Nous sommes au Mexique, au lendemain de la bataille de Torréon, qui voit la mythique División del Norte de Pancho Villa écraser les forces loyalistes - un pas décisif pour l'avancée de l'insurrection - et nous suivons les tribulations du licenciado Velasco, un avocaillon à la dérive qui manque plus d'argent que d'idées. Velasco a en fait beaucoup plus que des idées, il a UNE idée. Il soumet à Villa une inven- tion extraordinaire, capable selon lui de semer la ter- reur parmi ses ennemis et de consolider son pouvoir comme jamais : la guillotine ! Mais très vite Villa se fatiguera de voir des corps sans tête gigoter comme des pantins. Il n'achètera pas la guillotine. Quoi qu'il en soit Valesco sera nommé capitaine et Villa lui confie un escadron qui va bientôt s'illustrer au pre- mier rang des troupes révolutionnaires.
En 1934, alors que le monde appareille pour de nouveaux et vastes conflits, Nikola Tesla, physicien, inventeur et prophète, cherche le moyen de rendre la guerre impossible.
La mort d'un de ses anciens collaborateurs lui fait soupçonner que, quelque part en Europe, on est en train de mettre au point une arme secrète qui pourrait bien être l'arme absolue... " Apportez-m'en la preuve ", demande-t-il à Henri Fèvre, son très loyal et très ignorant disciple, qui voyagera de New York à Paris sur la piste d'une ténébreuse conspiration... Premier roman d'un jeune écrivain espagnol qui connaît la France comme sa poche (mauvais souvenirs compris), Le Soviet des Fainéants brosse avec autant d'érudition que d'humour un tableau saisissant du Paris des années trente, lieu d'affrontement feutré - enfin pas toujours de tous les extrémismes, et laboratoire de quelques lendemains promis à chanter...
Et bientôt à déchanter. Complots, affaires louches, coups fourrés, mensonges en tout genre sur fond de bruit de bottes... Il pourrait s'agir d'un roman policier, ou d'un récit d'espionnage, si l'auteur n'avait lu Queneau, Vialatte et Nizan... et ne possédait l'âme d'un poète. On imagine déjà la BD que l'admirable Tardi pourrait tirer de cette peinture foisonnante, où le monde d'hier sert de miroir à celui d'aujourd'hui.
Dans le Mexique profond du début du XXe siècle, Pancho Villa soulève l'enthousiasme des foules en promettant la terre pour tous et en faisant couler le sang avec une générosité où se reconnaît le génie d'un vrai révolutionnaire.
Et voici qu'on lui propose, pour mieux assurer son pouvoir naissant - et terroriser la populace qu'il entend libérer manu militari - un instrument qui a fait ses preuves ailleurs : rien de moins que la guillotine !
On ne divulguera pas ici les hauts faits qui accompagneront dès lors l'irrésistible ascension du redoutable instrument ; ni non plus les tribulations de l'infortuné Velasco, promoteur de sa remise en service sous le soleil de Mexico. Qu'il nous suffise d'assurer au lecteur que le romancier n'y va pas de main morte, si l'on ose dire ; et que l'histoire qu'il nous raconte est à la mesure de la remarquable quantité d'hémoglobine qu'il fait couler pour notre délectation. Décidément, on ne s'ennuie pas avec les représentants de ce qu'il est convenu d'appeler l'espèce humaine...