Hermann Goering, deuxième personnage du troisième Reich, a été simultanément ministre de l'Intérieur de Prusse, président du Reichstag, maître du plan quadriennal et grand veneur du Reich. Mais Goering était avant tout un militaire : aviateur virtuose et dernier commandant de la célèbre escadrille Richthofen pendant la Grande guerre, c'est comme maréchal et commandant-en-chef de l'aviation allemande qu'il est entré à reculons dans la grande tourmente de la Seconde guerre mondiale. Dès lors, depuis Dunkerque jusqu'à Stalingrad, il a joué un rôle essentiel dans le déroulement des entreprises militaires allemandes - et dans les défaites successives de la Wehrmacht. C'est ce personnage démesuré que François Kersaudy nous invite à revisiter - avec l'aide d'une abondante illustration iconographique.
Des cinq grands protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle est le seul à avoir reçu une formation d'officier général, les quatre autres - Hitler, Staline, Roosevelt et Churchill - pouvant être considérés comme des stratèges amateurs. Mais l'ironie du sort a voulu qu'il ait été aussi le seul à n'avoir pratiquement pas d'armée...
Pourtant, cet homme à la vocation militaire très précoce, ce général de brigade engagé malgré lui en politique, a joué au bénéfice de la France un rôle considérable durant la Seconde Guerre mondiale ; et pendant le quart de siècle qui a suivi, ce militaire devenu civil, qui n'a jamais cessé d'affirmer la primauté du civil sur le militaire, n'en a pas moins instauré dans le gouvernement civil une rigueur quasiment militaire - tout en posant les jalons d'une doctrine de dissuasion stratégique qui a rendu à la France son statut de grande puissance.
En cette année qui marque à la fois le 80e anniversaire de l'appel du 18 Juin et le 50e anniversaire de la mort du Général, François Kersaudy, qui en est l'un des meilleurs spécialistes, explore dans ce dixième volume de la collection « Maîtres de Guerre » ce qu'ont été, au sommet comme sur le terrain, les conséquences de ses ambitions, de ses décisions et de ses anticipations.
Tacticien hors pair et chef redoutable, maître absolu de l'exploitation sur les arrières ennemis, il est le maitre de la percée de la Meuse, de l'Afrikakorps et du mur de l'Atlantique. Fonceur mais jusqu'à l'excès, plus intuitif que réfléchi, plus tacticien que stratège, il commande au coeur de l'action, est sans recul sur les évènements. Plus fragile physiquement et mentalement que le mythe veut bien le dire, incapable de s'économiser, étanche à la peur physique mais lâchant ses troupes dans la débâcle, hyperactif un jour et s'effondrant la semaine suivante, Rommel est insaisissable, imprévisible, impulsif.
Pour mieux cerner ce chef de guerre unique, Benoit Rondeau s'attache, par les mots et par l'image, à raconter et analyser le parcours d'un des plus célèbres généraux de la Seconde Guerre mondiale.
Il voulait être député parce que son père l'avait été, Premier Ministre parce que son père n'avait pu l'être, militaire parce qu'il croyait en son génie stratégique, et journaliste parce que dans l'Angleterre victorienne, un officier était mal rémunéré et un député ne l'était pas du tout. Incapable de choisir entre ces quatre carrières, il les exercera toutes, consécutivement ou simultanément, durant soixante longues années : seul guerrier parmi les politiciens, seul politicien parmi les guerriers, seul politicien-guerrier qui soit en même temps journaliste, il va devenir célèbre grâce à la campagne du Soudan, député grâce à la guerre des Boers, figure nationale grâce à la Première Guerre mondiale et héros universel grâce à la Seconde.
Mais cet organisateur, inventeur, propagandiste et tacticien sans égal se double d'un stratège inquiétant : confondant le souhaitable et le possible, négligeant la logistique, s'immergeant dans le détail au détriment de l'ensemble, ce chef d'orchestre génial est perpétuellement tenté de quitter son pupitre pour jouer la partition du violoniste ou celle du trompettiste. Si la plupart des fausses notes vont être évitées, c'est que ce maestro effervescent est encadré par des professionnels bien moins inspirés mais beaucoup plus pondérés. En définitive, c'est cette association fructueuse mais mouvementée qui assurera le salut du monde libre... et la gloire éternelle de Winston Churchill.
Les grands stratèges américains de la Seconde Guerre mondiale se comptent sur les doigts d'une main. Les deux premiers sont incontestablement l'amiral Nimitz et le général MacArthur, le second étant de loin le plus excentrique et le plus flamboyant. En 1918, il est déjà général sur le front de France et accompagne les nettoyeurs de tranchées, ceint d'une écharpe mauve de deux mètres tricotée par sa mère et armé seulement d'une badine... Trois décennies plus tard, parvenu au sommet de la hiérarchie militaire, il commande en Corée les armées de quinze pays sous l'égide des Nations unies, et menace les Chinois du feu nucléaire. Dans l'intervalle, ce meneur d'hommes au courage suicidaire a vaincu les Japonais dans le Pacifique Sud, puis organisé brillamment le relèvement du Japon moderne - à tel point que l'empereur Hiro-Hito pourra dire : « L'amiral Perry a ouvert à l'Amérique les portes du Japon, et le général MacArthur a ouvert au Japon le coeur de l'Amérique ».
Foudre de guerre, stratège de génie au caractère épouvantable, politicien exécrable, autocrate bienveillant et fin diplomate, Douglas MacArthur a traversé comme un météore la première partie du xxe siècle, en marquant les trois grandes guerres d'une empreinte indélébile.
L'ancien séminariste géorgien Joseph Djougachvili, devenu tour à tour conspirateur, révolutionnaire, apparatchik et despote sanguinaire, n'avait rien a priori d'un homme de guerre. Depuis les actions séditieuses au Caucase jusqu'aux grandes manoeuvres de la guerre civile, ses incursions dans le domaine militaire ont été généralement calamiteuses, et ses purges des années trente se sont avérées plus dévastatrices pour le commandement des forces armées que n'importe quel conflit dans l'histoire du monde.
D'où vient dès lors que ce « communiste habillé en maréchal » ait pu sortir en grand vainqueur de la Seconde Guerre mondiale ? Par un récit accompagné de nombreuses photographies, cartes et illustrations, on mesurera combien la ruse, la propagande et la terreur peuvent suppléer à l'aveuglement diplomatique et à l'amateurisme stratégique.
« Les jeunes gens intelligents, il y en a trop. Ils courent les rues. Parlez-moi d'un caractère. Parlez-moi de Hauteclocque. » Voilà en quels termes un père jésuite évoquait le futur général Leclerc durant sa scolarité. Toute sa vie, l'officier a fait des choix singuliers qui l'ont conduit à devenir l'icône de la libération de la France. De ce destin unique, Jean-Christophe Notin décrit les inspirations géniales, lorsqu'il prend Koufra, Paris ou Strasbourg, mais aussi les moments de doute et de colère. Car Leclerc, c'est aussi un combat permanent contre ses propres faiblesses. Sa relation très particulière avec le général de Gaulle en témoigne, pleine de foucades, mais jusqu'au bout d'une inébranlable fidélité. Leclerc n'oubliera jamais qu'en choisissant de rallier Londres en juillet 1940 il a pris le risque de ne pas retrouver ce qui lui était le plus cher, ses six enfants, sa terre de Picardie et la très belle carrière militaire qui lui était promise.
Sur la foi d'archives françaises, britanniques et américaines, Jean-Christophe Notin en relate la cause, son amour éperdu pour la France, qui le porta après guerre jusqu'en Indochine. Sa fin tragique, le 28 novembre 1947, fit pleurer de Gaulle et toute la France. C'est dire combien tous les deux réalisaient qu'ils venaient de perdre un grand homme.
Le cinquième volume de la collection Maîtres de guerre, consacré au plus grand général anglais de la Seconde Guerre mondiale, Montgomery.
Combien existe-t-il d'ouvrages français sur le maréchal Montgomery ? Aucun. C'est peu, s'agissant du chef de guerre qui a remporté les deux affrontements décisifs à l'Ouest durant la Seconde Guerre mondiale : El-Alamein et la bataille de Normandie. Le cinquième volume de la collection Maîtres de Guerre entreprend de combler cette lacune manifeste et revient sur l'étonnant destin de ce fi ls de pasteur qui préfère le sabre au goupillon, sans oublier la prédication. Après avoir reçu une balle dans le poumon en 1914 et échappé d'extrême justesse à la fosse commune, il devient par défaut en 1942 le commandant de la 8e armée et le grand vainqueur du maréchal Rommel, pour finir par capturer trois ans plus tard le successeur d'Hitler, Donitz, au coeur d'un Reich effondré.
Comme tous les ouvrages de la collection, celui-ci vise à éclairer l'action d'un des principaux protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, en lui laissant largement la parole, ainsi qu'à ses supérieurs, à son entourage, à ses alliés, à ses concurrents et à ses adversaires. Cette reconstitution s'accompagne de cartes et de photos qui suivent fi dèlement le texte de l'auteur. Dans le cas d'un artiste de la guerre doublé d'un acteur de talent comme Bernard Law Montgomery, les clichés ne peuvent qu'ajouter puissamment à l'intérêt du récit.
Maître de la Blitzkrieg, stratège audacieux et génial tacticien, le maréchal Erich von Manstein a été au coeur de la plupart des grandes opérations de la Seconde Guerre mondiale, apportant au IIIe Reich une combinaison rare de talents. Capable de se mettre dans la peau de ses adversaires, qu'ils soient polonais, français, britanniques ou russes, ce joueur d'échecs impénitent fournit à Hitler le plan diabolique d'invasion de la France, reçoit son bâton de maréchal pour avoir conquis l' « imprenable » forteresse de Sébastopol et est, sur le front russe, l'infatigable voltigeur du Führer dans les situations désespérées.
Mais Adolf Hitler se méfie instinctivement de ce Prussien qui n'est pas d'un métal malléable. De son vrai nom « von Lewinski von Manstein », la rumeur sur ses origines juives a sans doute renforcé la méfiance du Führer pour cet esprit fort et aristocratique qui, après la défaite allemande et un passage par la case prison, sera l'un des conseillers écoutés de la Bundeswehr.
Etrange parcours que celui d'un artiste bohème devenu tyran implacable et chef de guerre téméraire. En accédant au pouvoir en 1933, Adolf Hitler a changé le destin de l'Allemagne, mais en déclenchant la Seconde Guerre mondiale, il a changé le destin du monde.
Comment ce caporal de la Grande Guerre et stratège autodidacte a-t-il pu tenir tête pendant cinq longues années à la plus gigantesque coalition militaire jamais assemblée dans l'histoire du monde ? Comment s'explique l'extraordinaire emprise sur le peuple allemand de cet orateur exalté à l'équilibre fragile, doté d'une mémoire phénoménale, d'une volonté inébranlable, d'une confiance illimitée en ses intuitions et d'une totale absence de scrupules ?
Par le texte et par l'image, ce livre vise à faire comprendre les ambitions et les décisions d'un des hommes les plus sidérants et les plus malfaisants que la terre ait jamais porté.
Homme au caractère trempé, expert de la guerre mécanisée, fonceur au langage de charretier, gaffeur impénitent, Patton est surtout un génial meneur d'homme parce qu'il dit ce qu'il pense et fait ce qu'il dit. Telle est sa légende.
Mais sait-on que l'homme s'est forgé cette image de guerrier sévère et impassible à force de volonté ? On soupçonne peu la fragilité psychologique d'un personnage qui connaîtra de graves épisodes dépressifs. George Patton n'en reste pas moins un général de talent, doté d'une incroyable « vista » tactique et d'un sens inné du commandement. Si son offensive en Lorraine reste un modèle du genre, sa participation à la campagne de Tunisie fut brève, ses exploits en Sicile sont à relativiser et sa percée en Normandie, tardive, pourrait être critiquée... Mais, théâtral jusqu'au bout, « Georgie » Patton franchira le Rhin en prenant tout le monde de vitesse, non sans avoir convoqué des correspondants de guerre pour le voir uriner dans le fleuve.