugace aux couleurs lumineuses dans sa Tunisie natale et l'âpre rudesse du déracinement vécu aux portes de Paris.
Écrit à la première personne, ce récit entre deux rives retrace le destin d'une communauté ballottée par l'Histoire, et sonde les chagrins liés à l'absence et au regret. Et chez le héros, adolescent sensible et solitaire, confronté de plein fouet à la laideur qui le cerne et à la fragilité des êtres, se dévoilent au fil des jours l'inexorable progression du ravage et la montée de la violence...
Jeanne Auzas est éditrice.
Dans cet ouvrage, Olivier de Marliave entreprend de faire l'histoire des reliques de la Sainte Famille qui sont toujours vénérées au sein de la chrétienté. Pour Jésus, on trouve pêle-mêle des prépuces issus de la circoncision, des langes, des dents ou des fragments de son berceau. De sa vie publique, les chrétiens ont conservé non seulement des flacons de l'eau baptismale du Jourdain, les larmes du crucifié, mais aussi les amphores des noces de Cana, sans oublier son courrier...
Quant aux vestiges de la Passion, conservés dans de splendides reliquaires, ils se composent d'épines de la couronne, de sandales, de clous, de fouets, de meubles divers, de la lance du centurion et, bien sûr, des restes de la Croix. La Vierge a été également richement dotée en reliques, depuis ses maisons, ses chemises, ses cheveux, jusqu'à son lait maternel.
Dans une certaine discrétion, l'Église continue de célébrer ces reliques au cours d'ostensions qui attirent encore les foules et on assiste aujourd'hui à un regain d'intérêt pour l'étude de ces objets qui ont animé des siècles de foi et de dévotion. La quête de reliques aurait même, dit-on, fasciné Hitler qui se serait emparé de la Sainte Lance...
Passeur d'Histoire et d'histoires, possédant un savoir rare, polyglotte connaissant de nombreuses langues anciennes, aujourd'hui presque oubliées, déchiffrant, comparant, répertoriant, synthétisant les textes et les archives, Claude Lecouteux arpente avec passion depuis des dizaines d'années son terrain de prédilection : le Moyen Âge.
Entrecroisant littérature, ethnologie, linguistique, il ressuscite pour nous la culture populaire, celle du paysan de nos campagnes alors habitées par les êtres merveilleux - fées, sorcières, nains, génies, fantômes... - qui hantent les demeures, les forêts, les montagnes, mais aussi notre propre imaginaire, nos fantasmes et nos phobies.
Cet ouvrage, structuré autour de quatre axes - 1. Du document à l'idée, faire parler les textes. 2. Entre magie et diablerie. 3. La nature et les éléments, entre émerveillement et effroi. 4. Frontières, aux franges du monde connu -, nous offre un large panorama sur l'oeuvre immense d'un grand médiéviste et nous permet ainsi de franchir en sa compagnie les frontières du merveilleux.
Présentation des par Florence Bayard et Astrid Guillaume.
Psychologue clinicienne en milieu carcéral, Odile Verschoot s'appuie dans cet ouvrage sur ses entretiens menés avec les femmes détenues, jeunes filles tout juste majeures, mères vivant en cellule avec leur bébé, étrangères à l'intégration difficile...
Après avoir décrit l'organisation particulière des MAF (Maison d'Arrêt pour Femmes), l'auteur expose son approche clinique à travers plusieurs cas de délinquantes ou de criminelles : mères maltraitantes, épouses ayant assassiné leur conjoint et, plus généralement, femmes « homicides »...
Si les femmes constituent une infime partie de la population des prisons, elles sont nombreuses lors de leur incarcération, et quels que soient les délits commis, à entreprendre avec un psychothérapeute une réflexion sur leur parcours et sur leur violence.
Un gynécologue obstétricien raconte - à partir de sa longue expérience ou du témoignage de ses collègues - nombre de cas étranges liés à la procréation ou à la grossesse. Ces cas renvoient tantôt à des réactions psychiques surprenantes, tantôt à des faits peu fréquents, voire insolites.
Comment imaginer une femme si heureuse de sa grossesse qu'elle refuse la délivrance le moment venu ? Comment concevoir qu'une jeune fille ait pu conserver en elle son jumeau, un foetus in fetu, durant près de quinze ans ? Comment peut-on se croire fécondée par la lune ou par un serpent ? Et comment recevoir aux urgences un homme en souffrance assurant qu'il est sur le point d'accoucher ?
Tous les récits présentés dans cet ouvrage, si curieux soient-ils, sont suivis d'un commentaire médical accessible à tous, et nous offrent un étonnant tableau des mystères que recèle parfois la nature.
« Le livre d'Élie Georges Humbert est d'une aide précieuse pour qui veut apprécier la contribution majeure de Carl Gustav Jung à la psychanalyse freudienne et à la découverte de l'inconscient. Sigmund Freud en avait exploré de larges pans mais refusait d'y introduire le domaine de l'ésotérisme. Jung, au contraire, y voyait une région fertile où s'étaient exprimés, par des littératures spécifiques, les éléments profonds de la psyché humaine. Élie Georges Humbert nous éclaire sur les apports cruciaux de Jung à la question de l'âme humaine et de son parcours dans l'existence. Présentation synthétique et claire, ce texte rend justice au plus célèbre des disciples de Freud, dont Françoise Dolto parlait en ces termes : "Freud soigne les racines, Jung fait fleurir les branches." » HUBERT REEVES En coédition avec La Compagnie du Livre Rouge.
S'inscrivant dans le cadre de la psychologie analytique, Erich Neumann dénonce, dès les années 50, le caractère unilatéral de notre civilisation, édifiée sur la méconnaissance du féminin. Ce disciple et ami de Jung propose la réparation de cette ignorance fondamentale, préconise une « thérapie culturelle », et appelle à un nouvel équilibre entre les genres pour la créativité collective et pour le plus grand bien de la société.
Dans cet ouvrage composé de différents essais, Erich Neumann étudie les diverses étapes de la psychologie de la femme, décrit les représentations traditionnelles de la Mère Nature et l'affrontement en nous-mêmes du patriarcat et du matriarcat, lequel se traduit souvent par la peur du féminin.
Traduit de l'allemand par Véronique Liard.
Coédition avec La Compagnie du Livre Rouge.
Indissociables dans le traitement de la folie, psychiatrie et psychanalyse ne doivent pas s'exclure l'une l'autre, mais au contraire s'enrichir l'une de l'autre. Telle est l'affirmation de Francesca Biagi-Chai, à la fois psychiatre et psychanalyste.
Au cours d'entretiens menés par deux psychologues, Francesca Biagi-Chai répond à de multiples questions concernant la psychose et sa thérapie. Que sait-on aujourd'hui de ce désordre psychique ? Que nous apprend-il sur notre société et sur nous-mêmes ? Quelles mutations doit accomplir l'hôpital pour prodiguer les meilleurs soins possibles ?
Forte d'une longue expérience clinique, Francesca Biagi-Chai s'adresse, de façon claire et rigoureuse, aux soignants, mais aussi aux patients et à leurs proches. En s'appuyant sur de nombreux cas, elle explique comment fonctionne l'« hospitalisation de jour » qu'elle a mise en place à l'hôpital Paul Guiraud, et qui constitue une avancée majeure. Une hospitalisation qui, paradoxalement, libère le patient de l'enfermement et, tout en respectant sa voie singulière, lui ouvre un « au-delà des murs ».
« Ce n'est pas chose aisée pour un auteur que de forcer le passage pour pénétrer dans les coulisses et le secret d'une existence d'éditeur ; mais c'est encore moins facile pour un éditeur d'accepter de rompre le silence, et d'outrepasser les limites du pacte qui le lie à ses auteurs. Cependant, s'il finit par y consentir, alors peut se lever un contre-chant qui, d'ordinaire, accompagne en sourdine chaque livre qui porte la signature de sa maison.
C'est la gageure qu'essaie de relever cet ouvrage consacré à Imago, maison spécialisée en sciences humaines, et à ses deux fondateurs qui ont donné leur vie au livre et à leurs auteurs, n'oubliant jamais ni de rire, ni de rêver, et sans s'apercevoir combien tout est remarquable dans cette vie d'éditeurs qu'ils ont écrite avec ténacité et comme en cachette, pendant bientôt un demi-siècle. Ce cas particulier coïncide souvent avec la grande Histoire, tandis que l'anecdote entre plus d'une fois en résonance avec notre mémoire littéraire.
À l'heure où certains voudraient tuer l'éditeur, c'est surtout l'hommage d'un auteur à ceux qui sont le sel de l'édition - la petite ou l'indépendante, difficile de trouver le juste nom - et à tous les artisans du livre. » Karin Ueltschi.
Gustave Roussy (1874-1948), figure notoire de la cancérologie sur le plan international, demeure en fait un personnage complexe et peu connu. S'appuyant sur de nombreuses archives inédites, Laurent Tatu et Julien Bogousslavsky retracent la vie et l'oeuvre de ce médecin d'exception, à l'existence traversée de nombreuses zones d'ombre.
Durant la Première Guerre mondiale, Roussy traque sans relâche les soldats traumatisés qu'il considère comme des simulateurs. Céline s'en inspirera largement pour le portrait de Bestombes dans Voyage au bout de la nuit. Entre les deux guerres, cet héritier de Nestlé emploiera sa fortune pour mener à bien une oeuvre sociale novatrice. Personnalité de gauche, voire d'extrême-gauche, cet ami de Léon Blum restera malgré tout marqué par son image de « milliardaire communisant ».
Durant la Seconde Guerre mondiale, il demeure au poste de recteur de l'Académie de Paris sous Vichy. En 1947, au sommet de sa carrière, il est mêlé à une affaire de malversation et de fraude fiscale. Son suicide, en 1948, interrompra l'action judiciaire sur cet imbroglio politico-financier.
Qu'il se nomme Satan, Lucifer, le Malin ou le Cornu, le diable apparaît comme un être protéiforme, insaisissable, énigmatique. Ainsi le surprend-on tantôt boiteux aux mains griffues et aux sabots de bouc, tantôt séduisant jeune homme enlevant une virginale princesse, tantôt perfide menant à sa perte celui qui se laisse éblouir, tantôt naïf stupidement berné, tantôt même sensible au point de commettre - oh ! scandale - quelque bonne action.
Et dans nombre de récits, le Maître des enfers n'est plus seulement le rival de Dieu, l'ennemi des saints ou le voleur d'âme. S'il demeure celui que l'on redoute, il est aussi celui qui fait rire à ses dépens, et qui, semblable aux humains, connaît les joies de la famille, bat sa femme ou marie sa fille... Traversant toute l'Europe, les contes et légendes réunis ici par Claude et Corinne Lecouteux révèlent, bien loin des idées reçues, une image du Prince des Ténèbres qui conserve le pouvoir de nous déconcerter et de nous charmer encore.
En septembre 1934, Freud achève un ouvrage qu'il intitule L'Homme Moïse, un roman historique, mais il ne le publie pas. Un mois plus tard, il écrit à Max Eitingon : « Une partie du texte inflige de graves offenses au sentiment juif, une autre au sentiment chrétien, deux choses qu'il vaut mieux éviter à notre époque. » Puis en 1935, il confie à Lou Andreas-Salomé à propos de la figure de Moïse : « Ce problème m'a poursuivi toute ma vie. » C'est dire l'importance de cette réflexion sur la Bible, le judaïsme, et le christianisme pour le père de la psychanalyse.
En conservant - contrairement à son habitude - ce manuscrit autographe, Freud a probablement souhaité laisser des traces sur l'élaboration complexe de son travail sur le monothéisme. Cette version initiale, transcrite ici pour la première fois, nous permet de comprendre pourquoi et comment, alors que le nazisme se répand partout en Europe, Freud a infléchi, voire crypté, sa pensée au fil des années, jusqu'à la publication de son livre testamentaire sur Moïse, paru en 1939.
La Corée classique recèle d'incomparables recueils d'histoires qui couvrent la longue époque de la dynastie Joseon, entre le XVe siècle et le XIXe siècle. Ces récits, aux sources multiples - moines bouddhistes, maîtres confucianistes mais aussi saltimbanques... -, ont été recueillis et rédigés par des amoureux de la culture populaire, grands lettrés qui nous éblouissent par leur sens de la narration, la virtuosité de leur style et leur humour satirique.
Le présent ouvrage commence dans une Asie ravagée par les guerres, que traverse une famille ballottée entre Chinois, Japonais et Mongols, dans des tribulations dignes d'un certain Candide, puis se poursuit à travers les aventures savoureuses de vengeurs, et surtout de vengeresses, de guerrières travesties, de sabreuses émérites et de jeunes filles prêtes à poignarder pour sauver leur honneur...
Le troisième tome de notre anthologie nous plonge dans la vie du peuple de Joseon, au coeur de cette dynastie confucéenne, qui régna du XVe siècle à la fin du XIXe siècle. Nous y découvrons toute une galerie de portraits d'excentriques, de révoltés, d'ambitieux prêts à tout, et de femmes refusant de se sacrifier. Comme dans les grands récits picaresques, nos héros traversent les hiérarchies sociales, le maître royal de musique joue pour le banquet des gueux, l'ancien domestique devenu notable tue pour protéger son secret, le père offre un étrange époux à sa fille veuve, le jeune lettré se fait balayeur pour la courtisane qu'il aime, etc.
C'est un panorama animé qui se déroule sous nos yeux, celui d'une société dont on découvre les fêlures, que les auteurs raffinés explorent avec un goût remarquable de la satire. Pour achever cette trilogie, présentant une infime partie de ce continent à découvrir que sont les contes et récits de la Corée classique, le volume se termine par trois histoires comiques, expression de cette caractéristique du peuple coréen : le rire.
Parus : Tome I : Guerres et vengeances (avril 2021) Tome 2 : Des femmes remarquables (mai 2021)
Mariée à neuf ans au prince héritier Sado, Dame Hyegyeong entre à la cour en 1744. Son époux se révélera vite débauché, sanguinaire et souvent délirant. Elle devient veuve en 1762, lorsque son mari est condamné par le vieux roi Yeongjo à s'enfermer dans un coffre à riz, où il agonisera durant plusieurs jours. Dame Hyegyeong luttera alors pour défendre la mémoire de son époux et parviendra à conduire son fils jusqu'au trône.
Entre fureur et désespoir, prenant son pinceau pour raconter - en coréen - sa tragique histoire, cette reine sans couronne bouscule les usages. Selon les règles de bienséance, une chronique royale doit être, en effet, rédigée en chinois par des historiographes reconnus. Dans une prose bouleversante, avec une grande finesse psychologique, Dame Hyegyeong décrit la vie quotidienne au coeur même de la « Cité interdite », l'attitude des monarques, les cabales des courtisans prêts à toutes les traîtrises, et dénonce la perfidie des clans.
Écrits sur le tard, entre 1795 et 1805, ces Mémoires, traduits pour la première fois en français dans leur intégralité, sont considérés comme un trésor patrimonial de la littérature coréenne.
Version originale intégrale
Dans la tradition du Midrash, ensemble d'histoires tissées de paraboles, d'allégories et de fables qui accompagnent au cours du temps la révélation de la Torah, François Ardeven médite sur de grandes figures bibliques.
À la lumière de la psychanalyse, de la littérature et de la philosophie - convoquant Freud, Goethe, Lévinas... -, il aborde quatre dimensions de l'expérience humaine, brosse quatre portraits avec leur couleur et leur douleur propres : Job et sa longue plainte, Jonas coupable d'avoir raison, Esther qui pérennise l'exil, et Joseph, plus heureux en Égypte qu'avec les siens.
Érudites et inspirées, ces quatre lectures - issues de séminaires tenus dans le cadre du Centre Medem, centre tout à la fois juif et laïc - se déploient dans un style alerte, gardant la trace de la spontanéité propre à l'oralité et à la pratique du libre commentaire de la Bible.
Professeur de lettres classiques et psychanalyste, François Ardeven a étudié la philosophie et les mathématiques, et il est docteur en psychopathologie clinique et psychanalyse.
Siegfried, Odin, la Lorelei, le Roi des Aulnes, autant de personnages mythiques bien connus. Pourtant, s'étendant de l'Allemagne à l'Islande, la mythologie germanique, et plus précisément germano-scandinave - souvent victime de préjugés en raison de fâcheuses récupérations historiques -, reste dans l'ensemble trop ignorée.
Du Moyen Âge à nos jours, s'appuyant notamment sur les Eddas, les Sagas, les légendes et les traditions populaires, ce dictionnaire nous invite à arpenter des espaces enchantés où foisonnent dieux, fées, elfes, lutins, revenants, nains et géants. Il nous décrit, par exemple, les cultes rendus aux sources et aux arbres, maints rituels magiques, nous conte l'éternelle errance du Chasseur maudit, l'étrange aventure de Peter Schlemihl et de nombreuses autres histoires fabuleuses.
Unique en son genre, oeuvre d'un éminent spécialiste, cet ouvrage nous dévoile ainsi toute la richesse et la poésie d'une des plus grandes cultures européennes.
Lorsque le grand roi Sejong inventa l'alphabet hangeul, il rendit enfin accessible l'écriture et la lecture à tous ceux qui n'avaient pas accès à la langue chinoise : c'est ainsi que les femmes devinrent lectrices, et même dévoratrices des innombrables récits qui parurent tout au long de la dynastie Joseon, soit entre le XVe siècle et la fin du XIXe siècle.
À découvrir ces figures de femme exceptionnelles, on imagine sans peine à quel point elles faisaient rêver les lectrices confinées dans les règles très strictes d'une société confucéenne ne laissant guère de place aux amours tumultueuses ! Et si la morale est toujours sauve, ces héroïnes montrent combien les qualités du coeur et de l'esprit ne sont pas l'apanage des seuls nobles, si fiers de leurs prérogatives, et que des femmes issues de la bourgeoisie et même du peuple favorisent aussi le triomphe de la justice et de l'amour.
Ces histoires ont été recueillies et rédigées par de grands lettrés amoureux de leur culture populaire, désireux de se délasser et de faire partager au plus grand nombre de lecteurs leur plaisir. Parus anonymement, on a pu réattribuer ces textes à leurs véritables auteurs, qui nous éblouissent par leur sens de la narration, la virtuosité de leur style et leur humour satirique.
Enfants terribles de l'Antiquité, les Gaulois vaincus par Rome, peu à peu privés de leur langue et de leur histoire, victimes de la caricature antique et moderne, restent plutôt méconnus. Pourtant leur mémoire est demeurée dans les objets, les inscriptions retrouvées, et les milliers de noms propres de notre toponymie.
Couvrant la période s'étendant du Ve siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., s'appuyant non seulement sur les découvertes archéologiques, sur les auteurs grecs et latins, mais aussi sur les textes mythologiques irlandais et gallois, Jean-Paul Savignac, spécialiste de cette civilisation, prend le parti de ressusciter joies et rires des Gaulois à travers l'étude de leurs moeurs, coutumes et croyances.
Pour commencer, voici les plaisirs du boire et du manger, puis viennent ceux de la convivialité et de l'amour. À cela s'ajoutent les enchantements qu'offrent la possession d'objets précieux, la pratique de l'art ornemental et de la musique, l'engouement pour la science, la passion de la gloire... sans oublier le culte de la parole. Enrichissant son propos par de nombreuses illustrations, Jean-Paul Savignac nous présente ainsi une vision originale, hors des clichés, de ces lointains ancêtres.
Par l'originalité de son oeuvre, Erich Neumann est le plus célèbre des disciples de C. G. Jung. Né à Berlin en 1905, il émigre en Palestine dès l'arrivée au pouvoir du nazisme, en 1934.
Liés par une profonde amitié, les deux hommes entretiendront dès lors une correspondance - où les considérations sur les Juifs et le judaïsme tiendront une place majeure - jusqu'à la mort de Neumann, en 1961. C'est cette correspondance passionnante, interrompue par les années de guerre, mais qui reprendra dès 1945, que nous proposons aujourd'hui aux lecteurs français.
On y voit Jung et Neumann discuter longuement de l'inconscient collectif - et alors que sévit l'antisémitisme -, de la psychologie des Juifs, de leur histoire et de leur place dans le monde occidental. On y voit également Jung soutenir la parution de La Nouvelle Éthique, écrit pendant la guerre, et où Neumann tente de tirer les conséquences de la tragédie.
Coédition avec La Compagnie du Livre Rouge (Bertrand Eveno).
Traduit de l'allemand par Véronique Liard.
Quels démons, quelles pulsions nous poussent à saccager avec outrance la terre-mère jusqu'au tréfonds de ses entrailles, au risque de voir disparaître une grande partie du règne végétal, animal, voire humain ? Quelles résistances tenaces, quels dénis, en dépit de l'évidence, nous maintiennent dans l'aveuglement meurtrier qui détruit notre planète ?
Dénonçant notre rapport irresponsable à la nature, et pour comprendre ce qui se joue dans la crise écologique que nous traversons, Cosimo Schinaia analyse les soubassements psychiques d'une telle attitude. À partir de son expérience personnelle mais aussi de cas cliniques portant notamment sur le gaspillage, la pollution sonore ou lumineuse, il montre que ce qui nous pertube au niveau collectif se révèle également dans notre mal-être intime.
Face à ce malaise dans la civilisation, constatant la parole trop rare de sa discipline sur la question écologique, Cosimo Schinaia nourrit aussi sa réflexion en s'appuyant sur la philosophie, la sociologie et la littérature, et appelle, pour renouer avec l'espérance, à la fondation d'une « psychanalyse écologique ».
La commune du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) tient une place tout à fait remarquable dans l'histoire du sauvetage des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. La résistance - d'abord pacifiste -, initiée par les pasteurs Trocmé et Theis, s'inscrit dans la tradition protestante de défense des opprimés.
Dès 1940, les villageois entreprennent de cacher des Juifs, notamment beaucoup d'enfants menacés de déportation vers les camps de concentration, et les accueillent dans leurs maisons et dans les fermes des alentours. Au-delà du refuge, les habitants leur fournissent de faux papiers d'identité, des cartes de rationnement et les aident à passer en Suisse. On estime que mille à trois mille personnes purent ainsi être sauvées. En 1990, le gouvernement israélien reconnut l'ensemble du village comme « Juste parmi les nations » pour son admirable action humanitaire et sa bravoure face au danger.
Dans cet ouvrage en tout point exact sur le plan historique mais destiné à un large public, Emmanuel Deun raconte l'histoire de ces faits exceptionnels et brosse le portrait de personnalités hors du commun qui payèrent souvent de leur vie leur courage.
Le Livre des Rois (Châh-Namé) est le plus précieux monument de l'épopée nationale iranienne. Le poète persan Ferdowsi (930-1020) y chante l'histoire de l'humanité - ou de l'Iran, la distinction n'est pas toujours évidente.
Dédiée au sultan Mahmoud, cette oeuvre magistrale comprend les règnes de cinquante rois, depuis le premier homme-roi, le légendaire Kiumarss, jusqu'au dernier souverain historique sous le règne duquel la Perse passa sous domination arabe au vIIe siècle de notre ère.
Depuis près de mille ans, on n'a cessé de copier, de lire, de déclamer cette geste prestigieuse, et des manuscrits calligraphiés pour des princes ont été ornés des enluminures les plus somptueuses. Aujourd'hui encore, dans les cafés populaires, des conteurs récitent ces hauts faits mémorables avec une verve sans égale.
Iranienne, imprégnée par ce grand poème épique depuis son enfance, Frouzandéh Brélian-Djahanshahi restitue ici pour le public français l'âme de la partie légendaire du Livre des Rois.