Dans une première partie, H. Leivick se souvient des six années passées dans un cachot obscur, de ses camarades de détention, révolutionnaires, juifs et non juifs. Il se souvient également des prisonniers de droit commun, dont certains avaient assassiné des Juifs. Des flash-back sur son enfance, son éducation traditionnelle puis son engagement politique parsèment le récit, alimentés par des dialogues intérieurs émouvants avec son père.
Dans la deuxième partie, H. Leivick raconte le voyage à pied, puis en bateau-prison vers la Sibérie, traversé par une galerie de portraits et de réflexions sur l'existence et la résistance à l'oppression.
Le père, un héros pour sa fille, est très malade. Il va bientôt mourir. Sa fille n'a de cesse de l'entourer, d'être présente et d'essayer de lever le mystère de sa vie.
Car le père, enfant juif avant la guerre, a été sauvé d'une mort certaine grâce à sa mère.
Sans attendre que la Hongrie rejoigne l'Allemagne, sa mère l'a emmené loin de la capitale et l'a caché dans un orphelinat.
L'identité juive du héros s'éloigne, laissant la place à une autre identité : le communisme.
Au point que l'enfant devenu adulte va croire au système et par là même accepter ses dérives.
À travers l'histoire de son père, Yudit Kiss met en évidence une identité juive bien différente de celle d'Europe occidentale : celle des populations juives des pays de l'ex-bloc communiste, plus précisément ici de la Hongrie.
1934. Yash (surnom de l'auteur) embarque à New York sur un bateau pour retourner vers sa ville natale, Lublin, en Pologne. Le voyage le mène au Havre, où il descend du bateau, prend le train, passe par Paris.
Là, il retrouve des amis artistes ou écrivains yiddish au Dôme, à Montparnasse. Toujours en train, il traverse l'Allemagne - devenue nazie l'année précédente - avant d'arriver en Pologne.
Wolf s'occupe du bétail dans le domaine de son père Hersh, en Ukraine. Mais ce dernier a vendu la ferme lorsque son fils rentre du service militaire. Dépité, Wolf part pour l'Amérique. Il s'installe chez un paysan protestant et sa fille, Esther.
Le petit Motl vient de voir mourir son père, qui était chantre à la synagogue.
Devenu orphelin, il doit exécuter les tâches quotidiennes que lui imposent sa maman et sa vie de misère. Motl décide de les raconter avec son regard d'enfant juif d'Ukraine de la fin du XIXe siècle. Et comme il n'a plus rien à perdre, Motl rêve de quitter l'Europe pour l'Amérique...
On retrouve avec le Motl de Sholem-Aleikhem ce qui a probablement inspiré René Goscinny et son petit Nicolas, la légèreté pour raconter des événements pas forcément légers.
Ce roman est l'un des grands classiques de la littérature yiddish. Des générations de Juifs d'Europe orientale et de nombreux Juifs immigrés en Europe occidentale ou en Amérique se sont identifiés à Motl. Il s'agit d'un petit bijou d'humour et de sensibilité.
Le désormais célèbre détective privé Oded Héfer, dit la Fouine, accepte une mission minable confiée par sa grand-mère, pensionnaire dans une maison de retraite. Elle a perdu son chat et souhaite que son petit-fils le retrouve au plus vite. En cherchant l'horrible bête, Oded Héfer tombe sur le cadavre d'un pensionnaire de la maison de retraite.
L'enquête doit être menée par le commissaire Yaron Malka. Mais la Fouine ne veut pas être tenue à distance d'une telle enquête. Il a de bonnes raisons de vouloir la mener malgré l'interdiction du commissaire : le meurtre a été commis dans la maison de retraite où sa grand-mère réside.
Gay assumé, fragile et plein d'esprit, Oded Héfer s'immisce alors dans une délicate enquête auprès de personnes du troisième âge aux histoires personnelles chargées.
Entre les deux guerres, les Juifs représentent environ un tiers de la population de Varsovie. Benny Mer choisit de les faire revivre à travers la visite guidée d'une des rues les plus pauvres du quartier juif de la ville, la rue Smocza (Smotshè en yiddish). Pour cela, il s'est plongé dans la presse yiddish, ses annonces, les faits divers, les fragments littéraires...
Les personnages rencontrés - souvent des petites gens, tailleurs, vendeuses au marché... - sont une source essentielle pour l'auteur. Il tente alors de retrouver ce qu'ils sont devenus après 1939 et parvient parfois à retracer qui a été enfermé dans le ghetto, qui y est mort, qui y a combattu durant l'insurrection, etc.
Une démarche comparable à celle de Ruth Zylberman pour 209, rue Saint-Maur (Seuil, 2020).
Enfermé avec sa famille dans le ghetto de Wilno à partir de 1941, Yitskhok Rudashevski, âgé de 13 ans à peine, écrit son journal. Il y relate la vie quotidienne dans le ghetto, ses aspirations d'adolescent confronté à la terrible réalité de l'enfermement et des persécutions. Mais aussi, au fil de la progression de l'Armée rouge, ses espoirs de retrouver une vie normale. L'adolescent décrit en détail comment la poursuite de ses études et les activités culturelles auxquelles il participe constituent une résistance spirituelle.
Le journal se termine en avril 1943, six mois avant que Yitskhok Rudashevski soit assassiné à Ponar (le lieu d'exécution des Juifs de Wilno). Son journal sera retrouvé après la guerre dans la cachette où la famille avait espéré échapper à la traque des nazis.
"Je me souviens qu'enfant, j'avais envie de m'asseoir à côté des ouvriers palestiniens, d'arracher des morceaux de pain avec eux, de boire leur café turc dans les tasses minuscules qu'ils utilisaient. Je ne l'ai jamais fait. " En revenant sur son enfance et son adolescence à Psagot, colonie juive de Cisjordanie peuplée de Juifs pratiquants, Yonatan Berg nous fait pénétrer dans un lieu peu visité, à la fois protecteur et angoissant, bucolique et violent, ouvert et fermé, souvent nourri par la peur.
Yonatan Berg ne s'est pas toujours senti à l'aise dans ce milieu. Après le service militaire et la découverte de terres lointaines, il prend la décision de quitter Psagot. Ce ne sera pas sans déchirement.
Yitskhok Leybush Peretz (Pologne, 1851-1915) est l'un des fondateurs de la littérature yiddish moderne du tournant du XXe siècle. Il est à présent considéré comme un classique.
Il a inspiré plusieurs générations d'écrivains avant la Première Guerre mondiale et entre les deux guerres, en puisant dans les richesses de la culture juive traditionnelle pour créer une littérature moderne.
Ses oeuvres ont été publiées, en yiddish, sur les cinq continents. Il est traduit dans une dizaine de langues.
Smadar Tamir, l'une des femmes d'affaires les plus riches d'Israël, s'est jetée par la fenêtre d'un hôpital de Tel-Aviv. Sa soeur, Mira, ne croit pas à la thèse du suicide et fait appel au détective privé, Oded Héfer.
Homosexuel, parlant de lui au féminin, il vient de s'improviser détective privé.
Oded Héfer n'a que cinq jours pour mener l'enquête.
Aussi débutant soit-il, il n'hésite pas à affronter les magnats israéliens, armé de sa seule intelligence et de son espièglerie. Il va aussi supporter les propos macho et homophobes du commissaire de police tout en continuant à rechercher le grand amour sur les sites de rencontres gay.
Roman fin et divertissant, Secret de Polichinelle joue avec les codes du roman policier tout en plongeant le lecteur dans la société de Tel-Aviv.
Dans ce reportage très personnel, Agata Tuszynska interroge des Juifs nés en Pologne après la Seconde Guerre mondiale, éduqués dans la culture polonaise, et contraints, en 1968, de quitter leur pays lors d'une campagne antisémite orchestrée par le régime communiste. Pour la plupart enfants de Juifs communistes ayant survécu aux ghettos et aux camps, cachés chez des Polonais non-juifs, ou réfugiés en Union soviétique, ces témoins racontent leur enfance différente des autres petits Polonais, le traumatisme de devoir quitter leur pays natal, les difficultés de l'intégration dans les pays d'accueil.
Par le montage croisé de témoignages intimes, Agata Tuszynska réussit à révéler de façon émouvante un pan de l'histoire, caché jusque-là, de la Pologne.
Alors qu'il vogue vers l'Amérique, le narrateur raconte à Shalom-Aleikhem les malheurs survenus à son fils pendant la 1ère Guerre mondiale à Krushnik, une bourgade polonaise.
L'armée allemande occupe la région jusqu'alors sous domination russe. Les Allemands cherchent un autochtone pour faire office de maire. Se doutant que rien de bon ne sortirait de cette distinction, tous les notables, tant polonais que juifs, trouvent un moyen de se défiler ; le sort tombe sur le fils du narrateur.
Comme souvent chez l'auteur, cette situation tragique provoque le rire. Au-delà du rire, l'auteur parvient à décrire, dans une verve extraordinaire servie par une excellente traduction, les relations entre Juifs et Polonais, Juifs et Russes, Juifs et Allemands.
Né en 1893 en Pologne, fils de rabbin, Israël Joshua Singer commence sa carrière littéraire en 1916. Il devient rapidement l'un des écrivains les plus reconnus de la littérature yiddish avec de grandes sagas qui révéleront son talent de narrateur : Yoshé le fou, Les Frères Ashkenazi, Camarade Nahman, La Famille Karnovski.
Israël Joshua Singer a émigré à New York en 1934 où il meurt en 1944.
Il était le frère aîné du prix Nobel de littérature, Isaac Bashevis Singer.
Véra et Tsiona aiment à se rappeler leur première rencontre, à quatre ans, dans un jardin d'enfants de Tel-Aviv. Véra grandit entre un père artiste volage et une mère rangée.
Tsiona a perdu son père quand elle était petite.
Après le lycée, Véra, la sensible, l'artiste, ne sait pas ce qu'elle veut faire ; Tsiona, l'effrontée, engagée dans un mouvement de jeunes pionniers, va participer à la fondation d'un kibboutz dans le Néguev.
Malgré leurs différences, elles partagent leurs joies et leurs peines, jusqu'à l'arrivée de Yossef, le rescapé.
À travers ces deux héroïnes qui s'aiment comme deux soeurs, le roman entraîne le lecteur dans la société juive de Palestine, de la fin des années 1920 à la création de l'État d'Israël.
Une période peu décrite jusqu'à présent dans la littérature israélienne.
Nancy, la thérapeute désormais seule ; Larry, la rencontre d'un soir ; Daffy, la petite fille malheureuse depuis que son papa a quitté la maison et a refait sa vie en Israël ; Ruth, la femme devenue veuve qui s'interroge sur ces années passées avec un Israélien trop robuste ;
Tom, le petit garçon pas comme les autres que sa maman cherche à protéger envers et contre son mari, envers et contre les institutions. Qu'ont tous ces personnages en commun ?
Avec la délicatesse de sa langue, l'auteur va révéler les liens noués entre eux autour d'une forêt américaine, modifiés par l'Histoire ou par les histoires personnelles, par un besoin d'évasion ou par la nécessité de l'exil, par la question du retour au pays natal.
Après Comme deux soeurs (2016), Rachel Shalita confirme ses talents de conteuse.
Ce recueil de nouvelles regroupe les seules fictions d'Israël Joshua Singer qui n'étaient pas encore traduites en français. Elles avaient été publiées en yiddish en 1937. Désormais, le lectorat francophone a accès à la totalité de l'oeuvre littéraire de l'auteur.
Dans ces quatre histoires très humaines, que ce soit en Amérique, en Pologne ou sur les eaux entre le vieux monde et le nouveau monde, les héros sont tiraillés entre espoir et désillusion.
On y retrouve les personnages si particuliers qu'Israël Joshua Singer sait rendre bouleversants et universels.
Le recueil contient trois nouvelles écrites autour de 1905. Elles ont la même toile de fond : la révolution avortée en Russie.
Les trois sont des monologues où le narrateur s'adresse à un interlocuteur.
Londres. Un homme raconte sa relation amoureuse et érotique avec un homme marié.
Pour retenir son amant, pour s'assurer qu'il reviendra, il lui prépare cookies et gâteaux. Le narrateur n'hésite pas à en donner les recettes afin de renforcer la sensualité de la relation. Sept recettes de petites douceurs parsèment donc le roman. Il s'organise ainsi une narration où se mêlent homo-érotisme et sensualité, les cookies et les gâteaux sortant tout juste du four quand l'amant arrive.
Entre scènes à l'érotisme cru et recettes de petites douceurs gourmandes, la relation amoureuse évolue dans toutes ses composantes passionnelles.
Sept petites douceurs est une ode à l'amour, à l'harmonie des corps, à la relation de l'homme avec la beauté et l'art, et aussi à l'exil.
Bnaya et Yoav ont grandi dans une colonie juive de Cisjordanie, entourée de fils barbelés, aveugle aux villages palestiniens qui l'entourent. Bnaya y habite toujours, fidèle à la religion. Yoav l'a quittée pour la T el-Aviv laïque.
Ce roman fait pénétrer dans deux univers israéliens que l'on croyait si bien connaître grâce aux médias : celui de l'implantation religieuse au coeur des territoires occupés et celui de T el-Aviv, la ville laïque, cosmopolite, toujours en éveil.
Mais à travers Bnaya et Yoav, les repères sont bouleversés. Sans complaisance, sans jugement, avec beaucoup d'émotion.
Ce coffret en série limitée a été conçu spécialement pour les fêtes de fin d'année. Il contient les deux titres de Sholem-Aleikhem précédemment publiés par l'Antilope :
- "Guitel Pourishkevitsh et autres héros dépités", histoires, traduit du yiddish par Nadia Déhan-Rotschild, publié en avril 2016 ;
- "Les mille et une nuits de Krushnik", récit tragicomique, traduit du yiddish par Nadia Déhan-Rotschild et Evelyne Grumberg, publié en octobre 2018.
Cet essai historique traite de l'introduction de la psychanalyse en Palestine avant la création de l'État d'Israël.
Il relate cette introduction par Max Eitingon et Moshe Wulff, deux proches disciples de Freud.
Au-delà des aspects historiques, l'auteur aborde :
- la confrontation en Palestine d'une science et d'une idéologie, la psychanalyse et le sionisme, tous deux fruits de la Vienne fin de siècle ;
- le rapport de Freud avec l'idée nationale juive. Des archives inédites montrent sa détermination à éviter que sa théorie soit présentée comme une "science juive" ;
- l'influence de la psychanalyse dans le système éducatif collectiviste des kibboutz ;
- le souhait des intellectuels réfugiés d'Allemagne et d'Autriche de maintenir, au Moyen-Orient, l'esprit européen.
Varsovie, années 2010. Sous une trappe au fond de sa cave, un couple découvre les zombies de Juifs assassinés pendant la Deuxième Guerre mondiale. Des centaines d'ombres en guenilles sortent de sous la terre et réinvestissent leur ville lancée dans la frénésie consumériste.
La nuit des Juifs-vivants ose soulever une question refoulée : comment vivre au-dessus des cadavres des trois cent mille Juifs du ghetto de Varsovie exterminés ? Avec ce roman à l'humour féroce, l'auteur se livre au passage à une critique à la tronçonneuse de la société polonaise contemporaine.
Fils d'un prestigieux rabbi hassidique de New York, Elisha est attiré par le savoir universel. Il s'inscrit à l'université où il fait la connaissance de Katrina, une étudiante non juive.
Bientôt amoureux de Katrina, il est en proie à une terrible dilemme : poursuivre le message porté par la mystique et la philosophie hassidique, ou bien suivre la voie de l'université et faire sa vie avec Katrina. Mais alors il tournerait le dos au destin fixé depuis sa naissance :
Devenir le chef spirituel de la communauté hassidique. Il romprait une chaîne de transmission qui remonte au Baal Shem Tov, le fondateur du hassidisme au XVIIIe siècle.
À travers l'histoire d'Elisha, le roman fait découvrir une autre vision du milieu juif ultra-orthodoxe, contraignant dans sa pratique, magique dans son message.