L'archéologie cognitive, née dans le monde anglo-saxon, a d'abord fait l'objet de maintes proclamations et développements théoriques, ce qui explique peut-être son faible impact sur la recherche française.
Si elle n'a pas encore réussi à se constituer en discipline incontestable, c'est sans doute qu'elle se présente aujourd'hui beaucoup plus comme une série de questions qui se posent à la croisée des disciplines que comme une branche particulière de l'archéologie. Principalement constituée de deux ensembles autonomes : le premier autour de la préhistoire, le second autour de l'utilisation des méthodes statistiques, de l'informatique et des technologies de la communication, elle semble handicapée par une sous-estimation des durées dans lesquelles s'inscrivent les phénomènes étudiés et par un optimisme excessif quant aux questions que l'archéologie peut résoudre, et paraît aujourd'hui moins prometteuse.
L'originalité du présent ouvrage consiste à dépasser ce bilan et à ouvrir de nouvelles perspectives. Etudier, non plus seulement l'évolution cognitive des hommes de la préhistoire en général, mais également les mentalités de sociétés précises, plus récentes, en reprenant le "long détour des faits" et en réintroduisant le déroulement du temps historique, telle est la voie que nous souhaitons proposer.
Les auteurs, spécialistes de biologie et de physiologie, remontent le cours de l'histoire des recherches sur le cerveau et le système nerveux depuis le XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Ils détaillent les enjeux du savoir disponible (connaissances acquises et questionnements encore en suspens) dans leurs impacts possibles sur la société en matière de santé, d'éducation, d'apprentissage, etc.
À l'âge où les sciences du cerveau et de la cognition apportent de fascinantes révélations sur les fondements matériels de la nature humaine, est-il possible pour la sociologie de continuer à réfléchir en vase clos, hors de l'effervescence scientifique qu'entraînent ces découvertes ? Les auteurs qui s'expriment dans cet ouvrage exposent leurs points de vue argumentés sur le lien entre sciences de la cognition et sciences du social et sur les conditions d'élaboration d'une véritable sociologie cognitive.
La diversité des perspectives offre un état des lieux passionnant sur une "querelle des disciplines" qui n'a jamais vraiment cessé de hanter la sociologie.
Depuis ses origines, l'économie est définie au sens large comme la discipline qui étudie les processus de coordination entre les actions d'un certain nombre d'acteurs supposés rationnels.
Apparue dans la dernière décennie, l'économie cognitive a pour objet plus spécifique d'étudier les croyances et les raisonnements des acteurs placés dans un contexte d'interaction dynamique. Au niveau individuel, elle entre dans la boîte noire du cerveau humain pour examiner comment les acteurs s'appuient sur les informations qu'ils reçoivent pour réviser leurs croyances, adapter leurs préférences et délibérer en combinant ces deux éléments. Au niveau collectif, elle précise les raisons et les modalités des processus de diffusion d'information entre les acteurs, qui sont susceptibles d'aboutir asymptotiquement à une homogénéisation des croyances et à une compatibilité des actions.
L'économie cognitive se développe simultanément aux deux niveaux de spécification habituels considérés par la théorie économique. Dans la théorie des jeux, des acteurs indifférenciés, pourvus de préférences et de croyances génériques, interagissent de façon stratégique à travers des actions quelconques, sans médiation d'institutions extérieures. Dans la théorie des échanges, les acteurs sont des producteurs et des consommateurs de biens, dotés de croyances et de préférences plus spécifiques, et interagissent par l'intermédiaire d'institutions, l'institution centrale étant le marché qui coordonne les agents par des prix.
Ce sont les théories de la communications et du raisonnement interactif entre acteurs présents dans ces jeux et échanges que cet ouvrage propose de décrire et d'expliquer.