Grands et petits fonctionnaires qui n'ont d'existence que par leurs fonctions, mégères castratrices ou femmes idéales sur papier glacé, figures d'hommes persuadés de " peser " sur la vie et le monde mais toujours en rivalité avec d'autres qui ont encore " plus de poids ", menteurs et arnaqueurs, parfois non dénués de talent, tels sont les personnages de Nikolaï Gogol.
Le décor de ses textes, car il s'agit bien d'un décor, n'est guère plus réjouissant : une métropole qui a poussé comme un champignon en un lieu insalubre et qui écrase l'individu, l'acculant à la mort ou à la folie ; un territoire immense, sorte de gigantesque fondrière dans laquelle il est aisé de s'enliser et pourtant traversée par un véhicule qui file à vive allure : où va-t-il ainsi ? Vers quoi ? Pas de réponse...
L'ensemble paraît dramatique, sinon désespéré. Or, le mot, la phrase de Gogol font rire. Rire absurde, grotesque, qui peut être méchant ou débonnaire. Sous la plume de l'écrivain, les perspectives s'inversent, le grand se fait insignifiant, l'insignifiant se fait grand, l'humanité se désincarne ou part en morceaux. Comme l'avait bien vu Nabokov, entre le comique et le cosmique il n'y a chez Gogol qu'une lettre de différence...
La traduction d'Anne Coldefy-Faucard parue en 2005, revue pour cette nouvelle édition, restitue le texte original dans son intégralité et en donne toute la saveur stylistique.
Ouvrage polyphonique où des centaines de destins d'enfants de la Seconde Guerre Mondiale se croisent pour former un choeur tragique qui donne de la guerre, de toutes les guerres, une vision émouvante jusqu'à l'insoutenable.
De tous les textes de Svetlana Alexievitch, celui-ci est le plus déchirant. Car qu'y a-t-il de plus terrible que l'enfance dans la guerre, de plus tragique que l'innocence soumise à l'abjection de la violence ? Les personnages de ce livre ont entre trois et douze ans. Garçons et filles, ils ont grandi au coeur des ténèbres du plus inhumain des conflits ; cette Seconde Guerre mondiale dont les plaies restent toujours béantes soixante ans après. Il a fallu à Svetlana Alexievitch près d'un quart de siècle pour mettre un point final à ce monument de la littérature, dressé pour commémorer la plus injuste des souffrances.
Derniers témoins change notre regard sur l'histoire, sur le monde, sur la guerre, sur l'enfance, sur la vie.
De ces récits d'une authenticité désarmante, Svetlana Alexievitch fait des livres, bouleversants, dérangeants, des livres de combat.
Télérama
À la mort de sa tante, Maria Stepanova se retrouve à vider un appartement plein de photographies surannées, de vieilles cartes postales, de lettres, de journaux intimes et de souvenirs : les vestiges d'un siècle de vie en Russie.
Cette découverte déclenche chez elle un irrésistible besoin d'explorer les archives dont elle a hérité. Et de retracer l'histoire de sa famille et de l'Europe depuis la fin du XIXe siècle, en révélant les non-dits, les mensonges, les faux-fuyants.
Comment faire émerger la vérité et retranscrire ce passé familial ? Doit-elle privilégier une simple description des archives ? Ou s'atteler à la rédaction d'une fiction ?
Puisant dans diverses formes - essai, fiction, mémoire, récit de voyage et documents historiques -, Maria Stepanova donne vie à un vaste panorama d'idées et de personnalités et propose une exploration entièrement nouvelle et audacieuse de la mémoire - ou de son impossibilité. Comment assembler les morceaux épars de l'histoire personnelle et ceux de la grande histoire ? À l'ère du selfie, la mémoire n'est-elle pas évincée par la pseudo-éternité de l'image ?
Au gré des chapitres, les portraits de ses ancêtres de l'époque tsariste ou de l'ère stalinienne côtoient de grandes figures, comme celles de Walter Benjamin, Charlotte Salomon ou Francesca Woodman. Convoquant des écrivains comme Roland Barthes, W. G. Sebald, Susan Sontag et Ossip Mandelstam, Maria Stepanova signe un grand texte littéraire, empreint d'une rare curiosité intellectuelle, d'une portée universelle.
Une fois encore, l'Arménie est menacée dans son existence même : par ses problèmes économiques et politiques notamment ; par le conflit dans le Haut-Karabagh ; par l'indifférence d'un Occident polarisé sur la guerre en Ukraine. Jeune écrivain et éditeur d'Erevan, Rouben Ichkhanian propose ici - à la demande des éditions L'Inventaire - une brève histoire de l'Arménie du début du XXe siècle à nos jours, à travers l'histoire de sa famille. Les lieux en sont multiples : Haut-Karabagh, Kokand, Soumgaït, Bakou, Stepanakert, Erevan, Spitak, Moscou, de nouveau Erevan. Ils correspondent aux différents bouleversements qui frappent la région et le monde : Première Guerre mondiale, effondrement de l'empire de Russie et rattachement du Haut-Karabagh à l'Azerbaïdjan pour les grands-parents ; effondrement de l'URSS, pogroms anti-arméniens de Soumgaït, tremblement de terre de Spitak, conflit du Haut-Karabagh et terribles années 1990 pour les parents ; découverte de la littérature étrangère, notamment d'Umberto Eco, décès du père, débuts dans l'écriture, études à Moscou, création d'une maison d'édition, « révolution douce » d'Arménie (mars-mai 2018) pour le fils. En 2020 et 2022, le Haut-Karabagh s'embrase à nouveau. Et demain ?
C'est dans son village natal que Léon Tolstoï reçut le témoignage bouleversant de sa voisine Anissia. Il en tira ce court roman, l'odyssée d'une jeune paysanne en route vers la Sibérie, accablée de privations mais animée d'une force de vie exceptionnelle.
Du fond de la Russie du XIXe siècle, Tolstoï nous livre dans sa langue puissante un inoubliable destin de femme.
«Mitia accompagnait Katia au théâtre, au concert, il se rendait chez elle et y demeurait jusqu'à deux heures du matin. Elle passait aussi parfois chez lui, dans son meublé de la Moltchanovka, et leurs rendez-vous s'écoulaient tout entiers dans le lourd enivrement des baisers. Cependant Mitia ne pouvait se défaire de l'idée qu'une chose terrible s'était enclenchée tout soudain, qu'un changement s'était produit, qu'une transformation s'opérait peu à peu en Katia, dans son attitude envers lui.»Et une jalousie morbide, folle, va empoisonner les relations entre Mitia, étudiant à l'université de Moscou, et Katia, jeune comédienne du Théâtre d'Art. Tout devient suspect, et les prétextes les plus futiles alimentent son désespoir, à tel point qu'il quitte Moscou pour la propriété familiale à la campagne où il espère chaque jour une lettre de sa bien-aimée.Peinture de la passion et des âmes mortes, Ivan Bounine traite de l'amour malheureux et son éternel pendant, la jalousie. Dans un style limpide et délicat, il analyse une descente aux enfers avec, en contrepoint, l'évocation délicate des beautés de la nature.
Tirée par cinquante mini-chevaux, une trottinette des neiges emporte vers un village frappé par une épidémie un médecin qui rappelle fortement le Boulgakov des Carnets d'un jeune médecin.
Elle est conduite par le "Graillonneux", livreur de pain de son état, incarnation touchante et presque caricaturale du moujik. Le couple classique de la littérature russe - le peuple et son élite, la seconde voulant éternellement faire le bonheur du premier et faisant son éternel malheur - se trouve à nouveau réuni, fonçant à travers l'espace et le temps dans ce curieux véhicule, version sorokinienne de la célèbre troïka de Gogol.
"Russie, où cours-tu donc?" demandait l'auteur des Ames mortes au début du XIXe siècle. Vladimir Sorokine pose à son tour la question des destinées d'une Russie lancée à fond de train sur un chemin qui semble s'étirer par-delà l'horizon. Mais cette fois, la route est presque inexistante, invisible, effacée par la tourmente qui se déchaîne.
La collection « Tabou » propose des textes courts, d'origines, d'époques et de langues diverses, ayant, pour une raison ou une autre, été interdits au moment de leur écriture. «La Falaise»« de Nijni-Novgorod» en est la première illustration. Boris Pilniak y traite de la révolution de 1917 dans la province russe, et des bouleversements que cet événement suscite au sein d'une famille : durant la guerre civile, le père choisit le camp des "Blancs", le jeune fils celui des "Rouges", la mère est partagée entre les deux hommes. Ecrit en 1927, ce texte est aussitôt censuré et ne paraîtra en Russie qu'en 1992. L'interdiction, en l'occurrence, n'a rien de politique. Le motif en est le thème, "tabou" par excellence, abordé par l'auteur : celui de l'inceste entre la mère et son fils.
Le Baron de Münchhausen, c'est la fantaisie, la faconde, le " mensonge " de la fiction supplantant la " vérité " du réel, et c'est la figure que Krzyzanowski, dix ans après la révolution d'Octobre, décide de réactiver pour donner à comprendre la Russie des années vingt.
Le véritable Münchhausen avait notamment, au milieu du dix-huitième siècle, combattu les Turcs dans l'armée russe. Devenu personnage célèbre de la littérature européenne, le Baron revient dans l'histoire en 1921, aussitôt après l'écrasement de la révolte de Cronstadt par les bolcheviks. Désemparées, les puissances occidentales cherchent en effet celui qui pourrait porter ses pas dans ce pays invraisemblable afin d'essayer d'en expliquer les extravagances.
En sa qualité de personnage de fiction, Münchhausen est tout désigné. Le voilà parti, emportant avec lui ses habitudes, sa mentalité, les archaïsmes de sa langue - ce qui n'est pas la moindre des réussites du livre. Mais comme nous sommes désormais au siècle du cinéma et de l'information, il se met à narrer ses aventures sur un rythme digne des films muets de l'époque et sous forme de conférences et d'interview.
Ce qu'il dit de la Russie laisse le monde entier ébahi. En Occident, le Baron fait un triomphe. Le roi d'Angleterre veut le décorer. Mais au moment de la cérémonie, il a disparu. Seul un poète, ami de récente date qui avait mis en doute l'existence du Baron, réussit à comprendre: Münchhausen a définitivement regagné les pages de son livre, vaincu sur son propre terrain par la fiction du réel soviétique.
Avec Tellurie, roman dystopique, Vladimir Sorokine, au sens propre du mot, anticipe... pour décrire de façon époustouflante, complètement déjantée, un futur annoncé, alors que le pouvoir actuel en Russie fait de la construction d'un empire eurasiatique centralisé sa doxa.
Chronique romanesque, De petits riens sans importance se déroule pour l'essentiel à Saint- Pétersbourg, entre 1900 et 1925. Surviennent entre ces deux dates la guerre du Japon, la révo- lution de 1905, la première guerre mondiale, la révolution de février 1917, le coup d'État d'Oc- tobre, la guerre civile, enfin la construction de l'État soviétique. L'auteur décrit tous ces événe- ments avec la précision d'un témoin, la sensibi- lité d'un peintre, mais aussi la distance ironique de celui qui sait que « la vie, de toute façon, reste un brouillon qu'on ne corrige ni ne met au propre ».
À travers toute une galerie de personnages tragiques ou comiques, Annenkov dessine la fresque d'une époque de bouleversements inouïs, s'accompagnant de furieuses destruc- tions et de morts innombrables. Les individus sont pris dans un tourbillon qui, au fil du temps, ne laisse dans la mémoire de chacun qu'une brume de souvenirs aussi fantomatiques que la capitale de l'ancien empire de Russie.
Un monde très proche du nôtre dans le temps et dans son évolution. Le progrès technique fait des ravages, les hommes ont des « puces » électroniques qui leur permettent de tout connaître sans effort. L'ère de l'écrit est révolue. Les livres papiers ont disparu, à l'exception de premières éditions, clonées à la demande, en un lieu secret situé dans les profondeurs du mont Manaraga (qui existe réellement, dans l'Oural). Ces premières éditions n'intéressent plus que des esthètes, prêts à mettre un argent fou pour les « consommer », au sens propre du terme ou presque. De jeunes gens ingénieux l'ont bien compris, qui ouvrent des book'n'grill, où l'on peut manger une succulente viande grillée au feu de pages de Tolstoï, Cervantès et autres.
Le roman de Vladimir Sorokine s'ouvre sur des pages marquées au coin de la grande littérature russe du XIXe siècle.
Au fil du récit et de l'action, l'auteur revisite, tour à tour, Pouchkine, Tolstoï, Tourgueniev et bien d'autres. La Russie des profondeurs, intemporelle, apparaît riche, chaleureuse, drôle, émouvante, aimant le bon boire et le bien manger. La maestria de Sorokine est ici éblouissante. Mais imperceptiblement le tableau se déconstruit et emporte brutalement le héros vers un destin contemporain et un dénouement stupéfiant qui laisse le lecteur effaré.
Connu dans les milieux non-conformistes depuis la fin des années soixante-dix, Vladimir Sorokine devient un écrivain russe majeur après l'effondrement de l'Union soviétique. Ses romans, nouvelles, récits et pièces de théâtre sont de véritables événements, suscitant louanges, critiques acerbes, contestations, indignation. Ecrit dans les années 1985-1989, Roman est un des chefs-d'oeuvre de l'auteur.
Le sbiten, vous connaissez ? Non ? C'est une boisson au miel et au gingembre, chaude, parfumée, sucrée, que l'on déguste, l'hiver, dans les rues de Moscou. Avez-vous vu les rozvalnias, ces solides traîneaux qui acheminent par convois, vers la capitale, des monceaux de cochons, d'oies, de gélinottes ? Non plus ? Mais vous allez les voir, tandis qu'Ivan Chmeliov (1875-1950) vous contera Noël, au début du siècle, en Russie. Tel l'enfant auquel s'adresse ce récit, vous découvrirez la maison au parquet ciré pour les fêtes, la veilleuse devant l'icône, les gamins du quartier qui passent de maison en maison... C'est une Russie rude et généreuse que nous présente l'écrivain, depuis Paris où il a émigré. Une Russie fantasmatique, embellie par la nostalgie et qui, pareille au carillon de Noël, résonne en lui, longtemps après qu'elle a disparu...
- Un ouvrage très illustré, en couleurs et N&B, pour cinéphiles d'hier et d'aujourd'hui.
- Plus de 120 films présentés en images et avec les explications d'un amateur reconnu Georges Di Lallo (ayant signé de nombreux livres l'historien du cinéma et homme de télévision Patrick Brion).
- Un beau livre de noël, grand format, le septième de la collection Riveneuve Cinéma.
- Une préface de l'amiral Coldefy, président de l'Académie de Marine.
Le monde d'avant, le monde pendant, le monde d'après ? Sous la forme de courts essais ou de nouvelles, neuf écrivains russes contemporains posent l'ensemble des questions induites par la pause mondiale que nous venons de vivre.
On est frappé, à la lecture de ces textes, par la hauteur de vue des auteurs, par cette façon très russe de brasser des époques entières - la réflexion sur l'Histoire et ses rythmes est très présente dans le recueil - et de penser à l'aune de la planète : aucun nombrilisme ici, aucune frontière mentale. Ces écrits nous rappellent, en outre, que la poésie permet bien souvent d'expliquer ce qui n'entre pas dans les catégories de la science...
Participent au recueil : Marina Akhmedova, Iouri Arabov, Sacha Filipenko, Andreï Guelassimov, Chamil Idiatoulline Anna Kozlova, Sergueï Lebedev, Vladislav Otrochenko, Evgueni Vodolazkine.
Six jeunes photographes présentent aussi leurs clichés réalisés en Russie au temps du confinement.
Soviétique parmi les Soviétiques, ivrogne parmi les ivrognes, Ivan Laptiev ne se détacherait guère du commun des mortels d'URSS s'il n'était... Dieu, tout simplement. Il l'affirme haut et clair au début du récit, et, dès lors, ne va cesser de marcher sur les traces de son illustre prédécesseur : le Christ. Comme lui fondateur d'une nouvelle religion, Ivan Laptiev enseigne, prêche, use de paraboles et accomplit des miracles... Mais les temps ont changé et le héros vit à l'ère du communisme. Les miracles qu'il accomplit sont à la mesure de la société qui est la sienne : une société profondément apathique, matérialiste, une société au-delà des passions, donc du désespoir. Tragique et cocasse, poétique et trivial, tourmenté et limpide à l'extrême, athée raisonneur jusqu'à la moelle des os et spiritualiste jusqu'au tréfonds de l'âme, Zinoviev offre ici au lecteur une méditation d'une rare qualité. Traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard
La vie a bien changé à Guilas, paisible bourgade d'Ouzbékistan, depuis que le train s'y arrête : les tribus d'Asie centrale, les voyageurs de toutes origines, et bientôt les populations déportées par le régime communiste y côtoient les autochtones, forcés de s'habituer à leurs nouvelles conditions de vie.
Pendant la seconde guerre mondiale, période sur laquelle s'ouvre cette étonnante polyphonie, le coeur de la petite ville bat à l'auberge de la gare : les bras cassés qui sont restés à l'arrière - Oumareli l'Usurier, réformé pour avoir prix seize kilos pendant son séjour en prison, Tolib le Boucher, si maigre qu'on lui confie le ravitaillement du village, et Koutchar la Tchéka, le représentant de la police politique qui n'a qu'une bonne oreille pour faire son travail de mouchard - y égrènent ragots et anecdotes.
Exilés, adultères, orphelins, profiteurs, aventuriers et mendiants de tout poil défilent en une chronique débridée, véritable plongée ethnographique dans un microcosme où l'arrivée du train n'a pas été le seul traumatisme. Le matérialisme historique a en effet pulvérisé la vieille tradition soufie et les habitudes culturelles profondément ancrées d'un islam traditionnel : désormais, il faut choisir entre bigamie et déportation, transformer les postes de fonctionnaires en charges héréditaires, bref, les petits arrangements avec le communisme sont la matrice de multiples histoires, tragiques ou grotesques, qui s'enchaînent comme autant de motifs dans le tapis.
Car ce sont bien le charme et la singularité de ce livre exubérant, construit à la manière des contes des Mille et une Nuits, que de faire émerger de la juxtaposition des histoires un univers singulier, et d'inviter son lecteur à un éblouissant voyage au pays des contes et légendes d'une Asie centrale méconnue.
en 1924, boris pilniak participe à une expédition polaire.
c'est l'occasion pour lui de prendre du recul et de faire le point sur sa vie personnelle, son travail d'écrivain, la situation politique dans la russie soviétique et ses propres engagements. sur la base de cette expérience, il écrit, l'année suivante, le pays d'outre-passe, récit d'une expédition scientifique qui voit son navire s'échouer à proximité d'une île inexplorée. l'équipage et les chercheurs se retrouvent coupés du monde...
seuls trois hommes sortiront vivants de l'épreuve, au terme d'une lutte insensée, d'un corps à corps avec la nature, la raison et l'instinct. nombreux sont les thèmes abordés dans ce récit : la science, l'art, le capitalisme et le communisme, la russie et l'occident, la vie, la mort, sans oublier - peut-être le plus important - la femme. il en ressort un texte à l'écriture spontanée, explosive, d'une époustouflante densité.
Dans le tome 1er de cette édition intégrale en français de la Correspondance de Fiodor Dostoïevski, les lettres de 1832 à 1864 disaient le chemin des tourments que le romancier parcourut dans ses années d'apprentissage.
Le tome 2, les années 1865 à 1873, raconte le déploiement de la création romanesque et l'accomplissement de l'écrivain. On y voit Dostoïevski acquérir l'immense stature de romancier russe et universel qui est désormais la sienne. Qu'on en juge: trois chefs-d'oeuvre mondialement reconnus, Crime et châtiment, l'Idiot, les Possédés (ou les Démons) et, entre chacun de ces monuments, les courts romans électriques, le Joueur et l'Eternel Mari ! Aussi, ce volume est-il une mine pour la genèse et l'écriture de l'oeuvre.
Jamais auparavant l'artiste et le penseur n'ont ouvert aussi grand les portes de leur laboratoire. Jamais l'écrivain ne s'est autant confié, en particulier en ces années 1867 à 1871 où, jeté en Europe par la hantise des créanciers, il vagabonde de ville en ville avec sa jeune femme Anna, travaillant et succombant souvent à sa mortelle passion de la roulette. Aux côtés de l'inlassable créateur, le lecteur découvrira encore l'homme affronté au jeu, à l'exil, à l'Europe.
Il verra aussi s'affermir un amour et naître une famille. Et, pour la première fois avec les années 1872-1873, il entrera définitivement dans l'inédit qui sera l'apanage du tome 3.
Étudiants en colère attirés par le terrorisme, ouvriers séduits par le marxisme et la lutte révolutionnaire, libéraux contestataires, rêvant simplement de réformer la Russie, autorités sur la défensive, c'est dans cette atmosphère de sourde effervescence que s'ouvre le roman-fresque de Boris Jitkov, considéré par Pasternak comme « le meilleur sur la révolution de 1905 ». Sur ce fond d'agitation empreinte d'espoir, l'auteur sème ses personnages dont les destins, pleins de promesses, avorteront pour la plupart, à l'image de cette révolution manquée . À l'instar des oeuvres d'un Gogol ou d'un Zamiatine, Viktor Vavitch, sans doute un des derniers grands romans russes, est servi par une écriture qui place la langue et la poésie au-dessus de tout. Écrit entre 1929 et 1934, imprimé en 1941, l'ouvrage est jugé « inconvenant » et « inutile » par la censure stalinienne, qui ordonne qu'on l'envoie au pilon. Mais l'imprimeur en conserve quelques exemplaires : c'est donc un texte miraculeusement sauvé de l'oubli que le lecteur est invité à découvrir.
Nadia n'aime pas la luge et pourtant, chaque fois qu'elle descend les pentes enneigées avec le même jeune homme, elle entend cette phrase :
«je t'aime». Est-ce le vent ou le garçon qui lui fait cette déclaration oeUne belle dame se baigne dans l'eau, mais ses vêtements sont volés. Un musicien propose de la cacher dans l'étui de sa contrebasse.Un contrôleur de train peu scrupuleux va se faire condamner par les passagers pour avoir trop bien fait son travail.Neuf histoires espiègles dans lesquelles les rencontres sont fortuites, les personnages cocasses et les aventures romantiques.
Cette sélection de nouvelles inspirées de la vie quotidienne en Russie à la fin du XIXe siècle mêle avec grâce drôlerie et mélancolie.
troisième volet de la trilogie commencée avec chatouny
et les couloirs du temps, le monde et le rire est sans doute le livre le plus désespéré de iouri mamléiev.
comme toujours chez l'écrivain, les personnages - des moscovites d'aujourd'hui - sont dans l'errance, en quête d'eux-mêmes, de l'essence de la russie, de l'éternité. plus encore que dans les volets précédents, ils se risquent à jeter un coup d'oeil de l'autre côté du miroir, vers l'au-delà. désespoir, disions-nous, désespérance plutôt. désespérance, parce qu'aucun des héros ne sait plus ce qu'il est, ni où il va, parce que la russie dans son ensemble ne sait plus, à l'heure actuelle, ce qu'elle est, ni où elle va.
plus que jamais, peut-être, iouri mamléiev pousse les situations de son roman jusqu'à l'absurde.
c'est ainsi qu'un de ses personnages finit par se retrouver, au sens propre, prisonnier de ce miroir dans lequel il a trop voulu regarder. et, par-dessus tout cela, par-dessus les petits ou grands problèmes individuels, par-dessus les petits ou grands problèmes du quotidien russe, il y a le monde (à prendre ici au sens de nature, d'univers) qui se rit des piètres créatures humaines que nous sommes.
une fois de plus, iouri mamléiev s'affirme comme un des maîtres du grotesque contemporain.
Cent dix-sept ans après sa mort, l'ombre immense de dostoïevski domine plus que jamais le roman contemporain, dans ses recherches psychologiques et formelles les plus poussées.
C'est le moment d'aller aux sources du génie de dostoïevski, de chercher le secret de l'homme et de l'écrivain dans sa correspondance, publiée pour la première fois dans son intégralité en français.
" dans ce tome 1 (1832 à 1864) les lettres de dostoïevski vont de l'enfant à l'homme fait et à l'écrivain à la veille de donner au monde ses cinq grands romans dont le premier sera crime et châtiment. elles s'ouvrent dans l'espérance des aurores, un projet créateur ambitieux et la volonté énergique d'une carrière littéraire.
Elles s'achèvent dans un paysage de mort où, au milieu des tombes qui l'entourent, un écrivain meurtri et harassé poursuit obstinément sa tâche de publiciste et de romancier. la courbe est saisissante dans la succession de ses élans, chutes et relèvements. ces trois décennies pourraient être appelées " les années d'apprentissage de dostoïevski". n'a-t-il pas lui-même proposé indirectement cet intitulé en exposant oralement à son frère mikhàïl, à la fin de l'été 1859, un projet de deux romans comparables au wilhelm meister de goethe ? mais le titre serait en deçà du tumulte vécu.
La vie, qu'il aimait tant, fut une marâtre pour dostoïevski et son chemin fut celui des tourments. a lire cette correspondance, on se demande s'il est un autre écrivain qui soit entré dans la création par un tel portique de flammes et de souffrances ! ".