Benjamin Lacombe rassemble des illustrateurs et illustratrices ayant une âme et un esprit communs. Reprises fidèles ou réappropriations modernes de grands classiques, ces albums portent une certaine solennité, une beauté formelle et onirique.
Dix ans après Trois Hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome, le chef-d'oeuvre de Grahame en emprunte le goût tout britannique du canotage et du badinage, appliqué aux animaux du bord de l'étang. Ici un rat calme, une taupe timide, un blaireau ombrageux et un crapaud orgueilleux vivent comme des bourgeois de la campagne anglaise, s'invitant les uns les autres à visiter leurs terriers. Ces personnalités si fortes et si typiques se frottent jusqu'à créer des péripéties hilarantes. Ainsi la passion de Crapaud pour les voitures rapides l'expose à tous les dangers et oblige ses amis à se liguer pour le défendre...
Ils sont quatre : quatre aventuriers plus ou moins pantouflards du monde animal à vivre l´aventure quotidienne de la vie. Il y a les deux amis, Rat et Taupe, le sage et bourru Blaireau et l´entêté, vaniteux et totalement irresponsable Crapaud par qui tout ou presque arrive. Ces quatre-là suivent les saisons, le cours de l´eau et racontent en un livre magique tout ce qui fait le prix de l´existence : peur, amitié, désir d´ailleurs, perte, abandon, espoir...
« Oui, il s'agit bien d'un livre magique. Quelque chose en lui réenchante le monde, le repeint inlassablement d'une nouvelle couche de mystère. J'envie le lecteur qui s´apprête à ouvrir ces pages pour la première fois ; il va pénétrer dans un pays accueillant où l'attendent des compagnons qui, de toute sa vie, ne le quitteront plus. » Alberto Manguel
« Le livre le plus drôle du monde. » Evelyn Waugh Charles Pooter, respectable employé de banque à la City, décide d'entamer la rédaction d'un journal. Il va y consigner aussi scrupuleusement que naïvement ses aventures et mésaventures quotidiennes, avec sa très chère épouse Carrie, son indigne fils Lupin, qui se compromet avec une fiancée peu respectable, ses voisins encombrants et ses fournisseurs peu respectueux. Et quand Mr Pooter sort de sa confortable maison de banlieue, il regarde le Londres d'il y a cent ans, ses comédies, ses spectacles, ses inventions, comme une sorte de jungle un peu effrayante peuplée de grands animaux auxquels il faut surtout éviter de montrer qu'on a peur.
Paru en feuilleton dans la revue satirique Punch entre 1888 et 1889, cette chronique de la vie de banlieue londonienne à la fin de l'ère victorienne est un chef-d'oeuvre d'humour anglais, qui a depuis longtemps acquis outre-Manche le statut de livre culte.
Les nouvelles de Saki révèlent les manières et les attitudes de la société édouardienne, dépeintes de l'intérieur par un chroniqueur de génie, doté d'un regard distant et sardonique. Chacun de ses textes est un pur joyau d'écriture, poli et affûté comme une épigramme. L'humour aimable et retenu y recouvre une pointe de cruauté, et se résout souvent en des chutes surprenantes intervenant à la toute dernière phrase. La prose de Saki est l'un des sommets de l'esprit britannique. Foudroyantes, grisantes par le style et la concision, ces nouvelles offrent au lecteur français un dépaysement total, et l'emmènent aux sources mêmes de l'humour anglais. Un monument qui s'inscrit dans la lignée des Swift, Thackeray, Dickens, Jerome K. Jerome, G. K. Chesterton ou Evelyn Waugh.
Pourquoi devient-on catholique et quelles sont les raisons qui poussent des personnes si différentes les unes des autres à quitter leurs attaches pour rejoindre un jour la même Église catholique ? C'est à ces questions que répond le célèbre écrivain anglais, Gilbert Keith Chesterton, dans cet essai percutant où ce grand maître du style met tout son talent en oeuvre pour montrer la singularité du catholicisme.
Définitivement remarqué dans le monde des lettres après la parution de deux ouvrages défendant avec originalité le christianisme, G.K. Chesterton se convertit au catholicisme en 1922. En 1926, il publiait ce livre que nous complétons ici par deux textes sur le même thème, inédits en français. « La difficulté que j'ai à exprimer pourquoi je suis catholique, confie Chesterton, tient essentiellement à ce qu'il y a mille raisons à cela qui toutes se résolvent en une seule, qui est que le catholicisme est la vérité ».
Un livre jusqu'ici épuisé en langue française, réédité dans une nouvelle traduction avec l'ajout de deux textes sur le même sujet, inédits en français.
Gore Vidal Lincoln Roman traduit de l'anglais (EU) par Gérard Joulié ISBN 978-2-35176-085-7 Un grand roman sur l'Amérique et le plus grand président des États-Unis, par celui qui, « honni par la droite américaine, héraut prolixe de l'extrême gauche, n'en finit pas de dénoncer l'hybris de l'empire et la lente déliquescence de ces libertés civiles qui furent le denier du rêve américain » (Le Monde, 1er août 2005).
Adoptant tour à tour le point de vue de ses proches, de ses rivaux ou de ses futurs assassins, Gore Vidal conduit tambour battant le récit des quatre années qui ont fait Lincoln, depuis l'arrivée du président à la gare de Washington, jusqu'à son assassinat peu après la fin de la guerre de Sécession.
Avec passion, Gore Vidal narre l'histoire d'un président jugé tout d'abord falot et qui s'est révélé être l'un des plus grands personnages de l'histoire américaine. Un récit monumental par son envergure et son ambition, une reconstitution en profondeur de la société américaine du xixe siècle.
1898. Caroline Sanford, jeune et belle Américaine élevée en France, n'a pas l'intention de partager le sort réservé aux femmes de la société américaine puritaine. Elle choisit de devenir propriétaire et rédacteur en chef du Washington Tribune. Dès lors, son ambition n'a plus de limite : côtoyant les grands de l'époque, elle se jette à corps perdu dans les rouages de la presse à sensation.
Alors que la Révolution industrielle modifiait en profondeur le visage de la société occidentale du XIXe siècle, à cette même époque, entre 1833 et 1845, l'Angleterre connaissait un extraordinaire renouveau religieux. Né de l'amitié entre trois hommes - John Henry Newman, Richard Hurrell Froude et John Keble -, le « Mouvement d'Oxford » secoua le joug sous lequel l'Etat tenait anglicanisme et catholicisme, et permit à chacune de ces Eglises de défendre les réalités surnaturelles de la foi dans une société qui commençait à s'en détacher. Plus d'un siècle nous sépare de cette épopée religieuse. Mais pour Christopher Dawson les réponses que le Mouvement d'Oxford, et notamment Newman, apporta au défi lancé par la modernité apparaissent aujourd'hui seulement dans toute leur actualité. « La religion européenne a traversé au cours du XIXe siècle l'une des plus graves crises de son histoire. Les hommes du Mouvement d'Oxford furent les contemporains de Strauss et de Feuerbach, de Comte et de Renan. La véritable question religieuse que le siècle posait était de savoir si la religion chrétienne devait préserver son identité spirituelle ou se laisser transformer par l'esprit du siècle et finalement absorber par la culture sécuralisée du monde moderne. »
Myself and my Creator, " moi et mon Créateur ".
Par cette phrase lapidaire, Newman a exprimé ce qui était pour lui la raison d'être de la doctrine et des sacrements de l'Eglise : préparer le chrétien à ce face à face où l'âme se retrouvera seule devant le Dieu qui l'a créée. Dans cette anthologie, qui présente des textes de Newman jamais encore traduits en français, Charles Stephen Dessain décrit sous la forme d'un catéchisme spirituel les étapes de cet itinéraire de l'âme vers Dieu.
Chemin faisant, c'est Newman que l'on apprend à connaître, sa spiritualité, sa conviction que chaque chrétien est appelé à la sainteté. Une sainteté qui engage à la fois le coeur et l'intelligence, le corps et l'âme, la foi et la raison. Car le Dieu de Newman n'est pas une vague déité, un néant teinté d'être. C'est le Dieu de la Révélation, Créateur et Sauveur, qui, en s'incarnant, a restauré dans sa dignité la condition humaine blessée par le péché.
Après Lincoln et Empire , Gore Vidal décrit avec ce nouveau roman l'accélération de l'histoire à l'aube des années vingt. À travers la trajectoire de Caroline Sanford, Gore Vidal évoque de manière éclatante le moment où l'Amérique se réinventa à Hollywood.
Pétillant d'autant d'éclats de rire qu'une bouteille de Clicquot qui eût été secouée pour la soulager de toutes les fusées de ses gaz, c'est l'impression qui demeure quand, les yeux fermés sur le livre ouvert, ou levés devant les vastes fenêtres d'une bibliothèque manoriale, on songe et se remémore ces trois romans.
Trio sublime, en effet, que ces textes dotés d'une structure identique. Dans Headlong Hall, un châtelain amoureux des idées claires et des enchaînements logiques, lecteur de Rabelais et d'Aristophane, grand buveur de hock et de Médoc, invite une compagnie d'hôtes dans sa maison de campagne dont les silhouettes se dessinent dans le clair de lune qui la baigne ou dans les ombres que les flammes d'un feu de cheminée projettent sur les murs lambrissés d'une bibliothèque.
Pures fantaisies où Thomas Peacock expose et dénonce avec une verve rare les toquades, manies, engouements sociaux, politiques, philosophiques, économiques de ses contemporains, ces romans de conversation mêlent le sel attique et l'urbanité latine à l'excentricité britannique. Il y a là du conte philosophique à la Voltaire, de la sotie telle qu'Anatole France l'a illustrée et du roman parlé à la Diderot.
Une ressemblance plus intime est celle qui harmonise l'arôme intellectuel de ces comédies avec le théâtre de Congreve, les oeuvres de jeunesse de Meredith et de Huxley, et les romans de Ronald Firbank.
Épuisé
Hector Hugh Munro, connu sous son nom de plume énigmatique de Saki, naquit le 18 décembre 1870 à Akyab, en Birmanie, où son père était officier de police.
Dès l'âge de deux ans, le jeune Hector fut rapatrié en Angleterre et confié à deux jeunes tantes dont l'éducation stricte et sévère laissa une empreinte profonde sur sa personnalité. Certaines de ses nouvelles, comme " Sredni Vasthar ", ont immortalisé ce traumatisme typiquement puritain. Munro fréquenta les lycées d'Exmouth et Bedford avant de s'engager à son tour dans la police coloniale en Birmanie...
Et de verser très rapidement dans le journalisme. Il rédigea des satires politiques pour la Westminster Gazette, et se signala comme correspondant étranger du Morning Post dans les Balkans, en Russie et à Paris. Il s'établit à Londres dès 1908. Saki trouva la mort dans les tranchées de la Somme en 1916. Ses short stories se répartissent en quatre séries : Reginald (1904), Reginald en Russie (1910), Les Chroniques de Clovis (1912) et Bêtes et Surbêtes (1914).
Elles révèlent les manières et les attitudes de la société édouardienne, dépeintes de l'intérieur par un chroniqueur de génie, doté d'un regard distant et sardonique. Chacune de ses nouvelles est un pur joyau d'écriture, poli et affûté comme une épigramme. L'humour aimable et retenu y recouvre une pointe de cruauté, et se résout souvent, in extremis, en des chutes surprenantes intervenant à la toute dernière phrase.
La malice et l'habileté de ses enfants-monstres y apparaît comme la revanche de la vie sur une société pétrifiée par les convenances. Et la virtuosité avec laquelle les scènes sont amenées, de même que l'imagination psychologique de l'auteur, procurent, à l'issue de chaque récit, une agréable stupeur. La prose de Saki est l'un des sommets de l'esprit britannique. Avec cette édition magnifiquement traduite par Gérard Joulié, qui réunit pour la première fois l'intégralité de ses nouvelles en langue française, L'Age d'Homme enrichit son catalogue des chefs-d'oeuvre essentiels - et méconnus - de la littérature anglaise, qui comprend les ouvrages de Rébecca West, Ivy Compton-Burnett, Ronald Firbank, G.
K. Chesterton, C. S. Lewis, ainsi que la prodigieuse Vie de Samuel Johnson de James Boswell. Foudroyantes, grisantes par le style et la concision, les nouvelles de Saki offrent au lecteur français un dépaysement total, et l'emmènent aux sources mêmes de l'humour anglais. Un monument qui s'inscrit dans la lignée des Swift, Thackeray, Dickens, Jerome K. Jerome, G. K. Chesterton ou Evelyn Waugh.
Poète, lexicographe, critique et moraliste, le Dr Samuel Johnson trouva en James Boswell un biographe idéal.
Le livre que ce dernier tira de leurs entretiens est un chef-d'oeuvre que Macaulay considérait comme la meilleure biographie jamais écrite, et Carlyle comme un ouvrage " au-delà de tout autre produit du XVIIIe siècle ". Voici donc enfin la traduction française intégrale d'un des monuments de la littérature et de la culture anglaises. " Sa figure a frappé de stupeur ses contemporains. Ses traits ont été fixés par le peintre Reynolds, qui était de ses amis et de ses commensaux, en une image parlante : la carrure large, le cou enfoncé entre les épaules, un front étroit, plissé, des lèvres épaisses, une lourde tête offusquée d'une vaste perruque de guingois, un grand tricorne clabaud toujours sur les yeux, un habit de grosse toile noire, dont il coulait la pièce à fond, et boutonné tout au long, le visage vérolé et mélancolique.
On eût dit, à vingt ans déjà, qu'il entendait tomber ses dernières années comme les gouttes d'une pluie d'hiver sur le pavé. L'irritabilité de son caractère était telle que non content de se ronger les ongles jusqu'au sang, il se raclait en plus les phalanges avec un canif. Il frappait encore par une trépidation perpétuelle et une singulière gesticulation. Voilà pour l'extérieur. A l'intérieur, un volcan.
Pour le monde, un dictateur des lettres. Boswell vint à Londres vers 1760, tiraillé entre la volonté de son père, qui voulait lui faire faire son droit, et sa vocation personnelle, qui était de rencontrer des hommes célèbres et de fréquenter des actrices et des dames de petite vertu. Il concilia ses devoirs filiaux et ses inclinations le jour où, dans l'arrière-boutique d'un libraire de Great Russel Street, il fit la connaissance du fameux docteur Johnson, sans se douter que la biographie minutieuse, luxuriante et diffuse qu'il lui consacrerait, lui assurerait, dans le rayonnement d'un astre, l'immortalité d'un satellite.
" (Gérard Joulié)
Épuisé
Wyndham Lewis (1882-1957), peintre et écrivain, se vantait non sans raison d'être " l'homme le plus haï de son temps ".
Et pour que les choses soient claires - et rappeler qu'il l'avait bien cherché -, il s'était affublé lui-même de ce surnom sans détour : " L'Ennemi ". Malgré les efforts de Christian Bourgois (Tarr, Mémoires de feu et de sang, Une analyse de l'esprit de James Joyce) et ceux des Editions L'Age d'Homme (La Rançon de l'amour, Le Corps sauvage, A bas la France, vive la France !), son oeuvre demeure mal connue en notre langue et plusieurs de ses romans majeurs restent à traduire.
Yeats, Eliot, Pound et quelques autres n'hésitaient pourtant pas à voir en lui l'un des écrivains les plus importants du siècle... même s'il s'était arrangé, au fil d'une carrière riche en affrontements divers, pour donner de lui une image insupportable. Condamné par lui-même (1954), jamais traduit en français à ce jour, considéré comme l'un de ses maîtres livres - et le dernier en date -, évoque l'exil de l'écrivain au Nouveau Monde pendant la guerre.
Un exercice de lucidité cruel pour l'entourage... mais plus encore pour celui qui parle ici, bientôt réduit lui-même à néant. " Une agonie spirituelle presque intolérable ", selon T. S. Eliot, qui salua le livre à sa parution. Peu avant, Ezra Pound, s'interrogeant sur la valeur de Lewis romancier, concluait sans hésiter par ce jugement : " Le seul écrivain anglais qui puisse être comparé à Dostoïevski.
"
«Lettres mortes» fait allusion au cimetière des paroles écrites dans le Phèdre de Platon (référence) et renvoie à la critique platonicienne de l'écrit, qui constitue la toile de fond philosophique de ce livre. Comment remonter à la source de l'être, à ce Principe dans lequel les philosophes grecs, puis les théologiens chrétiens, ont vu toute réalité suspendue, y compris la parole humaine? L'exercice de la philosophie, au sens de la dialectique platonicienne, a été une réponse, sans doute indépassable, à cette question qui hante encore les esprits postmodernes.
Mais cet exercice, montre Catherine Pickstock, n'est pas seulement philosophique; ou plus exactement, il commence en philosophie et il s'épanouit en liturgie. Car dans son mouvement ascendant, l'esprit ne finit pas de voir s'échapper l'objet qu'il recherche, qui se retire devant lui et l'attire tout à la fois. Comment le saisir, lui qui échappe à toute parole, à toute nomination et dénomination? En le louant répond Catherine Pickstock - c'est-à-dire en prenant conscience qu'on ne le saisit jamais autant que dans la confession de son excès. Mais parce que la liturgie est l'assomption de la philosophie, son langage a une syntaxe: sa marque n'est pas le mutisme devant le mystère, mais la répétition;
Pour le montrer, ce livre prend pour exemple le rituel de la forme extraordinaire du rite romain. Non par nostalgie - l'auteur est Anglicane -, mais parce que celui-ci fut pendant près de mille ans commun aux chrétiens d'Occident.
Lettres mortes ne veut donc pas cultiver le passé, mais donner au contraire les jalons d'une nouvelle intelligence de la liturgie à la lumière des meilleures réflexions de la philosophie contemporaine.
Depuis la Réforme, époque à laquelle l'Angleterre se détacha du Continent, autrement dit de Rome, pour asseoir sa protestante et puritaine domination sur le monde par le moyen du commerce maritime, chaque Anglais cherche son centre et cette quête philosophique est forcément excentrique. Être Anglais et ne pas être excentrique, c'est ne pas être anglais.
Or de tous les excentriques anglais, Tomas Love Peacock (1785-1866), quoique non catholique, a choisi comme excentricité majeure, non pas l'humour ou le nonsense, denrées inexportables, secrets, us et coutumes incommunicables à qui n'est pas né sur le sol anglais - mais la moins excentrique, la plus centrale de toutes les facultés : la Raison, puisque c'est elle en définitive qui assigne aux autres leur place et leur rang.
Peacock expose et dénonce avec une verve inégalée les toquades, modes, manies, engouements sociaux, politiques, intellectuels, économiques de ses contemporains. Il y a là du conte à la Voltaire ou à l'Anatole France, du roman parlé à la Diderot. On pourrait appeler ces romans dialogués des farces ou des soties comme on disait au Moyen Âge. Tous ses romans possèdent une structure semblable. Un châtelain (ici une châtelaine) reçoit une compagnie d'hôtes exaltés dans sa maison de campagne dont le nom donne son titre au livre. On y décrit des promenades, des réceptions, des repas. On y boit passablement de Porto, de Bourgogne, de Hock et de Bordeaux, et l'on y chante même des chansons à boire. Une fête s'y déroule dont les préparatifs occupent les personnages pendant deux ou trois chapitres au cours de laquelle ceux qui ont l'âge ou le goût de danser dansent. Les méchants, les fourbes, quand il y en a, ou les moins constants et les moins délicats prennent la poudre d'escampette et le livre se clôt par une série de mariages comme dans les pièces de Molière. Car si les personnages de comédie sont réels, ils existent in vacuo et les conséquences de leurs actes sont suspendues. Leur but n'est ni de nous instruire ni de nous exalter, mais seulement de nous amuser. Grâce à la magie de la comédie, ce qui est scabreux dans la vie réelle, se résout en une fusée de rires étincelants.
Épuisé
Washington, 1898. Le président des États-Unis McKinley a fort à faire avec l'Espagne à propos de Cuba. Et si cet événement était déclencheur d'un bouleversement plus grand encore ? L'Amérique basculerait-elle vers la tentation de l'empire ? Caroline Sanford, la jeune et belle américaine élevée en France, n'a pas l'intention de partager le sort réservé aux femmes de la société américaine puritaine, héritée des pères fondateurs et portée par Lincoln. À l'affût des changements dans l'air du temps, Caroline choisit de devenir propriétaire et rédacteur en chef du Washington Tribune. Dès lors, son ambition n'a plus de limite : côtoyant les grands de son époque, du président McKinley à Theodore Roosevelt, de John Hay à Henry James, elle se jette à corps perdu dans les rouages de la presse à sensation, dont elle sait si bien évaluer le pouvoir et les limites pour mieux servir ses aspirations. Le récit d'une femme libre dans une Amérique en pleine mutation. Un grand roman où l'on retrouve le souffle du Gore Vidal de Palimpseste. Gore Vidal est né en 1925, dans une famille de la grande bourgeoisie américaine. Il publie son premier roman en 1946, mais c'est avec Un garçon près de la rivière, en 1948, qu'il devient célèbre, en abordant ouvertement le thème de l'homosexualité. Après une traversée du désert dans les années 1950, où il s'essaie au théâtre et au scénario, Gore Vidal, tout en participant activement à la vie politique sous l'étiquette démocrate, se lance dans une grande série de romans historiques qui lui assurent un immense succès. Grand pourfendeur des travers de la société américaine, notamment de son puritanisme, Gore Vidal est aujourd'hui reconnu comme l'une des figures majeures de la littérature américaine contemporaine.
À un visiteur qui lui demandait ce qu'était la vocation monastique, un Père Abbé répondit : « Le moine est un enfant qui chante et qui joue. » Dom Gérard aimait cette parole. Et il voulait que ses moines rejoignent ce Dieu plein d'invention et de joie qui a fabriqué l'aurore et le soleil. C'est pour nous convier à pareille fête que, dans la continuité des articles du premier tome, il déroule ici à nouveau devant nos yeux comme une lumineuse fresque de l'harmonie catholique du vrai, du beau et du bon. Dans sa préface, Bernard Antony nous invite non seulement à lire ces textes, mais aussi à les faire découvrir à tous ceux qui ont une vision tronquée du catholicisme et croient aimer Dieu parce qu'ils n'aiment pas les hommes ; à tous ceux qui, sans toujours en avoir conscience, ont soif de Dieu.
Dom Gérard ne doutait pas que, grâce à une Église revivifiée dans tous les ordres de la charité, de la vérité et de la beauté, renaîtrait une chrétienté adaptée à notre temps et qui triompherait de la culture de mort. Et dans son inoubliable sermon aux pèlerins de Chartres, il en évoquait la dynamique : « énergie intelligente et inventive, prière traduite en action, utilisation de techniques neuves et hardies ». Il rappelait surtout que « la chrétienté, c'est l'ordre temporel de l'intelligence et de l'amour soumis à la très haute et très sainte royauté du Seigneur Jésus »..
Lecteur, attention ! Dans ce livre, Chesterton est en colère. Face à une société aux mains des puissances de l'argent, l'écrivain, habituellement si débonnaire, ne cache pas son écoeurement et dissèque quelques aspects d'un système qui peu à peu donne tous les droits à l'argent au détriment des anciennes valeurs morales. À son habitude, il ne suit pas une démonstration rigoureuse et conserve son humour pour pourfendre les fauteurs de scandales, les puissants du moment.
Épuisé
Épuisé
Nous parlons, nous écrivons. Nous utilisons le langage pour désigner les réalités qui nous entourent, mais sans toujours avoir conscience de ce que la réalité désignée contient tout un univers, auquel le mot nous renvoie sans jamais l'épuiser.
C'est le cas, éminemment, des paroles de l'institution de l'Eucharistie, que cet essai étudie d'un triple point de vue : linguistique, avec Pascal et les Grammairiens de Port- Royal, métaphysique, en s'appuyant sur les Questions 75 à 83 de la Somme de théologie, où saint Thomas d'Aquin traite du sacrement et du rite de l'Eucharistie, enfin littéraire, à travers la lecture d'un épisode de la Quête du Graal.
" myra breckirzridge et myron est une fantaisie hollywoodienne oú s'entrecroisent les thèmes du dr.
Jekyll et des liaisons dangereuses. le personnage de myra est transsexuel, un être mythique, une sorte de justicière hermaphrodite qui part en guerre contre les tabous de la vie américaine. myra est contre tout ce qui rend la vie ennuyeuse, répétitive. elle est pour la réduction des naissances mais elle aime la variété, elle prône une sexualité polymorphe. (. ) myra traque cet îlot de satisfaction et de suffisance qu'est le mâle américain.
Myra est l'amante de l'avenir qui maudit le présent, cette amérique engorgé, agioteuse, hâbleuse, comme un champ de foire et de carnage. " gérard joulié.
Chesterton (1874-1936) sort de Dickens et de Stevenson. Il a abjuré leur protestantisme de naissance et leur luciféranisme, car il avait la cervelle théologique, et il est revenu à tire-d'aile vers l'Angleterre médiévale et catholique de Chaucer et de Falstaff. Comme Stevenson, on a parfois l'impression qu'il écrit de préférence virginibus puersique. Ses histoires sont au fond des romans de chevalerie et d'aventure. Il nous les donne comme des remèdes contre la modernité, cette culture de mort, son ennemie jurée. Les Contes de l'Arbalète, au nombre de huit, sont autant de travaux herculéens s'imbriquant les uns dans les autres. Ils ont pour héros des personnages qui se sont
donné pour tâche de relever un défi : accomplir une chose réputée impossible. Le proverbe est le point de départ de l'histoire, et le narrateur nous tient en haleine comme Shéhérazade tenait le sultan en suspens. C'est ainsi qu'au Moyen Âge, une dame n'accordait sa main qu'au chevalier qui avait réussi à triompher d'un certain nombre d'épreuves. Ces personnages forment à leur insu une autre table ronde, une société secrète de conspirateurs contre les puissances établies de la Banque et de la City. Ils sont tels les dieux d'Homère auréolés d'une protection spécifique qui tient à la fois du cérémonial et de la magie. Insensibles aux fatigues de tant d'aventures où les jette inlassablement leur créateur, ils semblent infiniment dispos pour de nouveaux jeux. La fantaisie la plus échevelée y est bridée par une armature théologique thomiste des plus orthodoxes. C'est ainsi qu'enchaîné, l'oiseau peut voler.
Épuisé