2016. La Havane reçoit Barack Obama, les Rolling Stones et un défilé Chanel. L'effervescence dans l'île est à son comble. Les touristes arrivent en masse. Mario Conde, ancien flic devenu bouquiniste, toujours sceptique et ironique, pense que, comme tous les ouragans tropicaux qui traversent l'île, celui-ci aussi va s'en aller sans que rien n'ait changé.
La police débordée fait appel à lui pour mener une enquête sur le meurtre d'un haut fonctionnaire de la culture de la Révolution, censeur impitoyable. Tous les artistes dont il a brisé la vie sont des coupables potentiels et Conde a peur de se sentir plus proche des meurtriers que du mort...
Sur la machine à écrire de Mario Conde, un texte prend forme : en 1910, la comète de Halley menace la Terre et un autre ouragan tropical s'abat sur La Havane : une guerre entre des proxénètes français et cubains, avec à la tête de ces derniers Alberto Yarini, un fils de très bonne famille et tenancier de bordel prêt à devenir président de la toute nouvelle République de Cuba.
Le présent et le passé ont et auront toujours des liens insoupçonnés.
Pour sa dixième enquête de Mario Conde, Leonardo Padura écrit un grand roman plein d'humour et de mélancolie, un voyage éblouissant dans le temps et dans l'histoire.
Elle arrive de New York, il vient de Cuba, ils s'aiment. Il lui montre une photo de groupe prise en 1989 dans le jardin de sa mère et elle y reconnaît la sienne, cette femme mystérieuse qui ne parle jamais de son passé. Ils vont chercher à comprendre le mystère de cette présence et les secrets enfouis de leurs parents...
Leonardo Padura nous parle de Cuba et de sa génération, celle qui a été malmenée par l'histoire jusqu'à sa dispersion dans l'exil : « Poussière dans le vent. » Nous suivons le Clan, un groupe d'amis soudés depuis la fin du lycée et sur lequel vont passer les transformations du monde et leurs conséquences sur la vie à Cuba. Des grandes espérances des nouveaux diplômés devenus médecins, ingénieurs, jusqu'aux pénuries de la « période spéciale » des années 90, après la chute du bloc soviétique (où le salaire d'une chercheuse représente le prix en dollars d'une course en taxi) et la fuite dans l'exil à travers le monde.
Des personnages magnifiques, subtils, nuancés et attachants, soumis au suspense permanent qu'est la vie à Cuba et aux péripéties universelles des amitiés, des amours et des mensonges. Ils vont survivre à l'exil, à Miami, Barcelone, New York, Madrid, Porto Rico, Buenos Aires. Ils vont prendre de nouveaux départs, témoigner de la force de la vie.
Leonardo Padura écrit un roman universel. Il utilise la forme classique du roman choral mais la sublime par son inventivité et son sens aigu du suspense, qui nous tient en haleine jusqu'au dernier chapitre.
Ce très grand roman, qui place son auteur au rang des plus grands romanciers actuels, est une affirmation de la force de l'amitié et des liens solides et invisibles de l'amour.
Intrigué par la robe rouge du cadavre retrouvé dans le Bois de La Havane, Mario Conde, l'inspecteur chargé de l'enquête, rend visite à Marqués, metteur en scène de Electra Garrigo de Virgilio Pinera.
Homosexuel exilé dans son propre pays, vivant au milieu de livres volés dans une maison en ruines, cultivé, intelligent et ironique. Marqués va lui faire découvrir un monde inconnu où chacun détient une vérité sur le mort et sur un passé que la Révolution veut effacer. Peu à peu, Mario Conde va perdre ses certitudes et chercher sa propre vérité dans un pays qui vit au rythme des pénuries et où, pour survivre, tous portent des masques.
A travers une intrigue policière solide, Leonardo Padura crée un monde complexe, à la fois drôle et sombre, passionnant comme ces Cubains nés dans la Révolution, qui vivent sans rêver d'exil et cherchent leur identité au sein du désastre.
Au volant de son camion, un énigmatique saxophoniste parcourt la géographie folle des routes secondaires de la Patagonie et subit les caprices des vents omniprésents.
Perdu dans l'immensité du paysage, il se trouve confronté à des situations aussi étonnantes et hostiles que le paysage qui l'entoure. Saline du Désespoir, La Pourrie, Mule Morte, Indien Méchant et autres lieux favorisent les rencontres improbables avec des personnages peu aimables et extravagants : un journaliste qui conduit une voiture sans freins et cherche des sous-marins nazis, des trinitaires anthropophages qui renoncent à la viande, des jumeaux évangéliques boliviens gardiens d'un Train fantôme, un garagiste irascible et un mari jaloux...
Au milieu de ces routes où tout le monde semble agir avec une logique digne d'Alice au pays des merveilles, Parker tombe amoureux de la caissière d'une fête foraine. Mais comment peut-on suivre à la trace quelqu'un dans un monde où quand on demande son chemin on vous répond : « Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez arriver à la mer » ?
Ce fabuleux premier roman est un vrai voyage à travers un mouvement perpétuel de populations dans un paysage dévorant, auquel le lecteur ne peut résister.
La puissance destructrice du mensonge En 2004, à la mort de sa femme, Iván, écrivain débutant et responsable d'un misérable cabinet vétérinaire de La Havane, revient sur sa rencontre en 1977 avec un homme mystérieux qui se promenait sur la plage avec deux lévriers barzoï. Après quelques conversations, " l'homme qui aimait les chiens " lui fait des confidences sur l'assassin de Trotski, Ramón Mercader, qu'il semble connaître intimement. Grâce à ces confidences, Iván reconstruit les trajectoires de Lev Davidovich Bronstein, appelé aussi Trotski, et de Ramón Mercader, connu aussi sous le nom de Jacques Mornard, et la façon dont ils sont devenus victime et bourreau de l'un des crimes les plus révélateurs du XXe siècle. Il suit ces deux itinéraires, à partir de l'exil de l'un et de l'enfance de l'autre, et leur rencontre à Mexico. Ces deux histoires prennent tout leur sens lorsque le Cubain y projette ses aventures privées et intellectuelles dans la Cuba contemporaine.
Leonardo Padura, dans une écriture puissante, fait, à travers des personnages ambigus et convaincants, l'histoire des conséquences du mensonge idéologique et de sa force de destruction sur l'utopie la plus importante du XXe siècle et de ses retombées actuelles dans la vie des individus, en particulier à Cuba.
Un très grand livre.
La vie d'une trans : un an de leur vie équivaut à sept années « normales ». Tante Encarna a 178 ans et porte tout son poids sur ses talons aiguilles au cours des nuits de la zone rouge du Parc Sarmiento, à Córdoba, en Argentine. La Tante - gourou, mère collective avec des seins gonflés d'huile de moteur d'avion - protège et partage sa vie avec d'autres membres de la communauté trans, sa sororité d'orphelines, résistant aux bottes des flics et des clients, entre échanges sur les dernières télénovelas brésiliennes, les rêves inavouables, amour, humour, tendresse, et aussi des souvenirs qui rentrent tous dans un petit sac à main en plastique bon marché. Une nuit, entre branches sèches et roseaux épineux, elles trouveront un bébé abandonné qu'elles adopteront clandestinement. Elles l'appelleront Éclat des Yeux.
Premier roman fulgurant, sans misérabilisme, sans autocompassion, Les Vilaines est un geste esthétique et politique qui raconte la fureur et la fête d'être trans. Avec un langage luxuriant, ce livre est un conte de fées et de terreur, un portrait de groupe, une relecture de la littérature fantastique, un manifeste explosif qui nous fait ressentir la douleur et la force de survie d'un groupe de femmes qui auraient voulu devenir reines mais ont souvent fini dans un fossé. Un texte qu'on souhaite faire lire au monde entier.
En 1939, le S.S. Saint-Louis, transportant quelque 900 Juifs qui avaient réussi à fuir l'Allemagne, resta plusieurs jours ancré au large du port de La Havane à attendre l'autorisation de débarquer ses passagers. Le jeune Daniel Kaminsky et son oncle avaient attendu sur le quai l'arrivée de leur famille, sûrs que le trésor qu'ils transportaient convaincrait les fonctionnaires chargés de les contrôler. Il s'agissait d'une petite toile de Rembrandt qui se transmettait dans la famille depuis le XIIIe siècle. Mais le plan échoua et le navire remporta vers l'Allemagne tout espoir de retrouvailles.
Des années plus tard, en 2007, le tableau est mis aux enchères à Londres et le fils de Daniel Kaminsky se rend à Cuba pour savoir ce qui s'y était passé concernant sa famille et le tableau. Il réussit à convaincre le détective Mario Conde de l'aider. Celui-ci, reconverti dans le commerce des livres anciens, découvre que cette toile représentant le visage du Christ était le portrait d'un jeune homme juif travaillant dans l'atelier de Rembrandt et y ayant étudié la peinture, contre toutes les lois des religieux.
Leonardo Padura fait ici un panorama de l'exercice de la liberté individuelle, du libre arbitre à travers diverses époques depuis Rembrandt dans l'Amsterdam du XVIIe siècle décidant de représenter des individus et non des idées, puis le jeune Juif qui ose désobéir au Consistoire et apprend à peindre, et décide ensuite de suivre un nouveau Messie, jusqu'à l'éclosion des tribus urbaines de La Havane où une jeune émo paye de sa vie l'exercice de sa liberté dans une société figée. Leonardo Padura écrit un livre magnifique et profond et se sert de son habileté d'auteur de roman noir pour nous amener, sous la houlette de son héros Mario Conde, à réfléchir sur ce que signifie notre libre arbitre.
Un petit commerçant palestinien débarque à Puerto Eden, au plus profond de la Patagonie chilienne. "Le Turc", comme on l'a surnommé, explique sa conception des échanges à l'aide d'une très ancienne histoire phénicienne. Il s'appelle Aladino Guarib et donne son nom à ce recueil de nouvelles dans lesquelles Luis Sepúlveda tente de sauver de l'oubli des moments, des lieux et des existences uniques. C'est de la lampe d'Aladino que surgissent comme par magie des contes magistraux, de merveilleux romans miniatures, faits de personnages inoubliables et d'histoires comme Luis Sepúlveda en a le secret. On y retrouve, entre autres, le Vieux chasseur de jaguars et amateur de romans d'amour ou Butch Cassidy et Sundance Kid, une dame grecque d'Alexandrie, des poètes disparus et un hôtel aux confins amazoniens de l'Équateur, de la Colombie et du Brésil.
Le détachement militaire du col de Roca Pelada est perché au-dessus de toutes les villes de la planète et de presque toutes les espèces vivantes, pour y accéder il est plus facile de descendre d'un nuage que de grimper la cordillère. Entre orages magnétiques et pluies de météorites, avec pour tout horizon le désert qui mène aux volcans et aux geysers, face à face deux garnisons de postes de frontière se surveillent. Un jour le commandant de l'un des postes change, et son remplaçant est une femme...
Après le succès public et critique de Patagonie route 203, Eduardo Fernando Varela nous fait découvrir cette fois-ci la vie au sommet des plus hautes montagnes du monde. Un rythme hypnotique, des paysages sauvages et sans limites, des dialogues et des situations aussi surréalistes qu'hilarants et une puissante réflexion sur les grands détours de l'existence aux côtés d'un lieutenant solitaire, un sergent impertinent, une escouade de caporaux venus des tropiques, malades mais très polis, de mineurs faits de pierre et d'os, et même un vieux sorcier ! Un roman unique et intemporel.
José Zeledón, ex-guérillero, débarque à Merlow City, morne ville-campus du Wisconsin. Guerrier désoeuvré devenu chauffeur de bus scolaire, il tente de réprimer ses instincts d'homme d'action.
Erasmo Aragón, professeur d'espagnol paranoïaque, part à Washington pour consulter les archives de la CIA et tenter de résoudre l'énigme de l'assassinat du grand poète salvadorien Roque Dalton.
Ces deux survivants hantés par la guerre, inadaptés, solitaires, se désintègrent à petit feu dans un pays puritain obsédé par les armes et la surveillance permanente, auquel ils ne comprennent rien.
Avec son style rageur, son humour à froid et une mauvaise foi à toute épreuve, Horacio Castellanos Moya passe les États-Unis au vitriol et poursuit son grand oeuvre autour de la violence, qui ronge ses personnages jusque dans l'exil. Un grand roman acéré et corrosif.
Alors qu'il approche de son 60e anniversaire, Mario Conde broie du noir. Mais le coup de fil d'un ancien camarade de lycée réveille ses vieux instincts.
Au nom de l'amitié (mais aussi contre une somme plus qu'honorable), Bobby le charge de retrouver une mystérieuse statue de la Vierge noire que lui a volée un ex-amant un peu voyou.
Conde s'intéresse alors au milieu des marchands d'art de La Havane, découvre les mensonges et hypocrisies de tous les «gagnants» de l'ouverture cubaine, ainsi que la terrible misère de certains bidonvilles en banlieue, où survit péniblement toute une population de migrants venus de Santiago.
Les cadavres s'accumulent et la Vierge noire s'avère plus puissante que prévu, elle a traversé les siècles et l'Histoire, protégé croisés et corsaires dans les couloirs du temps. Conde, aidé par ses amis, qui lui préparent un festin d'anniversaire somptueux, se retrouve embarqué lui aussi dans un tourbillon historique qui semble répondre à l'autre définition de la révolution : celle qui ramène toujours au même point.
Un voyage éblouissant dans le temps et dans l'histoire porté par un grand roman plein d'humour noir et de mélancolie.
Au large de la Patagonie une baleine blanche est chargée de protéger les morts mapuches puis, lorsque la fin des temps sera venue, de guider toutes les âmes au-delà de l'horizon. Tout est prévu et écrit dans le temps des mythologies. Cependant l'homme vit dans un monde où tout bouge et, au xixe siècle, la chasse à la baleine se développe. La baleine blanche va devoir défendre son monde immobile contre ces prédateurs, en particulier le baleinier Essex du capitaine Achab. Elle va livrer une guerre sans merci aux baleiniers et devenir un grand mythe de la littérature.
Luis Sepúlveda nous raconte cette histoire du point de vue de la baleine blanche qui nous explique comment elle vit et s'intègre dans l'ordre du monde, ce qu'elle découvre des hommes, sa mission secrète, puis sa guerre et les mystères qu'elle protège. Enfin, c'est la mer qui nous parle.
Un texte beau et fort, avec un souffle épique. Du grand Sepúlveda.
Les images superbes de Joëlle Jolivet magnifient cette histoire.
Sur une terrasse à La Havane, un groupe de vieux amis se réunit pour célébrer le retour d'exil d'Amadeo. Des retrouvailles qui sont aussi un règlement de comptes avec leurs illusions perdues.
Un grand livre sur Cuba, l'exil, et la force et la fragilité de l'amitié. Les personnages, représentants magnifiques des contradictions de l'île, sont là : Tania, la médecin ophtalmo payée en poulets et fruits par des patients fauchés ; Aldo, l'ingénieur qui n'a jamais pu exercer et qui répare clandestinement des batteries de voiture ; Eddy, le fonctionnaire bon vivant qui peut voyager à l'extérieur et parfois faire du trafic ; Rafa, le peintre en manque d'inspiration ; et Amadeo, dont on découvre pourquoi il a fui l'île il y a 16 ans et aussi pourquoi, à la grande surprise de ses amis, il voudrait y revenir...
Dans cette histoire, version romancée du scénario du film Retour à Ithaque (2014) co-écrit par Padura et le réalisateur français Laurent Cantet, les dialogues sont une analyse concise et brillante de la façon dont la génération de Padura, éduquée dans et pour la révolution, a été frustrée de toutes ses aspirations par l'évolution du pays après la chute de l'Union soviétique.
En complément, les deux auteurs nous racontent le tournage du film à Cuba et l'écriture du scénario (inspiré par le roman de Padura Le Palmier et l'Étoile) : ce livre est aussi une oeuvre sur l'amour du cinéma et l'émerveillement de la création artistique.
La Havane, été 2003. Il y a 14 ans que l'inspecteur Mario Conde a quitté la police et pendant cette période il s'est passé beaucoup de choses à Cuba : l'économie et les mentalités ont été bouleversées. Maintenant le Conde gagne sa vie en faisant le commerce de livres anciens, puisque beaucoup de gens sont contraints de vendre leurs bibliothèques pour pouvoir manger. Il découvre par hasard une magnifique bibliothèque qui lui ouvre des perspectives financières éblouissantes pour lui et ses amis de toujours, Carlos le Flaco, Josefina la cuisinière des miracles et Tamara l'amour éternel. Mais dans l'un des volumes il trouve une page de revue avec la photo de Violeta del Rio, une chanteuse de boléro des années 50, qui annonce qu'elle abandonne la chanson. Totalement séduit par sa beauté et son mystère, en proie à une étrange intuition, il se lance dans une enquête personnelle qui va le mener à découvrir les bas-fonds d'un Cuba qu'il n'a pas vu évoluer et à réveiller un passé cruel que la bibliothèque cachait depuis 40 ans.
Leonardo Padura parle clairement ici de ce qu'est devenu Cuba et des désillusions des gens de sa génération, "des Martiens" pour les plus jeunes mieux adaptés à l'envahissement du marché en dollars, aux combines et à la débrouille.
Malgré le retour de l'ex-inspecteur Mario Conde et son enquête, plus qu'un roman noir voici un beau roman sur l'amour des livres, de la culture et de la poésie si populaire des boléros. On reste longtemps marqué par la mélancolie et l'atmosphère de ce livre.
" Nous sommes partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu'on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple : pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e Parallèle, nous descendions jusqu'au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et revenions par la Patagonie chilienne jusqu'à la grande île de Chiloé, soit quatre mille cinq cents kilomètres environ. Mais, tout ce que nous avons vu, entendu, senti, mangé et bu à partir du moment où nous nous sommes mis en route, nous a fait comprendre qu'au bout d'un mois nous aurions tout juste parcouru une centaine de kilomètres.
Sur chacune des histoires passe sans doute le souffle des choses inexorablement perdues, cet " inventaire des pertes " dont parlait Osvaldo Soriano, coût impitoyable de notre époque. Pendant que nous étions sur la route, sans but précis, sans limite de temps, sans boussole et sans tricheries, cette formidable mécanique de la vie qui permet toujours de retrouver les siens nous a amenés à rencontrer beaucoup de ces " barbares " dont parle Konstantinos Kavafis.
Quelques semaines après notre retour en Europe, mon socio, mon associé, m'a remis un dossier bourré de superbes photos tirées en format de travail et on n'a plus parlé du livre.
Drôles d'animaux que les livres. Celui-ci a décidé de sa forme finale il y a quatre ans : nous volions au-dessus du détroit de Magellan dans un fragile coucou ballotté par le vent, le pilote pestait contre les nuages qui l'empêchaient de voir où diable se trouvait la piste d'atterrissage et les points cardinaux étaient une référence absurde, c'est alors que mon socio m'a signalé qu'il y avait, là en bas, quelques-unes des histoires et des photos qui nous manquaient. " avant-propos du livre, Luis Sepúlveda
En quelques mots, on y est. Cuba, La Havane, comme un regret sans fond, comme la musique d'un vieux boléro. Un doigt de rhum Carta Blanca (quand il en reste), soleil de plomb, solitude. Magie des décors qui n'ont pas besoin de description, ou si peu.
Les héros de Padura sont des tendres ; ils se heurtent à la société, au destin, au temps qui passe ; à ce désir qu'ont les choses, souvent, d'arriver contre notre gré, sans nous consulter. Ainsi, les toits qui s'effondrent, les pénuries de rhum, le départ intempestif d'êtres aimés.
On trouve de tout dans ce recueil de nouvelles, amours bêtement gâchées, soldat en fin de mission à Luanda, archange noir, nuits torrides, jeunes gens désoeuvrés, fonctionnaires désabusés, souvenirs cuisants...
On trouve surtout le sel des romans de Leonardo Padura, sa marque de fabrique : l'humanité qui irradie à chaque ligne, la nostalgie des vies qu'on ne vit pas, et l'art suprême de nous plonger dans une île qu'on emporte toujours avec soi.
Le chien, prisonnier, affamé, guide la bande d'hommes lancée à la poursuite d'un Indien blessé dans la forêt d'Araucanie. Il sait sentir la peur et la colère dans l'odeur de ces hommes décidés à tuer. Mais il a aussi retrouvé dans la piste du fugitif l'odeur d'Aukamañ, son frère-homme, le compagnon auprès duquel il a grandi dans le village mapuche où l'a déposé le jaguar qui lui a sauvé la vie.
Dans la forêt, il retrouve les odeurs de tout ce qu'il a perdu, le bois sec, le miel, le lait qu'il a partagé avec le petit garçon, la laine que cardait le vieux chef qui racontait si bien les histoires et lui a donné son nom : Afmau, Loyal.
Le chien a vieilli mais il n'a pas oublié ce que lui ont appris les Indiens Mapuches : le respect de la nature et de toutes ses créatures. Il va tenter de sauver son frère-homme, de lui prouver sa fidélité, sa loyauté aux liens d'amitié que le temps ne peut défaire.
Avec son incomparable talent de conteur, Luis Sepúlveda célèbre la fidélité à l'amitié et le monde des Mapuches et leurs liens avec la nature.
Il était une fois, dans les années 60 du siècle dernier, des pays où la politique occupait une place primordiale dans la vie des jeunes gens. Au Chili comme ailleurs, le langage était codé et les slogans définitifs. Mais on est très sérieux quand on a dix-sept ans à Santiago du Chili et qu'on s'attaque au capitalisme avec un succès mitigé. On peut monter une opération contre une banque pour financer une école et utiliser toute la logistique clandestine pour trouver du lait en poudre pour empêcher un bébé de pleurer; chanter Blue Velvet en plein hold-up pour que les clients présents dans la banque n'aient pas peur; se tromper d'explosif et rentrer à pied; préférer la musique américaine à la dialectique marxiste pour séduire les filles; apprendre le taekwondo qui rend les Coréens du Nord invincibles et trouver contre leur champion des solutions créatives...
En état de grâce littéraire, Luis Sepúlveda nous raconte ces histoires irrésistiblement drôles et tendres en hommage à un temps où on pouvait rêver "d'être jeune sans en demander la permission".
Luis Sepúlveda est né au Chili en 1949 et vit actuellement dans les Asturies, en Espagne, après avoir habité Hambourg et Paris. Il est l'auteur, entre autres, du Vieux qui lisait des romans d'amour, de Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, des Roses d'Atacama, de La Folie de Pinochet, de L'Ombre de ce que nous avons été et d'Histoires d'ici et d'ailleurs. Ses livres sont traduits dans 50 pays.
Un chat grand noir et gros élève une jeune mouette avec l'aide des chats du port de Hambourg ; une souris gourmande, volubile et trouillarde aide un vieux chat ; un escargot nommé Rebelle entreprend un grand voyage loin du Pays de la Dent-de-Lion ; un chien appelé Loyal apprend des Indiens Mapuches le respect de la nature ; la baleine blanche, mythique protectrice des eaux de l'île sacrée des Gens de la Mer, nous parle et sa voix nous arrive du fond des temps comme le langage de la mer.
Un grand écrivain généreux nous raconte des aventures pleines d'émotion et de sagesse qui célèbrent les sujets essentiels dans toute vie : l'amitié, le rêve, l'humour, la tendresse, la loyauté, la solidarité, le respect de la nature, les liens entre l'homme et l'animal.
A Paris, au Latina, on danse le tango. Luis invite Ana à danser. Elle est française et elle aime le
tango avec autant de passion qu'elle déteste la patrie de ses parents, l'Argentine. Il est argentin de
passage à Paris pour une dernière tentative d'échapper à une crise économique et psychologique.
Un projet de film sur le tango, dirigé par Luis avec Ana comme conseiller technique, va les réunir.
Ce projet leur fait découvrir leurs ancêtres et l'histoire de l'Argentine depuis la fin du XIXe siècle. Le
tango nous conduit des quartiers populaires de La Boca aux salons parisiens, du grand propriétaire
au compositeur de musique, sur fond de vagues d'émigration successives, de conflits sociaux, de
développement des richesses des estancieros, d'arrivée de la modernité avec la naissance de la
radio... avec l'évolution du tango, devenu lui-même personnage de ce roman bâti sur cette relation
viscérale que tous les personnages entretiennent avec lui.
Sur une trame de feuilleton vécue par des personnages attachants et hauts en couleur, l'auteur
écrit une oeuvre littéraire forte où le fantastique est présent pour revendiquer la force vitale de
l'amour et de la danse. Tango recrée l'histoire d'une ville et d'une musique à travers la saga de
deux familles, aux deux bouts de l'échelle sociale. Un cocktail explosif d'amours, de luttes, de joies
et de trahisons, et une danse dangereuse et sensuelle qui les réunit en une étreinte.
Avec l'habileté d'une bonne danseuse, Elsa Osorio change de temps ,de narrateurs, d'espace,
comme on change de cavalier, et son écriture communique au lecteur le vertige de la danse,
l'ivresse de la musique mêlée à la sensualité et au mouvement.
Dans un jeu narratif plein de surprises, mêlant la littérature et la vie en un cocktail excitant de biographies d'écrivains et d'autobiographie vraie ou fausse, Rosa Montero entreprend avec le lecteur un voyage entre vérité
et fiction sous la houlette de la folle du logis.
A travers un panorama des folies et des faiblesses d'écrivains comme Melville, Goethe, Tolstoï ou M. Amis ou des mécanismes de la passion amoureuse, elle bouscule le lecteur ravi en proposant une analyse des peurs et des névroses des romanciers, mêlée au récit des aventures et des tours que sa propre imagination a joués à l'auteur elle-même et joue souvent au lecteur.
Loin de toute analyse universitaire, voici un livre sur l'imagination et les rêves, sur la folie et la passion, les peurs et les doutes des écrivains, mais aussi des lecteurs. Et surtout une torride histoire d'amour et de salvation entre Rosa Montero, la passionnée, et son imagination.
Une défense de l'écriture, de la lecture et du rêve comme derniers remparts contre la folie.
Un livre curieux qui éveille la curiosité du lecteur.
Quatre romans indispensables, vie et littérature mêlées, qui sont une invitation au voyage et une exploration de l'équilibre fragile d'une existence et de l'obsession de donner une voix à « l'immense foule des perdants », à tous ceux que l'Histoire a condamnés au silence.
Le Vieux qui lisait de romans d'amour marque l'entrée de Luis Sepúlveda dans le club très fermé des auteurs internationaux de best-sellers et surtout dans le coeur des libraires et des lecteurs français qui sont à l'origine de ce succès.
Le Monde du bout du monde, cette odyssée d'un marmiton sur une mer hantée par les légendes des pirates, des Indiens disparus et des baleines redevenues mythiques, se souvient de l'adolescent qui lisait frénétiquement des romans d'aventures.
Le Neveu d'Amérique est un extraordinaire voyage du Chili à l'Andalousie, de l'action militante à la prison, une quête des origines de l'auteur. Un voyage jubilatoire avec la tendresse pour unique boussole.
L'Ombre de ce que nous avons été et son histoire du retour hilarant de trois anciens militants de gauche, cassés par le coup d'État de Pinochet et l'exil, porte un regard cruel sur un pays qui ne sera plus jamais celui qu'on a quitté.
Un garage au milieu de nulle part, province du Chaco, nord de l'Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le Révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s'échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté, et regarde avec curiosité ces gens si différents qui lui parlent de Dieu.
Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre-deux, l'instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s'affrontent. C'est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l'orage approche.
Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, avec une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique.