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CEDEJ - Égypte/Soudan
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Comment l'Égyptien d'aujourd'hui perçoit-il ses ancêtres d'avant l'Islam ? Pour répondre à cette question de façon précise et complète, il faudrait examiner divers éléments : les livres écrits ou diffusés en Égypte, les romans, pièces de théâtres, films et autres feuilletons d'inspiration pharaonique proposés par les producteurs, sans oublier la tradition orale qui, bravant la double rupture du Christianisme et de l'Islam, remonte souvent dans son inspiration jusqu'aux temps pharaoniques. Mais, pour qui converse avec des Égyptiens, cette tradition paraît aujourd'hui bien mince, sinon mythique. Les propos sur les premiers Égyptiens frisent souvent l'affabulation : la connaissance de l'histoire pharaonique et, plus généralement, préislamique est souvent peu étendue, quand elle n'est pas inexacte, même chez des gens « cultivés ». Il faut ajouter à cela le fait que la question religieuse est d'une grande importance dans ce domaine. Un Musulman et un Chrétien n'ont pas la même vision de leur passé lointain. Les Coptes (Chrétiens d'Égypte) se considèrent comme les descendants directs des anciens Égyptiens ; ils ont généralement un intérêt plus poussé que celui dont témoignent les Musulmans pour cette époque tandis que ces derniers mettent fortement l'accent sur l'histoire islamique. Dans ce contexte, et au-delà de ces considérations vagues et sans cesse répétées, il a paru intéressant d'examiner le rôle que pouvait jouer l'enseignement de l'Histoire dans cette perception en s'appuyant pour cela sur des manuels scolaires consacrés à l'époque pré-islamique.
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En dehors de l'État, les waqfs n'étaient-ils pas dans l'ancien droit musulman les seules personnes morales ayant un patrimoine autonome affecté à un but statutaire se situant fréquemment dans le champ d'action qu'occuperont progressivement les services publics ? Si au fur et à mesure du développement de l'intervention de l'État les biens waqfs perdent leur domaine d'affectation, ils représentent cependant toujours un enjeu économique important - tant pour l'État qui songe à en faire l'instrument de sa politique sociale ou économique, que pour les gestionnaires qui ont de tout temps vu dans les biens de main-morte une occasion de profits faciles. Il n'est pas étonnant de constater que le flux des revenus annuels est fort réduit alors que le « stock » semble conserver une certaine valeur économique pouvant le cas échéant se transformer en moyen d'action politique. Il n'est donc pas étonnant de constater que les waqfs sont encore un enjeu à ce niveau.
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Modernisation et nouvelles formes de mobilisation sociale. Volume II : Égypte-Turquie
Juridiques Et Sociales Centre D'Etudes Et De Documentation Economiques
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 29 Juin 2015
- 9782905838612
Mettre en doute les images réciproques héritées et relativiser à l'aune des spécificités les effets d'une commune appartenance au monde de l'islam. Du coup, c'est bel et bien au coeur d'une démarche comparative « classique » qu'on s'est retrouvé. C'est précisément contre l'évidence des termes de la comparaison, de ses cases pour ainsi dire, qu'il fallait redoubler d'exigence, pour éviter les explications à l'emporte-pièce, les parallélismes douteux, tout en prenant acte et de la profondeur historique et des aléas de la proximité. En effet, aux objets de la comparaison en tant que tels, identifiés au sein de chacune des deux sociétés concernées, s'ajoute la dimension relative aux rapports que les deux sociétés entretiennent avec leur histoire commune. Rapport dont la double inscription dans le temps et l'espace ne peut que s'imposer à qui cherche à mettre face à face l'Egypte et la Turquie. Ne serait-ce que parce que l'acte fondateur des deux États-Nations est le même : le démantèlement de l'empire ottoman. Partir de là permet de mieux repérer les expériences contrastées, la construction des images réciproques et de mieux comprendre selon les termes d'Elizabeth Picard que « la Turquie servait de repoussoir à tout ce que les Arabes redoutent pour leur propre futur et les pays arabes de repoussoir à un passé auquel beaucoup de Turcs veulent échapper ».
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L'ouvrage évoque la figure de Morcos Fahmy, à travers la biographie que sa propre fille a rédigée. Le récit, reconstitution d'une carrière mêlée de souvenirs personnels et d'hommages, retrace la vie d'un avocat, de confession copte, membre du barreau durant l'entre-deux-guerres. Il reprend les principaux moments d'une existence, avec ses hauteurs et ses dépressions. Il met en relief le côté professionnel, les nombreuses affaires dont l'avocat s'est occupé, les causes qu'il a défendues. Il présente aussi l'engagement politique au lendemain de la première guerre mondiale, sans que cela débouche sur une affiliation partisane. Il dégage enfin le réformisme social d'un homme préoccupé du statut de la femme en Orient, comme de la pénalité de l'adultère. À travers l'étude d'un cas, se reconstituent moins une époque ou une société que des jeux d'influence entre individus, groupes. forces ; les interconnexions entre le juridique (civil et pénal), le politique, le social et le religieux ; les effets de miroirs entre passé et présent, personnage et portrait ou sujet et récitant. Ainsi une histoire individuelle s'inscrit-elle dans une histoire nationale...
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« Mabruk Que Dieu vous le laisse... » En Égypte, un enfant naît toutes les vingt secondes. La population s'accroît à un rythme inquiétant Les pouvoirs publics ont pris conscience de ce problème dès 1953 et se sont de plus en plus mobilisés pour tenter de persuader les parents de limiter les naissances. Mais, après des débuts prometteurs, le succès des campagnes de planning familial a diminué et la natalité reste élevée. Il a semblé intéressant d'en rechercher les raisons ainsi que d'évaluer dans quel climat et dans quelles conditions tous ces enfants viennent au monde. Ce fut un des objectifs d'un travail de terrain plus vaste mené au Caire dans tous les milieux socio-culturels.
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Entre réforme sociale et mouvement national
Collectif
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 20 Septembre 2013
- 9782905838704
L'objectif poursuivi par la présente publication, qui livre les actes d'un colloque réuni au Caire en décembre 1992 sous les auspices du CEDEJ, de l'IFAO et de l'IREMAM sur le thème de la « Réforme sociale en Égypte », ne saurait être, bien sûr, de prendre parti dans ce procès de réécriture de l'histoire de l'Égypte contemporaine : enjeux idéologiques et enjeux scientifiques de ce processus ne sauraient être confondus, même s'il apparaît, à l'usage, souvent bien difficile de les dissocier dans nos démarches effectives de recherche. Tout au plus se proposera-t-on de montrer ici comment le débat sur la réforme de la société constitue le terrain où s'affrontent - prospectivement et rétrospectivement, du point de vue de l'histoire à faire et de l'histoire faite - les différents « scénarios » imaginés par les forces en présence pour dire ce que doit, devrait ou aurait dû être une voie proprement égyptienne vers la modernité, enjeu (idéologique/scientifique) commun des protagonistes de ce débat.
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L'enseignement en Égypte est un problème dont l'ampleur n'a d'égale que celle de la population à scolariser. Dès lors en aborder toutes les facettes au cours d'un seul séminaire ne pouvait être qu'une gageure. Conscients de ces limites les participants se sont efforcés dans leurs communications de n'aborder qu'une dimension spécifique de la question de l'enseignement. Cette approche nous permet de publier un dossier qui n'est certes qu'un élément de plus dans l'analyse de ce problème fondamental pour le développement de l'Égypte mais qui, dans le même temps, comporte avec les conclusions des spécialistes, un certain nombre de données significatives de la dimension de ce problème comme de son évolution.
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Cet ouvrage reprend la matière des conférences et discussions qui eurent lieu lors d'une journée d'étude organisée par le CEDEJ. La thématique principale en était la question de l'autoritarisme, comme catégorie analytique mais aussi en tant que concept opératoire pour l'étude des sociétés du monde arabe aujourd'hui. Sur ce thème, les interventions de Michel Camau et Luis Martinez ont en commun d'apporter des éclairages et d'étoffer la réflexion, à partir de deux entrées différentes. Si l'un parle de consolidation, l'autre pose la question de la violence comme épreuve critique, voire ultime, de l'autoritarisme.
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L'effendiyya ou la modernité contestée
Lucie Ryzova
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 19 Avril 2013
- 9782905838742
Dans l'Egypte de l'entre-deux guerres émerge une nouvelle catégorie sociale : l'effendiyya. Les jeunes hommes qui la constituent - les effendîs - affichent les signes d'une modernité incontestable : diplômés, habillés à l'occidentale, portant le tarbush, ils sont férus de cinéma et grands consommateurs de presse. Conscients du rôle qu'ils sont amenés à jouer pour l'avenir de leur pays, ils tentent de prendre une part active à la vie politique. Mais comment trouver sa place dans une société dominée à la fois par une élite attachée à ses privilèges et par l'occupant britannique ? Comment devenir « moderne » et acquérir une vie meilleure quand la tradition pèse si lourd et que le diplôme mène au chômage ? À travers l'analyse de documents d'époque, Lucie Ryzova brosse le portrait de cette effendiyya prise entre deux mondes et dont la position ambiguë la conduira à devenir l'agent principal des bouleversements sociaux qui marquent la fin de la monarchie.
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Le domaine oriental est devenu peu à peu spécifique depuis le début du XIXe siècle. Ses misères lui appartiennent comme ses splendeurs, ses façons d'être hostile à l'étranger et violent vis-à-vis de l'ennemi comme d'accueillir le visiteur ou de recevoir l'hôte sont uniques. On n'y connaît point l'art de peindre mais celui de bâtir et d'enjoliver. Le roman y est moins pratiqué que le conte. Les hommes s'y montrent ombrageux et les femmes se cachent... Ainsi se sont élaborées les multiples catégories de la double différenciation : essentielle et fonctionnelle, avec son système du sérail, sa structure sultanale et son organisation hiérarchisée et communautaire... Dans ce contexte, il n'est pas extraordinaire que le voyage en Orient ait participé des mêmes visions. D'autant qu'à l'extériorité s'est ajouté l'exotisme. Avec des effets pervers, notamment de faire passer l'Orient du statut d'objectif à celui d'objet. Explorateurs, découvreurs, "traverseurs" ont d'abord ramené plans, notes, relations et récits, destinés à éclaircir ou amuser ceux qui n'avaient pu se déplacer. Aux transports, en vue de descriptions et d'études, ont ensuite succédé les déplacements, les croisières, les traversées, les visites de lieux où l'éloignement, le dépaysement, le délassement, tenaient une part grandissante. Le voyageur s'est plus préoccupé de satisfaire son plaisir et de préparer son trajet que des pays visités, des gens rencontrés. Carnets et souvenirs se sont fait plus légers. L'auteur du voyage préoccupé de lui-même plus que de ce qu'il trouvait sur son chemin, est devenu transitaire, passager, avant de s'imposer comme touriste. Voyager en Orient, à notre époque, n'est plus explorer pour découvrir, mais passer pour voir, avoir vu en réalité. Et passer vite : plus question de remonter le Nil à la voile, en dahabiyah ou en felouque, jusqu'à Assouan ; de là, Abu Simbel se visite entre deux avions, en une heure de temps. L'Orient, on s'y rend moins qu'on en revient.
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ONG et autoritarisme au Soudan : l'eau en question
Micael Negre
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 19 Avril 2013
- 9782905838797
Issue d'un mémoire de DEA de science politique comparative, cette étude se propose d'apporter un éclairage sur la rencontre du cadre institutionnel réformé du Soudan et du cadre doctrinaire promu par les grands bailleurs de fonds internationaux et mis en oeuvre, plus ou moins directement, par les ONG sur place. Elle cherche, dans un premier temps, à donner la mesure des réformes engagées par le régime soudanais en insistant particulièrement sur la réforme de la politique hydraulique. Dans un deuxième temps, l'analyse porte sur un projet de développement local mené en périphérie de Khartoum et démontre comment ce dernier est la résultante, tout à la fois, du cadre institutionnel soudanais, marqué par l'autoritarisme, et du cadre dogmatique, promu par les acteurs de l'aide au développement.
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1919-1952 : de la révolution avortée du peuple égyptien au coup d'État réussi des Officiers libres. Trente années au cours desquelles se précisent peu à peu les traits de la société égyptienne moderne, forgés dans la lutte contre l'occupant britannique et la montée des aspirations à la dignité. Trente années qui, dans la vie des individus, signifient le passage de l'enfance à l'âge adulte. Le récit de Sayyid `Uways se situe à la jonction même de ces deux logiques : celle des aspirations collectives dont il se fait le témoin, celle de la quotidienneté individuelle, dimensions du vécu dans lequel elles se réalisent ou avortent. Peut-être est-ce d'appartenir à ce qui fut, au sens fort du terme, une génération sacrifiée - une génération pionnière - qui dicte à Sayyid `Uways cet irrépressible désir de vérité et de sincérité ?
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Sacd Zaghlûl : "Lieu de mémoire" du nationalisme égyptien
Anne Clement
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 19 Avril 2013
- 9782905838759
Le 13 novembre 1918, Sacd Zaghlûl, juriste et homme politique égyptien, prend la tête d'une délégation qui sollicite du Haut Commissaire britannique l'autorisation de se rendre à la Conférence de la Paix à Paris afin d'y exposer les revendications d'autodétermination de l'Égypte. En réponse à cette initiative, Zaghlûl est arrêté et exilé par les autorités britanniques. Il devient alors l'incarnation du peuple égyptien en lutte contre l'oppression de la puissance coloniale. Le soutien que lui manifeste la population se traduit par une longue période de troubles qui culmine avec la révolution de 1919 et contraint les Britanniques à le libérer. De 1924 à sa mort en 1927, « le Père du peuple égyptien » poursuivra inlassablement son combat pour l'indépendance de son pays. À partir des archives de la presse partisane, cet ouvrage examine la manière dont, entre 1927 et 1952, les différents héritiers politiques de Zaghlûl ont utilisé, déformé, transformé la mémoire de ce personnage riche et plein d'ambiguïtés, l'érigeant ainsi en véritable « lieu de mémoire ». En se fondant sur l'étude de neuf ouvrages de type biographique, ce travail de recherche suggère également une analyse de l'évolution des référents identitaires et des valeurs nationales promus au seirt de la société égyptienne durant cette période. Restituant ainsi des processus de transformation en profondeur de l'imaginaire nationaliste, cette étude contribue à mettre en évidence d'importantes continuités et à nuancer la thèse d'un shift du nationalisme égyptien dans les années trente.
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Cet ouvrage, le seul existant sur le problème du logement en Egypte, est à la fois un essai critique et un témoignage vécu des enjeux et des conflits qui se sont noués autour de ce problème entre 1984 et 1986. Pour qui s'intéresse à l'habitat et au mieux-être des hommes, ignorer Milad Hanna c'est agir sans réfléchir. Le CEDEJ, en décidant de le faire traduire et de le publier, contribue non seulement à faire connaître aux chercheurs francophones un des aspects de la crise urbaine en Egypte, mais à diffuser auprès d'un public plus large, les doctrines d'un visonnaire qui énonce les règles devant régir la société future.
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Modernisation et nouvelles formes de mobilisation sociale. Volume I : Égypte-Brésil (1970-1989)
Juridiques Et Sociales Centre D'Etudes Et De Documentation Economiques
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 29 Juin 2015
- 9782905838605
Pourquoi sommes-nous si fascinés par les mouvements communautaires, pourquoi éprouvons-nous le besoin pressant de les constituer en objet, et peut-être même en catégorie centrale de l'analyse sociologique ? La réponse est certainement liée à un constat historique : partout, dans le monde, nous assistons à l'essor de luttes qui mettent en déroute ce qui pouvait nous rester encore d'illusion évolutionniste. Longtemps, la sociologie a été dominée par l'idée d'un progrès général de l'histoire, dont le mouvement d'ensemble faisait passer les collectivités humaines, tôt ou tard, du stade de la communauté à celui de la société. Tnnies, Durkheim ou Max Weber, puis la plupart des autres fonctionnalistes ont cru dans cette marche où s'opérait le triomphe de la Gesellschaft sur la Gemeinschaft, le passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique, le désenchantement du monde ou encore l'avancée des sociétés, à la queue leu leu, sur les rails du progrès, de l'industrialisation et de la démocratie. Cette grande marche n'était pas nécessairement harmonieuse, et ne laissait pas d'inquiéter ces mêmes sociologues, qui s'interrogeaient, parfois anxieux, sur les risques d'anomie et de décomposition sociale ou sur « la cage de fer » dont parle Max Weber. Mais l'inquiétude ne portait assurément pas sur la réalité massive que nous découvrons, ou redécouvrons : la poussée de mouvements qui semblent, à première vue, emprunter un chemin qui inverse le cours de l'histoire et aller dans le sens d'un retour à des sociétés communautaires.
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Mémoires d'un souverain, par Abbas Hilmi II, Khédive d'Égypte (1892-1914)
Abbas Hilmi Ii
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 21 Mars 2017
- 9782905838711
Les Mémoires d'un souverain du khédive Abbas Hilmi (1892-1914) qui sont présentés ici dans leur version originale, en langue française, posent bien des problèmes qu'on ne peut pas ne pas évoquer brièvement. Il s'agit d'un texte dactylographié dont on ne connaît pas d'original manuscrit. L'Avertissement (qui est peut-être dû à Khalifa Boubli, secrétaire privé de l'ex-khédive, et signataire de Y Avant-propos) indique que le « texte original » a été réparti en chapitres, suivant les indications que le souverain a lui-même données « dans la marge de son manuscrit », et que des notes de sa main ont été insérées à leur place respective. Mais de cette version première du texte nous ne savons rien. La dactylogramme dont nous disposons a fait l'objet de corrections assez nombreuses effectuées par plusieurs relecteurs, mais apparemment non par le khédive, si l'on compare les écritures aux autographes du souverain. Khalifa Boubli ne donne aucune indication sur la manière dont le texte primitif a été rédigé : on peut supposer qu'il a été dicté.
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La révolution iranienne dans la presse égyptienne
Mohga Machhour, Alain Roussillon
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 21 Mars 2017
- 9782905838520
Le présent dossier se donne pour objectif de présenter au lecteur les différentes prises de position que la révolution iranienne et l'instauration d'une République islamique en Iran ont suscitées en Egypte, telles qu'elles s'expriment dans les publications des principaux courants de la vie politique égyptienne. Il n'y aurait cependant pas eu grand intérêt à nous borner à mettre en évidence les grands clivages que le soutien ou l'hostilité au régime de l'Imam Khomeyni déterminent sur la scène égyptienne. Ainsi, nous n'avons pas tant cherché à souligner la position de tel ou tel dirigeant, de tel ou tel parti ou organisation, qu'à rendre sensibles les modalités et les enjeux de ces prises de position. En d'autres termes, nous avons choisi de nous intéresser aux raisons invoquées, aux légitimités au nom desquelles, en Egypte, on accorde ou on refuse son soutien à l'Iran de la révolution islamique. Nous nous sommes efforcés de montrer comment chacune des forces en présence sur la scène politique égyptienne a pu utiliser la révolution iranienne pour réaliser des objectifs propres ou pour formuler sa vision stratégique du rapport des forces dans la société égyptienne et au niveau du monde arabo-islamique en général. La révolution iranienne reste à définir. Les textes que nous présentons s'y emploient et, ce faisant, leurs auteurs sont amenés à préciser leur conception du statut de l'Islam dans la société, dans l'Etat et au niveau des relations internationales.
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La lutte contre les stupéfiants en Égypte
Alain Roussillon
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 21 Mars 2017
- 9782905838544
« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés... » La pertinence de la métaphore médicale qui s'impose à la presse égyptienne pour traiter du problème de la drogue en Égypte se justifie de divers points de vue. D'une part, elle désigne le caractère « endémique » du phénomène, en même temps que le fait qu'il passe par différentes phases : l'Égypte a expérimenté, depuis le début de ce siècle, diverses formes de toxicomanies qui correspondent, dans l'analyse qu'en fait la presse, aux différentes phases d'une seule et même « épidémie ». Le haschisch, permanent dans le paysage égyptien depuis des temps immémoriaux, à propos duquel Clot bey écrivait déjà, au début de ce siècle : « Les Égyptiens sont, de toutes les races, la plus portée au haschisch, dont les effets répondent aux qualités propres et à la nature de ce peuple et au goût qu'il manifeste pour tout ce qui est étrange ou merveilleux. » L'opium, presque aussi constant, mais dont le coût plus élevé restreint quelque peu la propagation. Après la première guerre mondiale, la cocaïne et l'héroïne font dans le pays une première incursion, dans les classes enrichies par le boom du coton, mais aussi dans l'embryon de prolétariat égyptien employé dans les filatures ou le bâtiment. On raconte même que certains entrepreneurs peu scrupuleux payaient leurs ouvriers pour partie en cocaïne, d'une part, pour augmenter leur productivité, et d'autre part, pour se les attacher plus sûrement. Depuis le début des années 70, du fait de la flambée des prix des stupéfiants « naturels », occasionnée par une série de campagnes de répression, de nouveaux produits « de synthèse » ont envahi le marché - amphétamines, Maxiton, psychotropes divers, consommés seuls ou en « cocktails » - ainsi que, ces derniers temps, l'héroïne elle-même, qui effectue un retour en force en Égypte, si l'on en juge par la multiplication des saisies opérées par les services de répression.
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La campagne de contrôle des naissances en Égypte
Marie-Christine Aulas, Hoda Youssef Fahmi, Amira Machhour
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 21 Mars 2017
- 9782905838551
De mémoire d'Egyptien, le pays n'a jamais connu une telle campagne d'information. Sur les murs, les autobus, sur les écrans de télévision et de cinéma, sur les ondes de la radio nationale comme dans les pages des journaux et des magazines, les thèmes choisis par l'Organisation Gouvernementale du Planning Familial martèlent l'ouïe et la vue du citoyen. Quand ce n'est pas les multiples gadgets - stylos, sous-verre, porte-clefs etc... - qui viennent rappeler : « regarde autour de toi » ou bien : « c'est ton choix ». Le souci du contrôle des naissances paraît permanent en Egypte depuis le début de cette campagne d'information commencée en février 1980 et qui se poursuit par étapes. Et les moyens mis à la disposition de cette vaste entreprise ne sont pas moins considérables... ils ont été augmentés au cours de l'hiver 1981, au point d'être presque doublés. Nul n'ignore le problème démographique que connaît l'Egypte : les statistiques le mesurent, chacun le vit. Le but de l'Organisme Général du Planning Familial est donc clair : il s'agit de porter remède à la croissance de la population en alertant le citoyen. Après d'autres pays du Sud, l'Egypte entre, à son tour, dans la lutte pour le contrôle des naissances.
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Un siècle de recensements en Égypte (1882-1996)
Francois Moriconi-Ebrard, Hala Bayoumi
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 5 Novembre 2019
- 9782900956038
Ce fascicule, édité la première fois en 2003, est le livret d'accompagnement du cédérom « Un siècle de recensements », lui-même issu d'une coopération de dix ans entre la Central Agency for Public Mobilization and Statistics (CAPMAS) en République arabe d'égypte et le Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ), une Unité mixte française de recherche à l'étranger (UMIFRE), implantée au Caire. Le projet de recherche, initié en 1993, visait la création d'une base de données démographiques et socio-économiques de l'Égypte en procédant au géocodage et au géo-référencement des données statistiques. L'entreprise démarra grâce aux ressources de la bibliothèque du CEDEJ, abritant les livres rares des recensements de la fin du xixe siècle (1882, 1897) et du début du xxe siècle, et grâce au partenariat entre le CEDEJ et le CAPMAS, scellé en 1997. Environ 8,5 millions de données statistiques ont été saisies, 5600 entités géo-administratives localisées et minutieusement cartographiées (villes, villages, quartiers de villes) avec leur hiérarchie administrative et ce, sur douze recensements de la population égyptienne, effectués entre 1882 et 1996.
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Maurice Martin (1915-2004) fut un homme d'Église à sa façon singulière. Jésuite, il vécut plusieurs décennies au Caire, où il enseigna dès les années 1960 la philosophie. Il côtoya la jeunesse cairote des écoles, les fellahs et les intellectuels. Il arpenta la campagne égyptienne et il observa la vie urbaine. S'il répertoria les traces d'un passé antique, il fut également un observateur curieux et attentif de l'Égypte post-nassérienne, celle des années 1970 et 1980. Témoin des événements, il s'intéressa à la société qui l'entourait, et à laquelle il consacra de nombreux articles à partir des années 1970. C'est ce regard qui est au coeur de cet ouvrage. L'ensemble des textes réédités livre un aperçu de l'évolution de la société à travers la chronique d'un témoin au regard particulier. Les analyses fines et riches du père Martin conservent une indéniable actualité en 2018, à l'heure de la contre-révolution, de la redéfinition des enjeux migratoires et des réformes mises en oeuvre par le Fonds monétaire international. Ce recueil est, à de multiples égards, une source passionnante et stimulante pour les chercheurs ou les amateurs de l'histoire contemporaine égyptienne.
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Etre femme en egypte, au maroc et en jordanie
Alain Roussillon, Fatima Zahra Zryouil
- CEDEJ - Égypte/Soudan
- 1 Mars 2017
- 9782905838919
Loin d'établir un énième bilan des avancées et des reculs de la place des femmes dans le monde arabo-musulman, les auteurs étudient comment la « question féminine » est révélatrice de l'état global des sociétés égyptiennes, marocaines et jordaniennes. Les volontés émancipatrices de la femme provoquent le débat. Cependant, le clivage n'est pas aussi net entre les « modernistes » et les « traditionalistes ». La mouvance islamique est à la fois un lieu de résistance aux changements et un terreau où s'expérimentent des formes d'affirmation de la condition féminine. Néanmoins, une fracture existe entre des élites féministes, dites « occidentalisées », et les courants islamistes, qui trouvent écho dans de larges secteurs de la population féminine.
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Jeunesse arabe : menace, ou promesse ? Fardeau, ou porteuse du flambeau ? Êtres fragiles à moraliser, victimes à indemniser, masse grondante à maîtriser, « capital social » ou richesse de la nation ? Experts et politiques alimentent un peu partout le débat. Les sciences sociales ne peuvent que mettre à distance ces discours tout en reconnaissant qu'elles s'inscrivent pleinement dans les savoirs que produisent les sociétés sur elles-mêmes. Ce livre n'est pas un nouvel essai sur les maux de la jeunesse. On n'y trouvera ni dénonciation, ni compassion ni pronostics. Au travers des neuf contributions qu'il regroupe, les auteurs se penchent plutôt sur la jeunesse dans les sociétés arabes comme objet de savoirs, comme catégorie ou comme problème social. Il s'agit en définitive dans cet ouvrage de mieux comprendre les évolutions du monde arabe aujourd'hui à travers les espoirs de sa jeunesse.