« Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire "Qu'est-ce qui fait le débile là ?" Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici. » En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
L'interprétation de Philippe Calvario, d'une impeccable justesse, rend dramatiquement présent le douloureux cheminement, entre violences et humiliations, d'un jeune garçon confronté à sa « différence ».
Un soir de Noël 2012, le narrateur rencontre Reda dans la nuit après un repas avec des amis, et lui propose de venir discuter chez lui. L'homme lui raconte son enfance et l'arrivée de son père venu d'Algérie. Un peu plus tard, Reda insulte, frappe et viole son interlocuteur. Le livre relate l'histoire de cette nuit et des jours suivants, en cherchant les origines et les raisons de la violence.