« On était donc fin juillet, le soleil incendiait le ciel ; les Parisiens migraient vers les plages, et alors que j'entamais ma nouvelle carrière, Philippe, mon fiancé flic, prenait son poste comme commandant aux stups de la 2e dpj.
- Comme ça on se verra plus souvent, m'a-t-il dit, réjoui, en m'annonçant la nouvelle deux mois auparavant, le jour de sa nomination.
J'étais vraiment contente pour lui, mais à cette époque je n'étais qu'une simple traductrice-interprète judiciaire et je n'avais pas encore une tonne deux de shit dans ma cave ».
Comment, lorsqu'on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l'existence... qu'on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l'eau tout en élevant ses enfants... qu'on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d'heures d'écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir... on en arrive à franchir la ligne jaune ?
Rien de plus simple, on détourne une montagne de cannabis d'un Go Fast et on le fait l'âme légère, en ne ressentant ni culpabilité ni effroi, mais plutôt... disons... un détachement joyeux.
Et on devient la Daronne.
L'hiver est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand village sami au milieu de la toundra, au centre culturel, on se prépare à montrer un tambour de chaman que vient de donner un scientifique français, compagnon de Paul Emile Victor. C'est un événement dans le village. Dans la nuit le tambour est volé. On soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens : ils ont dans le passé détruit de nombreux tambours pour combattre le paganisme.
Puis on pense que ce sont les indépendantistes sami qui ont fait le coup pour faire parler d'eux. La mort d'un éleveur de rennes n'arrange rien à l'affaire. Deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet Nango le Lapon et son équipière Nina Nansen, fraîche émoulue de l'école de police, sont persuadés que les deux affaires sont liées. Mais à Katokeino on n'aime pas remuer les vieilles histoires et ils sont renvoyés à leurs courses sur leurs scooters des neiges à travers l'immensité glacée de la Laponie, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes dont les troupeaux se mélangent.
Au cours de l'enquête sur le meurtre Nina est fascinée par la beauté sauvage d'Aslak, qui vit comme ses ancêtres et connaît parfaitement ce monde sauvage et blanc. Que s'est-il passé en 1939 au cours de l'expédition de Paul Emile Victor, pourquoi, avant de disparaître, l'un des guides leur a-t-il donné ce tambour, de quel message était-il porteur ? Que racontent les joïks, ces chants traditionnels que chante le sympathique vieil oncle de Klemet pour sa jeune fiancée chinoise ? Que dissimule la tendre Berit malmenée depuis cinquante ans par le pasteur et ses employeurs ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et a l'air de bien connaître la géologie du coin ? Dans une atmosphère à la Fargo, au milieu d'un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l'hypermodernité et de la tradition d'un peuple luttant pour sa survie culturelle.
Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.
Comment élaguer, sans soulever de soupçons, toutes les branches d'un arbre généalogique pour arriver à un héritage. Un roman noir sarcastique avec des justicières pleines d'humour et de mauvais esprit qu'on n'a pas envie de condamner.
Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient des remplaçants pour que leurs enfants ne partent pas à la guerre. Aujourd'hui, ils ont des héritiers très riches et des descendants inconnus mais qui peuvent légitimement hériter !
En 1870, l'un des fils d'une grande famille d'industriels a été un utopiste généreux et a reconnu un enfant illégitime. En 2016, Blanche, la non-conformiste aux béquilles, entend parler des deuils qui frappent cette famille sans scrupules et découvre qu'elle pourrait très bien elle aussi accéder à cette fortune. Devant le cynisme affairiste, elle va faire justice en se servant de tout ce que la modernité met à notre portée.
Une incroyable galerie de personnages : des méchants imbuvables, de riches inconscients, des idéalistes, une île où règne le matriarcat, des femmes admirables, avec en toile de fond une évocation magistrale de Paris assiégée par les Prussiens et le déménagement du Palais de Justice aux Batignolles.
Hammerfest, petite ville de l'extrême nord de la Laponie. Les bords de la mer de Barents, le futur Dubai de l'Arctique. Tout serait parfait s'il n'y avait pas quelques éleveurs de rennes.
L'histoire se déroule au printemps, quand la lumière ne vous lâche plus, obsédante. Autour du détroit du Loup qui sépare l'île où se trouve Hammerfest de la terre ferme, des drames se nouent. Alors que des rennes traversent le détroit à la nage, un incident provoque la mort d'un jeune éleveur. Peu après, le maire de Hammerfest est retrouvé mort près d'un rocher sacré qui doit être déplacé pour permettre la construction d'une route longeant le détroit. Et les morts étranges se succèdent encore.
À Hammerfest, les représentants des compagnies pétrolières norvégiennes et américaines ont tout pouvoir sur la ville, le terrain constructible est très convoité, ce qui provoque des conflits avec les éleveurs de rennes qui y font paître leurs animaux l'été.
Les héros de ce grand centre arctique de la prospection gazière sont les plongeurs, trompe-la-mort et flambeurs, en particulier le jeune Nils Sormi, un plongeur d'origine sami.
Klemet et Nina mènent l'enquête pour la police des rennes. Mais pour Nina, troublée par les plongeurs, une autre histoire se joue, plus intime, plus dramatique. Les jeunes plongeurs qu'elle découvre lui rappellent ce père scaphandrier qui a disparu depuis son enfance. Subissant cette lumière qui l'épuise, elle va partir à la recherche de ce père mystère, abandonnant Klemet à sa mauvaise humeur, à ses relations ambiguës avec son ombre.
Et c'est une police des rennes en petite forme qui va faire émerger une histoire sombre venue des années 1970, dévoilant les contours d'une patiente vengeance tissée au nom d'un code d'honneur venu d'un autre monde, montrant à quel prix a été bâtie la prospérité de la région.
Une pluie continue épuise les hommes et les bêtes.
Alors que les éleveurs du clan Balva procèdent à l'abattage annuel des rennes, des ossements humains sont retrouvés dans l'enclos, au pied de la Montagne rouge.
Or, le clan est opposé à un groupement de forestiers et de fermiers dans un procès exceptionnel à la Cour suprême de Stockholm. L'enjeu - le droit à la terre - est déterminant pour tous les éleveurs de rennes du pays : qui était là le premier ?
La patrouille P9 de la police des rennes est chargée de l'affaire, mais l'identification du squelette, en l'absence de crâne, est difficile. Klemet et Nina commencent une enquête auprès des musées et des institutions, et découvrent un XIXe siècle collectionneur de types humains et un XXe siècle porté sur les idéologies purificatrices, perdus dans les tréfonds nauséabonds de l'histoire suédoise. Ils se heurtent à l'inertie, à la défiance voire à l'hostilité de l'administration. Ils découvrent aussi une mystérieuse vague de disparition d'ossements et de vestiges sami, autant de preuves potentielles de la présence originelle des Sami.
Klemet, plus que jamais empêtré dans sa double identité lapone, et Nina, qui le supporte de moins en moins, croisent des personnages souvent ambigus. Des archéologues aux agendas obscurs qui s'affrontent. Petrus, le chef sami, écartelé entre son devoir, son fils et la poursuite des rêves de son père dans les paysages grandioses et désolés des forêts primaires du fin fond de la Laponie. Bertil l'antiquaire au passé politique douteux, et Justina l'octogénaire aux étranges talents de conductrice d'engins et son groupe d'adeptes de la marche nordique et du bilbingo. Sans oublier une masseuse thaïlandaise...
Ce troisième tome des aventures de la police des rennes est passionnant et troublant, ses héros sont complexes et attachants, le talent de conteur d'histoires d'Olivier Truc se déploie entre suspense, émotion et humour, et prouve une fois de plus que les 22 jurys de lecteurs qui lui ont à ce jour décerné leurs prix ne se sont pas trompés.
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s'avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister. Ensuite, que s'est-il passé ? Je n'avais pas envie de ce travail, de cette relation. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû... J'aurais dû... J'aurais dû...
Maintenant son mari a été assassiné et c'est moi qu'on accuse. La police ne cherche pas d'autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.
Un roman noir écrit avant la série qui fit connaître le commissaire Erlendur.
Arnaldur INDRIDASON est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.
Dans sa jeunesse révolutionnaire, Antonin a voulu être bandit, mais il a dû admettre qu'il n'était pas doué pour ça, et il est devenu auteur de romans noirs et traducteur. Un matin, des décennies après, alors qu'il attend Olga, boxeuse féministe et amour de sa vie, apparaît Guillaume. Fils d'un droguiste assassiné par un braqueur dont Antonin a soutenu la libération, il est venu lui demander des explications. La rencontre de ces trois-là va engendrer la catastrophe qu'Antonin attend depuis toujours.
Polar ou autofiction mensongère ? On plonge dans l'histoire agitée de la fin du XXe siècle, dans une étrange course au trésor évoquant de célèbres affaires politico-judiciaires, de l'après-68 et des années Mitterrand au G8 de Gênes.
Antonin, le narrateur funambule mais quelque peu démuni devant les changements du monde, tourne autour de la question : comment se mettre à la place d'un autre, en particulier quand on est un intellectuel et que cet autre tue ? L'auteur, lui, relève le défi dans une intrigue formidablement bien construite autour de personnages inoubliables, avec les armes de la littérature : la verve, l'humour, le style.
À Kita la foule venue accueillir l'équipe de foot est repartie de la gare en dansant et en abandonnant sur place un mendiant immobile et surtout sans tête. Dans la nuit un esprit vêtu de rouge est passé dans la colline armé d'une torche. Le matin suivant, un autre mendiant décapité a été trouvé au marché. Le commissaire Dembélé et son adjoint, le moderne Sy, sont dépassés par la situation. Les notables et les religieux y voient un châtiment de la dépravation moderne. Le commissaire Habib est envoyé à leur rescousse, il connaît bien la ville et ses coutumes. Il sait résister aux pressions multiples. Habib et le jeune Sosso, son adjoint, mènent l'enquête, chacun selon son style et ses compétences, et évitent les embûches qu'on leur tend pour que rien ne bouge. Les cadavres sans tête se multiplient, les jeunes gens modernes font des affaires et les religieux prient. Mais que deviennent ces têtes sans corps ? Moussa Konaté raconte avec talent et tendresse le village où il a passé son enfance, il met en scène les enjeux de la société malienne prise entre tradition et modernité, entre logique de l'État et religion musulmane. Son style ironique et plein d'humour donne un charme tout particulier à ce dernier roman écrit quelques mois avant sa mort. Moussa Konaté est né à Kita (Mali) en 1951. Cofondateur du festival Étonnants Voyageurs à Bamako, dramaturge, éditeur, essayiste sagace, il s'est éteint en 2013, à Limoges. Dans la même veine romanesque il a publié L'Empreinte du renard, La Malédiction du lamantin (Fayard et Points), L'Assassin du Banconi (Série noire) et Meurtre à Tombouctou (Métailié).
Ruoššabáhkat, « chaleur russe », c'est comme ça qu'on appelait ce vent-là. Ruoššabáhkat, c'est un peu l'histoire de la vie de Piera, éleveur de rennes sami dans la vallée de Pasvik, sur les rives de l'océan Arctique. Mystérieuse langue de terre qui s'écoule le long de la rivière frontière, entre Norvège et Russie. Deux mondes s'y sont affrontés dans la guerre, maintenant ils s'observent, s'épient.
La frontière ? Une invention d'humains.
Des rennes norvégiens passent côté russe. C'est l'incident diplomatique. Police des rennes, gardes-frontières du FSB, le grand jeu. Qui dérape. Alors surgissent les chiens de Pasvik.
Mafieux russes, petits trafiquants, douaniers suspects, éleveurs sami nostalgiques, politiciens sans scrupules, adolescentes insupportables et chiens perdus se croisent dans cette quatrième enquête de la police des rennes.
Elle marque les retrouvailles - mouvementées - de Klemet et Nina aux confins de la Laponie, là où l'odeur des pâturages perdus donne le vertige.
Olivier Truc nous raconte le pays sami avec un talent irrésistible. Il sait nous séduire avec ses personnages complexes et sympathiques. Et, comme dans Le Dernier Lapon et La Montagne rouge, il nous emmène à travers des paysages somptueusement glacés.
Pierre Dhiboun, membre des forces spéciales françaises infiltré dans un groupe djihadiste au nord du Mali, a disparu à son retour en France. Manifestement, il a déserté. Mais de quelle armée ? Beaucoup de monde aimerait le savoir : sa supérieure directe - une générale de gendarmerie qui ne rend compte qu'au président -, une mystérieuse organisation d'anciens contractants de toutes les guerres d'Orient et tous les services secrets français. Dhiboun est-il un loup solitaire ?
Or voici qu'il réapparaît près d'une base où les armées occidentales mènent d'étranges opérations à distance, aux côtés d'une rousse piquante et de son amant chirurgien en rupture de chirurgie.
Ce qui semblait une classique affaire de terrorisme cantonnée à des déserts lointains va muter brusquement en rencontrant le Limousin profond, ses marginaux foldingues, ses gendarmes clochemerlesques, et surtout ses animaux bien décidés à n'en faire qu'à leur tête.
Car un loup, un vrai, pénètre sur le plateau de Millevaches.
Lorsque William Wilson, un jeune prestidigitateur alcoolique dans la dèche, décroche un contrat pour une tournée dans des cabarets de Berlin, il croit que sa chance a tourné. En effet, au cours de son dernier spectacle à Glasgow, il a rencontré des spectateurs qu'il préférerait oublier. Entre autres, il a subtilisé pour le compte d'un ami un portefeuille contenant la photo d'une femme, et son client a été assassiné.
Dans les bas-fonds de Berlin, entouré de femmes ambiguës et d'escrocs, il perd son coeur et la tête. Cependant il a du talent, surtout pour ce tour de prestidigitation qu'on a surnommé le "Tour maudit" et c'est là qu'il va être rattrapé par les secrets et que la frontière entre le théâtre et la réalité va s'estomper pour lui.
Illuminée par le charme décadent du théâtre burlesque, cette aventure contemporaine tient le lecteur en haleine jusqu'à l'explosion finale.