Dans une vieille maison, dans laquelle toutes les femmes qui y ont vécu se sont senties oppressées sans raison, un mur de la cave s'effondre et on trouve un corps.
Konrad, très intrigué par ce cadavre inconnu, enquête et fait resurgir des affaires traitées dans ses trois romans précédents. Par ailleurs, il presse la police d'élucider le meurtre de son père mais il a oublié qu'à l'époque il avait menti et se retrouve inculpé. Toujours dans une ambiance à la Simenon et avec un Konrad très ambigu, moyennement sympathique et noyé dans l'alcool.
Le Mur des silences est un beau roman noir sur la violence familiale, la vulnérabilité, les sacrifices et l'impunité, dans lequel les cold cases ressurgissent toujours.
Un livre impitoyable sur les regrets et le désespoir du remords. Une construction haletante et surprenante sur l'inévitabilité d'un passé qui refuse de se laisser oublier.
Troisième roman de la série Konrad, plus simenonien et mélancolique que jamais.
Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policer. L'enquête révèle rapidement qu'elle l'avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l'enfant qu'elle avait mis au monde cinquante ans plus tôt, et qu'elle avait abandonné juste après sa naissance. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s'emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d'un mouvement religieux contre l'avortement et reconstruit l'histoire d'une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l'histoire de la mort violente de son père.
Lorsqu'il retrouvera l'enfant, il mesurera l'ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l'ont plongé.
Konrad se révèle un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d'une humanité touchante.
Dans une construction particulièrement habile et haletante, La Pierre du remords est un roman captivant et impitoyable sur la honte, le désespoir et l'intensité des remords qui reviennent nous hanter.
Inquiets pour leur petite-fille dont ils savent qu'elle fait du trafic de drogue, un couple fait appel à Konrad, un policier à la retraite, suite à sa disparition. Dans le même temps une amie de Konrad lui parle d'une jeune fille retrouvée noyée dans l'étang devant le Parlement en 1947. Elle lui demande de l'aider car l'enfant hante ses rêves. Il découvre que l'enquête sur la mort de cette dernière a été menée en dépit du bon sens. Lorsqu'on trouve le cadavre de la jeune trafiquante, il met encore en doute les méthodes de la police.
Konrad mène les deux enquêtes de front. Il nous apparaît comme un personnage solide, têtu, coléreux et rompu, par son enfance auprès de son père, à toutes les ruses des voyous. Toujours aux prises avec son enquête sur l'assassinat de son propre père, il avance vers la vérité.
Dans une construction particulièrement brillante, Indridason crée un suspens et des attentes sur des plans différents et surprenants. Il captive le lecteur et le tient en haleine avec brio. On peut dans ce volume saluer la naissance d'un nouvel enquêteur attachant, sensible mais violent, n'hésitant pas à faire le coup de poing. Par ailleurs l'auteur nous introduit au merveilleux islandais très insolite et terre à terre.
L'hiver est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand village sami au milieu de la toundra, au centre culturel, on se prépare à montrer un tambour de chaman que vient de donner un scientifique français, compagnon de Paul Emile Victor. C'est un événement dans le village. Dans la nuit le tambour est volé. On soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens : ils ont dans le passé détruit de nombreux tambours pour combattre le paganisme.
Puis on pense que ce sont les indépendantistes sami qui ont fait le coup pour faire parler d'eux. La mort d'un éleveur de rennes n'arrange rien à l'affaire. Deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet Nango le Lapon et son équipière Nina Nansen, fraîche émoulue de l'école de police, sont persuadés que les deux affaires sont liées. Mais à Katokeino on n'aime pas remuer les vieilles histoires et ils sont renvoyés à leurs courses sur leurs scooters des neiges à travers l'immensité glacée de la Laponie, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes dont les troupeaux se mélangent.
Au cours de l'enquête sur le meurtre Nina est fascinée par la beauté sauvage d'Aslak, qui vit comme ses ancêtres et connaît parfaitement ce monde sauvage et blanc. Que s'est-il passé en 1939 au cours de l'expédition de Paul Emile Victor, pourquoi, avant de disparaître, l'un des guides leur a-t-il donné ce tambour, de quel message était-il porteur ? Que racontent les joïks, ces chants traditionnels que chante le sympathique vieil oncle de Klemet pour sa jeune fiancée chinoise ? Que dissimule la tendre Berit malmenée depuis cinquante ans par le pasteur et ses employeurs ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et a l'air de bien connaître la géologie du coin ? Dans une atmosphère à la Fargo, au milieu d'un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l'hypermodernité et de la tradition d'un peuple luttant pour sa survie culturelle.
Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.
La vengeance des victimes.
Elle est condamnée, il l'aime, elle l'entraîne dans sa vengeance mortelle.
A la sortie d'un bal, un couple pressé se réfugie dans le vieux cimetière, mais au cours de leurs ébats la jeune femme voit un cadavre sur une tombe et aperçoit une silhouette qui s'éloigne. Elle appelle la police tandis que son compagnon, lui, file en vitesse. Le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli arrivent sur les lieux pour découvrir la très jeune morte abandonnée sur la tombe fleurie d'un grand homme politique originaire des fjords de l'Ouest.
La victime a 16 ans, personne ne la connaît, elle se droguait. Erlendur questionne sa fille Eva Lind, qui connaît bien les milieux de la drogue pour en dépendre. Elle lui fournit des informations précieuses et gênantes à entendre pour un père. Il s'intéresse aussi à la tombe du héros national et va dans les fjords de l'Ouest où il découvre une amitié enfantine et une situation sociale alarmante. La vente des droits de pêche a créé un grand chômage et une émigration intérieure massive vers Reykjavík, dont les alentours se couvrent d'immeubles modernes pour loger les nouveaux arrivants. Sigurdur Oli, lui, s'intéresse plutôt à la jeune femme qui les a appelés.
Le parrain de la drogue, vieux rocker américanisé et proxénète, est enlevé au moment où la police révèle ses relations avec un promoteur immobilier amateur de très jeunes femmes. Pendant ce temps, contre toute déontologie, Sigurdur Oli tombe amoureux de son témoin.
Avec son duo d'enquêteur emblématique et classique, Erlendur, le râleur amoureux de l'Islande, et Sigurdur Oli, le jeune policier formé aux États-Unis, Indridason construit ses personnages et nous révèle leur passé, tout en développant une enquête impeccable dans laquelle on perçoit déjà ce qui fait l'originalité de ses romans : une grande tendresse pour ses personnages et une économie de l'intrigue exceptionnelle.
Des membres humains sont retrouvés dans une friche de Bogotá, mais leur propriétaire est vivant et emprisonné pour avoir tué sa femme. Le procureur Edilson Jutsiñamuy et son équipe sont chargés de l'enquête. La journaliste Julieta et sa secrétaire Johana, une ex-guérillera, vont les rejoindre pour remonter toute une chaîne de crimes atroces qui les amènera à faire la connaissance du romancier Santiago Gamboa, de son oeuvre et de ses personnages qui ont des rapports troublants avec le réel. Cette rencontre leur ouvrira les portes d'une Colombie frustrée et pluvieuse marquée par les exactions des milices paramilitaires. L'intrigue captive le lecteur dans un jeu fascinant de miroirs entre réalité et fiction tout autant qu'entre les diverses représentations de l'auteur lui-même qui joue sa vie dans cette radiographie de la situation colombienne.
Conteur hors pair au sens de l'humour aiguisé, Santiago Gamboa séduit par sa verve et son ironie. Une intrigue passionnante menée de main de maître et une écriture ironique et efficace font de ce roman noir un livre exceptionnel.
Comment élaguer, sans soulever de soupçons, toutes les branches d'un arbre généalogique pour arriver à un héritage. Un roman noir sarcastique avec des justicières pleines d'humour et de mauvais esprit qu'on n'a pas envie de condamner.
Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient des remplaçants pour que leurs enfants ne partent pas à la guerre. Aujourd'hui, ils ont des héritiers très riches et des descendants inconnus mais qui peuvent légitimement hériter !
En 1870, l'un des fils d'une grande famille d'industriels a été un utopiste généreux et a reconnu un enfant illégitime. En 2016, Blanche, la non-conformiste aux béquilles, entend parler des deuils qui frappent cette famille sans scrupules et découvre qu'elle pourrait très bien elle aussi accéder à cette fortune. Devant le cynisme affairiste, elle va faire justice en se servant de tout ce que la modernité met à notre portée.
Une incroyable galerie de personnages : des méchants imbuvables, de riches inconscients, des idéalistes, une île où règne le matriarcat, des femmes admirables, avec en toile de fond une évocation magistrale de Paris assiégée par les Prussiens et le déménagement du Palais de Justice aux Batignolles.
Le commissaire Erlendur et ses adjoints sont appelés sur un chantier après la découverte d'ossements humains, un homme et un nourrisson, enterrés là à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pendant ce temps, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours. Il la retrouve à grand peine dans le coma et enceinte. Le bébé ne peut être sauvé. Erlendur va à l'hôpital tous les jours rendre visite à sa fille inconsciente et lui raconte son enfance à lui et la disparition de son frère mort de froid dans une tempête de neige.
Hammerfest, petite ville de l'extrême nord de la Laponie. Les bords de la mer de Barents, le futur Dubai de l'Arctique. Tout serait parfait s'il n'y avait pas quelques éleveurs de rennes.
L'histoire se déroule au printemps, quand la lumière ne vous lâche plus, obsédante. Autour du détroit du Loup qui sépare l'île où se trouve Hammerfest de la terre ferme, des drames se nouent. Alors que des rennes traversent le détroit à la nage, un incident provoque la mort d'un jeune éleveur. Peu après, le maire de Hammerfest est retrouvé mort près d'un rocher sacré qui doit être déplacé pour permettre la construction d'une route longeant le détroit. Et les morts étranges se succèdent encore.
À Hammerfest, les représentants des compagnies pétrolières norvégiennes et américaines ont tout pouvoir sur la ville, le terrain constructible est très convoité, ce qui provoque des conflits avec les éleveurs de rennes qui y font paître leurs animaux l'été.
Les héros de ce grand centre arctique de la prospection gazière sont les plongeurs, trompe-la-mort et flambeurs, en particulier le jeune Nils Sormi, un plongeur d'origine sami.
Klemet et Nina mènent l'enquête pour la police des rennes. Mais pour Nina, troublée par les plongeurs, une autre histoire se joue, plus intime, plus dramatique. Les jeunes plongeurs qu'elle découvre lui rappellent ce père scaphandrier qui a disparu depuis son enfance. Subissant cette lumière qui l'épuise, elle va partir à la recherche de ce père mystère, abandonnant Klemet à sa mauvaise humeur, à ses relations ambiguës avec son ombre.
Et c'est une police des rennes en petite forme qui va faire émerger une histoire sombre venue des années 1970, dévoilant les contours d'une patiente vengeance tissée au nom d'un code d'honneur venu d'un autre monde, montrant à quel prix a été bâtie la prospérité de la région.
Braquer une banque à Belfast le jour d'Halloween déguisés en loups semblait être une bonne idée. Se rendre compte que le coffre avait été vidé avant leur arrivée, un peu moins. Mais voler une mallette à un client de la banque qui leur avait gentiment suggéré d'aller se faire voir, c'était signer leur arrêt de mort.
À Belfast, on sait qu'il faut être fou pour ne pas perdre la tête, et qu'il ne faut pas s'attaquer à ceux qui ont «l'Alzheimer irlandais» : ceux qui oublient tout sauf la vengeance.
Une course-poursuite en enfer entre braqueurs, ex-taulards, ?ics pourris, petites frappes, tueurs à gages et... la redoutable Fraternité pour la liberté irlandaise !
Des règlements de comptes, du suspense, de la violence et un humour très noir.
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s'avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister. Ensuite, que s'est-il passé ? Je n'avais pas envie de ce travail, de cette relation. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû... J'aurais dû... J'aurais dû...
Maintenant son mari a été assassiné et c'est moi qu'on accuse. La police ne cherche pas d'autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.
Un roman noir écrit avant la série qui fit connaître le commissaire Erlendur.
Arnaldur INDRIDASON est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.
Le Père Noël a été assassiné juste avant le goûter d'enfants organisé par le directeur de l'hôtel de
luxe pris d'assaut par les touristes, alors s'il vous plaît, commissaire, pas de vagues. C'est mal
connaître Erlendur.
Le Père Noël était portier et on tolérait qu'il occupe une petite chambre dans les sous-sols depuis
20 ans, mais la veille on lui avait signifié son renvoi. Et puis, sur son bel habit rouge pendait un
préservatif usagé. Il n'avait pas toujours été un vieil homme, il avait été Gulli, un jeune chanteur
prodige, une voix exceptionnelle, un ange.
Les interminables fêtes de fin d'année du pays du Père Noël (11 jours) dépriment le commissaire
qui s'installe dans une chambre de l'hôtel et mène son enquête à sa manière rude et chaotique. Sa
fille essaye de ne pas replonger dans la drogue, elle vient le voir souvent, elle a eu de mauvaises
fréquentations qu'elle présente à son père, ce qui permet à ce dernier d'avancer dans sa
connaissance de la prostitution de luxe, et puis il y a cette jolie technicienne des prélèvements
d'adn, tellement séduisante qu'Erlendur lui raconte ses secrets.
Le 45 tours enregistré par le jeune garçon, cette voix venue d'un autre monde ouvre la porte à des
émotions et des souvenirs, à des spéculations de collectionneurs et à la découverte des relations
difficiles et cruelles entre les pères et les fils.
Un roman dense et fort qui émeut profondément.
1945. Un bombardier allemand, pris dans le blizzard en survolant l'Islande, s'écrase sur le Vatnajökull, le plus grand glacier d'Europe. Parmi les survivants, étrangement, des officiers allemands et américains. L'Allemand le plus gradé affirme que leur meilleure chance de survie est de marcher vers la ferme la plus proche. Une mallette menottée au poignet, il disparaît dans l'immensité blanche. Dans les années qui suivent les Américains lancent en vain des expéditions pour faire disparaître cette opération militaire mystérieuse et encombrante. 1999. Le glacier fond et les satellites repèrent une carcasse d'avion, les forces spéciales de l'armée américaine envahissent immédiatement le Vatnajökull et tentent en secret de dégager l'avion. Deux jeunes randonneurs surprennent ces manoeuvres et sont rapidement réduits au silence. Avant d'être capturé l'un d'eux contacte sa soeur Kristin, une jeune avocate sans histoires. Celle-ci se lance sur les traces de son frère dans une course poursuite au coeur d'une nature glaçante. Les événements se précipitent. Les hypothèses historiques déconcertantes, parfois dérangeantes, et la séduction inoubliable qu'exerce cette héroïne à la fois tenace et perspicace, font de ce texte un formidable roman à suspense.
Dans sa jeunesse révolutionnaire, Antonin a voulu être bandit, mais il a dû admettre qu'il n'était pas doué pour ça, et il est devenu auteur de romans noirs et traducteur. Un matin, des décennies après, alors qu'il attend Olga, boxeuse féministe et amour de sa vie, apparaît Guillaume. Fils d'un droguiste assassiné par un braqueur dont Antonin a soutenu la libération, il est venu lui demander des explications. La rencontre de ces trois-là va engendrer la catastrophe qu'Antonin attend depuis toujours.
Polar ou autofiction mensongère ? On plonge dans l'histoire agitée de la fin du XXe siècle, dans une étrange course au trésor évoquant de célèbres affaires politico-judiciaires, de l'après-68 et des années Mitterrand au G8 de Gênes.
Antonin, le narrateur funambule mais quelque peu démuni devant les changements du monde, tourne autour de la question : comment se mettre à la place d'un autre, en particulier quand on est un intellectuel et que cet autre tue ? L'auteur, lui, relève le défi dans une intrigue formidablement bien construite autour de personnages inoubliables, avec les armes de la littérature : la verve, l'humour, le style.
La Muraille de lave à laquelle fait allusion le titre est une falaise de basalte au pied de laquelle un tourbillon violent engloutit toutes les embarcations qui s'approchent, c'est aussi le surnom qui a été donné au siège social d'une grande banque, à l'architecture sombre et aux pratiques discutables.
Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son enfance et il a disparu, mais son équipe continue à travailler. Tandis que Elinborg, la fine cuisinière, s'occupe d'une affaire de viol (La Rivière noire), Sigurdur Oli, le moderne formé aux États-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l'un des témoins de l'affaire de pédophilie en partie résolue dans La Voix. Ce même jour, un ami lui demande d'aider un couple de cadres qui, pratiquant l'échangisme, fait l'objet d'un chantage. Troublé par ses problèmes de nouveau divorcé, Sigurdur Oli va cependant aller jusqu'au bout d'une histoire qui lui révèle la cupidité qui s'est emparée de la société islandaise avec l'expansion mondiale des modèles financiers.
Commencé comme un polar classique, La Muraille de lave tisse les trames de plusieurs affaires et entraîne le lecteur dans les tourbillons de la perte de critères moraux et de l'impudeur de l'amour de l'argent.
Juan Belmonte a déposé les armes depuis des années, il vit en Patagonie près de la mer avec sa compagne, Verónica, qui ne s'est pas encore complètement relevée des tortures qu'elle a subies sous la dictature de Pinochet. Mais les services secrets russes qui connaissent ses talents de guérillero et de sniper vont le forcer à leur prêter main forte.
À l'autre bout du monde, un groupe de cosaques nostalgiques a décidé de libérer le descendant du dernier ataman, Miguel Krassnoff. Fils des cosaques russes qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale dans les régiments SS, Krassnoff est devenu général de l'armée de Pinochet, avant d'être emprisonné à Santiago pour sa participation à la répression et à la torture pendant la dictature militaire. Et Belmonte a de bons motifs de haïr «le cosaque», des motifs très personnels.
De la Russie de Trotski au Chili de Pinochet, de l'Allemagne d'Hitler à la Patagonie d'aujourd'hui, La Fin de l'histoire traverse le XXe siècle tout entier.
Mario Conde a quitté la police. Il gagne sa vie en achetant et en vendant des livres anciens puisque beaucoup de Cubains sont contraints de vendre leurs bibliothèques pour pouvoir manger. Ce jour d'été 2003, en entrant dans cette extraordinaire bibliothèque oubliée depuis quarante ans, ce ne sont pas des trésors de bibliophilie ou des perspectives financières alléchantes pour lui et ses amis de toujours qu'il va découvrir mais une mystérieuse voix de femme qui l'envoûtera par-delà les années et l'amènera à découvrir les bas-fonds actuels de La Havane ainsi que le passé cruel que cachent les livres.
Au-delà du roman noir, Leonardo Padura écrit un beau roman mélancolique sur la perte des illusions, l'amour des livres, de la culture, et de la poésie des boléros. On reste marqué par l'atmosphère de ces brumes cubaines.
Les 63 pièces d'or de la collection du Croissant de Lune Errant ont été volées par les nazis. Après quarante ans de sommeil, à la chute du mur de Berlin, elles réapparaissent en Patagonie et la course-poursuite commence entre la Lloyd Hanséatique et les anciens agents de la Stasi.
La Lloyd a un atout majeur: Juan Belmonte. Il porte un nom de torero et un lourd passé de guérillero de toutes les révolutions perdues de l'Amérique latine. La Lloyd ne lui a pas laissé le choix : partir à la recherche des pièces d'or ou perdre Véronica, son unique raison de vivre, brisée par la torture.
Dans cette course au trésor vers la Patagonie, Belmonte retrouve un Chili où le poids du silence n'a pas enterré la profonde humanité des habitants du bout du monde. Luis Sepûlveda montre une fois encore qu'il est un extraordinaire raconteur d'histoires.
À Kita la foule venue accueillir l'équipe de foot est repartie de la gare en dansant et en abandonnant sur place un mendiant immobile et surtout sans tête. Dans la nuit un esprit vêtu de rouge est passé dans la colline armé d'une torche. Le matin suivant, un autre mendiant décapité a été trouvé au marché. Le commissaire Dembélé et son adjoint, le moderne Sy, sont dépassés par la situation. Les notables et les religieux y voient un châtiment de la dépravation moderne. Le commissaire Habib est envoyé à leur rescousse, il connaît bien la ville et ses coutumes. Il sait résister aux pressions multiples. Habib et le jeune Sosso, son adjoint, mènent l'enquête, chacun selon son style et ses compétences, et évitent les embûches qu'on leur tend pour que rien ne bouge. Les cadavres sans tête se multiplient, les jeunes gens modernes font des affaires et les religieux prient. Mais que deviennent ces têtes sans corps ? Moussa Konaté raconte avec talent et tendresse le village où il a passé son enfance, il met en scène les enjeux de la société malienne prise entre tradition et modernité, entre logique de l'État et religion musulmane. Son style ironique et plein d'humour donne un charme tout particulier à ce dernier roman écrit quelques mois avant sa mort. Moussa Konaté est né à Kita (Mali) en 1951. Cofondateur du festival Étonnants Voyageurs à Bamako, dramaturge, éditeur, essayiste sagace, il s'est éteint en 2013, à Limoges. Dans la même veine romanesque il a publié L'Empreinte du renard, La Malédiction du lamantin (Fayard et Points), L'Assassin du Banconi (Série noire) et Meurtre à Tombouctou (Métailié).
Samouraï, ex-leader fasciste devenu gangster, est sur le point de réaliser le couronnement de sa carrière criminelle : piloter en sous-main un gigantesque projet immobilier prévoyant la bétonisation du territoire, du bord de mer jusqu'à la capitale. Pour cela, il lui faut maintenir à tout prix la paix entre les différentes mafias qu'il fédère : Calabrais, Napolitains, Gitans. Il s'appuie aussi sur les réseaux de Malgradi, politicien priapique et véreux. Mais une nuit de débauche tourne mal,s et la pagaille et les règlements de comptes s'installent.
Samouraï voit se dresser contre lui un ex-disciple, Marco Malatesta, désormais à la tête d'une unité d'élite de carabiniers. À ses côtés Michelangelo, procureur pianiste de jazz, et trois femmes, Alba, collègue et ex-petite amie, Alice, son nouvel amour, blogueuse altermondialiste, et Sabrina, ex-pute, incarnation du bon sens populaire au pays de la gauche caviar médiatique.
Des salons chics aux gigantesques night-clubs de la périphérie où l'on mange, se drogue, tue et se prostitue avec une monstrueuse vitalité, De Cataldo et Bonini racontent les coulisses criminelles de Rome.
Dans ce récit dont l'actualité a mis en évidence la véracité documentaire jusque dans les moindres détails, De Cataldo démontre une fois encore qu'il a su tirer le meilleur parti des influences qu'il revendique, de Balzac à Ellroy en passant par Tarantino.
Jay Dark a-t-il vraiment existé ? Deux hommes, un romancier et un avocat, se retrouvent dans des lieux insolites de la capitale romaine. Maître Flint prétend raconter la véritable histoire de Jay Dark, agent de la CIA chargé de répandre les nouvelles drogues des années 70 dans les mouvements de contestation étudiants.
On suit alors le parcours d'un jeune enfant des rues, cambrioleur à Manhattan, puis cobaye dans la célèbre clinique de Bellevue Hospital où fut lancé le Programme, qui expérimenta sur des patients plus ou moins volontaires les effets du LSD et de bien d'autres drogues. On le retrouve au coeur de l'essor de la contre-culture, de Berkeley à Londres en passant par San Francisco et New York, des readings de Burroughs et Alexander Trocchi aux folies de Warhol et Timothy Leary, des errances en bus bariolé à l'essor des Black Panthers.
Mêlant sans cesse la réalité historique et la trame romanesque où se heurtent, s'allient, se tuent parfois, un sénateur réactionnaire, un savant fou ancien nazi, et aussi militants sincères, riches héritières, poètes et allumés divers, le roman pose la question : les mouvements de jeunesse et de la contre-culture des années 70 ont-ils été manipulés par les services secrets ? Et dans quel but ?
Avec son puissant talent de conteur, De Cataldo nous fait revivre l'épopée d'une époque où tout a changé, pour que rien ne change.
Mauvaise idée de sortir seul quand on est blanc et qu'on ne connaît rien ni personne à Lagos ; Guy Collins l'apprend à ses dépens, juste devant le Ronnie's, où il découvre avec la foule effarée le corps d'une prostituée aux seins coupés. En bon journaliste, il aime les scoops, mais celui-là risque bien de lui coûter cher : la police l'embarque et le boucle dans une cellule surpeuplée, en attendant de statuer sur son sort.
Le sort, c'est Amaka, une splendide Nigériane, ange gardien des filles de la rue, qui, le prenant pour un reporter de la bbc, lui sauve la mise, à condition qu'il enquête sur cette vague d'assassinats. Entraîné dans une sombre histoire de juju, la sorcellerie du cru, notre journaliste à la manque se demande ce qu'il est venu faire dans cette galère, tandis qu'Amaka mène la danse en épatante femme d'action au milieu des notables pervers.
Hôtels chics, bars de seconde zone, jungle, bordels, embouteillages et planques en tout genre, Lagos bouillonne nuit et jour dans la frénésie highlife ; les riches font tinter des coupes de champagne sur Victoria Island pendant que les pauvres s'entretuent à l'arme lourde dans les bas quartiers.
Un polar survolté et drôle qui plonge au coeur de la ville africaine à la vitesse d'un tir de kalachnikov. Le Nigéria n'a jamais été aussi près de Tarantino.
Journaliste à la dent dure au Journal du Soir et alcoolique "en pause", Einar est exilé de Reykjavík à Akureyri, la plus grande ville du nord de l'Islande. En route avec sa photographe, ils font un reportage sur un accident de rafting : l'épouse du directeur d'une usine de bonbons d'Akureyri est tombée dans la rivière glaciaire et elle est morte. La mère de la victime accuse le mari. Par ailleurs, dans le cadre de son nouveau travail, Einar va interroger les acteurs en herbe de la représentation d'une pièce du XIXe siècle, Loftur le Sorcier ; Skarphédinn, l'adolescent qui interprète le rôle-titre, va le lendemain être retrouvé mort dans une décharge. Einar mènera son enquête, parallèlement à celle que lui commande son journal sur les problèmes opposant les Islandais de souche à la main-d'oeuvre émigrée du chantier d'un barrage qui va transformer tout l'équilibre de la province. Notre journaliste découvre une microsociété gangrenée par l'argent, la drogue, la corruption ainsi que par la "politique des cousins". Les personnages, convaincants, construits solidement avec une réelle épaisseur, sont au service d'une intrigue bien menée. Le texte est plein d'ironie et de distance en contrepoint d'une vision assez noire de la société islandaise face à la "modernisation". Quant à la pièce que les lycéens d'Akureyri interprètent, elle occupe une place intéressante et totalement justifiée dans le roman. Loftur le Sorcier est un personnage pour qui la fin justifie tous les moyens, quels qu'ils soient ; un personnage qui n'est constitué que de désirs, dont la versatilité est à l'origine d'une tragédie. On ne peut s'empêcher de voir que les passages cités de cette oeuvre fonctionnent comme une métaphore du présent. Un présent inquiétant, peuplé, lui aussi, si l'on y regarde bien, de sorcières.
Arni THORARINSSON est né en 1950 à Reykjavík où il vit actuellement. Après un diplôme de littérature comparée à l'université de Norwich en Angleterre, il devient journaliste dans différents grands journaux islandais. Il participe à des jurys de festivals internationaux de cinéma et a été organisateur du Festival de cinéma de Reykjavík de 1989 à 1991. Ses romans sont traduits en Allemagne et au Danemark.
On pourrait penser que la postière, sourde et sans le sou, tuée à Akureyri, et le capitaliste, «nouveau Viking» de Reykjavik, à la tête d'un portefeuille de millions en créances, n'ont aucun rapport l'une avec l'autre. Et pourtant le destin fait se croiser leurs chemins lorsque, malgré l'opposition de la police, Einar enquête pour son journal sur la disparition d'une petite fille.
Einar, ironique et tendre, a rarement été confronté à un crime aussi complexe. Rien ne s'est passé comme on pourrait s'y attendre. Portrait caustique et désabusé de l'Islande contemporaine, ce roman décrit l'évolution rapide des moeurs et la corruption des âmes. Le surprenant retournement final est dérangeant dans sa description de l'innocence perdue et de l'irréversibilité des évolutions de société.
L'intrigue resserrée et bien menée entraîne le lecteur fasciné aux côtés de cet enquêteur à la fois nonchalant et lucide.
Un roman passionnant, éclairant et terrifiant.