FeniXX réédition numérique (Plon)
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Le 10 mai 1940 à 6 heures du matin dans le P.C. du général Gamelin à Vincennes est mis en branle le grand mécanisme de la guerre. Le 14 mai à 3 heures du matin au P.C. du général Georges à La Ferté-sous-Jouarre, parvient la nouvelle - erronée à cette heure - de l'effondrement du front de Sedan. Le 19 mai au même endroit le général Gamelin donne sa dernière directive. Le même jour le général Weygand prend le commandement et tente de redresser la situation. Dans toutes ces circonstances dramatiques, le général Beaufre - alors capitaine - était là. Il devait assister heure par heure à l'incroyable déroute des esprits et des armes qui livra la France aux Allemands. Son récit est d'autant plus précieux que ses fonctions d'alors, en le plaçant au centre nerveux de notre armée, faisaient de lui un des témoins majeurs de cette tragédie. Mais le général Beaufre ne se contente pas de rapporter les faits auxquels il a assisté en ces jours les plus noirs de notre histoire. Il en montre la genèse. Pour lui le désastre avait des racines lointaines, qui remontaient à la conclusion de la première guerre mondiale, et il place la véritable démission de la France en mars 1936, alors qu'il était encore temps d'arrêter l'hitlérisme naissant, sur lequel plus personne ne pouvait se faire d'illusions. Autant qu'une information incomparable, la qualité première de ce livre est la lucidité : celle d'un soldat inquiet de l'avenir et qui souhaite tirer tous les enseignements du tragique passé dont nous sortons à peine.
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De Gaulle, Israël et les Juifs
Raymond Aron
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- Tribune libre
- 24 Novembre 2017
- 9782259261678
Avant d'écrire « Le temps du soupçon », commentaire de la dernière conférence de presse du Président de la République, j'ai longuement hésité. Si certaines voix s'étaient élevées, si François Mauriac ou André Malraux avaient répondu au général de Gaulle ce qu'ils auraient répondu à tout autre homme d'Etat tenant de pareils propos, je serais resté au dehors d'un débat dans lequel je ne puis m'engager en toute sérénité. Aucun des écrivains, honneur des lettres françaises, n'a parlé. Je me suis donc résolu ou résigné à plaider contre un réquisitoire d'autant plus insidieux qu'il demeure camouflé. J'ai pensé que ce témoignage ne prendrait sa pleine signification qu'à la condition d'y joindre les articles publiés pendant la crise du printemps 1967 et deux études sur Israël et les Juifs, écrites en 1960 et 1962, à l'époque où l'alliance franco-israélienne assurait aux Français d'origine juive une sécurité morale dont les privent, aujourd'hui, les péripéties de l'Histoire.
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Marchands d'art
Yves Stavridès, Daniel Wildenstein
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 6 Avril 2020
- 9782259290388
Ce ne sont ni des mémoires ni une somme autobiographique. C'est juste un homme qui parle. Mais pas n'importe qui : Daniel Wildenstein, 82 ans, empereur et patriarche des marchands d'art. Basée à New York, la Wildenstein Inc. s'adosse à un stock évalué en milliards de dollars, qui balise près de six siècles de peinture. Petit-fils de Nathan, fils de Georges, « Monsieur Daniel » - c'est ainsi qu'on l'appelle à son institut ou sur les hippodromes - est donc le troisième maillon de la dynastie de marchands de tableaux la plus puissante au monde, et la plus secrète qui soit. Depuis près d'un demi-siècle, et du bout des lèvres, Daniel Wildenstein n'acceptait de parler que de ses chevaux. De rien d'autre. Il ne répondait à aucune question, à aucune attaque, à aucune polémique. Une véritable abstraction vivante. Pour la première fois de son existence, il a brisé son mutisme légendaire. Aujourd'hui, il nous raconte « quelques petites choses vues, entendues ou vécues ». Passent alors dans le paysage : Clemenceau, Picasso, Maurice de Rothschild, Randolph Hearst, Bonnard, Malraux, Paul VI et « quelques » autres... Daniel Wildenstein nous convie à une promenade intime, à travers des instants de sa vie, des portraits, des récits, des éclairages, des révélations, des réflexions. Et promène son oeil aigu de faucon pèlerin sur la fabuleuse planète des arts.
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Conçu de manière originale, l'ouvrage d'Édouard Balladur apporte une vision singulière des événements qui, au printemps 68, menacèrent de faire sombrer la France dans le désordre et le chaos. Cette originalité tient sans doute, d'abord, à la personnalité du témoin qui sait toujours raison et humour garder. En aucun moment, il ne s'érige en censeur, ne se veut exemplaire. Elle tient aussi au poste qu'il occupait à Matignon, où il était tout proche de Georges Pompidou. Nous avons affaire ici à un reportage de première main. Elle tient, enfin, à la composition même du récit, au choix délibéré, et de prime abord insolite, d'une chronique alternée. Placé au centre du régime, et de ses appareils de défense, Édouard Balladur aurait pu se contenter de nous faire revivre, heure par heure, la révolte étudiante, les grèves ouvrières, les défilés et les meetings, le tout avec l'oeil du gouvernement. Il n'y manque d'ailleurs pas, et le fait avec le recul nécessaire ; la gravité des nouvelles ne lui cache pas la couleur du soir, ou les ibis des tapisseries. En outre, il mêle aux personnages vrais des personnages inventés, dont on devine qu'ils sont parfois quelqu'un. L'auteur en a imaginé toute une galerie : un étudiant et sa famille, un journaliste, un ancien syndicaliste... attachants et complexes, qui apportent le vent de la rue, le souffle de l'espérance - bientôt détrompée - le flux et le reflux des autres. Ainsi, a-t-on l'impression d'être partout à la fois. Cette démarche de mémorialiste permet, sans déroger au devoir de réserve, de dire davantage, et surtout de dire plus profondément les choses essentielles. On n'oubliera plus le portrait qu'Édouard Balladur trace de Georges Pompidou, sans doute le meilleur qu'il nous ait été jusqu'ici donné de lire. L'arbre de mai avait-il des racines très profondes et, sans ramage, bruissant, multiple ; n'a-t-il pas contribué à nous masquer la forêt ? Au bout d'un mois, tout était rentré dans l'ordre et, cependant, tout avait changé.
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Les économistes se sont-ils trompés ? Depuis 1973, ils ont payé un lourd tribut à la crise. À mesure que s'éloignait l'époque de la grande croissance, et que leurs prévisions s'avéraient de moins en moins fiables, on les accusait de ne plus savoir interpréter la nouvelle évolution du monde. Économiste lui-même, Alain Cotta ne cherche ni à assurer la défense de ses pairs, ni à les accabler. Remontant à leurs sources, il a recensé les 5 grandes erreurs commises en Occident depuis 1973. Pourquoi certaines perdurent-elles et en quoi obèrent-elles le présent et l'avenir des peuples ? Nul ne s'étonnera que l'exemple de la France retienne plus particulièrement l'attention de l'auteur. Les Français, par socialisme interposé, émirent, une fois de plus en 1981, leur choix spécifique : foi en une relance provoquée n'importe quand et n'importe comment ; croyance au renouvellement miraculeux de la croissance ; indifférence à la contrainte mondiale ; tentation séculaire d'une politique protectionniste ; résurrection de la rente à laquelle les Français assistèrent sans réaction. Il y a un prix à payer pour ces erreurs. Des choix à faire dont dépend notre destin, sous peine de nous voir disparaître lentement de l'aventure mondiale. Alain Cotta nous les présente dans cet essai brillant, qui s'élève magistralement au-dessus des clivages politiciens. Alain Cotta est professeur de sciences économiques à l'université de Paris-Dauphine et à l'école des HEC, membre de la Commission trilatérale, auteur de nombreux ouvrages dont Réflexion sur la grande transition, le capitalisme, Le corporatisme (PUF), Le triomphe des corporations et La société ludique (Grasset).
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Le triptyque construction européenne libérale - réduction des dépenses publiques - dérégulation ne peut continuer plus longtemps à former le socle commun de la politique économique, qu'elle soit conduite par la droite ou par la gauche, comme s'il n'y avait qu'une seule politique possible. Il nous faut, au contraire, répondre à l'urgence qui s'exprime : urgence d'un changement, urgence d'une réflexion enfin tournée vers les problèmes concrets du pays et, d'abord, vers l'emploi. Concevoir une politique différente - qui ne soit pas l'autre politique de repli sur la nation seule - exige de mener le débat ouvert en trompe-l'oeil, puis vite refermé par la campagne présidentielle de Jacques Chirac, la plus mensongère, donc la plus décevante de l'histoire de la Ve République. Où en est la France ? Quelles sont ses marges de manoeuvre ? Ses choix européens sont-ils pertinents ? Ses élites sont-elles aptes à conduire le changement ? Quels sont les axes possibles d'une stratégie pour la croissance et pour l'emploi ? Comment la gauche peut-elle proposer une politique économique, à la fois différente de celle qu'elle conduisit lors des dix années où elle exerça le pouvoir sous les deux septennats de François Mitterrand, et de celle conduite par la droite depuis 1993 ? C'est ce à quoi veut répondre ce livre. Il ne s'agit pas ici du programme du parti socialiste, mais de la libre expression d'un jeune responsable politique, qui s'interroge, qui évolue, mais qui conserve la conviction que la transformation sociale exige des analyses, des solutions audacieuses et réalistes, bref une pensée.
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Un espion dans le siècle (1) : La diagonale du double
Constantin Melnik
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 18 Avril 2019
- 9782259238311
La révolution d'Octobre et les convulsions de la guerre civile en Russie, l'affrontement de l'Occident avec Staline et les grandes affaires d'espionnage de la deuxième moitié du XXe siècle, l'assassinat de Nicolas II et une Seconde Guerre mondiale fort buissonnière, un portrait insolite du général de Gaulle et une guerre d'Algérie présentée sous un angle entièrement nouveau, tels sont les points forts d'une fresque autobiographique saisissante de puissance et d'ampleur.
Mais l'auteur est d'origine russe, et des interrogations poignantes sous-tendent ce flot d'événements exceptionnels et cette galerie de personnages hors du commun. Le pouvoir ne s'exerce-t-il pas aux frontières du crime, comme le suggèrent les révélations d' Un espion dans le siècle sur les opérations les plus secrètes des services spéciaux du gaullisme ? L'espionnage n'implique-t-il pas un dédoublement dramatique mais enrichissant de la personnalité ? La littérature consiste-t-elle seulement à fabriquer des feuilletons ou à chasser le prix Goncourt ?
Éditeur et dernier monstre sacré de l'espionnage, « l'une des personnalités les plus influentes, d'après Le Monde, des débuts de la Ve République », Constantin Melnik a réalisé une étonnante prouesse littéraire. Homme de l'ombre et du mystère, il a réussi à donner une forme originale à l'une de ces grandes autobiographies qui, denses et ensorcelantes, se lisent, riches d'histoire, comme le plus passionnant des romans. -
La Ferveur et le sacrifice
Marechal Jean De Lattre
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 16 Juin 2016
- 9782259238052
Trente-cinq ans après sa mort, voici toute la vérité sur l'action du Général de Lattre en Indochine, au tournant décisif de cette guerre. Le combat, la volonté, la ferveur, la tragédie, et le sacrifice d'un homme seul, sur les crêtes de l'Histoire. "Les raisons de vivre sont autant de raisons de mourir, pour sauver ce qui donne un sens à la vie", écrit-il. En décembre, son sens de l'honneur, du devoir, de 1950, la solidarité militaire lui commande de relever le défi refusé par tous ses pairs : l'Indochine. Un guêpier, pour beaucoup. Une mission impossible. Pourtant, de Lattre, investi des pleins pouvoirs, redresse la barre dès son arrivée, domine très vite les hommes et les événements, s'impose au Vietminh, à Vinh Yen et Mao Khé, consolide le Delta tonkinois, tient aux Vietnamiens un langage de vérité, interpelle la métropole et les alliés de la France, donnant - à une guerre incomprise - sa vraie signification : la croisade du monde libre contre le communisme.
À travers ses lettres, souvent acerbes, ses discours, ses appels à la jeunesse, à travers ses ordres, ses notes de travail, ses rapports, c'est une pensée vigoureuse, un élan généreux et visionnaire qu'on voit se dessiner et s'affirmer. Mais aussi une lutte incessante contre des adversaires déclarés ou masqués, qui surgissent de tous côtés et pas seulement du côté Vietminh. Croyant à la nécessité, pour l'équilibre du monde, de soutenir l'indépendance récente du Viêt Nam, il va s'adresser directement au peuple américain pour le convaincre de cette juste cause.
"Ne pas subir" : plus que jamais sa devise s'impose. Avec une lucidité, souvent déchirante, de Lattre a compris la tragédie dans laquelle l'Indochine risquait de s'enfoncer. Avec une énergie étourdissante, il mobilise tous les moyens à sa disposition - et l'on verra à quel point ceux-ci lui sont mesurés - pour conjurer le drame.
Mais le temps lui est compté : de Lattre meurt avant d'avoir pu achever son oeuvre.
Loin d'être le traité d'un vain combat, ce livre est un témoignage exemplaire et toujours actuel, le testament d'un grand chef et d'un homme libre défendant "les valeurs fondamentales de la vie", comme le souligne Pierre Schoendoerffer dans sa préface.
C'est aussi un document historique de premier ordre, qui jette un éclairage implacable sur tout un passé essentiel de notre histoire contemporaine. -
Ehud Barak
Paule-Henriette Levy, Haïm Musicant
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 29 Octobre 2015
- 9782259240239
Mais qui est donc Ehud Barak ? Hier encore, personne en France n'avait entendu prononcer son nom ou presque, et voilà qu'aujourd'hui il est partout : dans les journaux, à la radio, sur toutes les chaînes de télévision. Barak, qui veut retirer l'armée israélienne du Liban ; Barak, qui tend la main à la Syrie ; Barak, qui négocie avec Yasser Arafat et parle, comme d'une évidence, d'un État palestinien ; Barak, qui promet que la paix au Proche-Orient sera une réalité à l'aube du troisième millénaire. Son nom en hébreu signifie Éclair, à l'image de sa victoire sur Benyamin Netanyahu, qu'il foudroie par un score sans appel, le 17 mai 1999, lors de l'élection au suffrage universel pour le poste de Premier ministre. Paule-Henriette Lévy et Haïm Musicant lèvent le voile sur la personnalité complexe du fils spirituel d'Itzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 pour avoir osé la paix. Ce militaire à la carrière époustouflante, né dans le kibboutz créé par ses parents, désarçonne. Ni franchement à gauche, ni tout à fait à droite, ni vraiment faucon, ni réelle colombe, laïc pétri de culture juive, tacticien de haut vol, tueur politique, pianiste de talent, l'homme est fascinant. Un jour, Amnon Lipkin Shahak, qui fut, à sa suite, chef d'état-major de Tsahal, le comparera à un missile à tête chercheuse, que rien ne peut plus arrêter lorsqu'il est mis à feu. Le missile Barak est lancé ! Pour une fois, il ne s'agit pas d'un engin de guerre, mais d'une arme de paix.
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Comment un aristocrate russe, jeune romantique élevé parmi des soeurs très aimées dans le milieu raffiné du paradis de Premoukhino, est-il devenu le père de l'anarchie ? C'est le destin de ce grand rebelle du siècle dernier, de cet amant fanatique de la liberté, que retrace cette biographie mouvementée. Après l'École des cadets, les universités de Moscou et de Berlin, les luttes commencées dans le Paris de 1848 qui ébranlent toute l'Europe, Bakounine connaît les cachots du tsar et la Sibérie. Une évasion rocambolesque lui permet de rejoindre Londres, l'Italie, la Suisse... Dans l'Internationale, Bakounine s'oppose à l'autoritarisme de Marx, et sera le premier grand exclu de ce qui deviendra le parti communiste. À l'heure des vastes changements à l'Est, il demeure au coeur des problèmes de notre temps.
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Le troisième millénaire a pris fin depuis longtemps. Une bonne demi-douzaine d'autres l'ont suivi, apportant l'avènement universel de la Société de Décrispation, une société apparemment idéale d'où toute contradiction a été soigneusement bannie. Un jeune historien s'interroge sur ses origines, et découvre que le mérite en revient au chef d'une contrée appelée France peu avant l'an 2000. Soucieux de lui restituer la gloire qu'il mérite, il lui consacre sa thèse de doctorat, et s'irrite quand sa fiancée s'obstine à écorcher le nom de son héros en l'appelant Gussard... La suite des événements amènera l'historien à pousser plus avant ses investigations, et à s'interroger sur la société et sur lui-même. Politique-fiction ? Science-fiction ? Ni l'un ni l'autre, répond l'auteur en répudiant ces deux genres, puisqu'il ne s'agit pas forcément de fiction...
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Assassinats d'Anouar el-Sadate, de Béchir Gemayel, de l'ambassadeur Delamare ; enlèvement d'Aldo Moro ; bombes contre les synagogues ; massacres aux jeux Olympiques, en gare de Bologne, à l'Oktoberfest de Munich, rue Copernic, rue Marbeuf, rue des Rosiers ; attentats contre Ronald Reagan, contre Jean-Paul II : la liste s'allonge sans que l'on en perçoive la fin. Chaque fois, dans chaque pays, la police ouvre une enquête. La piste des criminels conduit à soupçonner des extrémistes de gauche, de droite, des séparatistes, des vengeurs, des provocateurs, des illuminés. Chaque affaire, privée de son contexte, n'aboutit à rien. Elle est le plus souvent classée. Pourtant, tous les terrorismes concourent au même dessein : créer, par la terreur, les conditions d'une révolution mondiale. Les tueurs proviennent des mêmes organisations, liées entre elles par la haine qu'elles vouent au même ennemi. Ils sont entraînés dans les mêmes camps ; instruits au maniement des mêmes armes. Ils opèrent avec les mêmes deniers, bénéficient des mêmes complicités, trouvent refuge dans les mêmes sanctuaires... Qui est Carlos ? Quels rôles jouent l'O.L.P., les Brigades rouges, la bande à Baader ? Qui paye ? Qui commande ? À qui profite le crime ? Cette enquête minutieuse et éclairante suit le fil rouge qui conduit, du concile révolutionnaire de La Havane, à travers les camps de Sabra et Chatila, les officines de Sofia, jusqu'aux bureaux de la Loubianka, sans lesquels le terrorisme international n'aurait pas pu survivre.
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La guerre politique bat son plein. Cette guerre est celle que mènent les États pour éviter le recours au choc des armées. C'est une guerre des mots, des slogans, du chantage diplomatique ; c'est aussi la guerre souterraine des services spéciaux dont l'action ne se borne pas à l'espionnage, mais s'étend à l'intoxication planifiée des opinions publiques, à la pénétration insidieuse des milieux influents, à la manipulation des réseaux révolutionnaires, autonomistes et terroristes. Cette guerre politique permanente, l'U.R.S.S. en est le champion et les démocraties occidentales la subissent, mais sans toujours s'en rendre compte. D'où leur impuissance à organiser la riposte dissuasive. Nul n'était plus qualifié que Raymond Marcellin pour décrire, à l'usage de l'opinion publique, les menées souvent mystérieuses de la guerre politique. Nommé ministre de l'Intérieur par le général de Gaulle, le 30 mai 1968, c'est lui qui rétablit l'ordre républicain, détruisit la French Connection, empêcha, pendant six années, le terrorisme de s'implanter en France et expliqua, le premier, les causes réelles de la mondialisation de la violence politique. Des responsables, enfoncés dans leur confort intellectuel, refusèrent d'y croire. Cultivant les querelles subalternes de l'Hexagone, ils se trompèrent d'époque, et la France paie aujourd'hui les conséquences de leurs erreurs. Dans la période inquiétante et dangereuse que nous vivons, cet ouvrage intéressera tous ceux qui, étant résolus à ne pas subir, veulent comprendre et réagir.
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De l'illettrisme en général et de l'école en particulier
Alain Bentolila
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 24 Août 2015
- 9782259236638
Un illettré est une personne incapable de lire et d'écrire un texte simple, court, en rapport avec sa vie quotidienne. Il faut savoir qu'il y a en France 8 % de jeunes adultes illettrés. La faute en revient-elle aux apprentissages scolaires ? Y a-t-il un lien entre illettrisme et exclusion ? L'illettrisme est-il réservé à une catégorie marginale de la société ? Alain Bentolila a mené une étude approfondie sur la mesure, le développement et les causes de l'illettrisme. Son enquête, extrêmement documentée, s'appuie sur l'observation et l'expérience, notamment menée en milieu scolaire, et ses conclusions sont un appel à ce que tous, nous prenions conscience que l'illettrisme débouche, en réalité, sur l'isolement, l'incapacité d'insertion - bref, sur un véritable autisme social. Mais, Alain Bentolila ne s'arrête pas aux constats, si pessimistes soient-ils. Il propose des solutions simples, concrètes, en insistant sur la vocation de l'école à assurer, à tous nos enfants, une chance d'exercer un pouvoir sur le monde. Ce livre s'adresse à ceux - parents et enseignants - que le destin scolaire et social de nos enfants passionne et inquiète.
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Je suis une Française parmi d'autres, élevée en province. Des vertus qui m'ont été enseignées dès mon enfance, je crois avoir conservé l'essentiel. Il se trouve que j'ai partagé l'existence d'un homme au destin exceptionnel, ce qui m'a conduite, contre toute attente, sur le devant de la scène. Si je parle aujourd'hui de moi, de mes goûts et de mes amitiés, en particulier dans le domaine artistique, de mes activités à la tête de ma Fondation. si j'évoque des souvenirs, de l'Anjou de mon enfance jusqu'aux palais de la République, c'est dans la fidélité à l'oeuvre et à la mémoire de Georges Pompidou, que les Français, je le sais, gardent au-dedans d'eux-mêmes, et qu'il m'appartient de faire vivre.
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La première biographie qui retrace l'itinéraire littéraire, affectif et amical de Paul Valéry. Le poète sensuel de «Charmes» , l'apologue du silence dans «Monsieur Teste» , l'ami de Gide et de Pierre Louys, esprit novateur et inclassable séduit par le symbolisme, a épousé avec génie les contradictions de son siècle. « Copyright Electre »
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Derniers de ces conquérants venus d'Asie qui dévalèrent, dès la fin du premier millénaire, les portes du nord-ouest pour envahir la péninsule indienne, mosaïque d'États hindous et musulmans en lutte continuelle, les Grands Moghols, la splendeur de leur cour et leurs légendaires richesses occupent, dans l'imaginaire occidental, une place voisine des califes de Bagdad contés par les Mille et Une Nuits, auxquels il n'est pas déraisonnable de les comparer. Ces Turcs, descendants de Gengis Khan et de Tamerlan, contemporains de François Ier et de Louis XIV, transformèrent l'Inde en quelques décennies, engloutissant principautés et royaumes, faisant surgir, sur le vieux fond indien, une civilisation aussi raffinée et somptueuse, qu'impitoyable pour ses ennemis. Ce fut la synthèse, dans les domaines artistique et intellectuel, de l'Asie centrale, de la Perse voisine, de l'Inde, et même des apports européens. Une administration de premier ordre - qu'utilisèrent les Anglais après la conquête -, une armée longtemps invincible, rappellent la France du Roi-Soleil, et l'Empire ottoman au temps de Soliman le Magnifique. Mais ces règnes glorieux - ensanglantés par de longues guerres de succession - s'achevèrent dans l'amollissement, l'immoralité, les désordres et la ruine. Des envahisseurs, venus eux aussi du plateau d'Asie, dépouillèrent l'empire de ses richesses. L'Inde retourne à son morcellement. En un siècle, l'Empire moghol se réduisit à un petit territoire autour de Delhi, dont le Moghol était une marionnette entre les mains des factions rivales. Jusqu'au jour où des envahisseurs venus, eux, du lointain Occident, occupèrent la grande péninsule et s'emparèrent de ses richesses...
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Journaliste exceptionnel, dont les lecteurs du Figaro, en particulier, n'ont pas oublié la signature, Serge Bromberger fait revivre ici, crise après crise, affaire après affaire, près d'un demi-siècle d'histoire. Il avait la passion de son métier, et ce métier l'a conduit aux quatre coins du monde, là où l'événement l'exigeait. C'est la somme de cette expérience qui donne tout son prix à ce livre. Serge Bromberger fait ses premières armes dans la presse d'avant guerre, dont il nous trace un tableau étonnant. Études de moeurs journalistiques, avec les portraits des grands patrons de l'époque, dont l'un d'eux, si imbu de sa puissance, n'hésitait pas à proclamer que son fauteuil valait un trône ! Il nous raconte comment cette presse, emportée dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, va se modifier et devoir s'adapter à des hommes et des temps nouveaux. Ce sont les temps difficiles de l'Europe renaissant de ses cendres, et du premier grand conflit entre l'Est et l'Occident, par Corée interposée. Enfin, les guerres de décolonisation, l'Algérie, qui entraîneront la chute de la IVe République, et le retour du général de Gaulle. Ce livre dense, souvent drôle, toujours passionnant, nous fait mesurer l'accélération de cette fin de siècle en convulsions.
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Né il y a quatre siècles, en 1588, Thomas Hobbes est le plus grand philosophe anglais. Le livre de Pierre Naville est le premier, à rendre la force et la modernité de la pensée de l'auteur du Leviathan. Hobbes a séjourné en France. Il a vécu la révolution qui a conduit Cromwell au pouvoir, et ouvert la voie aux conquêtes mondiales de l'Angleterre, dans les domaines du commerce, de l'industrie, de la science et de la colonisation. Présentant à la fois l'homme et son oeuvre, Pierre Naville restitue le climat intellectuel de l'époque. Les controverses entre Hobbes, Descartes, Leibniz et Spinoza éclairent, de façon nouvelle, l'histoire de la philosophie. On mesurera combien l'analyse des problèmes religieux de son temps et les théories de Hobbes sur la souveraineté de l'État demeurent actuelles. Le livre de Pierre Naville est une belle invitation à redécouvrir et à méditer Thomas Hobbes, le philosophe, le penseur politique - notre contemporain.
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Les dizaines de quartiers populaires, où l'équipe de Banlieuescopies, dirigée par Adil Jazouli, a passé trois années passionnantes, sont au bord de l'implosion. Depuis le début des années quatre-vingt, les banlieues ont vécu une période d'intense bouillonnement social, de remises en cause, de tentatives avortées. Elles ont connu de terribles déceptions, devant la floraison des politiques globales, des autorités administratives, des organismes de soutien, parfois généreux mais tellement décalés : la parole et le regard viennent d'en haut, le traitement est préféré à la confrontation. La vie est souvent absente chez ceux-là mêmes - institutions, élus, chercheurs - qui devraient prendre appui sur tout ce qui bouge, et qui se crée sur le terrain. Une saison en banlieue démontre que les quartiers populaires ne sont pas périphériques, ni à la marge de la société mieux lotie. Ils sont au centre. Comme sur un oscillographe, les tendances profondes de notre pays s'y inscrivent plusieurs années à l'avance. Leurs élans et leurs échecs, leurs douleurs et leurs espoirs, leurs cristallisations et leurs déchirures, sont en avant-garde du reste de la société. Avec éclat, Adil Jazouli étudie ainsi les courants, les lignes de rupture, les organisations spontanées qui se forment dans l'ombre, la révolte des adolescents, ainsi que les forces sociales centrifuges qui atomisent les volontés individuelles. Une saison en banlieue nous parle de la France de demain qui souffre et qui bouge. C'est auprès d'elle, qu'Adil Jazouli nous introduit dans ce livre fondateur. C'est elle la grande absente, l'invisible. Pour combien de temps encore ?
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Le Fardeau de la mémoire
Pierre-Yves Gaudard
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- Civilisations et mentalités
- 24 Août 2015
- 9782259237598
Le passé national-socialiste pèse très lourdement sur les Allemands. En effet, c'est en leur nom, et avec la complicité plus ou moins active de beaucoup d'entre eux, que les crimes les plus abominables de l'histoire de l'humanité ont été commis. Et même si, aujourd'hui, 70 pour cent d'entre eux sont nés après 1945, la terrible interrogation subsiste : comment nous, Allemands, avons-nous pu faire ou laisser faire cela ? Tout un peuple est ainsi sommé, de l'extérieur et aussi en lui-même, de faire face à cette question. La douleur qu'elle provoque, depuis cinquante ans, engendre des effets dévastateurs. Cet héritage de culpabilité, qui empoisonne les rapports entre les générations allemandes, explique, pour une bonne part, le mouvement terroriste de la bande à Baader, ainsi que certaines manifestations d'antisionisme. Le travail de deuil collectif a aussi alimenté les mouvements féministe et écolo-pacifiste, si puissants outre-Rhin. La réunification n'a pas mis un terme à ce processus psychique, social et politique.
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Histoire secrète du terrorisme
Charles-Pseud. Villeneuve
- Plon (réédition numérique FeniXX)
- 25 Décembre 2015
- 9782259238106
Toute l'année 1986 a été marquée, en France, par un réveil brutal et sanglant du terrorisme. Cette relance des attentats aveugles qui frappent des innocents, a surpris le gouvernement de Jacques Chirac, comme les affaires de la rue Marbeuf et de la rue des Rosiers avaient, en 1982, décontenancé le Président François Mitterrand. Au coeur de ces dernières attaques, et au coeur de l'actualité judiciaire, un homme, un Libanais, Georges Ibrahim Abdallah... Ce fils de la terreur arabo-islamique - bien que chrétien - opérait dans notre pays depuis... 1981 ! Et déjà en liaison avec d'autres organisations terroristes (françaises, palestiniennes, syriennes, arméniennes...). Ce n'est que l'une des nombreuses révélations de ce livre qui permettra à chaque lecteur de posséder tous les éléments d'appréciation sur les terrorismes. On découvrira, à travers l'histoire de cinq juges d'instruction (dont les auteurs nous font, pour la première fois, partager le métier), comment et pourquoi les actes terroristes ne peuvent être sanctionnés comme des crimes ordinaires... Pourquoi et comment toute une diplomatie secrète - ici dévoilée - a, d'une certaine façon, couvé les données de cet affrontement auquel la France a dû, et doit encore faire face... Le chantage aux otages, les bombes dans les lieux publics, les assassinats : l'horreur incompréhensible ?... Ce livre, particulièrement bien informé, prouve qu'aucune nébuleuse absurde ne dirige tous ces événements. Le terrorisme ne s'épanouit pas dans une forêt vierge impénétrable. Il s'ordonne, au contraire, dans les allées diplomatiques nouvelles d'un véritable jardin à la française. Un livre exceptionnel, au fait des secrets mal et bien gardés, un récit mené tambour battant, écrit par deux auteurs qui ne craignent pas de faire exploser la vérité.
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Rien ne manque à ce qu'on pourrait qualifier, si le sujet n'était pas si grave et si douloureux, de roman-feuilleton politico-administratif : à la tradition quasi séculaire du secret, ont succédé des demi-vérités, auxquelles se sont surajoutées des erreurs d'appréciation, relayées par une surmédiatisation, dans un climat devenu passionnel. Grâce à ce travail de recherche exemplaire, mené pendant quatre ans selon les méthodes éprouvées des historiens, la commission a pu, à la fois établir l'historique de la persécution des juifs entre 1940 et 1944, celui des avatars administratifs des fichiers, et des enjeux de mémoire qu'il implique encore aujourd'hui.
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La Terre est peuplée de patriotes. Aucun discours, aucune politique ne se passent de frontières sacrées, l'avenir radieux se prépare toujours au nom des glorieux ancêtres. Jadis porteuse d'un message universel, la France se repaît désormais d'un nationalisme semblable à tous les autres. Les problèmes d'aujourd'hui sont pourtant planétaires et, depuis longtemps, les pulsions sociales et les phénomènes culturels sont universels. Pourquoi s'accroche-t-on ainsi à la patrie ? Une frayeur renforcée par la crise, un besoin de protection... Mais le seul bénéficiaire du patriotisme est un appareil nommé État. Guy Konopnicki, contre toute apparence, est né à Paris et même à la Nation. Son identité a été falsifiée avant sa naissance. Abraham l'iconoclaste, et Robespierre le régicide, la Bible et Jules Michelet, il a tout mélangé, il prend Hollywood pour Jérusalem et ne se tourne vers aucune Mecque. Il vendrait tous les folklores du monde pour un fauteuil de cinéma, et la moitié de la NRF pour un polar américain. Il a choisi de tout déballer sur la place de la Nation.