Tierra del Fuego se distingue d'un simple recueil de nouvelles à la fois par l'unité des récits, par les thèmes récurrents qui les traversent mais aussi par les paysages désolés ou grandioses qui leur servent de cadre : histoires de folie et de mort dont le héros est ce Grand Sud qui aimanta de tout temps l'imaginaire sud-américain. Dans le théâtre du monde austral, matelots, contrebandiers, chasseurs de phoques et parias de toutes les nations se croisent comme autant d'âmes solitaires et démunies, soulevées par la violence des éléments.
Au début du siècle, le voilier école de la Marine chilienne, une superbe corvette, se dirige vers le cap Hom pour ce qui doit être son dernier voyage avant d'être mis en cale sèche. A son bord Alejandro, quinze ans, s'est embarqué clandestinement pour d:venir marin, subvenir aux besoins de sa veuve de mère et obtenir des nouvelles de son frère ainé disparu. Confronté aux dures réalités de la mer et du métier de marin, il découvrira une terre sauvage située aux confins de l'hémisphère Sud et taillée à la hache dans la glace des icebergs.
En 35 chapitres, Francisco Coloane évoque les grandes catastrophes dont les mers australes furent le théâtre depuis l'époque de Magellan. Avec la jeunesse déraisonnable qui le caractérise, il enquête sur les causes des naufrages, compare les documents, met parfois en doute les conclusions de l'époque.
Comme toujours chez lui ou presque, on a affaire à l'un de ces livres inclassables, hirsutes, où la fiction et l'autobiographie poursuivent une étrange partie de cache-cache. Publié à titre posthume, Naufrages peut se lire comme le chant d'adieu d'un homme qui s'est toujours ingénié à conformer sa vie aux grands rêves de son enfance. Un peu comme un testament, mais façon Coloane : qui fait parler haut l'aventure marine. et qui nous rappelle que l'aventure, justement, n'est jamais aussi belle que quand elle prend le risque de courir à l'abîme.
Nous sommes au Mexique, au lendemain de la bataille de Torréon, qui voit la mythique División del Norte de Pancho Villa écraser les forces loyalistes - un pas décisif pour l'avancée de l'insurrection - et nous suivons les tribulations du licenciado Velasco, un avocaillon à la dérive qui manque plus d'argent que d'idées. Velasco a en fait beaucoup plus que des idées, il a UNE idée. Il soumet à Villa une inven- tion extraordinaire, capable selon lui de semer la ter- reur parmi ses ennemis et de consolider son pouvoir comme jamais : la guillotine ! Mais très vite Villa se fatiguera de voir des corps sans tête gigoter comme des pantins. Il n'achètera pas la guillotine. Quoi qu'il en soit Valesco sera nommé capitaine et Villa lui confie un escadron qui va bientôt s'illustrer au pre- mier rang des troupes révolutionnaires.
Pedro Nauto, né de père inconnu, après que sa mère est retrouvée noyée alors qu'il n'a que treize ans, est confronté à la violence du monde adulte dans les tripots de Puerto Montt. Rêvant secrètement d'aventures au grand large, de pêche miraculeuse et des monstres de légende, il s'embarque avec un vieux loup de mer aux commandes d'un baleinier qui fait cap sur l'Antarctique ...
Pour tous ceux qui ont subi le choc de Tierra dei Fuego et de Cap Horn, Francisco Coloane nous propose une ultime brassée d'histoires soulevées par la violence du Grand Sud chilien, où se croisent marins déboussolés, Indiens dépossédés de leurs terres et de leurs songes, chasseurs de phoques soûlés de sang versé pour rien, cavaliers sans feu ni lieu. Et pour tous une même question : comment continuer à vivre au milieu de tant de désolation sans devenir fou?
Ramon Castaños est un garçon que tout le monde aime bien au village, mais il a un grave problème pour la société mexicaine, il est un homme timide. Le jour où le cadavre de la jeune fille qui lui est prétendument promise est retrouvé dans les parages, tout le monde s'entend pour accuser le Gitan, ce coureur de jupons que tous les hommes détestent et dont il serait grand temps de se débarrasser. Mais Gabriela, la jeune épouse de l'honorable Pedro Salgado, sait que ce n'est pas le Gitan le coupable¿puisqu'au moment du meurtre elle était dans ses bras. Les policiers corrompus jusqu'à la moelle, sensés mener l'enquête, ne se posent qu'une question : combien pourra leur rapporter le corps ? Mais le Mexique est un pays d'honneur et de traditions, et c'est d'un commun accord que les villageois décident que Ramon doit laver son nom de cet affront et tuant lui-même le Gitan, d'autant que le vrai meurtrier, bien décidé, lui, à ne pas se faire piquer, s'amuse à souffler sur les braises. Et voici notre pauvre Ramon un pic à glace en main attendant au détour d'un chemin l'arrivée du Gitan.
Un grand livre mêlant à la fois roman policier, vaudeville sanglant, conte d'amour et gourmandise d'humour noir.
Alejandro, personnage principal du Dernier Mousse, devenu adulte, est radio télégraphiste depuis quatre ans et repère les navires en détresse pour la marine chilienne. Il décide de prendre deux mois pour aller au-delà du Cap Horn, récupérer des échantillons de métaux précieux et part accompagné d'un sergent en rupture de ban et d'un Indien Yaghan qui connaît le Sud comme son âme. Ils découvriront les trésors marins, terrestres et humains d'un pays aussi tourmenté que lumineux dans lequel son bateau finira par être pris dans les glaces...
Le vieux loup du grand sud nous sort un dernier tour de son sac : l'histoire de sa vie, rien de moins.
Un livre aussi indiscipliné que sa tignasse. " j'ai veillé dans ces pages, explique-t-il, à ce que l'écriture triche le moins possible. au moins mes lecteurs ne seront pas dépaysés. je leur vends cette fois encore le même alcool, aussi peu frelaté que possible : simplement, cette dernière cuvée aura mariné un peu plus longtemps que les autres dans le tonneau. ".
Manuel, vingt ans, croit perdre la vie en perdant son ami Gregorio, qui s'est tiré une balle dans la tête. Un ami ? Bien plus que cela : les deux garçons s'étaient fait tatouer - avec la même aiguille - un bison sur le bras gauche. Un pacte de sang qui n'avait pas tardé à devenir un pacte de domination, tant Gregorio, sorte de Stavroguine latino, exerce d'emprise sur son entourage. Ce « maître » fêlé, dévoré d'obsessions morbides, destructeur, provocant, retors, et son dis- ciple - moins innocent et moins soumis qu'il ne le croit - avaient en effet beaucoup partagé... en parti- culier les faveurs de la très trouble et très troublante Tania, experte en l'art de rendre l'autre fou.
Il est des morts qui ont la vie dure. Certains même ne renoncent jamais - fût-ce six pieds sous terre - à méchamment sévir. Mais n'est-ce pas aussi que les pires d'entre eux, secrètement, nous manquent ?
Les cadavres de trois tortionnaires ayant tenu le haut du pavé sous l'ancienne dictature militaire d'un pays d'Amérique latine sont successivement retrouvés.
La police confie l'enquête à un détective atypique : Van Upp. Lui-même aux prises avec de lourds souvenirs, il va se heurter aux fantômes du passé. La Griffe du passé dit la nécessité pour une nation de construire son histoire et, à travers la folie d'une personne, décrit les séquelles inhérentes à toute guerre civile.
Sur le canevas d'une intrigue dessinée de main de géomètre, empruntant tour à tour au roman policier, au récit d'espionnage, à la politique-fiction, Gallarza explore en poète - mais en poète fabuleusement informé - les méandres d'une époque riche en complots et en coups fourrés, où philosophes et voyous, magistrats et maîtres-chanteurs, tueurs et indics, s'amusent à jouer double ou triple jeu. Mais la réalité politique du moment, piégée à tous les étages, ne leur donne-t-elle pas précisément l'exemple d'une confusion qui ne cesse de se prendre les pieds dans le tapis ? Avant la chute annoncée, qui pourrait n'être que ridicule si elle ne finissait pas par faire couleur sur la scène du vrai sang.
Le Soviet des Fainéants parvient à solliciter l'humour sans tuer le mystère, et s'offre même le luxe de nous tenir étrangement en haleine.On imagine déjà la BD que l'admirable Tardi pourrait tirer de cette peinture foisonnante, où le monde d'hier sert de miroir à celui d'aujourd'hui.