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Liana Levi
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Juillet 1972, les caméras du monde entier sont braquées sur l'Islande, où aura lieu la finale du championnat du monde d'échecs. Le Russe Boris Spassky, tenant du titre, fait face à l'Américain Bobby Fischer, un autodidacte aussi génial qu'imprévisible. Alessandro Barbaglia garde un énigmatique souvenir d'enfance lié à cette confrontation majeure, où se joue aussi la guerre froide. Cinquante ans après, il ose un parallèle avec une autre guerre qui a vu s'affronter Orient et Occident, la guerre de Troie. Fischer devient Achille, Spassky incarne Ulysse, et, chemin faisant, le narrateur renoue un dialogue bouleversant avec son propre père, disparu prématurément.
Alessandro Barbaglia jongle avec humour entre mythologie, histoire et psychanalyse dans ce roman singulier et brillamment construit. -
Nous sommes au bord de la voie ferrée, dans un hôtel du Nebraska, au milieu de nulle part. C'est dans cet hôtel à la couleur insolite que des Américains qui n'en sont pas encore se rencontrent, et que se fabrique l'Amérique. Il y a le propriétaire irlandais et son jeune fils, le Suédois, l'homme de l'Est, et l'incontournable cow-boy. Tandis qu'au dehors souffle un violent blizzard, ils improvisent une table près du poêle et jouent aux cartes. Mais, dans ce huis clos oppressant, c'est en réalité leur avenir qui se joue.
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Un faux nom, un petit tube dans lequel sont roulés quelques dollars, de la colle pour masquer ses empreintes digitales, un gilet de sauvetage, trois boîtes de sardines, une grande bouteille d'eau, cela suffit à Fabrizio Gatti, journaliste à L'Espresso, pour se transformer en Bilal, immigré imaginaire. À partir de Dakar, il va remonter jusqu'à Tripoli, infiltré dans la route de l'émigration, afin de rentrer en Europe par la porte de Lampedusa, comme le font chaque jour des centaines de clandestins. Ce faisant, il traverse le Sahara sur des camions, rencontre des membres d'Al-Qaida, des passeurs sans scrupules, des esclavagistes nouveau modèle, et, à Lampedusa, il vit le quotidien de ces demandeurs d'asile que l'on va libérer avec une feuille d'expulsion. Feuille qu'ils se hâtent de déchirer en mille morceaux pour tenter leur chance en Italie, en France, en Allemagne...
Lucide et impitoyable, Bilal est la chronique de la plus grande aventure du troisième millénaire vécue à la première personne par l'auteur et racontée comme un récit.
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Il Bel Paese. C'est ainsi qu'on surnommait l'Italie autrefois. Mais voilà, la page de l'amabilité et de l'accueil souriant est tournée. Dans la charmante ville de Macerata, un jour de février 2018, Luca Traini saisit un pistolet et tire sur les «Nègres» qui croisent sa route. Neuf blessés. Sur son cou est tatoué le nom qu'il s'est donné: Lupo, «le loup». Son geste n'est pas un cas isolé. À Turin, sans raison aucune, on tabasse un migrant allongé sur un banc. En Calabre, au milieu des orangeraies, trois saisonniers africains sont tués à coup de feu au bord de la route. Ces épisodes n'ont pas lieu par hasard. Ce sont les signaux d'un malaise diffus qui touche «l'homme oublié», dérouté par la mondialisation: repli sur soi, peur de l'avenir, désarroi, indifférence envers le désespoir d'autrui, rage de se sentir les oubliés du bien-être proclamé. Le geste de Lupo ne fait que traduire en violence cette amertume. Il est temps de le comprendre, car ce sont nos démocraties tout entières qui sont menacées.
À l'histoire emblématique de Lupo répond une réflexion sur la montée du populisme en Occident. -
Quelle que soit notre vie, un imprévu peut la bouleverser à tout jamais. Pour Gabriele Santoro, professeur de piano, cet imprévu s'appelle Ciro, un garçon de dix ans qui surgit un jour de derrière son canapé. Comment est-il entré? Pourquoi se cache-t-il dans son appartement? Malgré lui, qui a délibérément choisi une solitude dans laquelle musique et poésie occupent une place privilégiée, il est très vite appelé à jouer un rôle de protecteur. Plus même, de père. Et ce rôle comporte des dangers certains, surtout dans cette partie malfamée de Naples où il vit depuis qu'il a quitté les beaux quartiers. Sans parler du danger qui accompagne la difficile remise en question de soi-même et des choix opérés dans son existence.
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Simone Pace a choisi de confier ses secrets à Fabrizio Gatti, lors de rendez-vous dans la basilique de San Pietro in Vincoli, à Rome. Son récit, il le déverse aux pieds du Moïse de Michel-Ange. Pourtant cet ancien policier recruté par la CIA se soucie peu de la Loi divine. Sa loi est celle que lui a dictée son maître américain: oeuvrer pour influencer les démocraties européennes. Simone, à présent retiré de ce jeu périlleux, a fait partie d'une équipe de mercenaires en quête d'émotions qui ont mené une double vie pour conduire des missions secrètes. À Bruxelles, ils ont pris part a` l'assassinat de Gerald Bull, l'ingénieur du «super-canon» de Saddam Hussein. Ils ont interféré dans l'opération Mains propres, qui a changé l'histoire de l'Italie. Ont conduit des opérations a` Paris et dérobé les codes secrets de Poutine. La liste de leurs actions est longue... Si, à un seul moment de leur vie, ils avaient emprunte´ une voie différente, le monde ne serait sans doute pas tel que nous le connaissons.
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" Je n'ai pas prononcé un seul mot depuis le matin où je suis descendu du car à Barrington, il y a cinquante-deux ans. J'avais dix ans, et ma mère venait de se volatiliser au beau milieu de la nuit. Depuis, elle n'a plus jamais donné signe de vie [...]. Tout le monde ici vous dirait que je suis sourd-muet. Rien de plus faux. En réalité, j'ai entendu tout ce qui en valait la peine dans cette ville. " Les confidences qui vont suivre dévoilent une ville du sud des Etats-Unis pourrie par l'argent, l'ambition et la xénophobie.
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Six silhouettes vues de dos. Cinq hommes et une femme aux mains attachées. Et cette légende énigmatique: Sauvons les six de Sharpeville. Parmi les dizaines d'images décorant sa chambre de petite fille, Leo se souvient de l'autocollant orange. C'est pour ces six prisonniers, pour un certain Nelson Mandela, qu'il fallait renoncer aux dessins animés du dimanche, se tasser dans la Panda familiale parmi des monceaux d'affiches politiques, défiler sous la pluie en scandant d'incompréhensibles slogans. Vingt ans plus tard, Leo s'envole pour le «pays sans nom», l'Afrique du Sud, à la recherche des silhouettes qui ont marqué son enfance. Pour elle, les six condamnés noirs feront revivre cette effroyable journée du 3 septembre 1984 où, dans le township de Sharpeville, tout a basculé.
Leonora Sartori bâtit un roman où la chronique pleine d'humour d'une enfance placée sous le signe du militantisme alterne avec un épisode poignant des années d'apartheid.
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Le dreck.
Le sale boulot. Intimider, trahir, torturer, tuer... C'est ce que David Starkman fait dans son unité spéciale, jusqu'au moment où il décide de clore ce chapitre de sa vie. Quitter Israël pour toujours. S'en aller de ce pays où, pour défendre un bout de terre, on est contraint au pire. Mais le passé ne s'abandonne pas si facilement... L'assassinat de son père, Isser Starkman, héros de l'Indépendance, le rattrape.
D'autant que dans le testament figure une étrange clause suspensive : monter sa pièce de théâtre, une pièce subversive qui a déjà fait scandale en 1946, avant la création de l'État et les grands affrontements entre Juifs et Arabes... Pour accomplir cette mission David va plonger dans la " préhistoire ", ces années 30 où tout s'est dessiné, ces années 40 où tout s'est joué. Et aussi dans sa propre histoire, les amis et les amours du passé...
À travers ce thriller étrangement actuel Mandelman retrace les rapports ambigus, faits d'attraction et de répulsion, entre les deux communautés qui se disputent la terre biblique.
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Trois femmes et une fillette, Lucie qui accompagne sa tante, passent quelques jours dans une station thermale. La plus âgée, Giuseppina, est extravertie et sûre de sa beauté passée, les deux autres, Lucia et Emma, se posent mille questions, doutent des soins et d'elles-mêmes. Mais ce qui les trouble le plus ce sont les souvenirs et les secrets qui remontent dans cette parenthèse de vie.
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Ernesto Ferrero entre chez Einaudi en 1963.
Sur son bureau d'attaché de presse, se trouve un manuscrit à paraître, La Trêve, d'un certain Primo Levi. La lecture du texte foudroie le jeune homme qui devient dès lors un inconditionnel de l'écrivain. A ses yeux, celui-ci n'est pas seulement l'inégalable témoin de l'extermination des Juifs et le scrutateur de la "zone grise" mais avant tout l'exceptionnel observateur de l'être humain dont il "fixe l'horreur sans désespérer" avec un regard d'entomologiste, comme il observerait un insecte à travers un microscope.
Lui, pourtant, se défend du regard des autres, toujours discret, toujours à distance. Dresser son portrait est donc un défi, un exercice paradoxal puisque "Primo ne se mettait jamais en avant, semblable en cela à son ami Italo Calvino, qui préférait être en retrait, au second plan, et regarder le monde d'en haut, comme le Baron perché ".
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Dans un quartier délaissé de Milan, un quartier sans débouchés devenu une place forte de la drogue, Rocco, vingt ans, est chargé par la mafia de revendre de la coke, de menacer, de tuer... Un travail rentable et valorisant aux yeux des jeunes de son entourage. Seulement, le jour où son meilleur ami est froidement assassiné par ceux là mêmes pour qui il travaille, il change de camp pour devenir le repenti qui crie vengeance et justice. C'est ainsi que le procès de la mafia se met en route, un procès qui pourrait enrayer les rouages bien huilés du trafic mondial de la drogue et du crime organisé. Mais c'est compter sans la collusion entre pouvoir et mafia...
Par cette plongée subjective qui donne la parole à un repenti, Fabrizio Gatti s'attaque à une question plus que jamais d'actualité, celle de la mafia italienne devenue un acteur majeur de la criminalité internationale.
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Blue est une jeune fille solitaire et rebelle qui refuse de parler depuis que son père est mort. Blue dit qu'elle a tué un homme et une femme à l'âge de treize ans. Narratrice de ce roman, elle raconte comment elle en est arrivée là et déroule l'histoire de sa vie d'adolescente perturbée. Entre le deuil d'un père bien-aimé décédé lors d'un braquage et une mère toxicomane qu'elle déteste, Blue est en lutte permanente. Contre James, ce malfrat à l'origine de tout les malheurs, et contre le monde. Seul rempart pour s'en protéger, les pages du Magicien d'Oz, refuge dans lequel elle s'engouffre. Alors, lorsqu'elle rencontre Charlie, lui-même fasciné par cette oeuvre, un lien fort se crée.
Pour lui, elle sort de son mutisme. Jusqu'au jour où elle surprend Charlie avec sa petite amie et où l'amour se change en haine. Blue passe à l'acte.
Le lecteur croit d'un bout à l'autre à l'histoire qu'elle raconte jusqu'à ce que le retournement final lui donne une autre perspective : le texte qu'il vient de lire n'est que le produit de l'esprit délirant d'une jeune fille qui refuse de faire le deuil de son père et qui est soignée dans un hôpital psychiatrique. La narratrice n'est pas ce qu'elle dit être.
Avec un style rapide, parfois oral, des images surprenantes et justes, Solomonica de Winter réussit un premier roman fort et dérangeant.