« Le 18 août 2021, j'ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l'Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Comment l'appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment. Est-ce un témoignage, un testament, une oeuvre ?
Celle d'une jeune fille, qui n'aura pour tout voyage qu'un escalier à monter et à descendre, moins d'une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l'imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J'imaginais la nuit propice à accueillir l'absence d'Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s'est habitée, éclairée de reflets ; au coeur de l'Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. » Lola Lafon À l'écoute des traces laissées par ceux qui vécurent dans l'Annexe, Lola Lafon interroge et détisse le mythe d'Anne Frank pour mieux s'approcher de l'adolescente qu'elle fût et de sa mue en écrivaine à l'oeuvre censurée, autant malmenée qu'adorée.
Le nom de cette toute jeune fille, née en 1929, arrêtée sur dénonciation en 1944 déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, et morte du typhus en mars 1945, est connu dans le monde entier : Anne Frank est devenue le symbole des victimes des idéologies racistes, du nazisme à l'apartheid. Elle a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944, et ce texte, classé 19ème parmi les 100 meilleurs livres du XXème siècle, reste l'un des plus émouvants sur la vie quotidienne d'une famille juive sous le joug nazi.
Audiolib donne ici la première version audio intégrale, lue avec subtilité et sensibilité par Irène Jacob, de ce texte devenu emblématique des victimes de toutes les barbaries.
Pendant une grande partie de sa vie ma mère a vécu dans la pauvreté et la nécessité, à l'écart de tout, écrasée et parfois même humiliée par la violence masculine. Son existence semblait délimitée pour toujours par cette double domination, la domination de classe et celle liée à sa condition de femme. Pourtant, un jour, à quarante-cinq ans, elle s'est révoltée contre cette vie, elle a fui et petit à petit elle a constitué sa liberté. Ce livre est l'histoire de cette métamorphose.
É.L.
Les voix et les vies que Julie Otsuka décrit ici sont celles de ces Japonaises venues, au début du XXe siècle, épouser, aux Etats-Unis, un de ces hommes qui font arriver par paquebots entiers ces femmes choisies " sur catalogue ". D'eux, elles ne connaissent que des photos et des C.V. truqués, et se retrouvent souvent face à des maris brutaux qui les traitent en esclaves. Plutôt que de s'attacher à un destin unique emblématique des autres, Julie Otsuka opte pour de multiples voix qui racontent, tel un choeur antique, la tragédie de toutes et de chacune : leur misérable vie d'exilées, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, le racisme des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine. Puis le grand choc de la guerre. Et l'oubli.
Lectrice pour Audiolib du Journal d'Anne Franck, Irène Jacob a le goût des textes porteurs de sens, et de mémoire. Elle donne aujourd'hui une voix d'une rare densité à ces femmes qui évoquent dans le beau roman de Julie Otsuka leurs vies confisquées par l'Histoire.
Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...
Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.
Un grand livre de sociologie et de théorie critique.
Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d'angoisse inexplicable. Rien n'est plus comme avant. Le blizzard s'est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant. L'interprétation d'Irène Jacob aiguise à chaque mot l'inquiétude et l'étrangeté.
"Paule a 39 ans, c'est une femme libre et douce, sur qui les années passent avec nonchalance. Son amant, Roger, entretient avec elle une relation légère qui lasse et emprisonne Paule par sa versatilité. Lorsque Simon, un jeune homme de 25 ans, décide de la séduire, elle se laisse aimer, par vengeance mais aussi parce qu'elle veut être heureuse. Les paradoxes et les écueils de l'amour craquèlent peu à peu la surface lisse de son existence.
Aimez-vous Brahms ? a paru en 1959 et a été adapté au cinéma avec Ingrid Bergman, Yves Montand et Anthony Perkins en 1960. "
Récemment passés de la gêne à l'opulence, M. et Mme Kampf décident de donner un bal. Leur fille Antoinette, qui vient d'avoir quatorze ans, rêverait d'y assister. Mais Mme Kampf, peu soucieuse de présenter à ses admirateurs une fille déjà si grande, oppose un refus formel. Antoinette ne préméditera pas sa vengeance : elle l'accomplira d'un geste, dans un état second... Elle sera terrible. Par la cruauté et la drôlerie, par le courant de tendresse étouffé qui traverse ce petit livre étincelant, Le Bal est un des très rares chefs-d'oeuvre consacrés à la description des tourments de l'enfance.
Le grand talent d'Irène Jacob parvient à donner à ce livre étincelant et cruel la douloureuse résonnance que lui vaut la mort tragique de son auteur.
Sénèque est un philosophe, un dramaturge et un homme d'État du premier siècle après Jésus-Christ. Il a été en charge de l'éducation de Néron, futur Empereur de Rome.Sa pensée se situe en filiation avec le Stoïcisme grec, mais la notion de système est mise à distance au profit de considérations davantage morales que métaphysiques. Le principe moteur de sa réflexion reste cependant la distinction purement stoïcienne entre les événements extérieurs à soi sur lesquels on ne peut agir, et ceux qui ne dépendent que de soi-même : la vertu, le jugement et la volonté. De la tranquillité de l'âme est un magnifique exemple de cette philosophie du triomphe de l'homme vertueux, en harmonie avec lui-même et le monde.