Entre leurs publications musicales et tournées à succès, ils ont cultivé une amitié sincère, complice et volubile.
Une correspondance en est née, elle sortira le 19 octobre 2022, sous le titre Les correspondants, préfacé par Gaël Faye.
"Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là quelque chose a commencé de changer. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force, dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre. C'est pour cela sans doute qu'il s'est toujours mêlé à mon amour une gratitude immense."
Pendant quinze ans, Albert Camus et Maria Casarès échangent des lettres où jaillit toute l'intensité de leur amour. Entre la déchirure des séparations et les élans créateurs, cette correspondance met en lumière l'intimité de deux monstres sacrés au sommet de leur art.
« Chère Véronique,
Ton coup de téléphone m'a enchantée. Figure-toi que je rentrais juste à 5h30 du matin, sur la pointe des pieds lorsque le téléphone a sonné. Comme il est dans ma chambre, j'ai pensé que mon père allait arriver et, me voyant tout habillée, m'engueuler. Aussi, me suis-je jetée tout habillée avec mon manteau sous les draps et les draps sur le nez ; j'ai parlé à mon père. Après je t'ai parlé et me suis relevée en riant aux éclats, déshabillée et recouchée. Quand rentres-tu ? Il s'est passé des choses notables ici, pas tellement sur le plan sentimental d'ailleurs mais sur le plan travail. J'en suis à la page 112 dactylographiée et n'aurai pas fini avant 50 pages, je crois. Claude Roy, l'éminent critique littéraire, l'a lu et m'en a dit fort grand bien. Bref, je suis enchantée, et ne fais que ça. Le seul ennui c'est que Guy Scheler ressemble à Luc (le héros). Et que tout se mélange agréablement, la vie dépassant la fiction, comme tu le sais. Dieu sait où tu es, ce que tu fais ? N'es-tu pas enceinte au moins ? Si tu reviens vite, je m'occuperai de toi, sinon reviens vite quand même. Je m'ennuie de toi, mon vieux, c'est fou. Tu me trouveras changée, beaucoup plus drôle sans doute. Enfin rentre et dépêche-toi, la plaisanterie a assez duré ! Vive la rue de Constantinople (je t'aiderai à passer les premiers pénibles jours de ton retour).Kiki Françoise »
Voici le ton de la correspondance de la jeune Françoise Sagan à son amie chère, Véronique Campion. Après la publication de Bonjour Tristesse en 1954, Sagan découvre à dix-neuf ans le succès, le milieu littéraire et l'Amérique lors de la tournée mondiale organisée autour de son livre. Elle écrit ses émois, ses voyages et ses rencontres à coup de lettres enflammées et de télégrammes espiègles adressés à son amie restée en France. Cette correspondance joyeuse, mutine, adorable, fait déjà résonner la « petite musique » de tous les livres à venir. Une publication inédite qui donne à voir une nouvelle facette de l'écrivaine.
Dédié à celle qu'elle n'a jamais eue, Lettre à ma fille est une succession de courts textes décrivant les souvenirs qui ont façonné la vie exceptionnelle de Maya Angelou. Féministe avant l'heure, et après une enfance et une adolescence marquée par la violence, elle écrit avec le coeur de millions de femmes qu'elle considère comme ses soeurs de combat. La littérature la sauvera et l'amènera à être la première étudiante noire d'une école privée. Puis elle fréquentera le milieu intellectuel noir-américain et deviendra une grande militante de la condition des femmes noires. C'est grâce à l'écrivain James Baldwin qu'elle se mettra à écrire après la mort de Martin Luther King et deviendra l'auteure que l'on connaît aujourd'hui. Dans ce captivant récit, l'auteure nous fait partager ses combats et les épreuves qui ont forgé son caractère dans la compassion et le courage. Maya Angelou fut poète, écrivaine, actrice, enseignante et réalisatrice. En 2013, en tant que militante des droits civiques américains, elle a reçu le National Book Award pour « service exceptionnel rendu à la communauté littéraire américaine ». Elle est décédée le 28 mai 2014 à l'âge de 86 ans.
Hélène Berr, jeune fille juive dans Paris occupé, nous a bouleversés par son Journal publié en 2008. Arrêtée le 8 mars 1944, elle est déportée à Auschwitz et à Bergen-Belsen d'où elle ne reviendra pas. Depuis son adolescence, elle entretenait une correspondance avec sa camarade de classe et amie, Odile Neuburger. Voici leurs lettres échangées de l'été 1934 jusqu'au 1er mars 1944.
Elles sont cultivées, pétillantes, volontiers taquines, personne n'échappe à leurs commentaires. Mais, quand la guerre bouleverse leur vie, elles savent aussi être graves, sérieuses, courageuses. Écrire à Odile réconforte Hélène, recevoir une de ses lettres rompt son isolement. Au fil des pages se précise le portrait d'une jeune fille pudique, d'une extrême sensibilité, délicate dans son expression, d'une intelligence lumineuse qui nous touche et nous émeut. Hélène Berr est assurément une écrivaine.
Cette correspondance est un témoignage d'une richesse exceptionnelle sur le destin de deux familles juives dans la France de Vichy, et c'est aussi, sous la plume d'Hélène Berr, la révélation d'une réelle profondeur de pensée. L'interdiction de passer l'agrégation d'anglais, les restrictions imposées aux juifs, le port du « badge », l'étoile jaune, l'arrestation de ses amis et leur déportation vers une destination inconnue, l'indifférence de certains, la séparation avec le « garçon aux yeux gris » dont elle est tombée amoureuse, l'horrible pressentiment du destin qui la guette, autant de réflexions d'une rare intensité.
Un document pour l'histoire.
« Les contes de fées c'est comme ça.
Un matin on se réveille.
On dit : "Ce n'était qu'un conte de fées..."
On sourit de soi.
Mais au fond on ne sourit guère.
On sait bien que les contes de fées c'est la seule vérité de la vie. »
Antoine de Saint-Exupéry
Des lettres de condoléances ? Ce qui change tout et permet d'en faire un livre, c'est qu'un grand poète les a écrites et a trouvé les mots pour nous aider à assumer un deuil - peut-être qu'on ne s'y attendait pas de sa part. Et même s'il écrit qu'il trouve le mot consolation un peu léger, on osera dire que ses lettres font du bien et sont tout simplement consolantes. D'autant plus que nous avons parfois l'impression qu'il nous connaît et s'adresse à nous.
Le Guardian a fait l'éloge de ce livre à sa sortie en Angleterre, disant que c'était un trésor. Le mot est juste. Cette écriture chargée d'une humanité généreuse et réconfortante, nous prouve que l'on n'est plus dominé par les idées les plus noires dès lors qu'on les décrit, les consigne, les analyse, les enrichit philosophiquement - l'écrivain, dans ses pages, et nous, dans notre cerveau, une fois qu'on les a décodées grâce à lui.
Au début de l'année 1920, Friderike von Winternitz, une jeune et talentueuse romancière, devient l'épouse de Stefan Zweig, qu'elle connaît depuis 1912. C'est en femme résolue, aimante et « forte », comme elle le dit dans une des lettres qui précèdent leur mariage, qu'elle décide de l'assister dans sa vocation littéraire, mettant de côté sa propre carrière.
Jusqu'au début de l'année 1934, le couple et leurs filles vivent à Salzbourg puis leurs chemins se séparent : Stefan part vivre à Londres, où il tombe amoureux de sa secrétaire Lotte Altmann, tandis que Friderike reste en Allemagne. Après l'Anschluss, en 1938, le romancier divorce de Friderike, et au début de la guerre, se marie avec Lotte. Il n'en poursuit pas moins, jusqu'à son suicide à Rio en 1942, sa correspondance avec Friderike, lui confiant ses derniers tourments.
Au fil de cette abondante correspondance, la passion se mue en estime affectueuse. On y suit l'écrivain, de l'univers en décomposition du Monde d'hier, lieu de ses succès de jeunesse (cette Mitteleuropa dont il gardera toujours la nostalgie), aux années d'errance à travers une Europe ravagée par la barbarie nazie. La dernière lettre de Zweig à Friderike est écrite quelques heures avant son suicide : « Je suis certain que tu verras des temps meilleurs et tu me donneras raison de n'avoir pas pu attendre plus longtemps avec ma bile noire. »
Sur une photographie ancienne, il est cet enfant sage et mélancolique, déjà penché sur son livre... ' Tout au long de notre vie, écrit François Truffaut, nous devenons des personnes différentes et successives, et c'est ce qui rend tellement étranges les livres de souvenirs. Une personne ultime s'efforce d'unifier tous ces personnages antérieurs. ' Depuis sa première lettre de jeune cinéphile à Jean Cocteau, en 1948, jusqu'à sa disparition prématurée en 1984, c'est son goût commun pour la litt érature et le cinéma qui traverse cette Correspondance inédite.
Truffaut s'y réinvente une famille de coeur auprès de ses écrivains de prédilection (Genet, Cocteau, Audiberti, Louise de Vilmorin), sollicite des figures renommées de l'édition (Jean Cayrol, Marcel Duhamel, Robert Sabatier) et les auteurs qu'il veut adapter à l'écran (Maurice Pons, David Goodis, Ray Bradbury, Henri Pierre Roché, René-Jean Clot...).
Ce sont les coulisses de la création, les passions des tournages que l'on découvre ici, mais aussi les remises en question et les zones d'ombre d'un homme pressé, auquel le temps va cruellement manquer... Et c'est à son ami Jean Mambrino, le père jésuite rencontré en 1954 dans le sillage d'André Bazin, que Truffaut adresse ce dernier petit mot, quelques mois à peine avant sa mort : ' Bonne année 1984, mon cher Jean. Je remonte la pente, je lis vos poèmes, ils m'aident et vos signes d'amitié me touchent beaucoup, affectueusement vôtre, françois.
On trouvera ici l'intégralité des échanges conservés entre Lewis Carroll et Alice Liddell, ainsi qu'un choix de lettres à ses autres amies.
1911-1920 : la métamorphose d'Eugène Grindel en Paul Eluard.Annotées et enrichies d'un appareil critique, ces lettres de jeunesse nous plongent aux racines mêmes de l'oeuvre du poète...Adressées entre 1912 et 1920 à ses parents et à son premier grand ami, le relieur et éditeur A.-J. Gonon, ces
Lettres de jeunesse témoignent de la précoce vocation de poète de Paul Eluard. En 1912, il a seize ans quand il quitte l'école pour aller soigner sa tuberculose au sanatorium de Clavadel, en Suisse. C'est là, dans cette station cosmopolite des Alpes, qu'il rencontre une jeune fille russe du nom de Gala. Elle va faire basculer son existence.
Au fil des lettres se lisent l'épreuve de la maladie, et la terrible expérience de la guerre : en 1914, Paul est mobilisé, ainsi que son père. Il sera infirmier au front, puis, à sa demande, servira comme combattant avant d'être de nouveau hospitalisé. Il publie plusieurs recueils de poèmes. Sa révolte face à la misère, à la souffrance, au malheur s'accompagne de cette découverte de la solidarité dans le bonheur qui ne se démentira jamais.
" J'ai eu longtemps un visage inutileMais maintenantJ'ai un visage pour être aimé,J'ai un visage pour être heureux. "Extrait d'une lettre à A.-J. Gonon, le 13 novembre 1918
Ces {Lettres, }écrites entre 1873 et 1890, sont le témoignage déchirant d'un homme sur sa peinture. Van Gogh en sa genèse, Van Gogh en ses couleurs, travaillant sans relâche. L'homme à qui s'adresse un tel déchaînement de lucidité se prénomme Théodore, marchand de tableaux "apôtre" qui envoie à son grand frère tubes, brosses, toiles et argent -- quand c'est possible.
Éloge de l'amitié.
Quoi de plus libre et précieux que l'amitié ? Bernard Pivot en sait la valeur, lui qui a le bonheur de compter des amis fidèles, certains de toute une vie.
On connaît le critique littéraire, on découvre ici l'ami qui s'est toujours gardé de confondre attachement sincère et copinage. Une tâche délicate quand votre influence vous attire les faveurs... Mais Bernard Pivot en sait trop sur l'amitié pour se laisser duper. Dans son panthéon intime, on croise des camarades d'enfance et de lycée, des journalistes, des comédiens, quelques écrivains et un seul éditeur. Des élus, à jamais dans son coeur.
Dans ces pages vibrantes d'émotion et de sincérité, Bernard Pivot nous permet d'approcher au plus près cette mystérieuse alchimie entre deux êtres. On a peu de vrais amis. Ceux que Bernard Pivot célèbre ont changé sa vie. Et en parlant d'eux, il nous dit beaucoup de lui.
« Mon amour pourrait emplir dix siècles de feu, de chants et d'exploits - dix siècles entiers, immenses et aériens, pleins de chevaliers gravissant des montagnes ardentes, de géants légendaires, de Troie en fureur, de voiles orange, de pirates et de poètes. »
Dans les plus belles lettres à sa femme Véra, Vladimir Nabokov se révèle en amoureux adorateur et indéfectible, inventeur de génie des mots doux les plus fous, en filigrane de sa trajectoire d'écrivain.
Traduit du russe et de l'anglais par Laure Troubetzkoy
En mai 1897, à Munich, le jeune Rainer Maria Rilke rencontre Lou Andreas- Salomé, de quinze ans son aînée.
Le coup de foudre amoureux évoluera en une longue amitié et une puissante complicité artistique et humaine. « Toi seule sais qui je suis », lui écrit-il en 1903.
Cette sélection de lettres retrace l'histoire de ce lien unique entre deux âmes soeurs.
Traduit de l'allemand par Dominique Laure Miermont
« Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui. »
Au coeur de la luxueuse vie de cour à Versailles mais loin de ses proches, Madame de Sévigné prend plaisir à leur envoyer maintes lettres pour raconter le quotidien mondain de ses contemporains aristocrates et amis. Intrigues amoureuses, scandales politiques, menues anecdotes sur la cuisine et la mode sous le règne de Louis XIV : la marquise de Sévigné nous confie avec fraîcheur et intelligence toutes les petites histoires qui font la grande.
Le 29 mai 1851, dans l'Ohio, une femme hors du commun, Sojourner Truth, prononce un discours qui fera d'elle l'une des plus célèbres femmes de son époque et qui est aujourd'hui considéré comme un discours fondateur sur les questions du racisme et du féminisme. Ce discours, ainsi que plusieurs autres de ses interventions orales, sont réunies ici et introduites par l'historien Pap Ndiaye. Née de parents esclaves, abolitionniste afro-américaine et militante du droit de vote des femmes, Sojourner Truth (1797- 1883) est inscrite au National Women Hall of Fame.
Un livre d'humeur et d'humour qui s'adresse à tous ceux qui ont envie d'en savoir un peu plus sur l'Académie française, qu'ils rêvent ou non d'y entrer.Ce petit livre enjoué, ni libelle ni pamphlet mais plutôt défense et illustration de l'Académie française, a été publié une première fois en 2009 de façon anonyme, le malicieux " un des quarante " préférant laisser planer le doute quant à son identité. Avec l'accord de ses enfants, ce carnet est aujourd'hui réédité et révèle le nom de son illustre auteur, Jean Dutourd.
L'écrivain y décrit l'histoire, les us et coutumes, les arcanes et les moments savoureux de cette Académie qui est, selon lui, " le club le plus sélect et le plus fermé du monde, et cela dure depuis bientôt quatre cents ans. La Révolution elle-même, qui s'est acharnée si rageusement à effacer toute trace de l'Ancien Régime, n'est pas venue à bout de ce roc. " Jean Dutourd nous raconte sa tendresse et son attachement pour cette vénérable institution.
Ce livre d'humeur et d'humour, au style d'une limpidité toute classique, s'adresse à tous ceux qui ont envie d'en savoir un peu plus sur l'Académie française, qu'ils rêvent, ou non, d'y entrer.
Ce volume réunit les trente-quatre textes connus des prises de parole publiques d'Albert Camus, s'achevant sur la transcription inédite de son allocution au dîner de L'Algérienne, le 13 novembre 1958 à Paris. D'une conférence à l'autre, l'écrivain diagnostique une "crise de l'homme", s'attache à redonner voix et dignité à ceux qui en ont été privés par un demi-siècle de bruit et de fureur. C'est bien de civilisation qu'il s'agit ici. Pour Albert Camus, il y a un métier d'homme, à la mesure de chaque individu, qui consiste à s'opposer au malheur du monde afin d'en diminuer la souffrance. Et l'écrivain ne saurait se soustraire ni à cette discipline, ni à cet honneur : "J'aime mieux les hommes engagés aux littératures engagées, écrivait Albert Camus dans ses Carnets. Du courage dans sa vie et du talent dans ses oeuvres, ce n'est déjà pas si mal."
L'entrée de Barack Obama à la Maison-Blanche en 2009 a marqué un tournant dans l'histoire des États-Unis. Il s'est notamment imposé au fil des ans comme un orateur hors pair, et nombre de ses discours demeurent en mémoire. Cette anthologie en rassemble huit. Dans une langue tour à tour déterminée, grave ou encore exaltée, Barack Obama n'a de cesse de réaffirmer son amour et sa confiance en son pays et ses habitants et, quelles que soient les circonstances, de toujours véhiculer un message porteur d'espoir, à l'image de son slogan : Yes, we can !
"Parce que le plus puissant vocable de notre démocratie, c'est ce "Nous". "Nous, le peuple." "Nous vaincrons." "Oui, nous pouvons." Ce mot, personne ne le possède. Il appartient à tous. Oh, quelle glorieuse mission nous a-t-on confiée, de tâcher sans cesse d'améliorer ce grand pays qui est le nôtre !"
"M. François Sureau, ayant été élu à l'Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Max Gallo, y est venu prendre séance le jeudi 3 mars 2022, et a prononcé le discours suivant : Mesdames et Messieurs de l'Académie, Avant de m'asseoir parmi vous, suprême récompense des talents incertains d'eux-mêmes, laissez-moi rester quelques instants debout parmi les vivants et les ombres. Aux vivants je dois ce remerciement que je ferai tout à l'heure. Quant aux ombres, je voudrais faire apparaître, bien sûr, celle de La Fontaine, qui fut un moment avocat à Paris et reste à jamais le plus vivant d'entre nous, lui qui dormait vingt heures sur vingt-quatre et ne se réveillait que pour la poésie et pour l'amour ; mais l'ombre aussi de Chateaubriand exposé pour toujours au silence et au vent de la mer, et celle de Deniau revenant du Panshir, et celle de Jean d'Ormesson parlant d'Augustin avec Ayyam Wassef, et j'étais ébloui, et cet éblouissement n'a pas cessé. Je m'en serais voulu d'annexer ainsi, à l'instar d'un député des candidatures multiples, d'autres fauteuils que le mien, si je ne m'étais souvenu que l'Académie, c'est une Compagnie dans laquelle on entre, et non une circonscription dont on hérite..."
Ce volume rassemble le discours de réception de François Sureau à l'Académie française et la réponse de Michel Zink.
Quand Proust rencontre Anna de Noailles à la fin du XIXe siècle, celle-ci est auréolée d'une gloire à la fois poétique et mondaine, que viennent encore rehausser sa jeunesse et sa beauté. Avant même de connaître ses poèmes, le romancier semble séduit par cette jeune partisane de la cause dreyfusarde, avec qui il partage une constitution fragile qui fera d'eux des reclus magnifiques. De 1901 à 1922, ils entretiennent une correspondance qui témoigne de leur amitié et de leur commune admiration, de la façon dont ils se sont lus l'un et l'autre et de leurs influences respectives.
Franz Kafka connut d'abord Milena comme traductrice : elle établissait la version tchèque de quelques-unes de ses proses courtes. Ces relations se transformèrent en une liaison passionnée dont les lettres permettent de suivre le progrès. Cette passion ne dura qu'un instant, elle tient en quelques mois à peine.
Les lettres racontent d'un bout à l'autre ce roman d'amour, orgie de désespoir et de félicité, de mortification et d'humiliation. Car quelle qu'ait pu être la fréquence de leurs rencontres, leurs amours restent essentiellement épistolaires comme celles de Werther ou de Kierkegaard.
Milena est morte vingt ans après Kafka, dans le camp de concentration de Ravensbrück.
André Gide a écrit, au cours de sa vie, des milliers de lettres adressées à plus de deux mille correspondants. Peu avant sa mort, il a déclaré : 'Je faisais métier de mon amitié. C'est un métier fatigant qui requiert des soins assidus. Je m'y usais. J'écrivais peu à chacun, mais j'écrivais à beaucoup.' Par ses lettres, Gide rassemble autour de lui la diversité de l'humaine condition, dont il s'efforce de tirer le meilleur. De Pierre Louÿs à Camus, en passant par Aragon, Breton, Giono, Léon Blum, Rilke, Colette, Proust ou Cocteau, cette correspondance est le reflet idéal de plus de soixante ans d'histoire littéraire.