C'est un soir de réveillon de Noël. Autour de la table, sept femmes attendent un homme. Ce sont toutes les femmes de la vie de Vittorio, un écrivain à la carrière déclinante. Sont présentes sa mère et sa soeur, mais aussi sa femme, son ex-femme et son amante, sa fille adulte et la benjamine, adolescente. Mais celui-ci ne se montre pas. Tandis que toutes s'impatientent, Lucrezia, la mère de Vittorio, reçoit un mystérieux message de son fils:quelques mots, évoquant une année sabbatique, rendent son absence d'autant plus perturbante. La disparition est annoncée, néanmoins une enquête est ouverte. Les mois passent sans que l'homme ne se manifeste. Entre-temps, un nouvel équilibre est venu régir les relations entre ces femmes:les sentiments d'hostilité qui gouvernaient leurs rapports laissent place à une complicité inattendue. Car si Vittorio était leur dénominateur commun, il était aussi la raison de leur rivalité.Dans ce roman choral, ancré dans un milieu bourgeois milanais, chaque chapitre donne la parole à l'une des protagonistes. Caterina Bonvicini joue avec les codes du roman policier dans une comédie mordante qui souligne la pression exercée par le regard des autres et les carcans imposés par la société.
Deux personnages se rencontrent à trois reprises.
Un homme commence à parler avec une femme dans le hall de son hôtel et, quand celle-ci a un malaise, il l'héberge dans sa chambre. Leur conversation se poursuit, l'homme s'ouvre à elle mais mal lui en prend.
Un portier d'hôtel aide une jeune cliente à s'enfuir afin d'échapper à son compagnon, un individu violent et dangereux. Plus âgé qu'elle, il lui révèle qu'il a passé treize ans en prison à la suite d'un meurtre.
Malcolm, le personnage de la première rencontre, est encore enfant quand ses parents meurent dans l'incendie de leur maison. Pour le soustraire aux suites de ce drame et l'emmener dans un endroit sûr, une inspectrice de police le conduit chez un de ses amis.
Trois histoires nocturnes qui se concluent à l'aube et qui marquent, chacune à sa façon, un nouveau départ. Trois facettes qu'Alessandro Baricco rassemble en un récit hypnotique et puissant, non dépourvu d'élégance et même de sensualité.
Valerio et Olivia grandissent ensemble dans la magnifique villa de la famille Morganti, à Bologne : Olivia est l'héritière des Morganti, de riches entrepreneurs du bâtiment, et Valerio est le fils du jardinier. Après avoir partagé une enfance de rêve, ils ne cessent de se séparer, de se retrouver, puis de se perdre de nouveau. Valerio suit d'abord sa mère à Rome quand celle-ci quitte son père. Plus tard, alors qu'ils sont étudiants, c'est Olivia qui part à Paris pour échapper aux disputes de son clan. Chacun d'eux est animé de forces centrifuges qui les empêchent de poursuivre leur relation, aussi sincère que burlesque. Valerio est ambitieux et poursuit le rêve de devenir magistrat, Olivia, elle, tente désespérément de trouver son chemin. Autour d'eux, c'est toute l'Italie berlusconienne qui tangue comme un bateau ivre et avance inexorablement vers un naufrage tragicomique.
Le pays que j'aime parcourt l'histoire italienne récente, de 1975 à 2013, à travers le destin d'un couple, d'une famille et de toute une société. Les répliques fusent dans cette cruelle comédie à l'italienne, menée tambour battant grâce au talent de Caterina Bonvicini.
Quatre garçons, une fille : d'un côté, le narrateur, le Saint, Luca et Bobby, et, de l'autre, Andre. Elle est riche, belle, et elle distribue généreusement ses faveurs ; ses parents, eux, sont des parvenus qui ne croient qu'au travail et à l'argent. Quant aux quatre garçons, ils ont dix-huit ans comme elle, mais c'est là leur seul point commun. Car ils sont avant tout catholiques, fervents voire intégristes.
Musiciens, ils forment un groupe qui anime les services à l'église, et ils passent une partie de leur temps à rendre visite aux personnes âgées de l'hospice, les «larves». Alors qu'elle incarne la luxure, Andre les fascine, ils en sont tous les quatre amoureux. La tentation est forte, mais le prix à payer sera lui aussi considérable. Roman intime et habité par une authentique douleur, Emmaüs est un texte à part dans l'oeuvre d'Alessandro Baricco, sans doute le plus personnel à ce jour.
Année 1902, Tom Smith et Jerry Wesson se rencontrent aux pieds des chutes du Niagara.
L'un passe son temps à rédiger des statistiques météorologiques ; l'autre à repêcher les corps engloutis par les rapides. Rencontre exceptionnelle, comme celle que les deux types font avec Rachel Green, jeune journaliste prête à tout pour dénicher le scoop du siècle, même à embarquer Smith et Wesson dans son projet loufoque : plonger dans les chutes du Niagara et s'en sortir vivante. Tout le monde en rêve, personne ne l'a jamais fait. Il ne reste alors qu'à se glisser dans un tonneau, défier les lois de la physique et sauter. Nous avons tous besoin d'une histoire mémorable, d'un exploit hors norme pour réaliser quelque chose qui nous soit vraiment propre.
Jeune, jolie et pleine de vie, Lisa est ouvrière dans une usine textile. Face aux abus des patrons, les Ferrari, elle fait intervenir les syndicats et menace d'organiser une grève. Mais Gualtiero Ferrari et son fils Sandro font pression sur elle et la mettent à l'écart. Après des mois de bras de fer, arrive l'irréparable : un soir, Sandro la viole dans le vestiaire des ouvrières. Quelques jours plus tard, Lisa démissionne sans donner d'explications. Pour la jeune femme, c'est le début d'une longue période durant laquelle elle passe de la rage à une profonde dépression, fuit sa famille et ses amis qui ignorent tout. Lisa ne sait comment reprendre une vie normale, ni même si elle doit dénoncer le violeur. Pire : elle se demande si elle a vraiment été la victime d'un maniaque sexuel ou s'il n'y a pas autre chose, une violence froidement réfléchie poursuivant un objectif bien précis. Servi par une écriture remarquablement maîtrisée dont la dureté n'exclut jamais l'émotion, Blessures de guerre dresse avec les armes de la fiction le portrait sans concession d'une vie prise dans les mécanismes impitoyables de la machine économique.
Sofia se réveille à l'hôpital après une tentative de suicide. Quelles circonstances ont bien pu pousser la jeune femme à attenter à ses jours ? Il y a tout d'abord un penchant affirmé pour les hommes dépressifs comme elle, mais surtout faibles et lâches, dont son ex-mari Nicola et ses deux amants, Arturo et Marcello. Mais cela ne serait rien sans une histoire familiale pour le moins difficile : son père Ferdinando, océanologue, est absent depuis toujours et lui envoie des quatre coins du monde par Internet de petits films consacrés à la vie des requins, et sa mère Margherita s'est donné la mort alors que Sofia était encore enfant. Déjà précaire, l'équilibre psychique de la jeune femme vacille un peu plus lorsqu'elle retrouve un paquet de lettres que sa mère n'a jamais expédiées et dont la lecture lui ouvre les yeux. Mais les apparences sont trompeuses : Sofia a-t-elle vraiment voulu se tuer ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'une seconde naissance ? Porté par un humour dévastateur, un rythme trépidant et une écriture flamboyante, L'équilibre des requins a le courage d'affronter un sujet difficile, la dépression, dans toute sa complexité. Un défi ambitieux que Caterina Bonvicini relève brillamment.
Un groupe d'amis trentenaires, hommes et femmes, mariés ou encore célibataires, est frappé pour la seconde fois par la même tragédie.
Après Diana, opérée avec succès, c'est à Lisa qu'on diagnostique une tumeur au cerveau. Elle allait mettre au monde son premier enfant et n'arrivait plus à bouger un bras, sa gynécologue prétendait que c'était le stress. Mais cette fois Clara, la narratrice, et les autres, Marco, Daniele, Sandra, Diana et Veronica, devront accompagner Lisa jusqu'à la clinique où on lui prodiguera des soins palliatifs.
C'est là que Clara rencontre Ben, un chef d'orchestre britannique dont l'épouse italienne, Anna, une jeune soprano mondialement célèbre, s'éteint elle aussi lentement. Ben est égocentrique, tyrannique et vaniteux, mais son amitié permet à Clara de passer du « nous » qui s'est irrémédiablement dissous avec la mort de Lisa à un « je » salutaire : de faire, en somme, l'indispensable travail de deuil. Les dialogues sont formidablement vifs, brillants et spirituels, mais surtout Caterina Bonvicini fait preuve d'une extraordinaire perspicacité : ses personnages sont riches, complexes et terriblement attachants, plus vrais que nature et d'une grande justesse, au point qu'on a vite le sentiment de les connaître.
C'est que Le lent sourire est une histoire vraie : il y a bien eu une Diana et une Lisa dans la vie de l'auteur, le groupe d'amis qu'elle décrit existe. Faire d'une expérience personnelle la matière d'un roman et parvenir à transcender la dimension biographique pour donner à son propos une portée universelle, c'est là la marque des vrais écrivains. Et, derrière la tragédie, difficile de ne pas voir le destin d'une génération, celles des enfants des soixante-huitards, une génération perdue qui cherche sa place dans le monde et que le sort n'a pas épargné : crise économique, sida, disparition de toutes les valeurs sur lesquelles reposait le monde de leurs parents.