Dans la lignée de David Peace et Ian Rankin. Un roman noir écossais porté par une écriture efficace et une intrigue tout en crescendo qui nous offre une plongée dans les bas-fonds sombres et glauques de Glasgow.
1969. Glasgow. Trois jeunes femmes sont allées danser dans un dancing populaire, elles y ont rencontré un garçon que leurs amies décrivent comme bien de sa personne et correct, elles ont été très discrètes sur cette relation, puis on a retrouvé leurs ca-davres sur des terrains vagues, elles ont été violées et étranglées avec leurs bas. Les recherches piétinent, les policiers de la criminelle sont à cran, ils se perdent dans les détails. L'inspecteur principal Duncan McCormack est appelé pour auditer la désas-treuse enquête, ce qui a le don d'irriter les membres de l'équipe qui ont déjà dû essuyer les railleries de la presse pour leur tenta-tive vaine d'attraper le tueur en se mêlant à la foule des dan-seurs.
Parallèlement on suit Alex Patton, un perceur de coffres-forts venu de Londres pour cambrioler une salle des ventes dans sa ville natale et dont l'histoire croise celle du tueur à mesure que l'intrigue se noue et que McCormack est impliqué dans les deux affaires L'auteur dresse un portrait vivant d'un quartier lugubre en pleine démolition, un témoignage sur l'état de la police de Glasgow et ses préjugés, à l'apogée du règne de la mafia locale, tout en me-nant une intrigue policière solide, tenue par des personnages inoubliables. Il donne alternativement la parole aux victimes et aux enquêteurs.
Liam McIlvanney s'inspire d'un fait divers pour nous raconter la ville et sa police dans les années 60, au moment où un tueur en série, qu'on n'a toujours pas retrouvé, a violé et étranglé trois jeunes femmes rencontrées dans un dancing.
Natifs des âpres montagnes calabraises de la Locride, trois adolescents, bons élèves et bons fils, choisissent la voie du crime pour échapper à la misère. Mais ils auront beau refuser l'embrigadement de la 'Ndranghetta - la mafia calabraise - pour partir à la conquête du monde, devenant braqueurs à Milan puis trafiquants de cocaïne aux contacts des réseaux planétaires, islamistes compris, ils reviendront toujours sur ces hauteurs d'où l'on aperçoit deux mers mais où les porcheries cachent parfois des victimes d'enlèvement crapuleux, où les forêts sont hantés d'âmes noires, fugitifs recherchés par la justice étatique ou la vengeance mafieuse.
C'est là, dans la grandiose cruauté des parties de chasse, dans les prodigieux banquets paysans et les beautés violentes de la nature, que les trois amis trouveront leur destin, comme ce taureau sauvage qui continue à galoper vers son tueur parce qu'il ne sait pas encore qu'il est mort.
Mauvaise idée de sortir seul quand on est blanc et qu'on ne connaît rien ni personne à Lagos ; Guy Collins l'apprend à ses dépens, juste devant le Ronnie's, où il découvre avec la foule effarée le corps d'une prostituée aux seins coupés. En bon journaliste, il aime les scoops, mais celui-là risque bien de lui coûter cher : la police l'embarque et le boucle dans une cellule surpeuplée, en attendant de statuer sur son sort.
Le sort, c'est Amaka, une splendide Nigériane, ange gardien des filles de la rue, qui, le prenant pour un reporter de la bbc, lui sauve la mise, à condition qu'il enquête sur cette vague d'assassinats. Entraîné dans une sombre histoire de juju, la sorcellerie du cru, notre journaliste à la manque se demande ce qu'il est venu faire dans cette galère, tandis qu'Amaka mène la danse en épatante femme d'action au milieu des notables pervers.
Hôtels chics, bars de seconde zone, jungle, bordels, embouteillages et planques en tout genre, Lagos bouillonne nuit et jour dans la frénésie highlife ; les riches font tinter des coupes de champagne sur Victoria Island pendant que les pauvres s'entretuent à l'arme lourde dans les bas quartiers.
Un polar survolté et drôle qui plonge au coeur de la ville africaine à la vitesse d'un tir de kalachnikov. Le Nigéria n'a jamais été aussi près de Tarantino.
On vient d'apporter à Heredia une vieille photographie de sa jeunesse où il pose au milieu de ses
anciens camarades d'univers ité. Sur le cliché, certains visages sont entourés d'un cercle rouge et,
étrange coïncidence, deux d'entre eux sont morts de mort violente et le troisième a disparu depuis
quelques semaines.
Voilà notre détective solitaire et désabusé contraint de plonger dans ses souvenirs et de suivre
avec les yeux du coeur des pistes qui le ramènent à l'une des périodes les plus tragiques de
l'histoire du Chili.
Ses recherches vont le conduire de Santiago jusqu'à Chiloé et lui faire toucher du doigt les
noirceurs et les faiblesses de l'âme humaine.
Comme dans ses romans précédents (Les Sept Fils de Simenon et La Mort se lève tôt) Ramon Diaz
Eterovic se fait le témoin critique de son époque en peignant dans son style si particulier les
difficultés de la vie quotidienne, son arrière -plan de violence et les blessures mal cicatrisées de ses
concitoyens.
Le récit commence au premier jour de retraité du personnage de ce roman, dont le nom n'apparaît jamais. Directeur d'une banque, il a épousé en secondes noces une veuve bien plus jeune que lui, Adele, dont on découvre peu à peu la double personnalité. Affamée de reconnaissance sociale et parangon de respectabilité, elle est aussi dotée d'un appétit sexuel sans bornes et sans morale, au point d'imposer à son vieil époux la présence d'un jeune cousin qui sait la satisfaire.
Est-elle totalement insensible ou aime-t-elle en réalité son mari plus que tout ? Tandis que pointe la maladie terminale, le vieil homme creuse l'énigme. Tout en perçant à jour les faux-semblants d'une société bourgeoise qui affecte la bienfaisance et pratique le compromis mafieux tout en acceptant sa déchéance contre quelques moments de bonheur sensuel, il découvre des facettes contradictoires d'Adele, incroyable figure féminine, en attendant le jour où elle revêtira le tailleur gris, signe de mort imminente...
Écrit dans une langue bien plus sobre que celle à laquelle il nous avait habitués, ce roman d'Andrea Camilleri nous fait découvrir un nouvel aspect, totalement inconnu jusque-là, du talent du grand auteur sicilien, dans la lignée des Simenon sans Maigret. Dans cette histoire où le tragique se fait quotidien, les virtuosités langagières se font discrètes comme le désespoir qui pointe. Une grande et splendide réussite d'un écrivain octogénaire qui est aussi, et de très loin, le plus lu en Italie depuis une quinzaine d'années.