Cette édition de cinquante chants de troubadours des XIIe-XIIIe siècles est une nouveauté. Il n'existe rien de pareil : les plus belles et les plus anciennes chansons d'amour de notre culture européenne données avec leur musique et leurs paroles en langue d'oc, une traduction française et, à la fin du livre, un commentaire pour chaque poème et sa mélodie.
Devenu une référence pour étudiants, enseignants, cet ouvrage définit avec clarté les principes qui gouvernent l'harmonie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il décrit ensuite l'enrichissement graduel du vocabulaire et de la syntaxe durant l'essor du romantisme. Il examine enfin la délicate question de l'affaiblissement de la tonalité à l'approche du XXe siècle. Grâce au relevé des configurations stylistiques les plus éloquentes, cette analyse de cent cinquante années de création musicale met l'accent sur la coexistence de deux logiques souvent contradictoires : celle de la conduite contrapuntique des voix et celle des fonctions harmoniques. Elle trace en outre les lignes de force d'une lente révolution dont les fondements remontent à la constitution même du langage employé. Au bout de vingt ans, cette indispensable synthèse attendait la présente réédition révisée et augmentée à la lumière de nouveaux concepts et de l'approfondissement de la pensée de l'auteur. Elle s'appuie sur plus de cent trente exemples musicaux tirés à la fois d'oeuvres du répertoire (Haydn, Mozar t, Beethoven, Berlioz, Chopin, Rober t Schumann, Liszt, Wagner, Debussy...) et de partitions moins connues, mais tout aussi significatives (Clementi, Dussek, Clara Schumann, Heller...). S'y ajoute désormais un utile index des nombreuses oeuvres musicales citées.
Cet ouvrage propose un panorama détaillé des changements et innovations intervenus, depuis les années 1950 jusqu'à aujourd'hui, dans l'utilisation de la flûte traversière et la composition pour cet instrument.
Les échanges entre les musiques traditionnelles des cinq continents et la création sont au coeur des préoccupations de nombreux compositeurs d'aujourd'hui, jouant incontestablement le rôle de catalyseur. À travers ces interactions, deux directions principales se profilent : l'une implique une sorte de repli sur soi, d'interrogation sur l'aspect identitaire d'une culture ; l'autre, de nature expansive, promet un rayonnement aussi ouvert que possible.
À partir d'oeuvres de Messiaen, Stockhausen, Cage, Takemitsu... sont tour à tour explorés des thèmes liés à une nouvelle conception de la pensée modale, à une approche de la temporalité échappant aux normes occidentales, à l'aspiration au dépaysement. Dans les entrecroisements de l'oral et de l'écrit s'est également de plus en plus affirmée la contribution du jazz, du rock et de l'improvisation. Pour les musiciens de toutes origines, ce qui est alors en jeu, c'est une hybridation des cultures. Les moyens électroacoustiques ont été mis eux aussi au service de cette quête de mixité. Dès lors, la musique s'est révélée en mesure de nous donner plus que jamais une leçon de tolérance et d'humanisme en reconnaissant les mérites des différentes civilisations et en suscitant autant de dialogues entre elles.
Plus de trois cents compositeurs de pays très divers sont évoqués, avec l'apport de nombreux témoignages. Un glossaire illustré permet en outre de se repérer dans un entrelacs souvent complexe de références culturelles et ethnomusicologiques.
Inséparable de la redécouverte de la musique dite « baroque », l'art de l'ornementation est un domaine complexe, encore mal connu, parfois mal maîtrisé. Fondé sur les techniques de l'art oratoire et sur les règles de la rhétorique, l'ornement n'est pas une adjonction facultative, mais bien un élément fondamental du vocabulaire musical, véhicule des passions et des affects. Force méthodes, dictionnaires, ouvrages théoriques ont été publiés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Souvent contradictoires, ils témoignent avant tout de la multiplicité des terminologies, pratiques et notations à travers l'Europe, ainsi que de leur constante évolution en fonction des modes et du « bon goût » de l'époque, ultime arbitre. D'où, pour l'interprète moderne, des risques d'anachronisme ou de maniérisme sans âme, à l'inverse de l'effet recherché. À partir des traités existants ainsi que de nombreuses oeuvres musicales, cet ouvrage propose une synthèse et une clarification nécessaires, afin d'aider artistes, étudiants ou amateurs à mieux comprendre des techniques d'interprétation malheureusement tombées dans l'oubli mais indispensables pour pénétrer cet univers d'une extraordinaire richesse, reflet d'une des périodes les plus fécondes de toute l'histoire de la musique occidentale.
Dans le sillage des démarches de John Cage et des membres du mouvement Fluxus, l'« art sonore » connaît aujourd'hui une expansion qui ne cesse de croître. Cette dénomination s'applique à des pratiques touchant à la fois aux arts plastiques et à la musique. Elle suppose une attention toute particulière à ce qui se rapporte globalement à la perception auditive, que ce soit de la part des compositeurs ou des artistes issus du domaine visuel.
La plupar t associent étroitement les composantes plastiques et sonores dans des oeuvres qui peuvent s'apparenter aux domaines de la sculpture, de l'installation ou des des multimédias.
Sont évoquées ici, avec l'apport de témoignages d'artistes parmi les plus représentatifs (Nam June Paik, Takis, Wolf Vostell, Sarkis, Jaume Plensa...), des réalisations qui supposent des interactions effectives entre les domaines visuels et acoustiques. Ce qui est mis dès lors en relief, ce sont aussi bien les objets producteurs de son que les appareils destinés à sa transmission, ou encore les phénomènes et propriétés physiques liés à la propagation du son et à la question du silence, l'espace investi jouant à cet égard un rôle décisif.
Questionner le sonore constitue un véritable catalyseur pour les plasticiens, les orientant dans le sens de démarches de nature tantôt scientifique, tantôt poétique, ou tout simplement hédoniste, voire ludique. Cela représente aussi une manière de tirer parti de façon créative des apports des nouvelles technologies sans faire nécessairement de celles-ci une fin en soi.
Atonal, chiffrage, cluster, consonance, degré, langage, modulation, rosalie, soprano, tierce picarde et triton sont quelques-unes des 90 entrées d'un Vocabulaire de l'harmonie qui couvre, bien sûr, le répertoire dit « harmonique » (de Corelli à Debussy), mais qui n'oublie pas de voguer de l'Antiquité à la musique la plus récente.
Peu de vocables sont autant chargés de sens et d'histoire que celui d'harmonie, qui parle d'agencements, de correspondances, de concordances, de proportions et d'ajustements. Il n'est donc pas surprenant qu'il renvoie en musique à des domaines aussi différents que les langages, les styles, les conceptions du temps, les formes, l'expression, la rhétorique, la théorie et la pédagogie.
Son utilisation musicale remonte à la Grèce antique, mais aucun ne s'est plus facilement adapté aux périodes historiques successives. Qu'il s'agisse de relations entre notes dans l'Antiquité, d'harmonie d'intervalles et de conception polyphonique aux époques romane, gothique et renaissante, de basse continue et d'harmonie d'accords à l'époque baroque, d'harmonie tonale classique et romantique, d'harmonie modale et atonale, de timbre, de couleurs ou de textures aux époques moderne et contemporaine, il est toujours question de composer, ce mot qui exprime si bien la nécessaire confrontation de l'inventeur de musique avec la réalité des sons : composer, c'est harmoniser, harmoniser, c'est composer.
Loin de réduire la musique rock à des enregistrements en studio ou à sa notation écrite, Gérard Le Vot tente dans ce livre de rendre compte de l'esprit créatif de ce courant musical jusque dans son caractère improvisé, voire non musical.
Il écarte l'anecdote et la légende pour définir une esthétique propre au rock des premières décennies. À partir de l'audition des performances live, il invente une méthode et s'interroge sur la forme du rock : globale, fluide et orale, mal adaptée à l'écriture.
Les voix de Janis Joplin, Jim Morrison, Bob Dylan, Robert Plant, Mick Jagger... sont ainsi étudiées pour leur « trop-plein » d'énergie, leur intensité et leurs cris, de nouvelles frontières musicales. Les Grateful Dead, les Doors, les Mothers in invention, le Band, d'autres groupes encore, attentifs à la tradition afro-américaine, revendiquent le tapage du rhythm' blues dans un refus du conformisme et un éclectisme influencés par les expériences de John Cage et Marcel Duchamp.
À partir de la soul, du funk et des rocks protestataire et psychédélique, les tumultes des années 1960 et 1970 - la révolte, la subversion, la guérilla, la fête, la maîtrise des bruits et des sons par la technologie - annoncent les musiques du futur : techno, dance, hip-hop, l'intérêt toujours vivace aujourd'hui pour l'underground, mais aussi les compromis passés avec l'industrie.
Pendant plus de trente ans, la compositrice Andrea Cohen a dirigé des ateliers de musique, notamment à l'École municipale artistique de Vitry-sur-Seine. Elle a également effectué des animations musicales dans des structures hospitalières et continue d'être productrice à Radio France.
Ce manuel représente une somme de ses multiples activités de pédagogie et d'éveil aussi bien avec des enfants qu'avec des adultes. L'idée force du livre est de montrer comment certains principes esthétiques de la musique contemporaine peuvent devenir les outils d'une nouvelle approche pédagogique.
Concrètement, il s'agit d'établir une situation musicale permettant de créer des espaces de jeu dans lesquels les élèves puissent expérimenter pleinement avec les sons, développer leur écoute, leur goût et leur imagination.
Ce livre est une somme : un livre à la fois de synthèse et de recherche sur ce que l'on peut savoir aujourd'hui de la création et de la pratique de ces premiers chanteurs que furent les troubadours occitans, qui s'illustrèrent dans les cours du midi de la France aux XIIe et XIIIe siècles. L'ouvrage examine leur thématique, fondée sur la fin'amor, la célébration de l'amour de la dame idéalisée. Puis il analyse plus en détail le contenu des oeuvres, qui témoignent de la vir tuosité que montrèrent les troubadours dans l'invention d'une parole profane et d'une musique au charme étrange, provenant d'une matière mélodique tirée du chant religieux,.
Depuis sa parution en 1998, cet ouvrage, extrêmement documenté, s'est imposé comme l'ouvrage de référence sur les interactions entre la création musicale et la production des artistes plasticiens à l'époque contemporaine. En effet il rend compte avec minutie des démarches qui se sont fait jour dans ce domaine depuis le début du XXe siècle avec les initiateurs que furent des musiciens comme Satie, Scriabine, Schoenberg et des peintres comme Kandinsky ou Kupka, jusqu'aux oeuvres des artistes du XXIe siècle. Alors que le livre figure désormais en bonne place dans les bibliographies des enseignements artistiques, une nouvelle édition s'imposait, avec des compléments rendant compte des expériences les plus récentes menées dans ce domaine.
C'est ainsi que les modifications suivantes ont été apportées au livre :
- la périodisation indiquée dans le titre (XXe siècle dans l'ancienne édition) ;
- le texte s'est accru d'environ un dixième du volume total, avec de nouveaux artistes et des oeuvres apparues récemment (la mise en page a été modifiée afin de rester dans un nombre de pages moyen) ;
- le cahier d'illustrations hors-texte a été enrichi de quatre d'oeuvres en pleine page ;
- La couverture a été modifiée, avec la reproduction d'une oeuvre de Daniel Humair, musicien et plasticien.
- Enfin, la bibliographie et l'index ont été mis à jour.
Édité en 1994, cet ouvrage de la série des vocabulaires sur la musique est épuisé depuis vingt ans. Nous le republions ici dans une seconde édition revue et corrigée, sous une nouvelle couverture.
Comme pour le « Vocabulaire de la musique du Moyen Âge » de Gérard Levot, ou le « Vocabulaire de la musique baroque » de Sylvie Bouissou, cet ouvrage se caractérise par le fait qu'il concerne une période ancienne où les termes musicaux sont souvent ambigus ou obscurs, nécessitant un important travail de précision et d'éclaircissement.
En outre, et plus spécifiquement, c'est à la Renaissance qu'apparaissent les genres et les règles qui donneront naissance à la musique baroque et qui régiront toute la musique tonale jusqu'au début du XXe siècle.
Sur ce plan, le livre de Philippe Vendrix reste un outil de compréhension synthétique, sans équivalent sur le marché.
On y trouve en effet :
- environ 450 rubriques consacrées à des termes définis avec clarté et concision, et qui sont souvent accompagnés d'exemples musicaux ; des renvois permettent de se référer à des termes apparentés ;
- plus d'une vingtaine d'illustrations hors texte reproduisant les différents types d'instruments ou des extraits de partitions reflétant les divers genres musicaux ;
- une importante bibliographie des traités anciens et des études modernes sur la musique de cette période ;
- un index des compositeurs et musiciens cités.
Le « Vocabulaire de la renaissance » constitue ainsi un instrument simple et extrêmement riche en informations, indispensable pour tous les étudiants, spécialistes et mélomanes devant aborder cette phase essentielle de l'histoire de la musique.
De tous les genres musicaux, l'opéra est probablement le seul capable de susciter l'engouement d'un vaste public, voire de provoquer chez certains amateurs des comportements de nature quasi cultuelle.
À l'inverse, il est peut-être aussi le seul qui puisse rencontrer autant d'incompréhension, qui heurte à ce point l'entendement d'une partie du public non initié. De plus, s'agissant de tel ou tel type particulier d'opéra, un même musicologue pourra manifester intérêt, enthousiasme ou indifférence et même mépris, fort de conceptions esthétiques volontiers doctrinales à propos d'un objet artistique qui sollicite activement à la fois la sensibilité et l'intellect.
Souhaitant se placer aussi bien au service de la connaissance que du plaisir, cet ouvrage tente d'apporter aux étudiants et aux mélomanes des éléments historiques et techniques indispensables, ainsi que des pistes d'évaluation esthétique des oeuvres, dans la diversité foisonnante de quatre siècles d'évolution.
Contemporain de Claude Debussy, de Gustav Mahler et de Richard Strauss, Ferruccio Busoni (1866-1924) apparaît aujourd'hui encore comme l'une des plus fortes personnalités musicales du XXe siècle. Compositeur, pianiste virtuose (interprète célèbre de Bach et de Lizst), homme de théâtre, il fut aussi un pédagogue extrêmement audacieux.
Homme d'ouverture par excellence, il avait sur l'avenir de la musique une ampleur de vue exceptionnelle. C'est ainsi qu'il écrit dans son Esquisse d'une nouvelle esthétique musicale : « La musique est née libre et son destin est de conquérir la liberté. » Edgard Varèse, apôtre lui aussi d'une certaine liberté dans la composition, fut profondément marqué par les théories de Busoni, dont il a souligné l'importance historique : « Il fut le premier à concevoir une nouvelle technique de l'art. Il a prévu tout ce qui devait arriver. » Les Éditions Minerve avaient déjà publié l'Esquisse en 1990. Cette édition en donne une nouvelle traduction. Ont été jointes les annotations faites sur le texte par Arnold Schoenberg. De plus, ce même volume inclut la quasi-totalité des articles écrits par Busoni, et jusqu'ici inédits, sur ses conceptions d'interprète, de compositeur, de pédagogue et sur sa vision de la musique. Un événement dans la littérature musicale.
Antonio Stradivari, dit Stradivarius, évoque pour l'initié comme pour le profane un nom de légende, que la qualité des violons et autres merveilles instrumentales qu'il produisit tout au long de sa carrière a fait passer à la postérité.
Attaché comme nul autre à son atelier et à sa ville de Crémone, capitale immortelle des luthiers italiens, il vécut nonagénaire au service constant de la musique par l'amour sans faille qu'il portait à son expression la plus parfaite. Pénétrer son art et sa technique, le découvrir parmi les siens, le voir côtoyer les plus grands interprètes et compositeurs de son temps, et répondre aux commandes des plus puissants seigneurs d'alors, tel est le parcours proposé dans ce livre, sans équivalent par la richesse de sa documentation et des références historiques qu'il contient.
De plus, cette biographie comporte un répertoire de plus de 400 modèles de sa production connue, témoignage ô combien vivant de la pérennité des stradivarius au fil des siècles auxquels maints possesseurs ont voulu à jamais associer leur nom.
Ce livre propose une vaste étude sur l'opéra baroque en France, singulière exception culturelle en Europe, genre écartelé entre les règles conservatrices de l'Ancien Régime et le souffle des Lumières, et marqué par Lully et Rameau, mais aussi Charpentier, Jacquet de La Guerre, Desmarets, Destouches, Marais, Campra, Mondonville, Royer, Dauvergne, pour ne citer que les principaux.
Parce que l'homme heureux n'a pas d'histoire, l'opéra baroque offre au malheur une place de choix en s'articulant autour de crimes, cataclysmes et maléfices conceptualisés par l'auteur sous le terme de « catastrophe lyrique ».
Véritable mécanisme de la dramaturgie musicale de l'opéra, la catastrophe lyrique répond aux attentes d'un public avide de spectaculaire et d'émotions. Si les crimes outrepassent la morale ou la loi en brassant l'inceste, le suicide, le sacrifice et le meurtre, les cataclysmes aspirent à imiter au plus près la Nature par le biais d'orages, de tempêtes et de tremblements de terre tandis que les maléfices associent Enfers et sorcellerie, terrain privilégié de la démence, des métamorphoses et des monstres.
Poétisation musicale de la mort, de la violence et de la terreur, la catastrophe lyrique porte en elle une ambivalence troublante et paradoxale en cultivant le plaisir de l'horreur.
Puissance du texte. Incantation, prière, expression de désespoir ou de joie, il a de tout temps accompagné les moments de la vie, jusqu'à être investi de pouvoirs divins. Cet ouvrage essaie de brosser le tableau le plus complet possible des formes qu'a prises la musique vocale, chants populaires ou savants, religieux ou profanes, ballades, motets, cantates, sans oublier la forme la plus aboutie, l'opéra, qui, depuis cinq siècles, ne cesse de séduire le public et d'inspirer les compositeurs.
De même est évoquée l'évolution de l'art vocal, manière de chanter, timbre, émission de la voix ayant changé selon les époques, les nations ou les civilisations. Devant l'ampleur du domaine de recherche et des documents collectés, ce Vocabulaire s'est attaché à offrir des définitions simples, des clés de compréhension, tout en veillant à ce que cette lecture reste un plaisir, un chemin vers la découverte d'un univers paraissant familier mais d'une infinie variété, d'une richesse inouïe.
Jamais Rameau n'a été aussi actuel, dans son art comme dans sa science.
Hautain, insolent, herculéen, admirablement obstiné, méditatif, hyperactif, magnifiquement dissonant et magnifiquement silencieux, il vous râpe les oreilles tout en vous enchantant. Il lut Descartes pour y apprendre à lire comme les bienheureux dont parle Alain, il tint tête dans sa folie spéculative aux plus grands esprits de son siècle, écrivant une musique que parfois il était le seul à entendre ; il fut un de ces très grands musiciens pour qui la musique n'a pas pour fonction d'adoucir les moeurs mais de réveiller la pensée.
Ce Rameau-là, c'est aussi celui que Jean-Jacques Rousseau éclaira par une aversion lumineuse qui ne peut se réduire à un mouvement d'humeur. Pour comprendre, il n'est pas nécessaire d'aimer : il faut remonter aux principes et en déceler l'organisation afin de mieux les démonter. Parce qu'il travailla son aversion pour en faire une pensée et une contre-pensée, Rousseau fut et reste ici le meilleur instituteur, malveillant et extralucide.
L'oeuvre de John Cage restera sans doute longtemps un défi lancé au monde musical et à ses conventions.
Sa démarche a été trop souvent caricaturée, réduite à une simple provocation. En réalité, elle manifeste l'émergence d'un authentique esprit musical, inséparable d'une philosophie de la vie où s'interpénètrent l'art et le quotidien. Inventeur du "piano préparé", Cage est aussi l'initiateur de courants artistiques majeurs de l'après-guerre et de formes d'expression comme le "happening", la "performance", les installations multimédias, etc.
Nous ne connaissons en définitive qu'assez peu de chose de cette oeuvre polymorphe orientée tantôt vers la musique, tantôt vers la poésie ou les arts graphiques. Son extrême diversité implique un véritable dépassement des catégories artistiques. Cage n'était pas l'homme de la prise de pouvoir sur les gens ou les sons. Sans en avoir l'air, sans vouloir rien imposer, il nous a appris à écouter, à être disponible à ce qui nous entoure, par-delà nos goûts et nos a priori culturels.
À une époque où l'on n'en finit pas de perpétrer le vieux mythe néo-romantique de l'Artiste et la sacralisation de l'oeuvre d'art, le vrai scandale Cage réside peut-être bien là.
Les cinquante années qui s'écoulent entre 1880 et 1930 présentent l'image d'une époque en effervescence où tout se désagrège et se reconstruit à la fois.
Sans faire table rase du passé, la musique participe à ce mouvement et emprunte des voies novatrices remettant en question le devenir de cet art. Athématisme, atonalité, mélodie de timbres, micro-intervalles, polytonalité, Sprechgesang, variation continue, Zwölftonmusik sont quelques-unes des notions étudiées ici, qui ont contribué à l'élargissement du langage musical en conquérant des territoires insoupçonnés.
Debussy envisage un changement de nature de la musique et accorde la primauté à la substance sonore. Confronté à la dilution de la tonalité, Schoenberg est conduit à employer un système à douze sons et à attribuer au timbre une valeur essentielle, tandis que Stravinsky met l'accent sur le rythme, avant de s'approprier des formes et des styles anciens. Ce Vocabulaire définit également les principaux courants esthétiques (impressionnisme, symbolisme, expressionnisme, vérisme.
) qui témoignent d'une évolution de la société et d'une nouvelle perception engageant la musique sur le chemin de la modernité.
Inutile de rappeler que Pierre Boulez est en France la plus importante figure de ce qu'il est convenu d'appeler la musique contemporaine. Compositeur prestigieux, fondateur de l'IRCAM, associé à toutes les grandes institutions culturelles apparues au cours des cinquante dernières années, telles que le Centre Pompidou, l'Opéra Bastille ou la Cité de la musique à La Villette, il bénéficie également d'un grand prestige à l'étranger, en raison d'une carrière très internationale.
Alors qu'il fêtera ses 90 ans cette année (il est né en 1925) et que de nombreux hommages lui seront rendus, il paraissait particulièrement opportun de publier les entretiens, jusqu'ici inédits, qu'il a eus avec le chef d'orchestre Gérard Akoka.
- Ces entretiens eurent lieu à l'IRCAM en 2003, 2004 et 2005. Ce sont sans doute les entretiens les plus longs accordés par Pierre Boulez.
- Gérard Akoka a pris le parti de centrer ses questions sur les aspects purement musicaux de la carrière de P. Boulez, en excluant les côtés biographiques.
- Le dialogue tourne autour de deux grands pôles, correspondant à la double activité de P. Boulez : d'une part, le compositeur ; d'autre part, le chef d'orchestre. De fait, pour une fois, le dialogue se noue entre deux musiciens chevronnés, possédant la connaissance des grandes oeuvres musicales et le savoir faire de la direction d'orchestre. Cet aspect de l'oeuvre de Boulez, les innovations introduites par celui-ci, ses points de vue sur les grands chefs qui l'ont précédé avaient rarement été soulignés et développés comme ils le sont dans ces entretiens. C'est assurément leur principale originalité, et on y retrouvera les points de vue audacieux de P. Boulez, ses remarques déconcertantes qui donnent à penser et ses répliques parfois acides.
- A l'intérieur de chacune de ces deux parties, Gérard Akoka a centré le dialogue autour de thèmes précis dont on trouvera la liste dans la table des matières envoyée parallèlement à cette présentation. Ce qui donne aux entretiens à la fois une liberté de ton et une structure forte évitant au lecteur de se perdre et facilitant ses recherches sur un sujet ou un autre.
- A la fin du volume, on trouvera une rapide bibliographie et une partie de « repères » biographiques, assez développée, destinée à rappeler au lecteur les principaux faits de la carrière et de l'oeuvre de P. Boulez.
Gérard Akoka a fait de brillantes études musicales, notamment avec Léonard Bernstein et Olivier Messiaen (Deuxième Prix de piano, Premier Prix d'analyse musicale, Premier Prix de musique de chambre, Premier Prix de direction d'orchestre à l'unanimité du jury...).
Il a été l'assistant de Daniel Baremboim à l'Orchestre de Paris.
Il a dirigé des orchestres aussi prestigieux que le BBC Symphony Orchestra de Londres, le Nouvel Orchestre philharmonique et national de Radio France, le Teatro la Fenice de Venise, RAI Milano, Pomerrigi Musicali de Milan, le Teatro Regio de l'Opera de Turin, Grande Orchestra Sinfonica di Milano « Guiseppe Verdi », l'Orchestre national de la République de Chine, etc.