Jeanne du Barry (1745-1793) est une énigme. On l'a enfermée dans une légende noire. On en a fait la dernière maîtresse, surgie des bas-fonds, d'un vieux roi jouisseur et décrié. Une honte et un scandale. Il faut aller aux sources pour s'apercevoir de la place capitale qu'elle a occupée à une époque de quasi-perfection des arts, en pleine crise de l'absolutisme monarchique, dans les dernières années du règne de Louis XV. On l'a réinventée pour mieux discréditer le roi, elle s'est réinventée pour oublier les incertitudes de sa naissance. Son existence tient tout à la fois du jeu de piste et de l'enquête policière. Avec elle, on corne les pages de certaines questions essentielles d'un siècle qui est aussi celui de la Révolution: l'identité et l'illégitimité, les sentiments et l'ambition, le libertinage et la morale, l'argent et le pouvoir, la place des enfants et l'invention de l'intimité, la puissance de la presse et la formation de l'opinion, la transparence et le secret, le rôle des femmes et la revanche des hommes.
La vie de Jeanne du Barry - son ascension foudroyante, sa fin tragique sur l'échafaud - est un roman. En chercheur d'archives inspiré, en historien accompli, en écrivain talentueux, Emmanuel de Waresquiel ne se contente pas d'en découvrir la part cachée, il en restitue toute l'intelligence et l'émotion. Ce livre est un magnifique portrait de femme. Il se lit comme un thriller.
Vercingétorix est le premier des « grands hommes » de l'histoire de France, de la France avant la France. Contrairement aux idées reçues qui le décrivent comme un simple meneur de bandes, il est à la fois un tacticien hors pair et un stratège redoutable. Une lecture fine de La Guerre des Gaules montre sa capacité à organiser tous les types de combats. Il se révèle un chef de guerre d'exception en lutte pour la liberté.
Par son encadrement et son commandement, Vercingétorix transforme un groupe d'insurgés en une véritable armée opposée à l'impérialisme romain. Pour chasser les légions de la Gaule du Nord, il organise la « terre brûlée », tout en menaçant d'envahir les territoires de la vallée du Rhône, mettant déjà en oeuvre ce que les militaires anglo-saxons appellent aujourd'hui le pull and push, « pousser et tirer ». En 52 av. J.-C., à Gergovie, César, le grand vainqueur de la guerre des Gaules, affronte un adversaire à sa hauteur, qui lui inflige une sévère défaite (5 000 soldats morts). Quelques semaines plus tard, après la défaite d'Alésia, le héros gaulois offre sa reddition au proconsul pour que ses compatriotes arvernes soient épargnés. Après six ans d'une très cruelle captivité, il meurt à Rome, étranglé par ses geôliers.
Grand spécialiste de l'histoire militaire romaine, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages, Yann Le Bohec s'attache ici à rétablir la vérité sur cet immense chef de guerre gaulois.
Premier tsar de Russie, Ivan le Terrible (1530-1584) est le personnage noir par excellence, et pourtant bien aimé, de l'histoire russe. Marié sept fois, infanticide, tyrannique et paranoïaque, il incarne néanmoins la figure paternelle du souverain, proche du peuple, imposant le respect aux ennemis de l'extérieur et châtiant les abus des puissants.
Héritier du trône de Moscou, orphelin de père à trois ans, de mère à huit, il montre des penchants pervers dès son enfance, laquelle est rythmée par de violentes révolutions de palais. À son entrée dans l'âge adulte, guidé par de bons conseillers, il fait figure de prince éclairé. La période glorieuse du règne, marquée par le couronnement et les premières conquêtes, semble combler toutes les attentes, même si la répression et la suspicion sont déjà présentes. Mais les revers de fortune ne tardent pas à mettre un terme aux espoirs que le jeune tsar a suscités. Ivan met alors son pays à feu et à sang, poursuit sans succès des guerres ruineuses et donne libre cours à ses moeurs licencieuses. Massacres, tortures, pillages, sanglants coups de théâtre, dont le plus fameux est l'assassinat de son fils, ponctuent les vingt dernières années de sa vie.
À l'aide des travaux les plus récents, Pierre Gonneau s'efforce de démêler les faits de la légende, sans chercher à « réhabiliter » Ivan, comme on a pu le faire du temps de Staline, ni à supprimer les ombres, bien réelles, du tableau. Il met ainsi en lumière les aspirations et les tensions d'une époque et, surtout, restitue la personnalité d'Ivan, tout en contraste.
L'histoire du colonel Passy (1911-1998) est d'abord celle d'une extraordinaire destinée. Le capitaine de 29 ans qui rallie la France libre dès 1940 fait partie de la poignée de volontaires sans lesquels le général de Gaulle n'aurait pu espérer réussir son pari fou : asseoir la France à la table des vainqueurs en 1945.
Sans aucune expérience, le colonel Passy crée le BCRA - les services secrets de la France libre - qui assure la liaison avec la Résistance, organise des réseaux de renseignement et met sur pied une armée secrète. En 1945-1946, il bâtit le SDECE, qui deviendra l'actuelle DGSE en 1982. Sûr de lui, admiré, craint ou détesté, nimbé d'une réputation sulfureuse, il entretient des relations complexes avec nombre d'acteurs de premier plan, à commencer par le général de Gaulle.
Son brillant parcours prend brutalement fin en 1946. Il est alors mis aux arrêts de forteresse sur décision du gouvernement, accusé d'avoir dissimulé des fonds importants à son successeur et de s'être personnellement enrichi. Malgré ses demandes, il ne sera jamais jugé. Cette « affaire Passy » brise sa carrière. Est-il la victime d'une cabale politique ou s'en tire-t-il à bon compte ? Pour la première fois, un historien rouvre le dossier en s'appuyant sur des archives longtemps restées inaccessibles.
Les Rockefeller... Rarement une dynastie a marqué à ce point l'histoire des États-Unis et, plus largement, celle du XXe siècle. Pour le plus grand nombre, ils symbolisent l'argent, le luxe, la puissance et la philanthropie.
Au départ, John D. Rockefeller senior, le « roi du pétrole ». Dans les années 1870, ce visionnaire austère se lance dans le raffinage de l'or noir. En à peine vingt ans, il bâtit un gigantesque empire, la première grande compagnie pétrolière de l'histoire. À la fin de sa vie, il est l'homme le plus riche du monde. Son fils Junior, lui, préfère s'éloigner de l'univers impitoyable des affaires pour celui de la philanthropie à vocation universelle. Il investit des sommes colossales dans des oeuvres médicales, sociales et éducatives et finance, entre autres, la restauration du château de Versailles. Ses cinq fils vont plus loin encore : ils s'emploient à étendre le réseau de la dynastie, et investissent les lieux de pouvoir - de l'industrie à la banque en passant par la politique. Les générations suivantes tournent le dos au pétrole, se rangent du côté des énergies vertes pour réparer les dégâts causés par leur famille sur l'environnement et s'engagent dans de grandes causes humanitaires, sans rien perdre de leur prestige.
L'historien Tristan Gaston-Breton nous raconte la prodigieuse saga familiale des Rockefeller dont le nom a traversé les siècles et n'est jamais loin du pouvoir.
Robert Badinter occupe une place aussi singulière qu'importante au sein de la société française. Un homme juste. Celui qui a aboli la peine de mort et qui, à ce titre, figure déjà dans les livres d'histoire.
Avocat, professeur d'université, ministre de la Justice, président du Conseil constitutionnel, sénateur, essayiste, Robert Badinter s'est toujours refusé à écrire ses mémoires, lui qui aime tant cultiver le secret. Qui sait que son destin s'est joué un jour de février 1943 quand, à Lyon, la Gestapo a arrêté son père ? Qui connaît la véritable nature de sa longue amitié avec François Mitterrand ? D'où vient cette volonté tenace de combattre l'injustice ? Comment devient-on la dernière icône de la gauche française ?
Robert Badinter s'est confié aux auteurs, l'une historienne, l'autre journaliste, expliquant en particulier ses combats. Répondait-il à toutes leurs questions ? À sa façon. D'où ce portrait, cet essai biographique à la fois fouillé et critique d'un personnage hors du commun.
Figure magistrale de la résistance française, Jean Moulin, mort il y a 70 ans, oeuvra à l'unification des mouvements épars d'opposition à l'occupant allemand. De sa jeunesse à sa mort, voici, abondement illustré, l'itinéraire d'un héros.
En 1938, Jean Moulin, le plus jeune préfet de France, assiste au désastre de 1940. Il est alors révoqué par le régime de Vichy pour son appartenance au Front Populaire.
Prenant des contacts avec la résistance du Sud de la France, il désire établir un lien avec Londres. Passant par Lisbonne, il va rencontrer de Gaulle qui décide de coordonner la propagande et la création de groupes armés. De retour en France, c'est sous le pseudonyme de " Rex " qu'il parvient tant bien que mal à mettre en place une armée clandestine unifiée. En 1943, de nouveau à Londres, il est nommé ministre et est chargé de créer le Conseil de la Résistance. Devenu " Max ", il fait face aux réticences des chefs de réseaux et parvient à intégrer les partis politiques au cours d'une réunion de 18 participants (mouvements, partis, syndicats, etc.) qui reconnaissent la primauté de Londres et l'unification des mouvements.
Arrêté par Klaus Barbie le 21 juin 1943 près de Lyon à Caluire alors qu'il tentait d'étendre l'action de l'Armée Secrète au Nord de la France, il est torturé, emmené à Paris où il est à nouveau torturé avant d'être envoyé en Allemagne. Il meurt lors du transport en train. Le 9 juillet 1943 son corps est incinéré et déposé au Père-Lachaise. Le 19 décembre 1964, André Malraux accompagnera de son discours légendaire le transfert de ses cendres au Panthéon en présence du général de Gaulle, de la famille de Jean Moulin et des compagnons de la Libération.
" Nous sommes tous des vers ", avait modestement confié le jeune Winston à une amie, " mais je crois que moi, je suis un ver luisant ! " Le mot n'est pas trop fort : Alexandre Dumas aurait pu inventer un personnage de ce genre, mais dans le cas de Winston Leonard Spencer-Churchill, la stricte réalité dépasse de très loin la fiction. Jusqu'à vingt-six ans, les aventures du jeune officier et du reporter évoquent immanquablement celles de Tintin ; mais ensuite, le personnage devient une synthèse de Clemenceau et de De Gaulle, l'humour et l'alcool en plus... ainsi qu'une imagination sans limites : " Winston, disait le président Roosevelt, a cent idées par jour, dont quatre seulement sont bonnes... mais il ne sait jamais lesquelles ! " C'est pourtant le général de Gaulle qui l'a le mieux jugé lorsqu'il a dit de lui : " Il fut le grand artiste d'une grande histoire. " Se fondant sur des recherches dans les archives de huit pays, la consultation de quelque quatre cents ouvrages et l'interview de nombreux acteurs et de témoins, ce récit épique montre comment un homme solitaire, longuement façonné par d'exceptionnels talents et de singulières faiblesses, a pu infléchir le cours de notre siècle, avec la complicité d'un destin qui s'est radicalement départi de son impartialité...
Admirateur de Kissinger qu'il a rencontré de nombreuses fois, Gérard Araud raconte l'homme dans toute sa complexité et le parcours exceptionnel de celui qui fut l'un des plus grands acteurs de la politique étrangère du XXe siècle.
C'est l'histoire d'un jeune Juif né en 1923 en Allemagne, dont la famille fuit in extremis le nazisme pour New York. D'une intelligence lumineuse, travailleur et cabotin à l'excès, il sut naviguer en toutes circonstances du Bronx à Harvard jusqu'à la Maison-Blanche.
Conseiller national de Sécurité puis secrétaire d'État auprès du président Nixon, Henry Kissinger joua un rôle central dans l'histoire du monde : fin de la guerre du Vietnam, ouverture vers la Chine en 1972, détente avec l'URSS et guerre du Kippour... Ses prouesses furent nombreuses, au Moyen-Orient ou en Russie, ses revers aussi, au Chili ou au Cambodge.
Négociateur hors-pair, l'homme suscite autant d'admiration que de détestation. Pourtant, il exerce toujours son influence alors qu'il a quitté le pouvoir depuis plus de quarante ans. Tous les grands se bousculent encore pour le consulter : Poutine, Xi Jinping, Modi ou Macron.
C'est en diplomate que Gérard Araud retrace, avec de savoureuses anecdotes, la trajectoire de ce mal-aimé des Américains, homme d'esprit et génie de la Realpolitik qui régla le jeu des puissances pour garantir la paix du monde.
Écrivain majeur du tournant du XXe siècle, auteur dandy du Culte du Moi, « prince de la jeunesse » qui fut le maître de Mauriac ou de Montherlant, et que chérissaient le général de Gaulle et François Mitterrand, Maurice Barrès (1862-1923) est aussi le chantre du nationalisme, de « la terre et [des] morts », particulièrement impliqué dans l'antisémitisme de l'époque. De ces deux facettes, on a souvent insisté sur la carrière politique de l'auteur des Déracinés, et peiné à trouver une unité.
Cet ouvrage, aboutissement de trente-cinq ans de travail, montre les liens complexes et la cohérence secrète entre l'oeuvre altière de l'écrivain et l'engagement patriotique de l'homme politique. En ressort une biographie d'une densité et d'une finesse exceptionnelles, sans complaisance pour les aspects noirs de Barrès, mais avec une admiration sans réserve pour son oeuvre. La rigueur scientifique d'Emmanuel Godo ne l'empêche pas de nous livrer un ouvrage écrit dans une langue sensible et délicate, à la hauteur de l'exigence littéraire du sujet. La biographie de référence qui fera date.
Femme de lettres, pamphlétaire opiniâtre et humaniste, féministe avant l'heure et auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) - son texte le plus célèbre -, Olympe de Gouges (1748-1793) fût de tous les combats : abolition de l'esclavage, justice sociale, droit au divorce, rejet de la peine de mort, égalité hommes-femmes. Des combats qu'elle mena avec passion et acharnement jusqu'à ce qu'elle fût guillotinée, victime de la Terreur, en 1793, juste après Marie-Antoinette.
Figure méconnue de la Révolution française, Olympe de Gouges sera, pendant deux siècles, négligée et incomprise, le plus souvent vilipendée et caricaturée : Restif de La Bretonne la considère comme une courtisane et la classe dans sa liste des prostituées de Paris ; pour Jules Michelet, c'est une hystérique atteinte de paranoïa.
Il était donc temps de redécouvrir le destin transgressif de cette femme engagée, belle figure humaniste de la fin du XVIIIe siècle, qui paya de sa vie sa volonté de réforme et ses écrits politiques.
Issu de la grande bourgeoisie prussienne, Baldur von Schirach passe son enfance dans l'ombre de son père, engagé à l'extrême droite. Jeune ambitieux, Baldur fait une ascension fulgurante au sein du système nazi: il adhère au NSDAP à 18 ans et devient chef des Jeunesses hitlériennes à 24 ans. Il en assure la direction et l'organisation, contrôlant l'encadrement idéologique et paramilitaire de millions de jeunes à partir de 1933.
Marié à la fille du photographe personnel du Führer, Henriette Hoffmann, Baldur von Schirach est nommé Gauleiter de Vienne en 1940. Il y organise la persécution et la déportation des Juifs et met en place un réseau de travail forcé avec les camps de concentration du complexe de Mauthausen. Il tisse des liens étroits avec l'élite viennoise et anime une vie culturelle et mondaine active dans la capitale autrichienne. Cependant, après cette carrière précoce et spectaculaire, la seconde partie de la vie de Baldur von Schirach est l'histoire d'une disgrâce progressive car lui et son épouse finissent par déplaire à Goebbels puis à Hitler lui-même.
Condamné à vingt ans de prison par le tribunal de Nuremberg, libéré en septembre 1966, il meurt en 1974, sans avoir renié ses convictions, réaffirmées dans son ouvrage J'ai cru en Hitler.
L'historien autrichien Oliver Rathkolb signe la première biographie d'envergure consacrée à cette figure centrale du nazisme.
Charles de Beistegui (1895-1970), héritier de l'une des plus grandes fortunes du Mexique, mène, entre Paris, Londres, Madrid, Biarritz et Venise, une vie fastueuse et créative, mondaine et cosmopolite, au coeur de la Café Society. Mais qui est vraiment ce mystérieux prince des esthètes ?
Au début des Années folles, Charles de Beistegui se lie à une poignée de jeunes privilégiés - les Noailles, les Faucigny-Lucinge, les Pecci-Blunt - qui veulent participer au renouveau créatif de l'avant-garde artistique.
Passionné par les arts décoratifs, il entreprend de créer plusieurs résidences. Son appartement des Champs-Élysées, son hôtel particulier, son château de Groussay deviennent la vitrine de son goût audacieux, à mi-chemin entre le XVIIIe siècle français et le XIXe anglais et imprégné de références revisitées, qui influencera les créateurs.
En 1948, il fait l'acquisition du palais Labia à Venise, le restaure, le réinvente et, en 1951, y organise le « bal du Siècle » où 1 500 invités - aristocrates européens, milliardaires sud-américains, socialites new-yorkais, artistes, couturiers et mondains - sont conviés. Cette fête restera dans les annales comme la plus fastueuse du XXe siècle.
Dandy épris de beauté et d'absolu, metteur en scène de son existence, Charles est devenu un personnage mythique et, au-delà, l'incarnation d'un style, qui suscite plus d'admiration et de notoriété que de son vivant. Longtemps hors du temps, Charles de Beistegui est désormais de notre temps.
« Fouché, bien sûr, ne m'était pas un inconnu. Fouché de Nantes, le bourgeois impécunieux, le petit professeur en soutane des collèges de l'Oratoire, Fouché le conventionnel, le tueur de roi, le proconsul de Nevers et de Moulins, le mitrailleur de Lyon, le tombeur de Robespierre et le cauchemar de Napoléon, le ministre de tous les régimes, l'inventeur de la police moderne, le bâtisseur d'État, le théoricien et l'homme d'action, l'aventurier, le conspirateur et le parvenu. Assurément l'un des hommes les plus puissants de son époque, en tout cas l'un des plus étonnants. Rares sont ceux qui inventèrent de nouvelles règles du jeu sans attendre la fin de la partie. Fouché a été de ceux-là. » Emmanuel de Waresquiel fouille jusque dans ses moindres recoins la vie d'un homme aussi dissimulé que contradictoire. À l'aide de larges fonds d'archives - dont beaucoup sont inédits -, il dessine le portrait brillant d'un incroyable personnage jusqu'ici incompris et desservi par sa légende noire. Il nous donne ce faisant un Fouché d'une surprenante actualité.
Né des amours d'un riche colon et d'une esclave de la Guadeloupe, Joseph de Bologne de Saint-George (1745-1799), violoniste et compositeur talentueux, escrimeur redouté et cavalier inimitable, accède enfin à une légitime notoriété après avoir été injustement oublié.
Officier de la Maison du roi, agent secret initié aux plus hauts degrés de la franc-maçonnerie, colonel d'un régiment de l'an II, bretteur hors pair et surtout brillant musicien, il a mené une vie digne d'un film de cape et d'épée.
De la Guadeloupe à Paris et à la Cour, ce grand séducteur devient l'intime de Marie-Antoinette, croise Laclos, le chevalier d'Éon, le général Dumas, Haydn, Philippe Égalité, Mirabeau et les plus belles femmes de son temps.
Mais Saint-George était né esclave. Cette révélation, qui met en lumière un tabou de l'histoire de France, amène aussi à reconsidérer un siècle dont on croyait tout savoir.
Le 11 novembre 2021 ont eu lieu les funérailles d'Hubert Germain, l'ultime survivant des 1 038 membres de l'Ordre de la Libération, institué par le général de Gaulle pour distinguer les meilleurs de ses frères d'armes. À 101 ans, il était le dernier des Compagnons.
Hubert Germain n'a que 19 ans quand il s'engage, en juin 1940, dans le combat pour la libération de la France : cinq années sous les armes qui le marqueront à vie et seront l'amorce d'un engagement total au service de son pays.
En 1942, il se distingue à la fameuse bataille de Bir Hakeim en Libye, sous les ordres du capitaine Gabriel de Sairigné, où il se révèle un véritable exemple de calme et de courage. Il combat ensuite à El-Alamein en Égypte, est blessé en Italie, débarque à l'été 1944 en Provence. À la Libération, il se tourne vers une carrière politique de député de Paris puis de ministre de Georges Pompidou. Sous la plume émouvante de Guillemette de Sairigné, la fille de son capitaine, la mémoire d'Hubert Germain revit. Ces pages sont un précieux cadeau pour la jeunesse d'aujourd'hui qui, confrontée à de nouveaux défis, peut trouver dans ce parcours atypique et brillant une ardente leçon de vie.
Le personnage de Rollon appartient autant à la légende qu'à l'histoire. Grand chef Viking de Norvège et du Danemark, il lança de nombreux raids sur l'Europe occidentale. Il est connu pour avoir conclu un traité avec le roi de France en 911 dans lequel il accepte de cesser ses incursions en France en échange d'un territoire qui deviendra la Normandie.
Rollon "le marcheur" se livra aux pillages en Angleterre puis en France à partir de 870. Il établit son camp à l'embouchure de la Seine avant de prendre Rouen où il installe ses quartiers. En 886, il remonte le cours de la Seine et participe au siège de Paris.
Après avoir saccagé Évreux, Bayeux, Nantes, Angers, Le Mans, il échoue devant Chartres, en juilllet 911. C'est à ce moment que Charles le Simple, souverain de la Francia Occidentalis, incapable de s'opposer militairement aux invasions normandes, engage des négociations. Il propose à Rollon un accord garantissant la sécurité de son royaume en échange d'un territoire situé "entre l'Epte et la mer" et une terre à piller "pour tirer de quoi en vivre". C'est ainsi qu'il y a plus d'un millénaire, au cours de l'automne de l'année 911, La Normandie voyait le jour à Saint-Clair-Sur-Epte.
Ce livre sur Rollon tente de montrer de quelle façon un chef viking a réussi à créer une principauté autonome, alors que toutes les fondations scandinaves contemporaines en France et dans les îles Britanniques connaissaient une fin tragique.
Edmond et Jules de Goncourt sont comme écrasés par leur nom. Si nul n'ignore le prix qu'ils ont fondé, l'oubli a frappé la vie et l'oeuvre de ces deux frères qui se sont attaqués pendant près d'un demi-siècle à tous les genres littéraires, et plus encore au genre humain.
Suivre les Goncourt, c'est courtiser la princesse Mathilde, dîner avec Zola, survivre à la Commune, passer des salons des Rothschild aux soupentes sordides et recevoir toute l'avant-garde artistique dans leur Grenier de la Villa Montmorency.
Pamphlétaires incisifs, romanciers fondateurs du naturalisme, dramaturges à scandale, collectionneurs impénitents , ces langues de vipère ont légué à la postérité un cadeau empoisonné : un Journal secret qui fait d'eux les meilleurs chroniqueurs du XIXe siècle.
Seule la méchanceté est gratuite , aussi les deux écrivains la dépensent-ils sans compter. Chaque page laisse éclater leur détestation des femmes, des parvenus, des Juifs, des artistes et de leurs familiers. On découvre Baudelaire ouvrant sa porte pour offrir aux voisins le spectacle du génie au travail, Flaubert invitant ses amis à déguster des « cervelles de bourgeois », les demi-mondaines étalant un luxe tapageur ou Napoléon III entouré d'une cour servile qui met en bouteilles l'eau de son bain...
Réactionnaires ne jurant que par la révolution en art, aristocrates se piquant de faire entrer le bas peuple dans la littérature, les Goncourt offrent un regard aiguisé sur un monde en plein bouleversement, où, de guerres en révolutions, le paysan fait place à l'ouvrier, la bougie à l'ampoule et le cheval à l'automobile.
Partacus est un des personnages les plus connus de l'empire Romain, popularisé par le cinéma, la TV et les cours d'histoire. Il illustre la lutte contre l'esclavage et la gladiature. Il illustre des valeurs, comme la liberté, la solidarité, la lutte contre les oppressions. Nous pouvons dire qu'il est devenu un mythe.
Le vrai Spartacus était différent.
Il sut créer une véritable armée, armée dont il fut un vrai général ; il mit l'Italie à feu et à sang ; il réussit à vaincre de grands généraux et des consuls.
Yann Le Bohec a cherché à débarrasser le portrait classique de toutes les idéologies et de tous les sentimentalismes qui l'ont indument idéalisé. Et il a essayé de reprendre le fil des évènements, négligés par le passé.
Entre autres nouveautés, il montre que Spartacus ne luttait pas pour abolir l'esclavage et la gladiature, et qu'il se moquait complètement de la liberté et des valeurs qui lui sont associées.
Rupert Murdoch, plus grand magnat de la presse de l'histoire, manipule l'information à l'échelle mondiale. Inspirateur de la série Succession, il est aujourd'hui l'un des hommes les plus puissants de la planète.Héritier d'un petit journal d'Adélaïde, en Australie, Rupert Murdoch a bâti un empire médiatique qui couvre quatre continents.
Depuis plus de 70 ans, il dirige ses équipes d'une main de fer et a fini par prendre possession du Times, du Sun, du Wall Street Journal, de Fox News... Ces médias lui procurent une influence sans précédent tant sur les opinions publiques que les dirigeants occidentaux, qui se disputent ses faveurs. Considéré comme « l'homme le plus dangereux du monde » par le président des États-Unis Joe Biden, Murdoch ne cesse de vouloir peser sur le cours de l'histoire, au bénéfice de ses idées ultra-conservatrices.Dans cet ouvrage, David Colon, spécialiste de la propagande et de la manipulation de masse, décrypte la personnalité, les méthodes et les buts plus ou moins avouables de ce Citizen Kane des temps modernes, qui fait et défait les gouvernements, combat sans relâche la construction européenne, et propage d'innombrables fausses informations et théories du complot.
Jean est le plus célèbre des apôtres et, au cours des siècles, a inspiré ou retenu l'attention des historiens, des exégètes, des théologiens, des orateurs sacrés, voire des artistes ou des écrivains. Mais cet intérêt constant, resté vivace jusqu'à aujourd'hui, interroge sur sa personne même. A-t-il seulement existé ? Quelle était sa relation réelle avec Jésus ? S'agit-il du fils du pécheur Zébédée, comme l'a longtemps affirmé la tradition chrétienne aussi bien chez les catholiques que chez les orthodoxes ou les protestants ? Ou bien est-il un autre Jean, donc un homonyme, personnage mystérieux qui aurait été non l'un des douze apôtres, mais un simple disciple, à la fois le plus profond, le plus cultivé, le plus inspiré des quatre évangélistes, et peut-être aussi le plus ambitieux, le plus intrigant ? Pour répondre à cette question complexe, Bernard Quilliet - historien, latiniste et helléniste - distingue les récits d'apparence légendaire des faits historiques, et propose plusieurs interprétations. Avec une question en tête : quelle a été l'influence de Jean l'Évangéliste sur les destinées du christianisme et la prégnance de son image dans la pensée, la sensibilité et l'imagination du monde occidental ?
Pasteur (1822-1895) est sans doute le plus célèbre des savants français. Et pourtant, que sait-on de lui et de son oeuvre, outre qu'il a inventé la pasteurisation et le vaccin contre la rage ? Connait-on ses nombreuses autres découvertes, qui ont révolutionné la science mais aussi notre vie quotidienne ? Sait-on qu'il a souffert d'un AVC à l'âge de 46 ans et était à moitié paralysé lorsqu'il a effectué ses travaux les plus connus ? Qu'il a envoyé son neveu mener une guerre bactériologique contre les lapins en Australie ? Qu'il avait prévu la survenue d'épidémies comme celle de la Covid-19 ? Que son petit-fils fut un grand ami du général de Gaulle ? Et derrière le savant illustre, quel est le père, l'époux, l'ami ? Et que sait-on de ses convictions intimes ? Dans cet ouvrage copieusement illustré, Annick Perrot et Maxime Schwartz retracent en brefs chapitres, clairs et concis, la vie et l'oeuvre de Louis Pasteur, à l'origine des plus grandes révolutions scientifiques du XIXe siècle, dans les domaines de la biologie, la médecine, l'agriculture ou encore l'hygiène. À travers les épreuves qui ont jalonné sa vie, se dévoilent l'homme et le savant. Annick Perrot, ancien conservateur du musée Pasteur, et Maxime Schwartz, ancien directeur général de l'Institut Pasteur, ont déjà publié plusieurs ouvrages sur Pasteur et l'École pasteurienne.
Fantastique destinée que celle de Justinien (483-565), né Petrus Sabbatius dans une famille de paysans illyriens et qui a épousé une actrice, Théodora, fille d'un montreur d'ours. Il fut l'une des principales figures de l'Antiquité tardive.
Que ce soit sur le plan du régime législatif, de l'expansion des frontières de l'Empire ou de la politique religieuse, il a laissé une oeuvre considérable. Son rêve fut de fonder un empire chrétien universel.
Le règne de Justinien fut marqué par l'ambitieux projet de « restauration de l'empire », partiellement accompli. Il réussit à reconquérir l'Italie, la Corse, la Sardaigne, la province d'Afrique, une partie de l'Espagne et de la Yougoslavie. Son héritage eut encore plus de résonance sous l'aspect de l'uniformisation du droit romain, le Corpus Iuris Civilis, qui est encore la base du droit civil dans de nombreux États modernes.
Son règne fut aussi marqué par l'épanouissement de l'art byzantin : son programme de construction nous a laissé plusieurs chefs-d'oeuvre architecturaux, en particulier la basilique Sainte-Sophie.
Il est considéré comme saint par l'Église orthodoxe.
Cinquième « Robert » d'une lignée de navigateurs, pêcheurs, armateurs ou négociants malouins, Surcouf le corsaire (1773-1827) devient une véritable légende à moins de trente ans.
Dans ce récit vivant, l'écrivain de Marine Dominique Le Brun démêle enfin le mythe de la réalité. Il nous fait découvrir l'histoire truculente d'un gamin qui ne vibre que pour la mer. Si ses toutes premières navigations furent sur des négriers, il s'illustre très vite dans la guerre de course. Audacieux et fin stratège, il s'empare, avec sa légère corvette, d'un vaisseau colossal se battant à un contre quatre ! Le Tigre des mers, comme le surnomment les dirigeants de la Compagnie britannique des Indes orientales, règne dès lors sur le Bengale avec une agilité maritime et combative exceptionnelle. En cinq ans et huit mois, sillonnant l'océan Indien en tous sens, le redoutable corsaire capture une cinquantaine de navires, anglais pour la plupart. Fortune faite, il s'établit à Saint-Malo comme armateur et négociant, demeurant néanmoins un homme d'action. Car aux heures glorieuses de l'Empire succèdent des temps plus sombres - l'invasion du pays, la Restauration, les Cent-Jours, le retour de Louis XVIII, l'avènement de Charles X... -, autant de périodes au cours desquelles Surcouf manifeste son engagement,son patriotisme et son goût inépuisable pour le panache.